FC Metz : autopsie d’une équipe impuissante

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Le message est martelé : les joueurs travaillent d’arrache pied pour le maintien, l’entraîneur est tout sauf menacé. Pourtant, les semaines passent et le FC Metz ne semble plus pouvoir décoller de la zone rouge. À sept matchs de la fin de saison, ce groupe semble plus que jamais en manque de repères.

Stade Saint-Symphorien, ce samedi 30 mars. Le FC Metz sort d’une nouvelle déroute à domicile face à Monaco, 5-2. L’affaire était rapidement pliée par les Monégasques, avec trois buts marqués en seize minutes. En face, la redondante frilosité messine attristait. Et la suffisance, voire la « nonchalance », pour paraphraser Alexandre Oukidja, de certains joueurs messins faisait tâche. Sur les réseaux sociaux, les supporters sont prompts à demander des comptes. La défaite de trop pour certains, un sentiment de honte pour d’autres. Pour rappel, plus de 27 300 personnes s’étaient rendues au stade.

Coupable d’une erreur sur le quatrième but, Alexandre Oukidja a immédiatement fait son auto-critique et assumé une certaine « nonchalance ». Photo : Loic Baratoux/FEP/Icon Sport.

Faut-il y voir le signe qu’un lien est rompu au sein de l’effectif ? « On est un groupe soudé », balayait Kevin Van den Kerkhof face aux médias après le match. Et avec Laszlo Bölöni ? La réponse semblait moins évidente : « Le coach, il a ses consignes. Après, c’est ses choix… Entre joueurs, on se parle aussi, et quand il y a des choses avec lesquelles on n’est pas d’accord, on fait nos choix. » Et de rajouter : « Si [selon les joueurs] ça ne va pas, on prend les choses en main. » L’international algérien l’admet à demi-mot : le groupe fait parfois preuve d’auto-gestion, quitte à désavouer son entraîneur une fois sur le terrain.

Une cassure déjà bien entamée

Cette sortie fait l’effet d’une petite bombe. Mais elle ne laisse guère de place à la surprise, tant ce sentiment de cassure était palpable. Déjà, lors de ce dimanche 4 février, alors que le FC Metz venait de perdre une confrontation capitale face au FC Lorient (1-2). Les Grenats payaient cash treize minutes d’anti-football en début de seconde période. Ont-ils voulu envoyer un message à leur coach ce jour-là ? Le défenseur et « grand frère du vestiaire » Ismaël Traoré bottait alors en touche : « Quand on est sur le terrain, on se doit d’appliquer les consignes, et il faut qu’on le fasse avec plus d’envie. »

Cinq jours plus tard, au stade Vélodrome. Les Messins arrachaient un match nul contre l’Olympique de Marseille… après avoir joué en supériorité numérique pendant plus d’une heure. Une configuration dont les joueurs n’avaient pas profité, tant ils étaient timorés offensivement. Au micro de Prime Video, Christophe Hérelle accusait le coup : « Tactiquement, on n’est pas prêts, tout le monde l’a vu ce soir. » Aujourd’hui, force est de constater que la situation n’a pas évolué.

Un entraîneur en manque d’idées

Dans ce contexte tendu, Laszlo Bölöni semble dans l’impasse, comme perdu. Réticent à faire évoluer son éternel plan de jeu défensif, celui qui se définit comme un « joueur d’échecs » a bien fini par accepter un changement de son dispositif de départ. Mais la philosophie appliquée reste foncièrement la même, avec un bloc bas, timide, et une animation basée sur des transitions éclair, souvent inefficaces. Décevant, car lorsque le FC Metz tente de créer du jeu, les coéquipiers de Matthieu Udol savent parfois se montrer emballants, à l’image de cette deuxième mi-temps accomplie face au FC Nantes, début mars.

L’entraîneur roumain ne cache pas son mécontentement, bien au contraire. « Toutes les défaites sont frustrantes », disait-il après la défaite contre Lyon. « Je ressens beaucoup de sentiments… qui sont énervants » après le match perdu contre Reims. Mais lorsqu’on lui demande « comment l’équipe pourrait se relever » de cette dernière défaite à Monaco, sa réponse est pour le moins laconique : « Je vous dis bonsoir, je me lève et puis bisous. »

Laszlo Bölöni a publiquement pointé du doigt plusieurs de ses joueurs après la défaite contre Monaco. Photo : Julien Buret/LGM.

Loin de défendre son groupe, plusieurs joueurs en prenaient publiquement pour leur grade quelques secondes plus tôt, dont Alexandre Oukidja, auteur d’une incroyable boulette amenant au 0-4 : « C’est un manque de respect vis-à-vis de lui-même, de ses coéquipiers, du staff, du club, des supporters. […] Ça, ce n’est pas une erreur. C’est plus qu’une erreur. J’ai peut-être l’air d’un fou furieux mais là, je suis triste. » Ou encore Joel Asoro, sacrifié au bout de vingt-quatre petites minutes de jeu et qualifié de « joueur présent mais pas participant ».

Chronique d’un perpétuel recommencement

Au sein de ce marasme, difficile d’entrevoir un brin d’optimisme. Tout comme il est, au fond, difficile d’en vouloir uniquement à Laszlo Bölöni, auteur d’un miracle (empoisonné ?) la saison dernière, ou à son effectif, trop faible pour la Ligue 1. La faute à un double mercato raté, dont l’entraîneur roumain lui-même alertait sur les conséquences fin décembre : « Bien sûr que dans les projets de départs et d’arrivées, je préfère qu’on ait d’abord des arrivées et ensuite des départs, pas l’inverse. Malheureusement, on a toujours fait comme ça jusque-là : départ, départ, départ […]. Je n’aime pas du tout ça. »

Bernard Serin, président du FC Metz. Photo: Julien Buret/LGM.

Cet appel à l’aide n’a pas été suivi d’effets par la direction sportive, invoquant le manque de finances pour mener à bien de potentielles transactions et cette montée en Ligue 1 « surprise » : « Tout le travail préparatoire à la saison et au mercato avait été fait dans une logique de maintien en Ligue 2« , justifiait le président Bernard Serin au micro de Moselle TV, début mars. Il n’empêche, les mauvais choix entraînent de mauvais effets. Et voilà le FC Metz avant-dernier du championnat, proposant des partitions parfois indignes de son rang et à l’état d’esprit parfois condamnable. Le club récolte finalement les fruits d’une gestion hasardeuse… qui semble elle-même pénible à mener, en raison de tensions au sein des équipes chargées du recrutement.

Certes, cette saison 2023-2024 n’est pas encore terminée. Il est bon ton de rappeler que le FC Metz n’est « que » à trois points du barragiste, Lorient, et à quatre points d’un ex-promu et premier non relégable, Le Havre. Bernard Serin insistait au micro de France Bleu Lorraine Nord la semaine dernière : « On est dans la peau du chasseur, cela donne de l’espoir. » Soit, les comptes seront faits au soir la dernière journée. Mais dans ces conditions, difficile de voir comment cet effectif peut avancer. Quoi qu’il advienne, cette saison laissera un goût amer, d’inachevé. L’impression, au fond, d’un perpétuel recommencement.

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