Henok Affa (ex Metz Canonniers) : « Pourquoi tout changer ? »

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Après huit années de bons et loyaux services, Henok Affa a décidé de quitter les Metz Canonniers. Une nouvelle qui en a surpris plus d’un. L’ancien capitaine des Grenats nous explique sans concession les raisons de son choix.

Henok Affa, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez décidé de quitter les Metz Canonniers ?
C’est la fin d’un cycle. Cela faisait 8 ans que j’étais au club, les choses évoluent. Quand je suis arrivé à 21-22 ans, c’était un petit club. C’était même l’Union Sainte-Marie/Metz avec Eric Deschamps comme entraîneur. On a dû mener des batailles, notamment pour le maintien en Nationale 2. Nous avons dû maintenir le club avec 6 joueurs jusqu’au dernier match à Longwy.

Quand la réserve est montée de Pré-Nationale en Nationale 3, j’étais aussi dans le coup. Il a fallu maintenir cette réserve aussi, pour que les jeunes évoluent à un bon niveau. Je peux dire que j’ai fait partie des gars qui ont bâti le club. Aujourd’hui, il y a une nouvelle direction, avec des choses qui se passent… L’année dernière, on a vécu une longue saison, avec la qualification historique en playoffs. Je pense que si on voulait retourner en playoffs, il fallait être beaucoup plus malin sur le recrutement.

Vous faîtes référence aux départs d’Idris Macouangou et Auston Calhoun ?
(Réfléchit) J’ai l’impression qu’on n’a pas vu la même saison (avec les dirigeants). On n’a pas survolé le championnat. Dans les dernières journées, nous n’étions pas encore sûrs de finir dans les deux premiers. On a gagné beaucoup de matchs au forceps, on a dû survoler simplement 4 matchs sur les 26. Avec les départs d’Idris, Auston et probablement Flo (Pietrus), la venue de certains joueurs… Je n’ai rien contre ces joueurs en particulier évidemment, mais il y a des postes où on n’avait pas de besoins.

Je fais partie de l’âme et de l’ADN de ce club, j’y ai mis mon empreinte partout. C’est dommage qu’en fin de saison, ma prolongation ait autant traîné. Je n’avais pas des exigences folles, je connais les comptes du club. On aurait renégocié un peu, et on serait repartis. Mais peut-être que du fait de ma dernière année, où j’ai été blessé, en méforme… Ils se sont peut-être posés des questions. Pourtant ils me voulaient, vu mon expérience et ce que je coûte, ça aurait été rentable. Mais le doute s’est installé en moi. En juin, mon contrat devait être signé mais en juillet, toujours rien, pas de proposition… Je sais que c’était compliqué parce qu’il n’y avait pas de coach, il y avait des soucis en interne… Mais sur mon contrat, tu avais un chiffre à changer, et on repartait. Cela ne s’est jamais fait donc voilà…

« Un chiffre à changer, et on repartait »

C’est à cause de cet immobilisme que vous avez décidé de partir, Henok Affa ?
Je ne vais pas à dire que c’est seulement à cause de ça. C’est un tout, cela en fait partie. J’étais indécis de base. Quand un joueur comme moi, au club depuis longtemps, est indécis, tu vas le voir pour essayer de le convaincre, tu es entreprenant. C’est vraiment la fin d’un cycle, presque une décennie.

Vers où le vent va-t-il vous porter, Henok Affa ?
Je pense vers le Luxembourg. Déjà pour travailler, je suis comptable de profession. On va déménager à la frontière avec ma compagne. Je serai également toujours dans le coaching avec les U15 Région de Metz BC, normalement. J’ai toujours mes diplômes. Des équipes vont m’appeler du fait que mon départ ait été annoncé, donc on ne sait jamais si un projet intéressant se présente.

Priorité à « l’après basket » du coup, Henok ?
Oui ! Tout s’est passé très vite, cela a été annoncé jeudi dernier alors que j’aurais souhaité attendre le week-end. Les dirigeants n’ont pas essayé de me retenir plus que ça, avec de gros arguments. Ils ont accepté mon choix. (…) Je prends le virage, ça y est. J’hésitais mais au moins comme ça c’est fait.

« On aurait pu monter en N1 avec cet effectif »

Votre décision a-t-elle un rapport avec l’imbroglio autour de la nomination d’Anthony Tomba ?
Je connais bien Anthony Tomba, j’ai déjà joué sous ses ordres quand j’ai aidé la N3 à se maintenir. Quand j’ai su qu’il allait être nommé, je suis parti le voir à Nancy. On a parlé basket, savoir comment il comptait jouer, sa vision du jeu avec 3 meneurs, etc… Il voulait me faire jouer en 4 (ailier fort) et en 3 (ailier). Cela me convenait, j’ai fait une de mes meilleures saisons à Metz en poste 4 il y a quelques années. Pourtant, j’ai été formé comme meneur – au Paris Levallois avec Andrew Albicy – je ne mesure que 1m90. Cela me rend polyvalent.

D’autant que le poste 4 voulu par Anthony Tomba, une sorte de deuxième meneur, semble correspondre à votre profil…
Oui, j’aurais pu correspondre… Je pense sincèrement qu’avec notre effectif de la saison 2021-2022, on aurait pu monter en N1. Pourquoi tout changer ? Auston (Calhoun) collait des 30 pions quand il est arrivé à Metz. Idris (Macouangou) a une palette extraordinaire dans son jeu… Cette équipe était équilibrée et qui l’avait faite ? Des techniciens. Stéphane Frentzel et Mamedy Diawara. Le club a perdu toute l’avance qu’il avait gagnée ces dernières années.

Fort heureusement, un mec comme Anthony Tomba est capable de bâtir des choses dans des situations compliquées, avec des soldats mais aussi des jeunes. J’espère que Metz pourra atteindre ses objectifs de montée, cela permettrait de dynamiser le basket en Lorraine et donnerait des opportunités à une nouvelle génération de basketteurs mosellans.

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