Esport, EAFC – ManiiKa : « En signant au PSG, j’ai réalisé mon rêve »

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À bientôt 31 ans, Johann « ManiiKa » Simon a signé chez Vitality en septembre 2023 en tant que coach sur le jeu EA Sports FC, anciennement FIFA. En partenariat avec le LOSC pour cette saison, il représentera les Dogues lors de l’eLigue 1 qui débute ce mercredi soir à 20 heures, contre l’Olympique de Marseille. Le Naborien est aussi revenu sur sa passion pour les aventures, sa carrière et son titre de champion de France sous les couleurs du FC Metz en 2017.

LGM : « Salut ManiiKa, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui vous découvrent ? »
Johann « ManiiKa » Simon : « Je m’appelle Johann Simon, je suis originaire de Saint-Avold et j’étais joueur professionnel sur la licence FIFA de 2010 à 2022. Je suis désormais coach pour l’équipe de Vitality et du LOSC. J’ai toujours joué à FIFA, contre mes cousins au début. À partir de FIFA 07, j’ai commencé à jouer en ligne. Et je me suis fait remarquer comme ça.

J’ai joué mon premier championnat de France en 2010, et je n’ai manqué aucune édition jusqu’en 2022. Souvent, j’ai fait des demi-finales, des deuxièmes places. J’ai même participé à ma première Coupe du Monde en 2014 à Rio (Brésil), en même temps que la vraie compétition. On était les 20 meilleurs joueurs de la planète. La FIFA nous avait même invité au Maracana voir France – Allemagne. C’était une expérience incroyable. Enfin, en 2017, j’ai remporté le titre de champion de France avec Metz, lors de la première édition de l’eLigue 1. »

« Mon père est abonné depuis toujours »

« Comment avez-vous vécu ce titre ? »
« C’était une libération. Ça faisait sept ans que j’attendais ça, je commençais à penser qu’il ne viendrait jamais. Sept ans d’attente avec plusieurs finales et demi-finales perdues, c’est très long. À l’époque, j’étais chez Millenium, l’une des structures françaises les plus importantes au milieu des années 2010. Je représentais Metz simplement pour le tournoi, mais je voulais représenter la ville parce que c’est là d’où je viens. J’ai toujours eu une affinité avec Metz. Mon père est abonné au stade depuis toujours, et m’emmenait avec lui quand j’étais petit. »

« 2017, ça a été votre année, avec votre titre de champion de France, mais aussi à Jonköping, en Suède, lors de la Dreamhack Winter, et derrière vous signez au PSG Esports… C’était quelque chose de fort pour vous ? »
« Depuis les années 2000, avec mes cousins, on est fans du PSG. L’histoire est un peu compliquée avec ce club. J’aurais dû signer chez eux en 2016, mais ils ont préféré un joueur plus jeune. J’étais assez revanchard sur l’année qui a suivi… et j’ai presque forcé le PSG à me recruter ! (rires). J’ai réalisé mon rêve en signant là-bas, j’ai pu voyager avec les joueurs en tournée, celle d’hiver et d’été au Qatar et en Asie. C’était vraiment incroyable. J’ai même vécu en Chine plusieurs mois, le temps de jouer une compétition avec le club.
Malheureusement, ça s’est arrêté deux ans après. Je n’ai pas eu les meilleurs résultats, et c’est une période où j’avais un peu envie d’arrêter le jeu. Je suis retourné au club un an après, en 2020, avec une académie où je donnais des cours pour des enfants, comme pour des stages de foot, mais sur FIFA. Puis en 2022, malgré un bon dernier résultat en eLigue 1, j’avais partagé mon envie d’arrêter. Je voulais me concentrer sur des projets personnels. J’avais moins le temps de m’entraîner, la motivation, l’envie… »

« C’est le jeu que tout club ou structure a envie d’avoir »

« Comment la scène FIFA, désormais EAFC, a changé au fil des années ? »
« Quand j’ai commencé, c’était impensable de se dire qu’on pouvait vivre de ça. L’évolution de la scène est énorme. Maintenant, les jeunes peuvent gagner des tournois avec 300 000 € de récompenses. Vers 2016/2017, on s’attendait à ce que l’éditeur (EA Sports), puisse concurrencer des scènes majeures de l’industrie mais, malheureusement pour nous, ça ne s’est jamais fait. Surtout que beaucoup de ligues sont assez fermées désormais, et il y a très peu de tournois. FIFA a pourtant un vrai potentiel. C’est le jeu que tout club ou structure a envie d’avoir. C’est du foot, tout le monde aime le foot, c’est facile. Mais en termes de rentabilité, ce n’est pas encore le cas. »

« C’est peut-être la meilleure eLigue 1 »

« En termes de niveau, la France est quand même bien représentée. »
« La France est l’une des meilleures nations. Chaque année, de plus en plus de joueurs deviennent professionnels ou ont le niveau pour. Et il y a très peu de places dans les compétitions. Mais il manque encore quelque chose dans les compétitions en 1 contre 1. Le niveau est présent, on le voit par les résultats en équipe, mais depuis plusieurs années, il manque quelque chose dans les compétitions solo. Quand en 2016 et 2017, on allait chercher des podiums et des titres, ces dernières années la scène française manque de régularité, et c’est dommage.
Cette année, le niveau de l’eLigue 1 est très relevé. Il y a en plus des joueurs étrangers qui sont arrivés, et qui performent très régulièrement dans les compétitions internationales. Que des monstres qui ont joué les dernières Coupe du Monde. Généralement je n’aime pas dire ça, mais cette année, c’est peut-être la meilleure eLigue 1. »

« En dehors de l’esport, vous êtes un grand fan d’aventure. Comment ça vous est venu ? »
« J’ai toujours eu cette passion pour l’aventure. Quand j’étais petit à Saint-Avold, j’habitais près d’une forêt, et j’adorais l’explorer, être dans la nature. Je regardais beaucoup de documentaires animaliers aussi. J’admirais les gens qui lâchaient tout pour changer de vie. Partir loin de tout, dans des endroits reculés, en Amazonie ou ailleurs. Si je n’étais pas dans l’esport, j’aurais fait ça. Quand j’étais au PSG, j’ai rencontré quelqu’un qui travaillait pour le club, pas du tout dans la section esport en plus, qui était également passionné par ça. Il a tout lâché pour faire un tour du monde en solitaire durant un an et demi. »

« C’était l’opportunité d’une vie »

« Vous êtes parti en Laponie en août 2022, c’était un objectif de faire ce voyage ? »
« C’était quelque chose que je voulais faire depuis longtemps. Le Sarek, en Laponie suédoise, c’est le dernier endroit sauvage d’Europe. Il n’y a pas de réseau téléphonique, rien. Et cette personne que j’ai rencontrée au PSG avait une expédition de prévue là-bas, et m’a proposé de le rejoindre. Je lui ai fait totalement confiance alors qu’on se connaissait à peine. Je me remettais à peine d’un très grave accident de moto qui aurait pu me coûter la vie. On m’avait dit que c’était impossible, j’avais perdu beaucoup de poids et je n’étais plus en condition physique. Mais c’était l’opportunité d’une vie. Ça a été très dur, mais c’était un truc de fou. Je ne regrette pas du tout d’y avoir été, et surtout, ça m’a donné l’envie d’en refaire. Pas tout de suite parce que c’est très éprouvant et dur psychologiquement, mais j’ai l’envie de me reconcentrer là-dessus. »

« L’accident a dû aussi impacter votre décision de partir aussi tôt à l’aventure ? »
« Complètement. Au moment de l’accident, on ne s’attend pas du tout à ce que ce soit aussi grave. J’avais perdu 1 litre 5 de sang, seul en forêt. Je sentais que c’était critique, mais pas à ce point. Avec l’adrénaline, malgré la douleur, on ne se dit pas que ça irait aussi loin.
Quand je m’en suis remis, je n’ai pas hésité longtemps, je savais que c’était le moment de tenter ce genre d’aventure. »

« Je dépensais entre 4 000 et 5 000 calories par jour »

« Et cette aventure dans le Sarek ? »
« J’ai eu un peu peur ! Il y avait des ours, je n’avais pas vraiment de préparation… Pas mal de choses se sont enchaînées professionnellement et personnellement à cette période-là. Donc je me suis préparé assez légèrement. J’avais 23 kilos sur le dos. Je ne savais même pas bien utiliser le sac. On est resté 9 jours dans le Sarek même. Il faisait entre -2 et 5 °C, sans chemin. On n’a croisé personne. On n’avait même pas pris de téléphone satellite. Juste de la nourriture en barre. On ne pouvait pas prendre d’aliments liquéfiés et on filtrait l’eau de la rivière pour boire. Je dépensais entre 4 000 et 5 000 calories par jour et j’en mangeais 1 000. J’ai vraiment repoussé mes limites sur cette expédition. »

« Y-a-t-il d’autres aventures de prévues ? »
« Dans un coin de ma tête, il y a la descente du Yukon (Alaska). Mais il faut être vraiment beaucoup plus préparé. Elle se fait en deux semaines de canoë. Il y a beaucoup de grizzlies. On traverse un seul village sur le trajet. C’est un très long voyage. Autour de 700 kilomètres. Et il faut le courage. On verra bien ! »

Premier match pour les protégés de ManiiKa ce soir à 20 heures contre l’OM sur la chaîne twitch de la Ligue 1 Uber Eats.

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