Le FC Metz ou l’art consommé de la résilience

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Se relever d’une descente en Ligue 2, tel est le défi du FC Metz, à l’aube de cette nouvelle saison. Si les matchs amicaux ont pu rassurer les observateurs, le chantier reste encore grand pour le club à la Croix de Lorraine, qui devra faire preuve de résilience. Découvrez tout en philosophie l’édito d’Atlantis, de MJTV.

De grands philosophes se sont penchés dessus, la psychologie en a tiré un pan entier de son travail intellectuel, qu’est-ce que la résilience ? Non pas qu’il s’agisse ici d’un traité psychanalytique ou quantique, ma curiosité se limite à un certain champ de compétence, mais plutôt interroger les ressorts sur lesquels le FC Metz entend engager son énième opération reconquête.

« La résilience, c’est l’art de naviguer entre les torrents », à ce jeu là le FC Metz est un modèle en France voire en Europe. Retombé pour la 6è fois en 20 ans dans l’antichambre de la L1, cela pourrait finir par en perdre plus d’un. Il faut dire que l’on croyait Metz guéri il y a 4 ans : une rénovation XXL sur la forme (stade, centre d’entraînement) et sur le fond (une structure sportive qui se professionnalise sous la houlette d’un entraineur charismatique). Las, les espoirs des grands soirs dans l’élite et de la stabilité retrouvée se sont soldés en un banal ripolinage de façade, le logo mythique et ses symboles transformés en une signature brandée d’une banale gamme de sape à succès.

Mais c’est surtout sportivement que le bât blesse : Metz a traversé tel un malade en phase terminale qui nie son état désespéré son exercice 2021/2022, tantôt pathétique derrière, tantôt léthargique devant, quand ça n’était pas les deux en même temps. Son idole d’hier, Frédéric Antonetti, s’est muée à vitesse express en un petit dictateur colérique, aigri, hautain et méprisant qui a fini par fatiguer jusqu’à son dernier carré de fidèles, sa cote ne s’effritant d’ailleurs vraiment que sur le tard, alors même qu’un infime espoir avait commencé à naître dans la foulée de l’arrivée de l’éphémère et extravagant Lamkel Zé. Un tableau implacable ? Non, une saison banale en L1 pour le FC Metz depuis 2000, un torrent de plus, même pas le plus féroce, les plus anciens se souviennent.

« La plus grande gloire dans la vie ne réside pas dans le fait de ne jamais tomber, mais dans celui de se relever à chaque fois que nous tombons », disait Mandela à propos de la résilience. Le FC Metz s’exécute alors, tel le mythe de Sisyphe. Laborieusement d’abord, on ne se refait pas. Fruit d’une (très, trop ?) longue réflexion du président Serin, un énième nouveau triumvirat s’est installé : Lucien D’Onofrio dans l’ombre, Pierre Dréossi et Laszlo Boloni dans le cambouis du quotidien, et dans un certain scepticisme général il faut bien le dire. Le projet ? Flou. L’avenir ? Flou. La saison à venir ? Floue. Les contours de l’effectif ? Flous. Les joueurs cadres ? Flou. L’environnement messin a navigué à vue tout au long de la phase de préparation. Pour panser ses plaies ? Pour digérer ? Pour être mieux séduit et surpris ? Le mercato a été jusque-là comme ses mers trop calmes d’une croisière ennuyeuse, les partants ne sont désespérément pas partis et les arrivées se limitent au seul Ismaël Traoré et quelques bruissements de rumeurs tardifs dont on ne comprend pas toujours l’intérêt sportif. Metz essaye de se redresser comme il a toujours réussi à le faire jusque là, en inventant de nouvelles formules efficaces en L2 la plupart du temps, défaillantes en L1 à chaque fois. A l’expérience en 2018 succède l’éloge de la patience comme mère des vertus en 2022, après l’exotisme de 2015, le sérail de 2012, la grandeur de 2009…

« L’inconscience mène à la résilience psychologique du peuple », mais la passion est-elle elle-même inconsciente ? Le public messin a lui déjà tiré une croix sur ses chouchous d’hier : Delaine, Centonze, Pajot, Bronn, De Préville, Antonetti… Ils ont été aimés, ils tomberont soit pour les uns dans l’oubli ou l’indifférence, soit pour les moins élégants du lot dans une détestation nourrie et franche, suivez mon regard. Si Alexandre Oukidja et Ibrahima Niane se voient accorder une seconde (troisième, quatrième…) chance, place désormais à la jeunesse et il y a quelque chose d’amusant ou rassurant à voir déjà de nouvelles icônes apparaître chez les supporters de tous âges, si les uns sont en adoration devant le goleador Mikautadze, d’autres lui préfèrent le racé Maziz, le talentueux Cachbach, les véloces Jallow et Gueye, le prometteur Mikelbrencis, le solide Lacroix… Chacun sa hype à l’aube d’une saison de L2 qui ne s’annonce finalement pas si déprimante que certains pouvaient le croire fin mai 2022, mais pas pour autant plus prometteuse pour qui veut bien admettre que Metz s’engage avec un effectif plein de promesses certes, mais un effectif déséquilibré, encore sujet aux aléas économiques liés à la descente, dont les principaux nouveaux visages n’ont pu qu’offrir un maintien in extremis en D1 belge au RFC Seraing l’an passé.

Les matchs de préparation n’ont guère offert plus de certitudes si ce n’est se dire que cet effectif tiendra au moins la route en L2, un moindre mal me direz-vous. Finalement, des joueurs concernés, un peu de football et d’implication suffiront au bonheur des suiveurs du FC Metz pour cet exercice 2022/2023. C’est sans doute un peu ça la résilience appliquée au football, savoir se contenter de ce que l’on a. Le football est tellement plus simple que la philosophie.

Atlantis

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