Clara Petitjean : « Me déchirer tous les weekend pour la Croix de Lorraine ! »

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La jeune défenseure centrale du FC Metz, Clara Petitjean, nous a accordé une interview exclusive avant la réception du VGA Saint Maur dimanche prochain. Un discours empli d’humilité et de détermination. Entretien.

Pur produit du centre de formation grenat, Clara Petitjean entame officiellement sa 3ème saison dans l’équipe première. Porter ce maillot avec cette Croix de Lorraine, c’est plus qu’une fierté pour elle : « J’ai réussi à monter progressivement toutes les étapes, tous les échelons, et arriver en équipe sénior c’est vraiment une finalité. C’est un tel honneur de représenter mon club formateur. Je suis messine. Porter ce maillot me donne encore plus envie de me déchirer tous les weekend pour la Croix de Lorraine. »

Le football, une affaire de famille

Le football pour Clara c’est avant tout une affaire de famille… La famille au cœur de la passion, et des débuts dans le football comme beaucoup de joueurs et de joueuses de sa génération : « Cela a commencé par mimétisme avec mon grand frère, je voulais toujours être en compétition avec lui. Il s’est mis au football et j’ai décidé que j’allais aussi m’y mettre, et que j’allais essayer de le battre. Cela a toujours été une petite compétition et c’est grâce à lui que j’ai mis le pied à l’étrier ! » Une passion pour le foot tout de suite acceptée par son entourage : « Cela s’est fait naturellement dans ma famille. Mon frère était déjà dedans, j’étais autour du terrain pour le supporter. Et quand j’ai commencé mes parents ont été très ouverts, d’ailleurs ils viennent à tous mes matchs, domicile comme extérieur. »

Clara, 20 ans mais déjà une grande maturité pour celle qui n’était pas destinée à un poste défensif : « De base quand je suis montée en sénior et que Jessica Silva est arrivée j’étais milieu de terrain et au début de la saison dernière elle m’a dit que j’allais jouer défenseur central. On avait eu des blessures du coup je suis descendue d’un cran et finalement ça s’est très bien passé. C’est donc devenu officiel, je suis défenseur central ! C’est un poste à responsabilité. Je sais que je suis jeune, mais cela me permet justement de prendre plus vite de l’expérience. C’est un poste où je me plais bien ! »

Une maturité acquise également en équipe de France U16 où elle avait été retenue pour un rassemblement en 2017 avec Orane Schmeler et Léa Munier. Une expérience enrichissante pour Clara qui reste focus avant tout sur le FC Metz : « Je me focalise seulement sur mes performances en club car le plus important c’est de jouer les premiers rôles avec Metz et si individuellement il y a des choses qui suivent on verra, mais ce n’est pas mon objectif principal. Je suis vraiment axée sur le club. »

Une faim de victoire

Après cette saison avortée par la crise sanitaire et de longs mois sans compétition, les messines affichent une envie communicative et une motivation décuplée par une préparation très longue : « On avait hâte de reprendre la compétition. Cela faisait vraiment longtemps qu’on avait pas joué. On a faim, on a envie de gagner. On a la rage, on ne se cache pas, on veut jouer les premiers rôles dans le groupe. Nous avons des ambitions et le but c’est vraiment de prendre le plus de points possibles. Une immense envie de jouer chaque match. On ressent un très bon état d’esprit dans le vestiaire. »

Malgré la défaite cruelle au Havre où les messines, rapidement réduites à 10 ont fait mieux que résister, la dynamique reste plutôt bonne avec cette belle entame lors de la première journée et une victoire face à La Roche/Yon. Une dynamique qui ne doit rien au hasard. L’ambiance au sein du groupe est saine et joyeuse.

« Le noyau dur de l’équipe était déjà là l’an passé, c’était beaucoup plus facile d’intégrer 5 nouvelles recrues que 13 comme l’an passé. La préparation a été très longue, on eu le temps de se connaître. On s’entraîne beaucoup. On se voit 8 à 9 fois par semaine. On a fait des sorties cohésion et on a réussi à souder un groupe. On sait que si l’on veut aller loin dans le championnat il faudra que tout le monde soit dans le même bateau. L’état d’esprit est bon. Si l’une d’entre nous est un peu en dessous un jour, on sait que tout le monde va se déchirer pour compenser. »

« Jessica Silva ne néglige aucun compartiment du jeu. »

Un groupe soudé et une coach proche de ses joueuses, à l’écoute et qui insiste autant sur la tactique que sur l’aspect athlétique : « Le coaching de Jessica Silva est très Nord-Américain. Elle axe les entraînements sur la tactique, mais également sur l’aspect physique. Jessica veut une équipe qui joue pendant 90mn. Elle ne néglige aucun compartiment du jeu. Son souhait c’est qu’on soit technique, athlétique, que le tempo du jeu ce soit nous qui l’imprimions. Elle est aussi proche de nous, à l’écoute. C’est vraiment agréable d’avoir une coach qui a toujours sa porte ouverte. »

Le président René Franceschetti nous confiait récemment que la structure à Metz était bonne et complète pour le haut niveau. Que ce soit au niveau médical, sur la préparation physique, le coaching. Un sentiment partagé par Clara : « On a la chance à Metz d’avoir un staff médical avec un kiné, un docteur rien qu’à nous, on peut avoir des rendez-vous rapidement, faire des radios, des échographies. Cette année on a de nouveau un préparateur physique, c’est non négligeable, il connaît très bien son métier. Il y a un réel investissement sur la section féminine avec par exemple la rénovation des vestiaires. On a presque la plaine pour nous, on la partage juste avec la préformation des garçons. Les évolutions se font petit à petit, le projet à Metz monte crescendo. Sur le long terme on peut espérer avoir les mêmes conditions de travail que les hommes. »

« Attirer le public dans les stades, cela se fera petit à petit. »

La professionnalisation de l’équipe passera par un maintien sur le long terme dans l’élite. Et pourtant malgré des résultats qui pourraient être positifs, le football féminin reste peu médiatisé et peu pratiqué.

« C’est vrai que la médiatisation est encore un peu légère, mais il faut que nous aussi, en tant que joueuses, on participe à des actions pour développer le foot féminin, encourager à la pratique. Il faut aussi qu’on arrive à casser les clichés comme le fait que les filles ne sont pas faites pour jouer au foot. Bien sûr que le jeu est moins rapide, moins intense. Mais ce n’est pas pour autant qu’il y a moins d’aspect tactique et technique à regarder. Attirer le public dans les stades, cela se fera petit à petit. Il y a déjà eu une évolution depuis la coupe du monde en France. Maintenant il faut continuer sur cette dynamique et ne rien lâcher. Y a encore du travail mais on va y arriver. »

Si les mentalités évoluent, il subsiste encore quelques clichés sur le foot féminin : « Surtout dans les catégories de jeunes, quand on se retrouve dans des équipes au milieu d’autres garçons. Y en a toujours au bord du terrain qui se demandent ce qu’on fait là. Ce sont d’ailleurs souvent les propos des joueurs adverses. Mais on se rend compte quand on a côtoyé une équipe de garçons, que si les débuts sont parfois compliqués, au bout d’un mois ce sont eux qui prennent notre défense. »

Le FC Metz recevra le VGA Saint Maur dimanche après-midi au stade Dezavelle pour cette troisième journée de championnat.

Propos recueillis par Gérald Russello – Crédit photos : Julien Buret/LGM, Lucas Deslangles/LGM (image à la une)

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