700 Fraîchement arrivé aux Metz Canonniers, Romain Dardaine est l’un des grands artisans du bon début de saison du club. L’intérieur de 34 ans, qui a baroudé à travers la PRO A, la PRO B et la N1, s’est livré au micro de Let’s Go Metz. Romain Dardaine, avec 5 victoires en 6 matchs de Nationale 2, comment vivez-vous ce début de saison avec les Canonniers ?Je vis très bien ce début de saison. Le fait de gagner ces matchs dès le début nous permet de prendre confiance en nous, c’est très important pour la cohésion d’équipe, pour les automatismes. On ne travaille pas de la même manière après un enchaînement de défaites. Aujourd’hui, l’atmosphère est détendue et c’est un réel plaisir de travailler dans ces conditions. L’objectif est de poursuivre sur cette lancée, garder cette bonne dynamique pour éviter que l’on soit obligés, en fin de saison, de courir après des résultats ou des exploits. Vous avez souvent gagné au forceps cette saison. C’était le cas également à Joeuf, mais votre prestation collective était aboutie. Peut-on dire que vous vous trouvez de mieux en mieux collectivement ?Il est vrai que l’on a gagné certains matchs de justesse, cela est dû, en toute humilité, à notre talent individuel. Chacun notre tour, nous avons réussi à faire la différence individuellement pour remporter un match, ce qui rend la tâche encore plus difficile pour les adversaires qui ne peuvent pas défendre de la même façon sur toutes nos individualités. Collectivement, en défense, on arrive également à faire de très bonnes choses, ce qui est de bonne augure pour la suite. Nous avons abordé le match face à Joeuf très sereinement malgré la pression qu’il y avait autour de ce match. Notre calme sur le terrain nous permet de remporter des matchs importants collectivement. Romain Dardaine : « A Limoges, on ne s’entendait pas à 3 mètres ! » Romain Dardaine face à Cambrai Avez-vous déjà vécu dans votre carrière, des matchs avec de fortes rivalités qui parfois dépassent même le cadre du basket ?Oui bien sûr, je me rappelle du match Pau – Limoges lors de mon passage à Pau en Pro B. Cette année, nous étions premiers et Limoges deuxième toute la saison. On parle de « Classico » pour cette rencontre. A Limoges il y avait une ambiance incroyable, on ne s’entendait pas à 3 mètres ! Malheureusement, on avait perdu ce match de justesse. Tous les basketteurs savent ce qu’est l’ambiance à Limoges et ce derby dépasse même le basket puisque quand j’ai signé à Pau, la première chose dont on m’a parlé, c’est de ce derby. A Metz, il s’est passé la même chose, on m’a tout de suite parlé de l’importance du derby face à Joeuf. L’essentiel pour les joueurs c’est de faire face à la pression en restant dans sa bulle, c’est ce que l’on a réussi à faire face à Joeuf en restant dans ce que l’on sait faire. Vous avez joué pour plusieurs clubs historiques (Hyères-Toulon et Pau) après une formation au SLUC à Nancy. Pouvez-vous nous raconter votre évolution ?Effectivement, j’ai tout d’abord fait une année au centre de formation de l’ASVEL lorsque j’avais 15 ans. Une expérience qui s’est mal passée au niveau de l’extrasportif. Sans rentrer dans les détails, j’étais dans une famille d’accueil. Je ne me sentais pas bien là-bas, puis le SLUC Nancy est venu me chercher. Mon expérience au SLUC s’est très bien passée. Pendant ces trois années, on a été deux fois champion de France espoir, on a remporté une coupe de France cadet et disputé une finale du championnat de France. Je me suis éclaté, on avait un bon groupe et des supers formateurs, c’était vraiment dingue ! Malheureusement, j’ai eu une grosse blessure la dernière année : une fracture du fémur. C’est une blessure assez rare, mais mes proches et le club de Nancy m’ont beaucoup soutenu dans cette période. Après ma blessure, cela a été compliqué de trouver un club mais j’ai eu de la chance car Hyères-Toulon m’a recruté en Espoir Pro. J’ai rencontré des superbes personnes comme le coach Alain Weisz ou encore Moustapha Sonko. On a joué la Coupe d’Europe, ce qui m’a permis de voyager et de jouer partout dans le monde. Après cela, j’ai signé mon premier contrat pro en Pro B à Pau, cela a été une fierté pour moi de signer mon premier contrat dans ce club. Par la suite, on est monté directement en Pro A. Le fait de jouer avec des joueurs de Pro A a été très enrichissant personnellement et m’a permis d’évoluer rapidement. « J’ai eu la chance de jouer avec Boris Diaw » Romain Dardaine Vous venez d’évoquer une de vos nombreuses montées. Après cette première promotion, vous avez réussi à réitérer trois fois avec trois clubs différents !Oui exactement, je suis d’abord monté avec Pau en Pro A. L’année suivante j’ai rejoint Bordeaux, on est monté en Pro B. Je suis resté deux ans de plus durant lesquelles j’ai eu la chance de jouer avec Boris Diaw pendant 9 matchs, durant le lockout (ndlr : période de grève en NBA, dont certaines gloires du basket français ont tiré profit pour revenir jouer en France). Lors de sa présence, les stades étaient pleins et les supporters scandaient son nom. Je me rappelle d’un déplacement de 11h à Lille, où il a tenu à prendre le bus avec nous alors qu’il n’était pas obligé de le faire.Après cette fabuleuse expérience, je suis parti à Charleville-Mézières avec qui on est monté en Pro B, puis Aix-Maurienne avec qui je suis également également monté en Pro B. Je n’ai pas connu que des montées, j’ai perdu une finale pour la montée pour 1 point lorsque j’étais au Havre (N1). Cela reste de supers souvenirs, j’ai toujours gardé contact avec les différents coéquipiers que j’ai rencontrés. Chaque montée était différente mais l’ambiance et l’émotion restaient les mêmes, c’est pour cela que je joue au basket. On fait ce sport pour gagner les matchs et vivre de nombreuses émotions. Gagner des matchs et vivre une montée vaut tout l’or du monde et tous les salaires que l’on peut s’imaginer. Est-ce pour ajouter une nouvelle montée à votre palmarès que vous avez signé aux Metz Canonniers cet été ?(Sourire) Oui bien sûr , je suis venu ici pour monter ! J’ai adoré le projet du club sur les 3 prochaines années. Nous sommes installés à Frescaty, les structures et la salle sont très bonnes. Metz est une grande ville qui mérite d’avoir un grand club de basket, j’aimerais inscrire ma petite touche dans ce club. J’espère que nous allons réussir à monter. Évidemment, ce n’est pas parce que je suis monté plusieurs fois avec des clubs différents que la montée est acquise. J’ai grandement envie de vivre une montée à Metz et je pense qu’un engouement est en train de se créer autour des Canonniers. La montée pourrait apporter plus de visibilité et de supporters au club. Votre signature ici à Metz vous permet de vous rapprocher de votre famille, vous le natif de Phalsbourg. Qu’est ce que ça représente pour vous ?Je viens de Phalsbourg et pour moi le fait de me rapprocher de ma famille est très important. J’avais pour habitude de ne pas participer aux fêtes de mes proches car j’étais loin d’eux. C’est la première année où je peux y participer, j’ai récemment fêté l’anniversaire d’un ami d’enfance ou encore celui de ma grand-mère. Ce sont des choses que je n’ai jamais vécues, j’ai fais énormément de sacrifices. Cela fait 19 ans que je ne suis plus au côté de ma famille et leur proximité a beaucoup d’importance désormais. Ils ont eu pour habitude de suivre mes matchs de loin alors qu’aujourd’hui ils peuvent y assister. Le prochain match face à Lons-le-Saunier est un match important et j’ai la chance de pouvoir compter sur leur présence pour m’encourager ! Cela me donne une réelle force et j’ai l’occasion de les voir plus souvent. Continuer à jouer au basket et être à proximité d’eux est une chose formidable. Romain Dardaine : « Vivre une montée vaut tout l’or du monde » Romain Dardaine contre Gennevilliers Avec cette arrivée à Metz en Nationale 2, vous avez plus de responsabilités et un rôle majeur dans l’équipe. Est-ce important pour vous ?C’est toujours une satisfaction, je l’ai déjà connu en N1 ou en Pro B où j’ai été capitaine à certains moments. Dans ma carrière, j’ai toujours privilégié d’avoir un rôle dans une équipe. Je ne me suis jamais vu rester dans une équipe dans laquelle je joue très peu. Dès le plus jeune âge à Bordeaux, j’ai eu des responsabilités et j’ai beaucoup joué, cela m’a vraiment plu et cela me correspond bien. Avoir une responsabilité, ce n’est pas forcément marquer beaucoup de points, c’est aussi de faire briller les autres en apportant son expérience. On est plusieurs à Metz à pouvoir le faire et c’est ce qui fait la force de cette équipe. J’aime bien mettre en avant l’équipe, l’aider offensivement et défensivement. Vous allez devoir vous serrer les coudes dans la raquette, et assumer vos responsabilités justement avec la blessure de Pape Mbaye…L’absence de Pape Mbaye (fracture du plancher orbital) est un vrai coup dur pour le groupe. C’est une personne très importante dans le collectif. Il est plein d’énergie et apporte beaucoup grâce à sa connaissance du basket et son expérience acquise dans le championnat espagnol. Ne plus l’avoir dans le groupe est un réel manque. Cela ne nous fait pas peur, on est assez solidaire pour pallier cela mais c’est sûr qu’avec l’effectif au complet, on serait encore meilleur. On attend avec impatience le retour de Pape Mbaye, ainsi que celui d’Étienne Ory (qui a repris l’entraînement collectif ce lundi). Votre signature aux Metz Canonniers est, je crois, accompagnée d’une future idée de reconversion professionnelle comme entraîneur ?Il est vrai que j’ai cette idée en tête. Le basket est mon premier amour, j’aime ça depuis très longtemps. Je n’ai pas envie de quitter les terrains donc je me suis lancé dans les premiers diplômes d’entraîneur. J’assiste aujourd’hui le coach des U13 de Metz BC. Je participe avec eux aux entraînements et aux matchs le week-end, quand le calendrier des Canonniers me le permet. Le coach Karim me guide sur toute la pédagogie qu’il faut avoir avec les jeunes joueurs, je trouve ça génial. Cela me plairait vraiment d’entraîner les jeunes dans un centre de formation et leur apporter mon expérience. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait mais je ferai tout mon possible pour être dans les meilleures conditions. Avant d’en arriver là, je vais profiter un maximum du fait de pouvoir jouer et m’éclater sur le terrain. En dehors du dehors du basket, qu’est ce que Romain Dardaine aime faire de son temps libre ?En dehors du basket, j’adore cuisiner et j’aime passer du bon temps avec ma famille. Je me promène avec ma compagne et notre chien dans la forêt. J’ai une fille âgée de 5 ans, issue d’une précédente union, qui regarde mes matchs et avec qui je partage de nombreuses choses. Lorsque j’ai le temps en dehors de la saison, j’aime bien voyager, faire des « Road Trip » chez l’habitant afin de découvrir de nombreuses cultures, un peu à la Pékin Express. Pour l’anecdote, j’ai déjà songé à faire cette émission avec ma compagne. Je prends énormément de plaisir à apprendre chaque jour de différentes personnes, je suis assez curieux sur beaucoup de choses. Propos recueillis par Arthur CarmierCrédit photo : Scander Touali, Julien Buret et Matthieu Henkinet (LGM)