Esport – R6, Nouda : « Pour Helios, c’est la Challenger League ou rien »

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Sur Rainbow Six – Siege, le club mosellan Helios Gaming s’est qualifié pour les demi-finales de la Six French League, le championnat de France, et espère toujours une qualification pour la Challenger League. Après une troisième place en saison régulière, le coach « Nouda » est revenu sur une saison pleine de rebondissements, et l’enjeu de ces play-offs.

Rainbow Six – Siege n’est pas la scène la plus en vue en ce qui concerne les jeux de tirs tactiques. La licence d’Ubisoft, inspirée du livre éponyme de Tom Clancy, n’a rien à envier à ses pairs en termes de jouabilité et de tactique. Deux équipes de cinq s’affrontent dans des matchs en 7 manches gagnantes. Chaque joueur choisit parmi une soixantaine de personnages jouables, séparés en attaquants et en défenseurs. Le scénario est assez simple. Les attaquants jouent le rôle d’une équipe d’élite qui doit trouver et désamorcer une bombe. Les autres doivent la défendre.

Dans une scène semi-professionnelle compliquée, Helios Gaming se retrouve en situation décisive pour la suite de sa saison. Emmenée par une équipe très jeune, la formation mosellane vise la finale du championnat de France et la qualification en Challenger League, le deuxième échelon européen. Après une saison régulière mouvementée, « Nouda », le coach expérimenté de la structure, établit le bilan de l’année et se livre sur les échéances à venir.

« C’est typiquement le genre de structure qu’on veut dans le monde semi-professionnel »

LGM : « Pouvez-vous vous présenter ?

Nouda : Je suis Nouda, coach sur Rainbow Six depuis 2016, 2017. Au tout début du jeu. J’étais présent sur d’autres jeux de tirs, surtout Overwatch, mais avec la direction que prenait la scène, j’ai voulu revenir sur un FPS tactique. J’avais déjà de l’expérience sur Counter-Strike et les anciens R6, et comme j’aime bien la licence, je me suis lancé.

Comment s’est passé l’arrivée chez Helios ?

J’ai rejoint Helios au début de l’année 2022, en provenance de Deathrow. Ils ont signé la majeure partie du cinq avec Adrien « KuQus » Benacquista, Baptiste « JaKs » Dedienne et Hugo « Ra1kos » Kneip. « Robin » était déjà là la saison passée et « Draw » a complété notre roster. Helios recherchait une équipe ambitieuse pour la French League, avec l’objectif de se qualifier en Challenger League. On a été bien accompagné. C’est typiquement le genre de structure qu’on veut dans le monde semi-professionnel.

Comment vous sentiez l’équipe au début de ce projet ?

Pleine de promesses. Chez Deathrow, la saison passée était frustrante. On rate de peu le tournoi de promotion pour l’European League, la première division. On termine 3e de Challenger League. JaKs montrait de belles choses, mais voulait changer de rôle. Ra1kos est l’un des gros talents du championnat de France. Ajoutons à ça KuQus en vieux briscard, qui apporte une expérience nécessaire au milieu de ces jeunes joueurs. L’équipe tournait bien et était très prometteuse. J’ai pour principe de leur laisser une vraie liberté sur certaines décisions concernant la team. Ils étaient tous sur leur lancée de la saison passée. Néanmoins, c’est cette défaite 7-0 contre Wolves Esports (ndlr : l’équipe esport du club de Wolverhampton, représentant français en European League) qui pose vraiment des problèmes.

« Cette troisième place est un échec »

Cette défaite, c’est le point de départ des changements en mi-saison.

Et je n’y suis pas favorable à ces changements, mais je les laisse faire. Les joueurs sont en perte de confiance, les victoires sont rarement convaincantes, souvent serrées. Donc on fait le pari de remercier JaKs et Robin pour recruter un duo d’OkaCorp, Jawad « Linkoo » Oudghiri et « Meloo ». A ce moment-là, j’ai trois semaines pour que la mayonnaise prenne. L’avantage c’est que le duo se connait bien, et le potentiel de l’équipe est encore plus haut. En revanche, il y a un plus gros travail à réaliser. Malheureusement, ça ne se concrétise pas vraiment pendant le championnat.

Vous finissez pourtant à la 3e place qualificative pour les playoffs.

Oui, mais on aurait dû terminer deuxième, voire premier. Même si Wolves a été intraitable sur la saison. Et contrairement à nous, 321Sked a su se montrer dominant. Ils sont bien dans leur saison, ils ont fait le plein de confiance et tant mieux pour eux.

Finalement cette 3e place est un échec ?

Oui, cette troisième place est un échec. Pas un échec complet mais un échec. On a tout de même appris plein de choses. Ra1kos et Meloo se sont vraiment démarqués sur le serveur. Draw et Linkoo ont fait de très bonnes choses. Il faut se dire qu’hormis KuQus, ils sont tous très jeunes. De l’autre côté, la France possède un vivier de talents, et il se voit en French League. Les équipes en face savent travailler et proposer du jeu intéressant. Donc ce n’est pas pour rien que chaque saison, on retrouve des équipes entièrement françaises au top niveau mondial. Si on a perdu ces matchs, c’est qu’on méritait de les perdre. Avec Rainbow Six, il y a très peu de facteurs chance. C’est surtout de l’abnégation, du travail. Avec un peu de réussite aussi, comme partout.

Cette demi-finale contre 321Sked s’annonce compliquée. Ils sont sur une bonne dynamique avec une saison régulière aboutie.

321Sked est une équipe qui fait peur. Mais c’est R6, et tout peut arriver dans un match. Surtout dans une rencontre qui se joue sur trois cartes. On va le prendre avec respect, et on va essayer de développer notre jeu. Ils sont en confiance, et on sent qu’avec l’addition de « Kaktus », ils ont gagné une sérénité sur et en dehors du serveur. Et c’est ce qui me fait plus peur, encore plus que leur jeu. C’est un joueur que je connais très bien, qui a tout connu sur R6. C’est un choix plus que judicieux pour eux.

Ils sont en pleine préparation pour la Challenger League, et ils ont les armes pour faire des bonnes choses. Maintenant, c’est un match en 3 manches, on n’est pas dans le stress d’un match unique avec seulement 12 rounds. Ça laisse plus de possibilités, de choix pour se créer des opportunités. On a le talent pour.

« Sans cette Challenger League, tu n’as plus de compétition la moitié de l’année »

Quel est la suite pour Helios dans cette saison ?

L’objectif, c’est de se qualifier pour la Challenger League. Avec cette troisième place, nous avons raté le coche pour se qualifier via la French League, et 321Sked nous est passé devant. Maintenant, on devra passer par les qualifications ouvertes. Et elles seront déterminantes pour la suite de la saison. Basiquement, pour Helios, c’est la Challenger League ou rien.

Il n’y a pas d’autres échéances en dehors de ça ?

Non, la French League est finie en termes d’enjeux. Il y a toujours le titre à aller chercher, mais la place pour la CL est déjà attribuée. Rainbow Six est un jeu assez fermé. En dehors de la French League, il n’y a pas de gros tournois comme on en retrouve sur Counter-Strike ou Dota 2. On est sur un système ou pour des équipes comme Helios, sans cette Challenger League, tu n’as plus de compétition la moitié de l’année. C’est très compliqué pour les joueurs et les structures de se pérenniser dans un système aussi précaire en matière d’événements.

Surtout que l’European League pourrait devenir une ligue fermée. Ce qui relèguerait donc la Challenger League au rang de championnat secondaire sans possibilité de monter dans l’élite.

« Idéalement, on est sur 8 à 9 heures d’entrainement »

Comment s’organise une semaine d’entraînement pendant la saison ?

Je sais qu’on a beaucoup de contraintes extérieures. Moi même je travaille à côté. Les joueurs ont souvent des études ou du travail aussi. C’est compliqué d’être au complet à chaque fois. Normalement, et selon les équipes, il faudrait qu’on soit à temps plein. Idéalement, on est sur 8 à 9 heures d’entrainement. Le matin plutôt sur du théorique à analyser les vidéos de nos scrims (ndlr : matchs amicaux). Puis l’après-midi et dans la soirée, sur du jeu en équipe ou solitaire. Généralement, pour tout ça, on se laisse de 11 heures à 22h. Dans ce laps de temps, on comprend aussi les pauses repas, les séances de sport, détente… L’hygiène de vie à l’extérieur du jeu est toute aussi importante.

L’éditeur du jeu, Ubisoft, n’est pas vraiment loquace sur les dates des événements, à quel point il est difficile de s’adapter ?

Ça c’est le parti pris d’Ubisoft (rires). Mais on s’adapte. Ce sont des situations stressantes au cours de la saison. On doit souvent évoluer dans le brouillard, que ce soit pour les dates et les différentes mises à jour du jeu entre ces événements. R6 est un jeu qui est souvent sujet à ces changements. Que ce soit par les armes, les cartes ou les agents. Il faut travailler et intégrer ces changements dans nos stratégies. On est toujours dans l’expectative. Et pour peu qu’on se retrouve dans une période avec un Major, ou les autres compétitions sont arrêtées, c’est déstabilisant.

Encore une fois, en dehors du championnat de France il n’y a rien. C’est difficile de demander à des joueurs de consacrer presque 10h par jour sur un jeu sans être payé la plupart du temps, surtout lorsqu’il n’y a pas vraiment de promesses ou de stabilité. On ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé. Mais on aime le jeu, on est des passionnés. Et tant qu’on le sera, on va avancer malgré les contraintes. »

Pour l’instant, la date des demi-finales n’a pas encore été communiquée par Ubisoft. La fin de saison s’annonce chargée pour les joueurs de Nouda. Les playoffs et les qualifications ouvertes pour la Challenger League sont donc les dernières échéances d’Helios Gaming sur R6 cette année.

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