477 Le rapport annuel de la DNCG vient de paraître. Indicateur phare du développement des championnats de Ligue 1 et Ligue 2 mais aussi de la santé financière des clubs qui y participent. Dans ce dossier nous allons nous pencher particulièrement sur la situation du FC Metz. Avant toute chose, gardez en tête que le rapport que nous analysons aujourd’hui concerne la saison 2018/2019 lors de laquelle les grenats évoluaient en Ligue 2. Il est donc évident que les budgets et recettes ont été impactés par le fait d’évoluer dans une division inférieure. L’an passé nous avions dans notre analyse fait le constat d’un club géré intelligemment et dont la bonne santé financière ne laissait présager qu’un avenir positif. Qu’en sera t’il cette fois ? (si les différentes images et graphiques de cet article s’affichent en trop petite taille, un clic suffira pour les voir en grand format) Les produits d’exploitation Le premier point que nous allons analyser est le groupement correspondant aux produits d’exploitation. Si vous n’avez jamais aperçu le bilan financier d’une société, ou si vous n’êtes pas familier avec la comptabilité en général vous devez vous demander ce que c’est. Eh bien, pour faire simple il s’agit des entrées d’argent liés à l’activité principale de la structure. Dans le cadre de ce rapport, ce produit est détaillé en 4 points : les droits audiovisuels, le sponsoring / la publicité, les recettes liées aux matchs et les inclassables « autres ». Avant d’analyser les différents points liés aux produits d’exploitation, voici un graphique récapitulant leur répartition sur l’ensemble du championnat. Précisions sur les droits audiovisuels Là où en Ligue 1 la saison précédente, nous avions fait état de trois clubs qui se partageaient la plus belle part du gâteau, pour la Ligue 2 le constat n’est pas exactement le même. En effet les écarts sont plus restreints ici et bien que deux équipes sortent particulièrement du lot (Metz et Troyes avec 9 836 000€ et 8 678 000€), les 18 autres clubs du championnat bénéficient d’une dotation assez homogène avec une moyenne à 5 386 000€. Rappelons que ces droits sont calculés suivant plusieurs critères dont le classement en fin de saison, le parcours des 5 saisons précédentes et la notoriété du club estimée via l’exposition télévisuelle. Le calcul exact reste quant à lui assez mystérieux mais nous savons qu’en Ligue 2 la part fixe est prédominante sur le reste des critères. Précisions sur les sponsors et la publicité L’an passé nous avions fait le constat que Metz n’était pas le club le plus attractif de Ligue 1, principalement soutenu par des entreprises et institutions locales. Pour cette saison en Ligue 2, la donne n’est pas tout à fait la même puisque dans cette division, disposer de plusieurs sponsors que ce soit sur le maillot ou au stade, devient un luxe. Aussi, le FC Metz se classait pour cette saison à la deuxième place du championnat en matière de résultats de sponsoring avec 3 952 000€. La seule équipe bénéficiant d’une meilleure dotation est le Stade Brestois avec un résultat impressionnant de 6 806 000€. Précisions sur les recettes de match En matière des recettes de jour de match, il est évident que quelques équipes jouent dans une catégorie différente des autres. En tête de file le RC Lens, suivi par un public fidèle dans un stade souvent plus rempli que ceux de Ligue 1. En second on retrouve évidement le FC Metz, qui bien qu’ayant recueilli un nombre de spectateurs variable a été auteur d’une saison exemplaire qui a fédéré une partie du public.Il y a aussi fort à penser que les abonnements ont joué un rôle important dans l’équation. Précisions autres Cette catégorie est compliquée à analyser puisque par défaut nous ne savons pas réellement ce qu’elle cache. Nous pouvons toutefois constater que bien que certains clubs y affichent des sommes assez importantes, les écarts sont assez comparables entre les équipes. A Metz, il s’agit de 14% des recettes, soit la plus petite part des finances. Les charges d’exploitation Tout comme pour le produit, ce terme de « charges d’exploitation » ne vous est peut-être pas familier. Il s’agit tout simplement de son opposé : les frais engagés dans le cadre de l’activité de base de la structure.Dans le cadre de ce rapport, ces charges sont détaillées en 4 points : la rémunération du personnel, l’amortissement des indemnités de mutation, les honoraires d’agents et intermédiaires, et les inclassables « autres ». Avant d’analyser les différents points liés aux charges d’exploitation, voici un tableau récapitulant leur répartition sur l’ensemble du championnat. Précisions sur la rémunération du personnel, les indemnités de mutation et les honoraires d’agents Quel joli fouillis n’est ce pas ? Nous manquons de détails pour plusieurs catégories et avons choisi de rassembler les charges et de donner quelques précisions à la volée. Il n’y a pas de secret, le FC Metz a fait le choix pour cette descente en Ligue 2 de maintenir une bonne partie de son organisation de Ligue 1. L’objectif affiché était de rendre ce séjour le plus court possible et il semblerait que la stratégie aie été bonne.Du côté de la marge salariale, la différence entre 2017/2018 et 2018/2019 est très mince (22 899 000€ et 22 158 000€). Les pourcentages de baisses salariales prévues dans certains contrats de joueurs ont eu un impact très faible et ont surement été rattrapés par les diverses primes qui peuvent représenter jusqu’à 15% de la rémunération d’un joueur…C’est ainsi que le FC Metz trône aisément au sommet du classement des masses salariales et les dauphins en la matière : Lens (17 550 000€) et Lorient (15 244 000€) sont assez loin. Pour ce qui est des amortissements des indemnités de mutation et des honoraires d’agents le FC Metz est hors normes par rapport au reste de la Ligue 2 sur cette saison, la seule équipe comparable est le FC Lorient. La justification est facile à trouver puisqu’un club qui revient de Ligue 1 a forcément des charges lissées sur plusieurs années dans ces catégories. Les transferts de joueurs sont de moins en moins payés en une fois, à fortiori pour des clubs de cette envergure et toute équipe qui doit absorber une descente doit aussi faire avec ces sommes. Dans la catégorie des « autres charges » le FC Metz est une fois encore loin devant ses pairs. Pire encore, les 14 777 000€ de cette catégorie sont plus lourds que la totalité des charges individuelles de 11 des 20 clubs de Ligue 2.Alors que cache ce tiroir « autre » ? Eh bien de la même manière que pour la saison précédente en Ligue 1, nous pouvons passer qu’il s’agisse en partie des investissements réalisés pour le centre d’entrainement à Frescaty. A la lecture des chiffres il apparaît que le FC Metz a dépensé 22 001 000€ d’euros de plus qu’il n’en a gagné. Mais au final le bilan n’est pas si négatif que cela, puisque vient le bilan des transferts… Résultat des opérations mutation Cette catégorie est plutôt intéressante puisqu’elle évoque le montant que le FC Metz a récolté sur les transferts qu’il a effectué. Pour la saison 2018-2019, le FC Metz affiche un intéressant 16 050 000€. Bien qu’inférieure à celle de la saison précédente (-7 224 000€), la somme vient clairement renforcer les finances du club.Parmi les transferts qui ont pu alimenter ce résultat on peut notamment penser à ceux de Moussa Niakhaté (~6 millions), Florent Mollet (~2,60 millions), Mathieu Dossevi (~2,50 millions) ou encore Thomas Didillon (~2,20 millions). Gardons toutefois à l’esprit que les indemnités de transfert se paient souvent en plusieurs fois, ainsi ses sommes ne sont surement pas entrées directement dans le portefeuille du club. De la même manière, des mouvements antérieurs ont pu générer des revenus l’an passé, comme par exemple celui d’Ismaïla Sarr. Bilan Cette année encore nous pouvons constater que le FC Metz observe une gestion sensée de son budget. Sans vouloir jouer le rôle de comptables émérites, nous avons bénéficié d’un bilan clair et sans complexité majeure de la santé financière du football Français de la part de la DNCG et nous pouvons nous réjouir qu’un club comme celui de Metz soit dans les clous malgré les aléas de la vie sportive.Cette année il y a certes un résultat net négatif à relever (-3 667 000€), mais il était prévisible de par la volonté de la direction du club grenat de revenir au plus vite en Ligue 1 tout en maintenant les investissements sur ses infrastructures. Ainsi, là où un club relégué fait habituellement des coupes massives dans sa masse salariale et ses dépenses, le FC Metz a fait le choix de garder auprès de lui un noyau dur de joueurs, tout en maintenant un staff de qualité et en investissant dans un centre de formation. Ce « sacrifice » s’est avéré payant puisque le FC Metz en récolte les fruits cette saison et fait bonne figure en Ligue 1.Pour étayer notre satisfaction nous pouvons comparer le bilan de Metz à celui du RC Lens, par exemple, qui a échoué dans sa quête de montée et qui affiche un résultat net en déficit de 11 084 000€… Si on observe l’intégralité du championnat de Ligue 2 2018/2019, le FC Metz est l’épicentre du rapport « budget/résultat ». Sur la même trajectoire on retrouve d’autres clubs dont le budget est parfaitement en accord avec les résultats sportifs, bon gré, mal gré : Le Havre, Niort, Valenciennes, Béziers.Mais ce qui peut nous intéresser également ce sont les équipes qui se sont surpassées comme le Paris FC ou qui ont été en dessous des attentes : Lens, Nancy, Auxerre, Sochaux. Le club Messin s’est affranchi de nombreux pièges et a visé juste dans sa stratégie de retour dans l’élite. Il ne nous reste qu’à souhaiter le meilleur pour ce qu’il reste de cette saison au FC Metz afin de vous proposer l’an prochain un bilan encore plus positif. Pour aller plus loin… Afin de compléter votre lecture sur les finances du FC Metz la saison passée comme pour cette saison nous vous invitons à lire nos autres dossiers financiers : Salaires de Ligue 1 : où sont les Messins ? (2019/2020) Salaires de Ligue 2 : où sont les Messins ? (2018/2019) Les budgets de Ligue 1 édition 2019/2020 L’analyse du précédent rapport financier (2017/2018) Cet article fait état d’analyses personnelles, qui ne sont pas celles d’un comptable ou d’un professionnel du milieu. Des conclusions ou des faits énumérés peuvent s’avérer erronés. Toute correction est la bienvenue. Nous avons pris le parti d’analyser une seule partie des données afin de proposer une analyse simple et compréhensible du bilan, pour vous faire votre propre avis il est possible de consulter le rapport complet via le site officiel de la DNCG.