517 Titulaire indiscutable dans la défense du FC Metz, Marine Morel nous en dit plus sur sa carrière, sur le club et sur l’évolution du football féminin. Interview. Native de La Réunion, Marine Morel a grandi dans le football. Un environnement propice qui l’a naturellement dirigée sur les rectangles verts. « Je suis issue d’une famille très fan de foot, mes parents et mon frère y jouaient quand j’habitais La Réunion donc j’ai voulu suivre leurs traces. J’ai d’abord essayé de m’orienter vers le tennis ou l’Athlétisme mais c’est revenu au foot… » Une première licence à l’US Bénédicte sur l’Île de La Réunion à l’âge de six ans avant de s’installer en France. Et un passage au FC Woippy plus tard, Marine rejoint l’ASNL avant d’atterrir à Metz en 2015 pour deux saisons, puis de repartir à Nancy pour trois ans. C’est en juillet 2020 que Marine rejoint à nouveau les terres Mosellanes. Marine Morel en pleine discussion avec Océane Picard Pour autant Marine n’en n’oublie pas son ancien club. L’ASNL qui connaît une période très délicate sur le plan financier et sportif puisque son équipe féminine s’est vue retirée de la D2 Féminine par choix des actionnaires. « Même si je joue au FC Metz, je suis toujours leur parcours car j’ai encore des liens et c’est une déception. Pour le département de la Lorraine, c’est triste de voir une équipe qui descend en R1. Avoir deux clubs phares permettait d’attirer les meilleures joueuses. Le président Rousselot avait attaché beaucoup d’importance sur la structure du football féminin. Quand j’étais là-bas, on avait vraiment des échanges réguliers avec lui. J’espère que si les joueuses de l’ASNL retrouvent la D2 à l’issue de cette saison, le club ne fermera pas cette porte. Ce serait dommage pour la région car s’il y a des clubs en D1 et D2 c’est qu’il y a un bon travail qui est effectué sur le territoire. » Une rivalité Metz / Nancy différente chez les féminines Si le derby entre Metz et Nancy déchaîne les passions chez les hommes, chez les féminines, l’approche est plus pragmatique : « Ce n’est pas du tout la même rivalité… ça vient aussi du fait d’avoir des supporters au quotidien. Cela dit lorsqu’on joue, on joue comme les garçons car ça reste un derby donc quand on représente le maillot grenat c’est un match très important. Ce sont des matchs difficiles à gagner. Sur le terrain il y a l’amour du maillot à défendre, ce sont des matchs pièges. » En attendant le retour de Nancy à l’étage supérieur, le derby se joue contre Vendenheim, l’historique club alsacien que les messines croiseront très bientôt en D2 féminine. Marine Morel face à Strasbourg Au cours de sa carrière, Marine Morel a également porté le maillot des bleues en U19. Elle y a d’ailleurs côtoyé Viviane Assey, résidente actuelle de l’équipe de France : « Quand on porte le maillot de l’équipe de France c’est une fierté, après chacune a eu des parcours différents mais j’avoue que lorsque je vois Viviane en Équipe de France A, je suis fière d’avoir pu la côtoyer car c’est une joueuse méritante et c’est plaisant d’avoir pu évoluer avec elle. On sait que sur une génération, tout le monde ne pourra pas performer et aller vers le haut niveau tout au long de sa carrière. Si certaines l’ont fait c’est très bien pour elles. » « On s’entraînait comme-ci on allait jouer chaque week-end… » La saison passée fût avortée à cause de la crise sanitaire. Pour autant, le FC Metz a su maintenir ses joueuses en alerte. Mais comment tenir le coup moralement dans une période aussi incertaine et sans matchs officiels ? « Je vous avoue que ce n’est pas évident, mais le staff a fait le nécessaire pour qu’on puisse continuer à progresser et se préparer pour la saison suivante. Nous sommes en D2 donc certaines sont sous contrat et c’est notre métier. Même si on a une certaine tristesse sur la décision qui a été prise on ne peut pas s’apitoyer sur notre sort. On avait la chance de pouvoir s’entraîner tout le temps alors que certains clubs de D2 ne pouvaient pas à cause du couvre-feu donc on n’a pas à se plaindre. C’était soit on faisait du foot loisir et c’était une saison gâchée et soit on voulait aller vers l’élite et on s’entraînait comme-ci on allait jouer chaque week-end… » Un retour vers l’élite qui passera obligatoirement par une année parfaite. Et malgré la défaite cruelle au Havre, les signaux sont positifs et le début de saison prometteur. « Il y a eu cinq matchs amicaux. Cela nous a permis de faire jouer tout le monde et créer des liens, des automatismes. C’est vrai qu’on a eu envie de faire une bonne entame à domicile. Nous étions chez nous et on ne veut pas laisser de points faciles. On veut faire comprendre aux autres clubs que ça va être compliqué de venir chercher des points chez nous. » « Si on fait la comparaison par rapport à la saison dernière, on avait un goût amer. (Match nul face à Lens en match d’ouverture). Pour nous c’était limite une défaite, alors que c’était toujours un point de pris. Au Havre ça nous a permis de nous faire une idée de ce qu’on pouvait prétendre dans ce championnat. On a fait un bon début de match. Ce carton rouge vient nous freiner même si on a été combatives jusqu’à la fin. Il y a de la déception car on méritait mieux. Mais on ne s’est pas apitoyées sur notre sort, on est satisfaites de ce qu’on a pu montrer. La saison sera très longue. Et au vu des résultats du week-end, on sait que plein d’équipes vont laisser des points.« « On a hâte d’enchaîner les matchs ! » Ingrédients essentiels pour la réussite du projet, la cohésion de groupe et l’investissement du club. Et à ce niveau-là on sent une réelle osmose. Il y a de la suite dans les idées chez les grenats. « L’ambiance est très bonne. On a un groupe avec différentes personnalités : des jeunes et des moins jeunes (rires), le groupe vit bien. On a la confiance du club qui nous met en valeur. Plein de choses évoluent et on a hâte de pouvoir enchaîner les matchs. On retrouve le goût de la compétition, et tout le monde est content. Le club met les moyens. Cette année on a récupéré un préparateur physique. On a une belle structure. Et il y a un réel projet sur la section féminine. Des catégories jeunes à la D2, c’est une même identité. Et il y a de beaux outils, ça inspire à vouloir se développer davantage, on ne peut qu’être heureuses de travailler dans ce climat. » Les mentalités ont changé Des évolutions et des efforts consentis nécessaires pour le football mais également pour le sport professionnel féminin en général : « On n’a pas forcément à se plaindre par rapport à d’autres sports féminins qui luttent pour se faire voir et entendre, mais il y a toujours une inégalité au niveau financier entre le sport masculin et féminin. Il faut être patientes. Les choses bougent. On voit bien par exemple qu’aux USA ils font le forcing par rapport à leur équipe nationale féminine. Pour ma part je souhaiterais que ce soit le cas sur le sport féminin dans sa globalité. Pas seulement sur le football. Peut-être que si notre sélection nationale gagne une compétition cela changera la donne. » Une chose est sûre, la route sera longue pour changer les idées reçues et combattre les clichés. Même si la France est sur la bonne voie : « Les mentalités ont changé. Je n’ai personnellement jamais reçu de remarques inappropriées même si c’est vrai qu’au début le football c’était pour les garçons. Maintenant qu’on nous voit jouer, les choses évoluent malgré les à priori. De nos jours, les gens ont une autre mentalité. Et le football féminin fait ses preuves notamment grâce à l’Olympique Lyonnais. Le football masculin tourne de plus en plus autour de l’argent. Peut-être que les gens préfèrent retrouver ce côté football convivial et prennent du plaisir à regarder du football féminin. C’est en tout cas souvent le retour qu’on a… » Rien de mieux qu’un match pour se faire une idée. Et ça tombe bien, dimanche les Messines reçoivent le VGA Saint Maur au stade Dezavelle à 15h00. Le rendez-vous est pris ! Propos recueillis par Gérald Russello – Crédit photos : Julien Buret/LGM