Vianney Tritz-Kayser : « Saint-Symphorien, mon coup de cœur du début de saison ! »

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Animateur du Graoully Mag depuis décembre 2018, Vianney Tritz-Kayser sillonne les plateaux TV depuis près de 20 ans pour parler du FC Metz. Il raconte pour LGM comment sa carrière s’est construite, sa passion grenat et quelques anecdotes savoureuses dans un entretien grand format.

Qui es-tu, Vianney Tritz-Kayser ? Comment es-tu arrivé dans le domaine du journalisme ?
Je n’ai pas pris le chemin que tout le monde prend en passant par une école de journalisme. J’ai commencé en tant que stagiaire en communication, j’ai fait une Maîtrise en Communication à l’Université de Metz. A l’issue de cette année de Maîtrise, il fallait que je fasse un stage d’un mois dans une entreprise. Et j’ai choisi RTL9, qui était la télévision messine à l’époque.

Mon stage s’est tellement bien passé que Jean-Luc Bertrand, le directeur de la chaîne à l’époque, m’a pris en tant que pigiste en me disant « on va lancer une nouvelle émission de foot, TOTAL FOOT, j’aimerais que tu la présentes ! ». Et c’est comme ça que j’ai mis le pied à l’étrier et que j’ai commencé à faire des émissions sur le FC Metz, c’était en juin 2000 !

Total Foot sur RTL 9, une émission hebdomadaire avec notamment les débriefs de Marcel Husson et les reportages chez les joueurs… Avec le recul, quel souvenir en gardes-tu ?
Cette émission s’inscrivait dans la lignée du Graoully Mag. En tant que jeune journaliste à l’époque, j’étais super content de travailler avec Marcel Husson. C’est un entraîneur mythique du FC Metz. C’est l’entraîneur de la Coupe de France 1988, l’entraîneur de l’exploit de Barcelone en 1984… Donc forcément c’est toujours un plaisir de bosser avec des personnes comme ça.

Quant aux joueurs, à l’époque il y avait encore des gars comme Fred Meyrieu, Gérald Baticle… Quelques joueurs qui avaient une certaine aura dans le milieu du football donc… A mon jeune âge, c’était un peu impressionnant de rencontrer ce genre de personnes.

Tu penses qu’il y avait plus de libertés à l’époque dans les reportages ?
Il n’y a pas photo. A l’époque de Meyrieu et Baticle pour reprendre leur exemple, ils étaient déjà super contents que la petite télé locale vienne faire un portrait avec eux. Ils nous emmenaient dans des restaurants, dans des bars, on allait faire des images un peu partout dans Metz… Ils nous faisaient découvrir les endroits sympas de la ville qu’ils appréciaient. Aujourd’hui ce n’est plus possible de faire ça malheureusement, on a droit de temps en temps à une interview à Frescaty. Ce n’est pas la même chose qu’à l’époque.

Tu as gardé contact avec des anciens de RTL9 ?
On s’est un petit peu perdus de vue mais on voit ce que les uns et les autres font sur les réseaux sociaux. Jérémy Fuchs qui s’est marié il n’y a pas longtemps forcément je lui ai envoyé un petit message. Jérôme Didelot lui s’est orienté vers la musique avec son groupe Orwell. Je vois aussi d’autres personnes de RTL9 mais c’est un peu plus difficile de se voir vraiment, même si de temps en temps on organise des repas pour se retrouver. Cela fait quelques temps qu’on ne l’a plus fait, il va falloir qu’on le refasse !

Vianney Tritz-Kayser : « Mon premier métier c’est cameraman »

Vianney Tritz-Kayser pendant l’Euro 2016.

Comment ta carrière s’est construite par la suite ?
Avant Moselle TV j’ai fait 10 ans de RTL9 mais je n’avais pas de contrat. J’étais intermittent du spectacle. J’avais un contrat d’un jour à chaque fois. Cela me permettait de travailler à côté, mon premier métier c’est cameraman. J’ai notamment fait les matchs de Ligue 1 et Ligue 2 pour Canal+, BeIN Sports et même TPS à l’époque. J’ai continué à faire ça quand j’étais à Moselle TV mais cela fait désormais 3-4 ans que je ne le fais plus.

C’est un exercice super tactique, je faisais les « grosses loupes » juste à côté des buts. Le match, vous ne le voyez pas, vous devez constamment être sur le ballon ou le porteur en gros plan. J’ai bien aimé cet exercice car on cherche la beauté du geste à ce moment là. J’ai un regard particulier quand je regarde un match de foot dorénavant.

Cela doit être ultra technique comme exercice…
C’est super chaud. Le ballon vient à grande vitesse vers toi. Il y a le point à faire très rapidement si l’image devient floue… On perd quelques litres d’eau pendant la durée d’un match ! (Rires)
D’autant qu’il y a des réalisateurs qui ne te laissent aucune chance ! Dans le casque, on peut les entendre gueuler assez facilement !

Un joueur du FC Metz que tu aimerais filmer de la sorte ?
J’aime bien Matthieu Udol. Déjà il est messin, il est originaire du club de Marly, juste à côté de mon village d’origine. C’est quelqu’un qui a la tête sur les épaules, qui a connu de grosses galères avec son genou mais il n’a jamais rien lâché. Il récolte aujourd’hui tous les fruits de son travail en étant un titulaire indiscutable selon moi. Il serait spectaculaire à filmer, surtout lorsqu’il évolue comme piston gauche. En tant que cameraman, c’est toujours impressionnant de voir les joueurs qui débordent et qui centrent.

Vianney Tritz-Kayser, ici avec Ludovic Giuly, a connu l’ouverture de Moselle TV.

Tu fais partie de la famille Moselle TV depuis maintenant quelques années, racontes nous ton arrivée sur la chaîne.
C’est un concours de circonstances assez extraordinaire. On avait appris que RTL9 allait fermer et au même moment, j’ai entendu dire que le département de la Moselle voulait créer sa chaîne TV. J’ai donc envoyé ma candidature et j’ai été pris pour l’ouverture de la chaîne en 2010, en tant que réalisateur.

Tu animes le Graoully Mag depuis décembre 2018, tu peux nous expliquer comment tu as succédé à Arnaud Caël ?
Cela s’est fait assez naturellement. Au tout début de la chaîne, on présentait le Graoully Mag en alternance. Étant donné que de nombreuses émissions se sont insérées dans la grille des programmes de la chaîne, il a fallu faire un choix. En tant que réalisateur, je n’arrivais pas à faire les deux.

Naturellement, c’est donc Arnaud qui a pris les commandes du Graoully Mag. J’intervenais en tant que chroniqueur, ce qui me demandait moins de préparation. Jusqu’au jour où Arnaud a décidé de partir de Moselle TV. Le directeur de l’époque m’a alors demandé de reprendre l’émission. En contrepartie, un autre réalisateur a pris le relai pour me soulager au niveau de la partie technique.

« On aimerait faire les avant-matchs et les après-matchs du FC Metz sur Moselle TV »

Vianney Tritz-Kayser et Bernard Zénier, l’ancien buteur émérite du FC Metz.

On se souvient également des résumés de matchs d’une heure ainsi que les matchs en National retransmis en direct…
Oui ! Je commentais avec tantôt Bernard Zénier, Cyrille Pouget, Didier Casini et puis maintenant Stéphane Borbiconi. Le National c’était en alternance avec Arnaud Demmerle ! Je me rappelle d’ailleurs d’une anecdote avec l’équipe technique. C’était en plein hiver, cela devait être le dernier match de l’année en National avant Noël.

On avait une petite pièce à côté du vestiaire visiteur. Pour fêter le dernier match de l’année on s’est fait une petite raclette ! Sauf que l’odeur du fromage fondu s’était rependue dans tout le vestiaire. Les joueurs nous demandaient avant de rentrer sur la pelouse « mais c’est quoi cette odeur ? » (Rires)

Le Graoully Mag a changé de formule cette saison, c’est une satisfaction de voir le programme grandir ? Quelle pourrait être la prochaine étape ?
La prochaine étape ? Pourquoi pas faire les avant et les après matchs ! C’est sûr qu’on est limités en terme de droits TV, on ne peut pas faire ce qu’on veut mais avoir un vrai studio pour faire l’avant-match, montrer la composition des équipes… Puis juste après le match, recevoir les joueurs sur Moselle TV pour que les téléspectateurs qui n’ont pas forcément d’abonnement Amazon ou autre puissent avoir les réactions d’après-match en direct. Un peu comme pour Metz Handball, à la différence bien sûr que nous pouvons diffuser les matchs des Dragonnes. Le foot c’est plus compliqué et surtout très cher ! (Rires)

En parlant de Metz Handball, tu produis aussi le Dragonnes Mag. C’est un exercice différent, qu’est ce qui t’épanouit derrière les projecteurs ?
Travailler avec toute une équipe technique en régie ! A Moselle TV on est 3 : l’ingénieur du son, la scripte et le réalisateur. Cela se fait toujours dans la bonne ambiance ! On fait toujours notre boulot sérieusement, sans se prendre au sérieux. C’est agréable de travailler dans ce genre d’ambiances.

Vianney Tritz-Kayser : « Ce serait bien déjà de terminer avec un maintien confortable »

Comme Bernard Serin, Vianney Tritz-Kayser espère un maintien confortable pour le FC Metz. (Photo : Matthieu Henkinet/LGM)

Pour en revenir au FC Metz, comment est née la passion grenat en toi Vianney ?
C’est mon papa qui m’a emmené au Stade Saint-Symphorien lorsque j’étais tout petit, c’était au milieu des années 80, j’en ai de vagues souvenirs. C’était la toute petite tribune, en bois je crois, à la place de l’actuelle tribune Nord. Il faisait froid. Je me mettais sur la pointe des pieds derrière les grilles pour voir le match.

Je me rappelle d’un Metz-Monaco ou d’un derby face à l’ASNL… Des matchs un peu particuliers notamment lorsqu’on allait dans la tribune côté canal (l’actuelle tribune Est, ndlr) à l’époque. Il n’y avait pas de parcages visiteurs. On était milieu de nancéiens, de marseillais ou autre… C’était convivial. Aujourd’hui c’est plutôt des jets de sièges, avant c’était des échanges d’écharpes.

Sinon pour la passion du foot, ça s’est fait parce que j’ai joué dans le petit club de Cuvry à l’époque. On avait monté une bonne équipe avec des copains, c’était la première fois que le club allait aussi haut dans les finales régionales. On se retrouvait très souvent autour du foot.

D’autres passions ou clubs préférés inavouables ?
Inavouable non, j’ai une passion pour l’AS Roma. Lorsque j’étais au lycée à Metz, on a fait des échanges de correspondants. On a voyagé, on est allés à Rome plusieurs fois. Les correspondants étaient tous supporters de l’AS Roma ! Je suis allé plusieurs fois au Stadio Olimpico, il y a une super bonne ambiance. Je suis un amoureux de la ville de Rome, j’y suis allé 6 ou 7 fois. Ne me parlez donc pas de la Lazio, c’est l’ASNL vis-à-vis de l’AS Roma ! (Rires)

Quel est ton regard sur la saison du FC Metz ?
Un début de saison difficile comparativement à la saison dernière, même s’il faut se souvenir que le début de saison n’avait pas non plus été extraordinaire ! Peut-être que l’an dernier le FC Metz était en léger surrégime, bien que la saison ne se soit finie en eau de boudin… Je pense qu’il faut s’attendre à ce que le FC Metz finisse entre la 10ème et la 14ème place cette saison.

Ce serait bien déjà de terminer avec un maintien confortable, comme aime le dire Bernard Serin. Il ne faut pas s’attendre à faire mieux que la saison dernière, qui était une saison exceptionnelle. Il y a eu un mercato délicat à gérer entre l’affaire Pape Matar Sarr, la volonté de départ de Boulaya… Sans parler des blessures, il faut être un peu patient. D’ici 1 ou 2 mois les longs blessés de la saison dernière vont retrouver un certain rythme.

« Ibrahima Niane va retrouver le chemin des filets, ça c’est sûr ! »

Pour Vianney, le buteur Ibrahima Niane va retrouver le chemin des filets ! (Photo : Julien Buret/LGM)

Ce mercato du FC Metz, tu en penses quoi justement ?
Je pense que dans l’ensemble il est positif car le FC Metz a conservé l’ossature d’une équipe qui a fini 10ème de Ligue 1. Concernant les « achats » de joueurs, c’était un mercato à la FC Metz. C’est à dire des bons coups. Je pense notamment à Amine Bassi, à lui maintenant de s’adapter au FC Metz et au niveau de la Ligue 1.

On a doublé le poste d’arrière droit aussi. Le seul petit bémol c’est vraiment le départ de John Boye, capitaine et taulier en défense. A ce poste là, l’expérience est importante, on va voir si Niakaté arrive à faire oublier John Boye dans quelques mois.

On semble se diriger vers un système à 4 défenseurs cette saison, avec Bronn et Kouyaté derrière. Cette défense peut tenir la route selon toi ?
On a une défense qui peut tenir la route. Si le FC Metz parvient à contenir les vagues adverses avec une défense à 4, cela permet de libérer un joueur au milieu de terrain et d’avoir une animation un peu plus intéressante selon moi. Cela demanderait moins d’efforts aux latéraux. Je pense notamment à Fabien Centonze, certes buteur contre Lille (x2) et Brest, mais on voyait qu’il était épuisé et on a pris beaucoup de buts car les pistons avaient du mal à revenir…

Un début de saison délicat, un mercato difficile à gérer mais tout de même des motifs d’espoir, notamment après Paris et Brest ?
Oui des motifs par rapport à ces deux matchs mais aussi parce que le FC Metz a réussi à conserver la majorité de son effectif et qu’au sein même de cet effectif, des joueurs reviennent de blessures assez longues. Ibrahima Niane va retrouver le chemin des filets ça c’est sûr, Opa Nguette va retrouver sa forme et poser pas mal de problèmes. Kévin N’Doram revenait bien mais il a eu son problème à la clavicule. Le FC Metz peut avoir des arguments sur ce début de championnat !

« Au fond de nous, on reste quand même supporter du FC Metz. »

Vianney Tritz-Kayser et Robert Pirès, pour un selfie made in FC Metz.

Quel est ton coup de cœur de ce début de saison ?
Le public de Saint-Symphorien ! Ils ont vécu une saison par procuration à cause de la Covid et ont pu retrouver le stade. Là où je trouve qu’ils ont été super intelligents c’est après la grosse claque contre Strasbourg, on a vu tout un stade derrière l’équipe contre le PSG ! L’équipe a su répondre présent, même s’il y a eu deux minutes de trop…

Quand les résultats du FC Metz ne suivent pas, on peut se montrer critique dans l’analyse. Cela t’est déjà arrivé dans ta carrière qu’un joueur, entraîneur ou dirigeant te fasse savoir que tu as été trop dur ?
Non pas directement, ça m’est jamais arrivé. Mais on sent bien que lorsque l’on est un peu dur, la personne ne nous fait pas un grand sourire lorsqu’elle nous croise. Mais en général c’est vite oublié car on essaye d’être juste quand même. A partir du moment où l’équipe montre un beau visage, il n’y a pas de raison d’aller chercher la petite bête. On a certes un œil externe de journaliste mais au fond de nous, on reste quand même supporter du FC Metz.

« On essaye d’apporter du positif aux gens ! »

La positivité, le leitmotiv du Graoully Mag et de Moselle TV.

D’autant que le Graoully Mag se veut être une émission plutôt bienveillante…
Oui ! C’est la politique de la chaîne. Quand on regarde notre JT, on ne parle par exemple pas de faits divers. On essaye d’avoir une information positive dans toutes nos émissions. Quand on regarde un JT sur une grande chaîne ou une chaîne info, c’est assez anxiogène. On essaye d’apporter du positif aux gens !

Tu animes des émissions sportives depuis de nombreuses années, est-ce qu’il y a un invité ou un évènement qui t’a particulièrement marqué et pourquoi ?
Ah oui… C’était à l’issue d’un Metz-Marseille, c’était Bernard Tapie qui avait fait son retour à la tête de l’OM. Je travaillais à RTL9 à l’époque. Bernard Tapie avait une émission sur RTL9 à l’époque. On avait donc fait une demande au directeur de la chaîne pour avoir un entretien avec Tapie. L’OM réalisait un très mauvais début de saison mais était venu s’imposer à Saint-Symphorien.

Le match se termine, tous les journalistes étaient là. Bernard Tapie arrive et lance « il va y avoir quand même pas mal de déçus ce soir ! ». Et il nous regarde, mon cameraman et moi, et dit « allez RTL9, venez ! ». Donc je lui demande « alors, comment vous expliquez ce mauvais début de saison ? ».

Il m’a pris par l’épaule, il m’a serré assez fort et m’a dit « tu trouves qu’on fait un mauvais début de saison ? ». Moi j’étais là, tout jeune journaliste « bon c’est vrai, il y a cette victoire à Metz qui relance un peu tout… », il me répond « voilà, là tu me fais plaisir ! ». Il m’avait mis une pression dingue, c’était assez impressionnant. Je suis grand (1m90, ndlr) mais à l’époque je devais faire 20 kilos de moins. (Rires)

En parlant d’invités marquants… Rassure moi, Arnaud de Koh Lanta ne chasse pas les crabes dans les studios de Moselle TV ?
(Rires) On lui a déjà fait cette blague ! Et il y a des jours où on le cherche avant de commencer l’émission, on ne sait pas où il est passé et la blague c’est « oh il est encore en train de chercher un poignard quelque part dans une pièce ! ». C’est une super recrue pour nous. Il est passionné de football, il est entraîneur des U13 de Château-Salins. C’est une personne super attachante qui a une grande popularité sur les réseaux. Il a une chronique qui s’appelle « Les potos d’Arnaud » où il permet à ses followers de donner leur avis sur le FC Metz ou poser des questions aux chroniqueurs. Il est super à l’aise à la TV, on est super contents de l’avoir avec nous !

Graoully Mag, tous les lundis et jeudis à 18h30 sur Moselle TV.

Crédit photos non taguées LGM : DR, fournies par Vianney Tritz-Kayser

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