FC Metz : Le paradoxe Laszlo Boloni

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Après la septième défaite consécutive du FC Metz, la question mérite légitimement d’être posée. Laszlo Boloni est-il toujours l’homme de la situation ? Anatomie d’un naufrage annoncé.

Dimanche 04 février 2024, 17h15, salle de presse de la tribune Sud du stade Saint Symphorien. Tandis qu’à l’extérieur, les forces de l’ordre repoussent quelques supporters cagoulés venus aux portes de la tribune manifester leur mécontentement, Laszlo Boloni s’installe derrière son micro, l’air détendu. Pourtant, le coach roumain vient d’assister à un nouveau naufrage de son équipe, le septième consécutif en championnat, auquel s’ajoute une élimination en Coupe de France. Plus grave encore, l’entraîneur grenat sait qu’il vient de vivre un moment charnière de la saison. La patience du public messin (public exemplaire à bien des égards jusqu’à ce jour) vient d’atteindre sa limite. Un point de non-retour a été franchi, des insultes envers le staff et les dirigeants ont fusé. Des sifflets, de la grogne. De la colère. Mais également beaucoup de tristesse et d’incompréhension face à l’obstination chronique du technicien grenat à proposer le même schéma tactique, les mêmes compositions, et les mêmes consignes de jeu, malgré l’interminable spirale négative en cours. Le capital « sympathie » cumulé par les joueurs du club à la Croix de Lorraine et par leur entraîneur lors de la saison précédente, s’est étiolé pour laisser place à une crise profonde, dont personne n’ose imaginer l’issue positive. La rupture avec le public est désormais bien réelle.

Déni ou obstination ?

Contre Lorient, les Messins n’ont joué que soixante-quinze minutes. Pas très bien d’ailleurs, sans trop d’idées, sans virtuosité ni agressivité, mais ils ont joué tant bien que mal pendant les trois quarts du match, et en essayant d’appliquer les consignes. Mais même contre la lanterne rouge du championnat, ce n’est pas suffisant. L’intensité doit être constante en Ligue 1. Et à défaut d’être techniques, les Grenats doivent être des morts de faim sur le ballon. Le public ne s’y trompe pas. Il le sait. Il en a vu passer des joueurs moyens depuis deux décennies. Tout se pardonne et tout s’arrange quand tu mouilles le maillot. Or, le comportement des joueurs durant la rencontre, particulièrement dans le deuxième acte, ne colle pas à la philosophie du FC Metz.
Alors quel est le problème ? « Sans doute qu’il nous manque quelque chose dans ce que l’on fait… ». Sans doute oui. « C’est difficile de diagnostiquer les raisons qui font qu’on a des périodes très négatives, comme en début de match et en début de seconde mi-temps. On a commencé timidement et on revient après. Dans les deux mi-temps on a eu des opportunités, des occasions où on aurait pu faire la différence. »
Là où certains auraient fustigé les joueurs, Laszlo Boloni, paternaliste, préfère tempérer. « Une défense pas assez physique, pas assez dure, mais malgré cela, notre combativité et notre cœur nous ont poussés à avoir des occasions. » Le verre à moitié plein… « Quand tu perds autant de matchs sur une si petite différence de buts, c’est qu’il y a des manques. On sait lesquels, mais c’est extrêmement difficile de les corriger. » Le coach roumain, très réservé, semble ne pas vouloir exprimer réellement le fond de sa pensée.
Comment expliquer ce retour fantomatique des vestiaires ? Problème physique ou psychologique ? « Si c’était physique, cela aurait duré quarante-cinq minutes ! Donc ce n’est pas physique… », plaisante Laszlo Boloni. Le technicien ajoute « Je pense que c’est un manque de confiance dans tes qualités. »

« Je crois en l’animation »

Lorsqu’on l’interroge sur le seul point positif du match, à savoir Didier Lamkel Zé, Laszlo Boloni préfère rebondir sur la base arrière de l’équipe. « Je ne veux pas croire que notre défense ne peut pas jouer mieux. » et d’ajouter « Je crois en revanche qu’au milieu du terrain, c’est un grand chantier. On ne trouve pas notre milieu de terrain offensif car il n’existe pas. Ablie Jallow est blessé pour une longue durée. Mais en termes de volume de jeu, on est présent. On est conscient qu’il y a du travail. Rien ne sera facile pour nous en première division. ».
Drôle de message envoyé à Arthur Atta, auteur d’une belle entrée en cours de match et seul joueur de l’effectif suffisamment technique à pouvoir prétendre à une place de titulaire en lieu et place de l’international Gambien, plus souvent absent que décisif.
La question est donc légitime, le « numéro 10 de grande qualité » n’ayant jamais été recruté, serait-ce envisageable de modifier le schéma tactique ? À défaut de changer les joueurs, peut-être devrions-nous revoir le schéma ? La réponse est sans équivoque pour Laszlo Boloni. « Non ! 4-3-3, 4-4-2, 3-5-2, je ne crois pas en ces chiffres. Je crois en l’animation. Et c’est tout. Ne pas tenir le ballon en milieu de terrain et ne pas avoir la possession, c’est une maladie chronique que l’on avait déjà en Ligue 2. Je connais les raisons, mais je ne peux pas les dire. » Un problème de niveau technique ? Sans aucun doute. Mais là encore, le message est désastreux pour son effectif.
Effectivement, le FC Metz passe par plusieurs schémas tactiques suivant les périodes de ses matchs. Tantôt en 6-3-1 dans ses 35 mètres, tantôt en 4-1-4-1 lorsque par miracle la balle est en possession des Mosellans. Mais une seule constante émerge, c’est ce bloc maladivement bas. Ce manque de panache et de dépassement de soi. Matthieu Udol tente bien de monter par intermittences, bien plus que son homologue du côté droit Maxime Colin, mais cela reste très timide. Kévin N’Doram joue plus souvent le rôle de troisième défenseur central que de récupérateur. Lamine Camara n’est pas aussi bien entouré qu’en sélection et n’a donc pas le même rendement technique. Quant à Danley Jean Jacques, son immunité devient de plus en plus compliquée à comprendre.
Mais Laszlo Boloni insiste. Un discours tantôt paternaliste et rassurant, tantôt empreint de sous-entendus. Laszlo Boloni ne veut changer ni les titulaires, ni son schéma tactique. Et ce, malgré un bilan catastrophique. L’entraîneur roumain est-il arrivé au bout de ses idées ? Lui qui a su, l’an passé, sortir le meilleur de son effectif. Tout semble l’incriminer. Mais la vérité est parfois plus complexe.

C’est une bien cruelle période que le FC Metz et son entraîneur traversent. Dans n’importe quel autre club, le coach aurait déjà été limogé, ou craindrait à minima pour son poste. C’est malheureusement le seul fusible qui peut être changé en cours de saison dans une équipe aux abois. Il ne reste que quatorze matchs pour se maintenir. Quels leviers pourraient être actionnés pour inverser la tendance ? Quel électrochoc pourrait secouer les consciences ? Une chose est sûre, si on lit entre les lignes, l’effectif n’est pas suffisamment qualitatif pour espérer tenir le ballon et avoir la possession. Et sur le terrain, pour Laszlo Boloni, il n’est question ni de changer les hommes, ni de changer la tactique.

Crédit photos : Julien Buret / Let’s Go Metz

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