Esport – Zerotick, la voix Mosellane de League of Legends

7 minutes de lecture

Esport – Zerotick, la voix Mosellane de League of Legends

7 minutes de lecture

A bientôt 27 ans, Guillaume « Zerotick » Moya, originaire de Saint-Avold, est commentateur sur le jeu League of Legends, la scène esportive la plus populaire au monde. Début septembre, à Montpellier, le Naborien a commenté les finales du LEC, le championnat EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord), et est également au micro pour les Mondiaux 2023, qui ont débuté officiellement ce mardi, et enchaîneront jusqu’au 19 novembre.

« Je savais qu’avec de bonnes études, je réussirai à l’appliquer dans l’esport »

LGM : Bonjour, pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Guillaume « Zerotick » Moya : Je m’appelle Guillaume, j’ai 26 ans. J’ai fait des études en web marketing dans un premier temps, et je suis commentateur professionnel de League of Legends depuis 4 ans.

Comment cette vocation s’est-elle présentée ?
Je joue aux jeux vidéo depuis tout petit. J’ai découvert l’esport au lycée, d’abord avec Dofus puis par League of Legends. A partir de là, je sais que je voulais travailler dans l’esport. Je ne savais pas encore comment, mais je savais qu’avec de bonnes études, je réussirai à l’appliquer dans l’esport.

J’ai intégré le Student Gaming Network, basiquement la Fédération française des associations étudiantes de gaming. On a eu l’opportunité d’organiser des tournois nationaux et européens. C’est vers ça que je me tournais à la base. Être project manager.

Au premier tournoi League of Legends, on était trop efficace. Avec Florian « Slyph » et Benjamin « Lelariva », on se dit : « Les gars, on va diffuser le tournoi en direct. » Ce qui n’était pas prévu à la base. J’ai cast avec Slyph, et on a continué le reste de l’année. Puis l’année suivante, Riot Games, a repéré le tournoi. De pas de budget, on s’est retrouvé avec le financement de l’éditeur du jeu, et j’ai commenté les phases finales sur O’Gaming (NDLR : à l’époque, le diffuseur principal du jeu en France sur Twitch).

De cette première expérience, vous avez ensuite continué ?
Le déclic n’est pas venu tout de suite. J’ai continué parce que ça me faisait plaisir. J’aimais le jeu, et je me suis retrouver à côté de Fabien « Chips » Culié (NDLR : un des premiers commentateurs professionnel sur LoL avec son duo, Charles « Noi » Lapassat). Comme j’avais été le plus présent, je me suis retrouvé là. Mais c’était toujours pas une ambition.

« Une arène de plus de 10 000 personnes… C’est pas la même chose »

C’est venu après mon passage chez Xbox France. Je faisais du marketing pour ma fin d’études. On avait une émission hebdomadaire sur Xbox live que j’organisais. La grosse sortie de l’époque, c’était Mortal Kombat X. Je crée un tournoi à 8 entre nous. J’ai organisé le tournoi, le live, tout roule. Je suis un compétiteur, il faut que je gagne le tournoi. J’aime les jeux de combats, notamment Smash Bros. Tout le monde savait que je m’étais entraîné, et j’étais le favori. Je perds mes deux matchs 0-2 0-2. Éliminé direct (rire). Du coup je suis resté sur le canapé. J’ai pris le micro, et j’ai commenté. En sortant après du show, plusieurs collègues dont mon N+2 m’ont dit, « c’est ton truc. »

Puis viens O’Gaming…
O’gaming m’appelle pour passer des auditions pour commenter la Ligue chinoise. Ce n’était toujours pas mon objectif à ce moment là. Le lendemain, Chips m’appelle, « tu commences la semaine prochaine, bienvenue ». Et ça fait 4 ans. Je suis quelqu’un du matin, donc j’ai surtout commenté la LCK (la ligue coréenne), LPL (ligue chinoise), un peu de LCS (ligue d’Amérique du Nord), et depuis l’année dernière le LEC et cette année la Division 2 française.

Vous avez commenté la finale du LEC à Montpellier devant 12 000 personnes. Comment avez-vous vécu l’événement ?
J’ai commencé le cast pendant le covid, donc les premières années. Ma première scène vient à la Paris Games Week 2022 pour la Coupe de France devant 1 000 personnes. Déjà là c’était une belle expérience. Mais à Montpellier, une arène de plus de 10 000 personnes… C’est pas la même chose du tout. C’était mon vrai premier gros événement, devant le public français, avec ma voix dans la salle… C’était fou.

« Si je fais ça, c’est pour faire kiffer le public »

Un peu de stress au moment de commencé le show ?
J’ai jamais eu de problème pour prendre la parole. Le stress que j’avais, c’était de faire une bourde, me tromper sur un mot, de buter à un moment. Mais j’avais des gens d’expérience avec moi, que je connais bien. C’était comme faire du rappel avec un très bon baudrier. C’était plus de l’impatience que du stress. A la fin de la finale après mon commentaire, ma main ne pouvait pas s’arrêter de trembler.

C’était aussi l’occasion de rencontrer le public d’OTP.
C’était un objectif. Je ne commentais que le dimanche, j’étais là pour le public. Si je fais ça, c’est pour faire kiffer le public. Partager la passion que j’ai pour l’esport. Qu’on la partage ensemble. Je fais plus ça pour les autres que pour moi. Les deux autres jours, j’étais en permanence dans la foule parce que c’est à eux que je dois ça. Le jour ou j’étais le moins fatigué c’était après le dimanche.

Il y a beaucoup de gens qui découvrent le jeu pendant les Mondiaux, quels seraient les points importants pour permettre de comprendre le jeu ?
Le meilleur moyen reste d’y jouer. LoL n’est pas vraiment accessible par rapport aux jeux de combat ou à Rocket League… Pour League of Legends, il faut soit suivre de manière diligente une équipe et écouter les commentateurs, et même avec ça, on ne va pas comprendre immédiatement. Il y a un vocabulaire précis qui va en perdre plus d’un. La meilleure méthode c’est d’y jouer.

Après on peut aussi se repérer grâce aux objectifs sur la carte. Se concentrer sur les mouvements d’équipes. Mes parents étaient là samedi, et je leur montrais ça. Même sans comprendre chaque champion, ils comprenaient qui va ou, les situations de supériorité numérique et les prises d’avantages. Mais pour les teamfight, je disais qui allait l’emporter à l’avance, et ils me répondaient « comment tu savais ? » (rire). Il y a des façons de se raccrocher aux branches mais ça reste un jeu difficile.

« On doit avoir un équilibre, rien que pour notre santé personnelle »

Vous allez commenter les Mondiaux sur OTP, vous sortez d’une longue saison. A quoi ressemble l’emploi du temps d’un commentateur de League of Legends ?
Les moments les plus intenses, c’est la saison régulière. Quand on regarde la grille d’OTP, c’est 7 jours sur 7. Il faut réussir à suivre le jeu, les actualités du jeu, les matchs de chaque ligue qu’on commente, commenter les matchs et enfin, faire le coté communication sur Twitter et la création de contenu. Donc ça demande énormément de temps en saison régulière. Ça prend l’entièreté de la journée.

Quand je joue à LoL, c’est pour tester les nouveau champions, les items, me faire un avis sur les nouvelles mécaniques à chaque mise à jour… C’est beaucoup de travail de l’ombre. Je ne fais pas du 24h sur 24, je serai juste cramé. On doit avoir un équilibre, rien que pour notre santé personnelle. Mais là, même la semaine de vacances, j’ai dû rejouer à LoL parce qu’il faut préparer les Worlds, connaître la nouvelle méta (NDLR : la façon, la stratégie la plus optimisée de jouer à un jeu), retrouver un bon niveau… C’est le cas de beaucoup de métiers « passion ». A partir du moment ou c’est ta passion, tu passes le temps qu’il faut.

C’était encore pire quand on avait la ligue américaine. Certains jours, je commentais la ligue coréenne, donc levé 6h, et j’enchaînais par le championnat EMEA qui termine à 23h. C’est un échange assumé. Mais il faut en avoir conscience.

Les Mondiaux de League of Legends reprennent ce jeudi 19 octobre, dès 8 heures du matin sur OTP.

Let’s Go Metz est un média associatif créé en 2017 et qui a pour but de valoriser l’actualité sportive à Metz ainsi qu’en Moselle. Il est alimenté par le travail de ses membres bénévoles.

© 2024 – Let’s Go Metz. Tous droits réservés.