Les Neptunes de Nantes nouvelles victimes de l’instabilité du handball féminin

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Ce mercredi, la Ligue Féminine de Handball a annoncé la liquidation judiciaire des Neptunes de Nantes. Un nouveau séisme à quelques semaines de la reprise des championnats.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe, ce mercredi. Les Neptunes de Nantes n’existeront plus en tant que telles après l’annonce de la liquidation judiciaire de la SAS, créée en 2021. Mais ce dépôt de bilan n’aura pas les mêmes conséquences pour les deux sections qui composaient l’entité. Si le Volley a l’espoir de recroiser le chemin du TFOC en Ligue A Féminine, le Handball pourrait ne pas prendre part à la Ligue Féminine de Handball, en septembre.

Un désengagement soudain bien qu’attendu

En juin dernier, l’actionnaire principal Réalités et son PDG Yoann Choin-Joubert annonçaient vouloir se séparer des Neptunes de Nantes. « Dans un contexte de crise aigüe et durable de l’immobilier, le développeur territorial Réalités poursuit le recentrage engagé en 2023 sur son cœur d’activité : l’immobilier » disait le communiqué de l’entreprise juste avant l’été. Cette annonce était la malheureuse suite logique d’une baisse de moyens communiqués un peu plus tôt dans la saison. En somme, le groupe immobilier avait rapidement décidé de réduire la voilure avec, pour conséquence, des départs de joueuses pourtant prévues sur le long terme.

Toutefois, au même moment, Jean Rottner, directeur exécutif du groupe et ancien président du conseil régional du Grand Est, assurait la continuité de l’exercice sportif 2024/2025 pour prendre le temps de trouver un repreneur fiable qui voulait bien s’engager dès la saison suivante. Finalement, quelques semaines plus tard, l’histoire est toute autre avec le départ anticipé de l’entreprise immobilière qui passe le relai à Monique Bernard, présidente historique de la section volley et à Pascal Gentil, fraîchement nommé à la tête de l’association Handball. Une « communication tardive et dangereuse pour le sport féminin à quelques semaines de la reprise des championnats » selon la Ligue Féminine de Handball et la Fédération Française de Handball. Malgré tout, les responsables des deux structures mettent tout en œuvre pour la survie de leur club avec, en ligne de mire, la deuxième division pour les championnes de la ligue Européenne 2021.

Un nouvel échec pour le handball féminin

Tristement habitué à voir des clubs en difficulté, le monde du handball féminin devra faire son deuil d’un club qui avait livré pléthores de promesses avec parfois même l’ambition de bousculer les codes. De l’ambition de se positionner en fer de lance du sport féminin français au rebranding incluant l’annonce en grande pompe d’un maillot au sponsor unique, le projet Neptunes avait séduit beaucoup de monde sans cristalliser de tensions particulières dans un milieu parfois polarisé. On retiendra également la fidélisation de Léna Granveau, avec un contrat solide, ou encore le recrutement de Tamara Horacek ou l’offensive sérieuse pour attirer Orlane Kanor qui avait malgré tout choisi de partir à l’étranger, le tout sans oublier quelques coups d’éclats sportifs et une récente participation au Final 4 de l’European League.

Pourtant, les Neptunes de Nantes resteront un projet « étoile filante », à ajouter à la triste liste des clubs qui ont déchanté ces dernières saisons. Pas plus tard qu’à l’approche de la saison 2023/2024, le calendrier de la LFH annonçait des emplacements « équipe 1 » et « équipe 2 » dans l’attente, jusqu’après le début de saison officiel, de garanties financières suffisantes. Les plaies de la rétrogradation de Celles-sur-Belle, des disparitions de Fleury et Bourg de Péage, restent elles aussi fraîches.
Alors que des réserves existaient concernant la montée depuis la D2F du Sambre Avesnois pour 2024/2025, le handball féminin français semble cumuler de plus en plus d’arguments en faveur d’une compétition à 12, au risque d’aggraver le fossé entre l’élite et son antichambre. Dans un exercice de grand écart entre le Brest Bretagne Handball capable de débourser une somme quasi indécente pour recruter Anna Viakhireva et un système de VAP (Voie d’Accession au Professionnalisme) malade, l’équilibre sportif se dégrade un peu plus chaque saison.
Les difficultés financières n’épargnent d’ailleurs que peu de clubs. Aussi solides soient les résultats sportifs de Metz Handball, le club doit lui aussi réinventer année après année son modèle économique ainsi que l’expérience proposée aux supporters et partenaires pour maintenir son sain train de vie de champion.

Quand les entités ne sont pas ultra dépendantes des collectivités et donc susceptibles de connaître des difficultés en fonction des volontés publiques et des élections, il apparait désormais que les grands investisseurs n’offrent pas non plus la stabilité escomptée. Il reste désormais à savoir comment les différentes instances, de la Ligue Féminine de Handball à la Fédération Française de Handball en passant par les organes de régulation financière, sauront consolider le socle commun d’une discipline pourtant réputée en plein essor.


Rédaction : Virginie Billa et Matthieu Henkinet
Crédit photo : GEPA pictures/ Avni Retkoceri / Icon Sport

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