151 La Ligue Butagaz Énergie va très vite. Trois jours seulement après le dernier match, la cinquième journée de championnat se jouait déjà ce Samedi. Au programme du côté du Complexe Saint Symphorien, un affrontement entre les Dragonnes du Metz Handball et les Lionnes du Paris 92. En raison des derniers préparatifs en vue du Moselle Open aux Arènes, le match des Dragonnes est exceptionnellement déplacé au Complexe Saint Symphorien, une salle de taille moindre et dont les installations ne sont pas vraiment comparables. Malgré tout, nous aurons ce soir le plaisir d’assister à un match à guichets fermés. L’absence de diffuseur télé continue de se faire sentir et la frustration reste palpable dans les conversations des supporters, surtout en considérant que certains clubs ont trouvé des alternatives (live stream sur les réseaux sociaux, accords avec les chaines locales…) mais que le Metz Handball reste dans l’ombre pour le moment. Celles qui sont mises en lumière en revanche, ce sont les joueuses de la réserve, dont le premier match de championnat, face à l’ASPTT Strasbourg, a été placé en lever de rideau de cette soirée. L’occasion de voir évoluer les Dragonnes de demain sous les ordres du nouveau responsable de la formation, Clément Alcacer. Retrouvez notre récit et les photos de ce match sur notre site. Yacine Messaoudi, ancien messin et nouveau coach du Paris 92 Comme nous l’évoquions dans notre « Avant-Match », cette équipe de Paris est toujours en cours de réorganisation suite aux divers changements organisationnels des dernières années. Malgré l’ambition de retrouver le plus haut niveau du championnat Français, les joueuses se sont heurtées à une dure 9ème place l’an passé et pointent cette saison à la 6ème position du classement. L’arrivée d’un ancien messin à la tête de l’équipe en la personne de Yacine Messaoudi demande probablement un temps d’adaptation et il y a fort à penser qu’il devrait donner un nouveau souffle à cette équipe sur le long terme en s’appuyant sur une base de joueuses pétries de talent à l’image d’Allison Pineau, Tamara Horacek, Ulrika Toft Hansen ou encore Ryu Hun Hee. Un début de rencontre indécis et poussif mais une fin de période très animée Deux semaines après un retour fulminant dans leurs Arènes face à Dijon, les Dragonnes entament cette nouvelle rencontre avec un 7 de départ de moins en moins atypique : Ivana Kapitanovic – Manon Houette – Astride N’Gouan – Méline Nocandy – Grâce Zaadi – Marie-Hélène Sajka – Laura Flippes. Consciencieux, le technicien lorrain fait tourner son effectif à chaque match, à l’image des deux gardiennes qui se partagent les temps de jeu depuis le début de la saison. Paris 92 donne le coup d’envoi de cette rencontre et très vite, comme un symbole de cette équipe rajeunie et en reconstruction, la jeune Déborah Lassource ouvre le score mais sans tergiverser, le collectif messin répond aux franciliennes par un premier but de Laura Flippes. Paris 92 n’aura mené que 13 secondes durant cette 5ème journée. Les 5 premières minutes du match sont assez approximatives pour les 2 équipes qui intensifient leur défense chacune leur tour, empêchant les joueuses de trouver les intervalles nécessaires pour atteindre le filet. L’activité défensive très compacte des Isséennes impacte très fortement les Messines qui accumulent les maladresses, à l’instar d’une Marie-Hélène Sajka qui aura forcé ses tirs et manqué son objectif à plusieurs reprises. C’est Orlane Kanor qui trouve enfin une faille dans la défense parisienne au bout de la 5ème minute, après un arrêt décisif de Ivana Kapitanovic. Les joueuses de Yacine Messaoudi n’auront donc pas profité du manque de réalisme messin pour prendre les devants. D’ailleurs, très rapidement, Grâce Zaadi confirme sa très bonne relation avec les pivots en offrant un caviar à l’aveugle à Astride N’Gouan, qui en profite pour faire le break (3-1, 6’48). S’ensuivent des minutes très tendues, avec un score très accroché. Metz commence à dominer cette rencontre mais, aidé par une Lucie Satrapova bloquant les tentatives messines, Paris refuse de se laisser distancer avec abnégation. Les deux gardiennes sont dans un grand jour et se répondent tour à tour avec des parades magistrales. Elles ont un impact non négligeable sur le petit écart de cette 1ère moitié de mi-temps. Mais à la 16ème minute, Grâce Zaadi transperce la défense adverse grâce à 1 contre 1 astucieux pour trouver sa cible au bout du chemin. Menées de +3, le nouveau technicien parisien se voit contraint de poser un 1er temps-mort pour remettre de l’ordre dans le rendement offensif et défensif de son équipe (7-4, 16′). Ce dernier temps d’arrêt fonctionne puisque la défense parisienne devient plus audacieuse, embêtant de nouveau les séquences offensives messines. Les pertes de balles se multiplient mais les belles entrées de Olga Perederiy et de Louise Burgaard permettent à Metz de reprendre leur marche active après plusieurs tentatives infructueuses. D’ailleurs, l’Ukrainienne est la joueuse phare de ce début de match. La lucidité et l’intelligence de la nouvelle Messine lui ont permis de se créer un réalisme sans précédent face au but. A son compteur, un impressionnant 5 buts pour autant de tirs en à peine 13 minute. Elle permet à Metz de prendre une avance de 6 buts alors qu’elle participe également au très bon renforcement de la charnière centrale, avec Grâce Zaadi, mettant en difficulté les adversaires comme Allison Pineau qui ne trouve le but qu’à 1 reprise en 6 tentatives. La défense s’installe et progresse avec des rotations efficientes et permet aux Lorraines de regagner le vestiaire avec une avance de 5 buts (14-9, 30′). Une seconde mi-temps tout en maîtrise On ne change pas une équipe qui gagne, les Dragonnes reviennent du vestiaire avec un 7 de départ quasi-identique à celui de l’entame du match. Ailly Luciano prend la place de Laura Flippes à l’aile droite. Au contraire de la 1ère journée, le retour de vestiaire ne ternit pas la motivation des Messines. La défense devient un peu plus appliquée et ne laisse aucun espace probant aux adversaires. La solidité du mur jaune trouble le jeu des parisiennes qui ne parviennent à trouver aucune solution. Dès lors, la mission devient très compliquée pour l’effectif francilien qui laisse passer des détails qui revigorent l’offensive messine. Malgré la solidité de la portière Isséenne, les Dragonnes s’amusent à leur jeu favoris : la montée de balle rapide sur grand espace qui ne laisse aucun souffle aux parisiennes déroutées. Après 4 minutes critiques, Océane Sercien Ugolin débloque le compteur de Paris 92. La défense parisienne devient de plus en plus agressive, au bord de l’anti-jeu, pour tenter de repousser la domination messine mais Ivana Kapitanovic poursuit son festival, multipliant les parades de chaque côté de sa zone. Metz affiche un visage séduisant pour les supporters venus en nombre et atteint enfin la barre des 10 buts d’écart au bout de la 40′ minute. Cependant , Lea Schupbach se met en lumière avec cette double parade sur Louise Burgaard. Devant, Ulrika Toft Hansen et Tamara Horacek tentent de redonner un nouveau souffle mais bien esseulées, leurs buts deviennent très anecdotiques. Ce petit sursaut d’orgueil et certainement le score fleuve entraînent un relâchement peu problématique par le banc messin. Un relâchement qui ne plait guère à Emmanuel Mayonnade et qui le pousse à poser son tout premier temps-mort pour remettre l’ordre en marche. Et ça fonctionne. Pendant 5 minutes, la salle n’aura vu que des buts du côté jaune et bleu (Triplé de Orlane Kanor et un but de Manon Houette). La réussite messine masque les difficultés de Astride N’Gouan : ses prises de balle sont assez approximatives, elles retombent très souvent dans les mains de l’adversaire. Mais personne ne lui reprochera cette copie mitigée tant ses coéquipières sont montées en puissance tout le long de la rencontre et n’ont laissé aucun répit aux Parisiennes, malgré une Tamara Horacek se baladant dans la défense messine comme un poisson dans l’eau. Cette 5ème rencontre à domicile pouvait être particulière avec le retour de l’ancien directeur du centre de formation mais en faisant valoir ses qualités très rapidement, Metz Handball poursuit sa bonne dynamique et s’impose pour la 5ème fois consécutive. Paris 92 n’aura mené que quelques secondes dans le match et s’incline de 13 buts au Complexe Saint Symphorien. Notre joueuse du match Olga Perederiy est très vite apparue comme une évidence. Très percutante en défense mais surtout décisive en attaque, la jeune pivot ukrainienne affiche un insolent réalisme face au but malgré toutes les tentatives déstabilisantes des défenses adverses. Depuis le début de la saison, elle impressionne et totalise pas moins de 21 buts sur 21 tentatives, en 5 rencontres. A l’issue du match, nous avons pu la rencontrer pour recueillir son ressenti sur ce début de saison. LGM: Bonjour Olga, le Metz Handball vient de gagner son 5ème match de suite et tu sembles déjà prendre du bon temps sur le terrain avec tes coéquipières. Comment est ce que tu ressens ce début de saison ? OP: Je me sens très bien, avec chaque entrainement je suis de plus en plus à l’aise au niveau de la communication dans le jeu, de la possession du ballon et dans ma relation avec les autres joueuses et le coach. Nous avons une équipe jeune et dynamique, ça m’a beaucoup aidé puisque je dois découvrir ce nouveau club, ce nouveau pays, les règles de ce championnat et ce nouveau niveau de jeu. Tout le monde au club a fait son maximum depuis mon arrivée pour que je me sente bien et je les en remercie. LGM: Tu arrives cette saison depuis le championnat Slovène, est ce qu’il y a des éléments dans ton jeu que tu as dû adapter pour être performante avec le Metz Handball ? OP: Le niveau de jeu en Slovénie était moindre et nous avions peu de ballons lors des matchs pour nous exprimer. Ici, le coach nous dit à chaque match qu’il faut que nous soyons au maximum de nos capacités. Les équipes de ce championnat français sont très solides, nous ne savons jamais exactement à quoi nous attendre en terme d’intensité et de vitesse de jeu. C’était compliqué au début mais je me sens plus à l’aise de match en match. LGM: Il semblerait que tu sois incapable de louper un seul tir cette saison. Tu es actuellement la joueuse la plus précise de France avec 100% de réussite à 21/21, comment est ce possible ? Es tu une machine ? OP: Non non non, n’en parlons surtout pas. Dans mon ancien club et en équipe nationale j’ai eu de gros problèmes de précision par le passé, c’est un sujet très sensible (rires). Interview traduite de l’anglais par nos soins Nous adressons également une mention spéciale à la gardienne Ivana Kapitanovic qui était notre joueuse du match lors du dernier affrontement à domicile et qui a une fois encore terminé la partie à plus de 40% d’arrêts (15/36), comme si l’air messin et les encouragements du public lui donnaient un temps d’avance. Cette performance fait d’elle la joueuse au meilleur pourcentage du championnat pour le moment. La conclusion Grâce aux diverses associations testées par le technicien messin et des automatismes qui commencent à se construire, Les Dragonnes semblent intouchables en ce début de saison et ont une fois de plus montré leur domination face à un Paris 92 ambitieux en attaque mais trop désorganisé d’un point de vue défensif. Avec cette victoire, les joueuses de Emmanuel Mayonnade transmettent de nouveau un message fort aux autres équipes et conservent un peu plus leur main mise sur la première place du championnat en attendant le résultat du match Brest/Nice qui se joue aujourd’hui à 17 h. Prochain rendez vous sur les terrains pour les Dragonnes le 21/09 à Mérignac, avant un retour à Metz avec les débuts de la Ligue des Champions contre le ZRK Podravka Koprivnica le 6/10, après la trêve internationale. Une équipe très familière à Ivana Kapitanovic… Les statistiques Metz Handball : Glauser (n’a pas joué), Kapitanovic (15/36 arrêts) – Zaadi (2/3 tirs), Flippes (2/2), N’Gouan (2/4), Nocandy (1/2), Houette (3/4), Kanor (5/5), Di Rocco (1/1), Burgaard (4/6), Sajka (2/6), Maubon (4/5), Luciano (1/2), Perederiy (7/7) Paris 92 : Schupbach (2/13 arrêts), Satrapova (7/28) – Sercien-Ugolin (3/11 tirs), Pineau (3/8), Horacek (4/10), Toft Hansen (3/4), Mazens (1/4), Cissokho, Fofana (1/1), Lassource (3/5), Chauveau, Malá (1/2), Deba (2/3), Chalmandrier. Crédit Photo: Matthieu Henkinet Rédaction: Virginie Billa et Matthieu Henkinet