Esport – Helios Gaming, Thomas Willaume : « Ça fait trois ans que personne ne reprend le flambeau »

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Président d’Helios Gaming, structure esportive la plus importante en Moselle, Thomas Willaume nous livre son point de vue sur la régionalisation de l’esport avec la création de l’antenne Grand Est de France Esport, ainsi que sur l’évolution d’Helios Gaming et de la discipline dans le secteur.

LGM : Pouvez-vous vous présenter ?
Thomas Willaume : Je suis président d’Helios Gaming depuis 1 an, et je suis un entrepreneur dans le gaming et l’esport depuis 2006. Avec Helios, on recherche activement à développer l’accompagnement de la pratique positive et responsable de l’esport dans la région.

Quels sont les besoins dont vous répondez avec Helios ?
Ça ratisse très large. On parle de sobriété numérique, de création de lien social, ce qui est important dans une branche comme l’esport, mais aussi de l’alimentation. Mais aussi, et de plus en plus, de la pratique de l’activité sportive chez les jeunes qui est un réel sujet aujourd’hui, notamment pour moi en tant que parent. Ce sont des missions qu’on essaye de relancer après le coup dur du Covid en 2020.

On doit redévelopper cet écosystème esportif local en procurant ces valeurs à différentes cibles, des joueurs à l’administration, comme les collectivités territoriales. On a besoin d’une certaine visibilité auprès d’eux.

« France Esport va devenir une fédération »

En juin dernier, France Esport a officialisé la branche Grand Est. À quoi ça correspond ?
France Esport permet aux acteurs de la scène de se regrouper, de parlementer et d’adopter des plans d’actions pour dynamiser la discipline en France. On a pour objectif de transformer France Esport en fédération française de l’esport.
Mais pour ce faire, il faut des relais locaux. Avec Helios Gaming, et d’autres acteurs locaux comme Mosel’LAN, Alsace Arena, Gamer’s Voice ou encore Powerhouse Gaming, on a rempli le dossier et le cahier des charges pour lancer la création de l’antenne Grand Est.

C’est la première étape pour la régionalisation de l’esport et se faire entendre des pouvoirs publics, ainsi que relancer des projets d’envergures. Cependant, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Il n’y aura pas un événement d’ampleur européenne à Metz dans six mois. Cette antenne reste néanmoins une étape obligatoire pour avancer.

Donc cela devrait faciliter la création de projets sur le territoire lorrain et l’accord de subventions.
Il faut savoir que pour en obtenir une, depuis l’après-Covid, la Région demande la fédération de rattachement. Or, elle n’existe pas pour l’esport. Par l’antenne Grand Est, la région pourra officiellement en octroyer car on sera représenté localement. Donc la mise en place de politiques publiques pour aider les acteurs locaux de l’esport pourra se faire.

C’est paradoxal, parce qu’on est dans un milieu qui change rapidement, mais l’administration a besoin d’un schéma classique. Ce qui est sûr, en attendant, c’est que France Esport va devenir une fédération. Et que ce sera plus simple pour faire revenir les événements dans le Grand Est et en Lorraine, ce que l’on n’a pas pu faire depuis le Covid.

« Helios Gaming doit avoir une présence physique sur le territoire »

La pandémie a-t-elle eu un gros impact ? Car auparavant, Helios organisait souvent des compétitions dans leurs anciens locaux, à Amnéville…
Les structures qui accueillaient du public n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant pandémie. On est en 2023. L’industrie a beaucoup souffert économiquement et, encore maintenant, des structures ferment malheureusement leurs portes.
De 2017 à 2019, la Moselle était le territoire où il se passait le plus de choses en France. On avait presque un tournoi par semaine.

Lors de nos Helios Gaming Festivals à Amnéville, en deux éditions, notre chaîne Twitch était top monde sur le jeu Rainbow Six – Siege. Mais aujourd’hui, la dynamique est complètement cassée. Le public a perdu l’habitude de se déplacer. Et le constat est sans appel : cela fait trois ans que personne ne reprend le flambeau en mettant des actions d’ampleur en place.

Quel bilan peut-on dresser pour Helios Gaming en 2022/2023 ?
Purement en résultats esportifs, on a réussi à faire réapparaître des projets avec peu de moyens. Le marché est quand même plus difficile qu’avant, mais le besoin des joueurs d’être accompagné par une structure est toujours là. On développe encore la partie médiation avec la reconnaissance officielle. On travaille sur l’obtention d’agréments sur la jeunesse et l’éducation populaire, mais surtout sur l’agrément académique pour intervenir avec l’éducation nationale dans les collèges et lycées sur les questions de l’esport et du numérique.

Enfin, le dernier gros point serait de retrouver des locaux. Helios Gaming doit avoir une présence physique sur le territoire. On peut faire des choses à distance, mais rien ne vaut le présentiel. On souhaite un lieu qui permette de nous identifier. D’identifier un club esport à la région, à Metz ou aux alentours, qui serait un lieu de vie et d’échange pour les joueurs, les parents et les enfants. Tous les jeunes jouent aux jeux vidéo. Et si c’est nous, les parents seraient d’accord pour laisser leurs enfants sur des créneaux horaires, avoir des adhésions.

La doctrine, pour les mois et années à venir, c’est réussir à recréer des événements, et surtout réussir à implanter Helios Gaming localement.

Helios avait des gaming schools avant le Covid, qu’en est-il de ce projet ?
Elles n’ont pas survécu, mais on note qu’il y a encore des besoins. Ces questions sont toujours là. La gaming school était un super projet et la Région finançait une partie de l’enveloppe des étudiants. Mais encore une fois, même si le projet venait à revenir, il manque les locaux.

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