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Le feuilleton des droits TV de diffusion de la Ligue 1 connaît un nouvel épisode. Désormais, DAZN menace de dénoncer le contrat conclu avec la Ligue de Football Professionnel (LFP) dès cet été.

La Ligue 1 et les droits TV, ce sont les Feux de l’amour version sportive. Il y a des histoires d’amour, des tentatives d’approche, des trahisons, des volontés de réchauffement… Tout cela avec, bien évidemment, des enjeux financiers pour chacune des parties. Le football français risque de vivre une nouvelle crise si DAZN, diffuseur depuis le début de la saison 2024-2025, décide de dénoncer le contrat dès fin juin prochain, comme l’annonce RMC Sport. Un bouleversement de calendrier qui pourrait être difficile à gérer pour la LFP. Rappelons qu’une clause de sortie dans le contrat prévoit que l’une ou l’autre des parties peut le rompre en décembre 2025. Mais cette situation couve depuis bien plus longtemps.

La Ligue 1 se croit plus forte que Canal+, son diffuseur historique

Quand on rembobine le film, le péché originel vient du jour de 2018 où Mediapro est devenu le diffuseur numéro un du football français. Cela s’est fait au détriment de Canal+, diffuseur historique depuis 1984. Le groupe audiovisuel espagnol promettait 800 millions d’euros par saison pour la période 2020-2024. Au départ, cet accord semblait donc une vraie aubaine pour la LFP et les clubs professionnels français. Mais le COVID et les facéties du truculent patron de Mediapro, Jaume Roures, ont bien terni l’optimisme initial. Dès le début de l’année 2021, Roures et Mediapro décident de ne plus honorer ce contrat.

C’est alors que la Ligue, qui a pu compter sur le soutien financier de Canal+ pour assurer la diffusion et le financement de la fin de la saison, a commencé à se fourvoyer. Dans l’unique but de préserver les intérêts financiers du football français, Vincent Labrune, élu à la tête de la LFP depuis septembre 2020, accepte l’offre de 250 millions d’euros d’Amazon. Cette offre comportait huit rencontres par journée, dont les dix meilleures affiches.

Cependant, dans le même temps, Canal+ payait 330 millions d’euros pour deux matchs. Le groupe proposait un arrangement financier légèrement inférieur en compagnie de BeIN Sports. La chaîne cryptée ne digérera jamais cette tromperie, après plus de trente ans de soutien au football français. Depuis, la chaîne a fait le choix de ne plus miser sur le football français, mais sur d’autres sports comme le rugby.

DAZN prêt au bras de fer avec la LFP pour minimiser les pertes

C’est ainsi qu’en octobre 2023, à quelques mois de l’échéance du contrat liant la LFP à Canal+ et Amazon, l’appel d’offres s’est avéré infructueux. Vincent Labrune et CVC, un fonds majeur de capital-investissement qui avait apporté 1,5 milliard d’euros pour soutenir le football français, ont dû négocier à la hâte, de gré à gré, avec les différents diffuseurs potentiels. DAZN, propriété de l’Anglo-Américain Leonard Blavatnik, propose 400 millions d’euros pour diffuser huit des neuf matchs de Ligue 1. Mais, en échange, le diffuseur exige une lutte plus prononcée contre le piratage. Il demande également que les clubs de première division ouvrent leurs portes à ses journalistes. Le but est de mieux mettre en valeur le produit Ligue 1, et ainsi générer davantage d’abonnements.

Il faut dire que, depuis le début de la saison, le « Netflix du sport » peine à attirer. Le prix initial de l’abonnement, fixé à près de 40 euros, est notamment pointé du doigt. En son temps, un abonnement chez Amazon était accessible pour moitié moins. Les prix ont baissé pour atteindre actuellement 19,99 euros par mois pour un abonnement annuel. Ces derniers mois, DAZN a lancé des promotions plus attractives jusqu’à la fin de la saison. Pour le moment, le service de streaming a enregistré 500 000 abonnements. Un chiffre qui est loin des 1 500 000 abonnés espérés, représentant le seuil de rentabilité de l’investissement. Le diffuseur a déjà fait pression sur la LFP en retardant le paiement des dernières échéances. Désormais, DAZN ne cache plus sa volonté de se désengager après une seule saison de diffusion.

Si un tel scénario se confirme, le football français se retrouverait sans diffuseur pour la saison prochaine. Les clubs de Ligue 1 se trouveraient au bord du précipice financier, tout au moins pour la majorité d’entre eux. Peu de leviers existent pour réconcilier les deux entités. Mais à ce stade, l’avenir du football de clubs tricolore s’annonce bien sombre. Notons tout de même que cette situation a une incidence plus ou moins forte sur les clubs de Ligue 2, dont les droits TV appartiennent à Bein Sports.

Crédit photo : Istock