487 Elles sont pétillantes, souriantes et dynamiques. Loin de tout cliché sexiste, elles enchantent depuis 5 ans maintenant les arènes de Metz et le palais des sports, notamment pour le Metz Handball. Les Sugar Girls, emblématiques Cheerleaders de Metz, nous ont ouvert les portes de leur royaume le temps d’un entraînement rythmé. Focus. Katya était déjà coach cheerleader en Russie. Lorsqu’elle arrive en France en 2014, elle s’aperçoit que rien de tel n’existe ici à Metz, et c’est tout naturellement qu’elle va se lancer dans l’aventure et créer une équipe. « Quand j’ai vu que le Metz Handball jouait à ce niveau, je me suis dit que c’était vraiment dommage qu’il n’y ait pas de cheerleaders, alors j’ai proposé au club de monter une team et petit à petit j’ai trouvé des filles pour m’accompagner. Très vite nous avons commencé à animer les matchs à domicile!« . Quiconque n’a jamais créé une équipe ou un groupe de rock, ne connaît pas la difficulté de trouver un nom qui « claque ». Pour les Sugar Girls, c’est Fadwa qui nous en raconte la naissance : « Nous avions plusieurs propositions, mais aucune n’avaient l’unanimité, et pis un peu par hasard nous avons vu écrit SUGAR GIRL sur un jogging de la coach, ça nous a plu et on a choisi d’être ses Sugar Girls! ». Et à voir le déroulement de l’entraînement, on comprend d’emblée l’attachement de Katya pour ses Sugar Girls. Pour rejoindre le clan, nul besoin de casting ou de test, il y a plusieurs niveau au sein de l’équipe et cela ne semble perturber personne. « Nous avons lancé des annonces sur les réseaux sociaux et toutes les filles qui ont répondu sont venues faire un essai, certaines ne sont pas restées car cela ne leur a pas plu, et les autres sont ici !« . Il faut dire que ce sont quatre heures intensives d’entraînement réparties sur deux séances qui attendent les filles, le mardi et le vendredi, avec au programme échauffement, répétition des chorégraphies, travail sur de nouvelles musiques, étirements… Habituellement une séance de deux heures n’est pas interrompue pour les besoins d’une interview, et le tempo soutenu dans les enceintes du gymnase donne le rythme aux entraînements intenses des Sugar Girls. Les musiques ? Juline nous l’explique: « en général c’est Katya qui les choisit, après si nous avons des propositions, elles sont les bienvenues, si tout le monde est d’accord alors on pose les chorégraphies dessus. » Pour la coach, ce qui compte c’est que cela plaise au public, alors « même si parfois ça ne nous plaît pas plus que çà, si la musique choisie est populaire, alors on la bosse... ». Le travail et la discipline sont au cœur de la réussite d’une chorégraphie nous explique-t-elle. « Pour certaines c’est très rapide, pour d’autres ça rentre moins vite, je sais qu’il y en a qui travaillent chez elles à la maison, d’autres n’en ont pas forcément besoin, le tout n’est qu’une question d’engagement et de motivation personnelle. ». Cette année, les cheerleaders de Metz proposent des danses par thème, comme lors du dernier Halloween où le choix des chansons s’est porté sur Marilyn Manson ou encore Michael Jackson, et l’on devrait bien évidemment les retrouver en mères Noël lors du dernier match de l’année des dragonnes le 29 Décembre à l’occasion de la réception de Nantes. « Le public est encore plus réceptif lorsque nous choisissons un thème en particulier…« . Qu’il s’agisse du handball ou du basket, les temps morts ne durent qu’une minute et l’exercice nécessite une synchronisation à la loupe, d’autant qu’ils peuvent survenir à tout moment, mais il arrive parfois que les Sugar Girls se produisent dans d’autres événements, comme la boxe ou d’autres célébrations « à l’américaine », cela leur permet de danser plus longtemps et d’être moins sous pression. A Metz, à l’instar du reste de la France et malgré des résultats en dents de scie, c’est le football qui prédomine, or pour Katya ce serait un rêve de pouvoir se produire à Saint Symphorien. « Le problème c’est que le terrain est vraiment grand, et il faudrait être beaucoup plus nombreuses. Les études, les vies personnelles font que que nous ne sommes pas toujours toutes disponibles, entre les entraînements, les matchs qui tombent aussi bien le weekend que la semaine, c’est difficile d’être à chaque fois au complet, alors pour le football il faudrait que nous soyons au minimum une vingtaine de filles, alors qui sait, peut-être un jour… si nous recrutons encore« . Un appel du pied de la coach des Sugar qui souhaiterait transmettre sa passion au plus grand nombre. Comme à Morgane pour qui « la motivation principale d’être une cheerleader, c’est l’esprit d’équipe et bien évidemment la danse, la pratique d’un sport. Il faut bien entendu également aimer se produire en public…« . Se produire en public, et être au cœur de l’événement, voilà ce qui motive une équipe de cheerleaders, être partie intégrante du spectacle, comme un musicien en concert. Bien qu’il soit une institution, le cheerleading professionnel aux États-Unis est actuellement en danger, pour exemple, un quart des franchises NBA ont mis fin en 2019 aux contrats de leurs équipes de cheerleaders. Les raisons post #MeToo (équivalent du #BalanceTonPorc en France) invoquées par certaines mouvances féministes sont claires, le cheerleading est sexiste, c’est un symbole du patriarcat. Difficile donc d’institutionnaliser ce sport en France où les combats féministes sont en plein essor. L’occasion pour Morgane de rappeler que « d’une part nous portons des costumes, on est toutes habillées pareil, on ne se ballade pas dans la rue en mini-jupe, ultra maquillées, ce n’est qu’un spectacle ! Un spectacle qui d’ailleurs à la base était mixte et plus souvent pratiqué par des hommes. » Et Juline d’insister « On danse pour une équipe, on la représente, c’est un hymne! » Pour Fadwa comme pour Louane la question ne se pose pas : « C’est avant tout un sport, les gens ne se rendent pas compte des efforts que cela demande, le travail qu’il y a derrière, pour nous il n’y a absolument pas de connotation dégradante, c’est de la gym, de la danse, du spectacle! ». Toutes sont unanimes, si demain un mouvement tente de les dissuader ou d’interdire leurs shows, elles se battront pour continuer en toute liberté. Bien que parfois confrontées aux préjugés, ces jeunes filles sont toutes portées par les mêmes passions. La danse et le spectacle. Souhaitons leur longue vie, et qu’elles continuent encore longtemps à enflammer les Arènes ! Nos meilleures photos des Sugar Girls en action : Propos recueillis par : Gérald Russello et Julien Buret. Crédit photo : Matthieu Henkinet