227 Essai transformé ! Après des années de structuration et de lutte pour la montée, le Rugby Club Metz Moselle vient d’obtenir son laissez-passer pour le niveau supérieur de la manière la plus inattendue qu’il soit, au milieu d’une crise sanitaire. Malgré la situation inédite le nouveau président du club ne boude pas son plaisir de voir cette équipe remplir un objectif fixé de longue date, tout en regardant vers l’avenir. Le scénario Depuis plusieurs saisons, le RC Metz ne cache pas son ambition. Le club estime avoir fait son temps en Fédérale 3 et entend bien monter d’un échelon. Ce discours, beaucoup de clubs peuvent l’énoncer, mais entre la parole et l’acte il y a un pas. Bien logés dans leurs installations à la Grange aux Bois, les rugbymen Messins ont fait tout le nécessaire pour que les astres s’alignent : formation léchée, terrains de qualité, recrutements ambitieux, multiplication des partenariats… Rien n’a été laissé au hasard pour montrer que loin des terres privilégiées de l’Ovalie, le Grand Est aussi peut pratiquer au meilleur niveau.Après une déconvenue la saison passée, où les hommes de Geoffrey Philippe ont vu la montée leur glisser des doigts dans la dernière ligne droite, les Messins sont repartis de l’avant en 2019/2020 avec la ferme intention d’établir une domination sans partage sur les terrains de Fédérale 3. Dans les faits, la poule 4 en a été témoin pendant 17 journées au cours desquelles les hommes en noir ont récolté pas moins de 72 points avec 16 victoires, assorties de 8 bonus offensifs, pour une unique défaite à l’extérieur. Avec 18 points d’avance sur le second de la poule, la route était toute tracée pour aller briller en phases finales une fois les 5 derniers matchs de saison régulière disputés… Mais comme pour tous les autres sports, la crise du Covid – 19 est venue chambouler l’ordre établi et toutes les certitudes que l’on pouvait avoir. La Fédération Française de Rugby a tout d’abord pris la décision de suspendre tous ses championnats avant de décider dix jours plus tard d’arrêter définitivement les catégories « amateurs », sans décerner de titre de champion. Malgré tout, une porte restait ouverte pour le RC Metz puisque le communiqué promettait l’étude des accessions et relégations jusqu’à Avril.Et c’est ainsi, de la plus inattendue des manières et bien loin des terrains, que le rugby Messin a appris le 3 Avril la nouvelle de sa montée en Fédérale 2. Le fait que le RC Metz soit premier à égalité avec deux autres formations, parmi les quatorze poules de Fédérale 3, a dû jouer un rôle primordial dans cette décision qui vient saluer un travail de longue haleine. La réaction du président : Sébastien Leinheiser C’est dans le but de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette accession hors norme que nous avons pris contact avec Sébastien Leinheiser. Ce dernier a été nommé président du RC Metz suite au retrait de Hubert Barth seulement quelques semaines avant le début du confinement et compte bien faire perdurer le bon élan pris par le club ces dernières années. Il est revenu avec nous sur cette accession en Fédérale 2, son impact, l’organisation du club et ses ambitions pour l’avenir. Sébastien Leinheiser est à droite de la photo, en compagnie de Lionel Gocel, vice président des Canonniers (basket) Let’s Go Metz : Allons droit au but, le club vient de valider la montée de l’équipe première en Fédérale 2, l’aboutissement d’énormément d’efforts. Quel est le sentiment qui anime les membres du RC Metz ?Sébastien Leinheiser : C’est une grosse satisfaction d’avoir atteint l’objectif en l’espace de trois ans. Il a été mis en place par Hubert Barth avec son équipe dirigeante et tout le staff technique de l’équipe. C’est une satisfaction sur l’aspect sportif où il y a eu une mobilisation de tous les joueurs et entraîneurs avec de gros investissements de chacun, mais aussi sur l’aspect financier où il y a eu une structuration avec la recherche de partenaires qui a permis de pouvoir assurer une stabilité financière pour le club pour assurer une montée dans de bonnes conditions. Au rugby comme dans de nombreux autres sports, il y a des conditions financières pour pouvoir prétendre à monter et aujourd’hui on a un budget plus qu’à l’équilibre ce qui est très positif.C’est le bon côté de la médaille. Mais il y a aussi le mauvais, qui est le fait de monter sur tapis vert qui retire la joie que l’on aurait eu à valider la montée sur le terrain ainsi que l’aspect festif que l’on a après avoir gagné un match. Cela n’a forcément pas la même saveur quand c’est une commission qui l’a décidé… LGM : L’accession en Fédérale 2 n’est pas un hasard et vous l’avez longuement préparée. A quoi doit on s’attendre pour les prochaines saisons ?S.L : Cela va être plus compliqué sportivement, puisque l’équipe va devoir apprendre à perdre et à et gérer ces défaites qui peuvent parfois être lourdes. Entre nous qui sommes promus et des équipes de haut de tableau qui visent la montée en Fédérale 1, cela va être difficile. Cela sera nouveau pour tout le monde d’ailleurs, pour les joueurs, le staff mais aussi pour les spectateurs. On a un public avec un niveau d’exigence assez élevé, car même en étant largement premiers de poule il y avait toujours des insatisfaits avec des commentaires sur la qualité du jeu ou le fait qu’on ait pas gagné avec 70 points d’écart… Comment vont ils réagir quand on prendra des musettes à la maison ? (Rires)On est plutôt optimistes sur le groupe, il y aura quelques départs mais aussi des recrutements intéressants qui vont stabiliser et nous aider à assurer un maintien et réussir à moyen terme à continuer notre parcours en regardant pourquoi pas vers la Fédérale 1 dans quelques années… Mais le premier objectif sera bien sûr de se maintenir l’équipe en Fédérale 2 et de maintenir également nos finances. LGM : Au niveau des infrastructures, on sait que vous étiez en attente d’une labellisation par la fédération, Bernard Laporte son président était même venu réaliser une visite il y a quelques temps. Où en est ce dossier ?S.L : Alors sur ce dossier on a eu la réponse orale nous confirmant que notre centre d’entrainement rugby était labellisé, mais on a pas eu le document officiel de la fédération. On imagine bien sur qu’ils ont d’autres chats à fouetter en ce moment. Donc normalement on devrait l’être mais rien n’est encore officiel. Sébastien Leinheiser est en arrière plan. Ici lors de la visite de Bernard Laporte, président de la FFR, au RC Metz. LGM : On sait que le RC Metz est ambitieux, au-delà de l’aspect sportif doit on s’attendre à d’autres bouleversements dans le fonctionnement du club pour les prochaines saisons ?S.L : Alors, on a parlé de l’aspect sportif de l’équipe première mais il y a aussi une grosse satisfaction du fait que nos cadets et juniors sont maintenus en National au niveau du championnat. Il s’agit d’un niveau relevé et c’est important pour nous puisqu’il s’agit ensuite d’une voie d’accès pour les seniors. Le club est dans une politique de formation, avec pas mal d’argent qui est réservé au centre d’entrainement rugby et CEL. Cela s’accompagne d’une politique de ne pas rémunérer les joueurs mais de trouver un équilibre avec des primes de match ou de victoire pour l’équipe première. Notre volonté est de faire jouer les joueurs du cru, que l’on forme chez nous, même si bien entendu on est obligés sur certains postes d’aller recruter ailleurs.Ensuite, il n’y aura pas de grands bouleversements puisque j’ai pris la succession d’Hubert Barth dans la continuité de ce qui a été fait. Il y a de bonnes bases au club, qui existent depuis plusieurs années et on va continuer à travailler sur ces bases tout en apportant notre pierre à l’édifice pour faire monter la maison.Concernant le bureau directeur, il y aura une assemblée générale élective en Juin, j’ai pris la succession mais en réalité les mandats s’arrêtent à la fin de cette saison. Actuellement on travaille sur un projet de club et je souhaite qu’au sein du comité directeur, chaque catégorie soit représentée, aussi bien les jeunes, l’école de rugby, les seniors, les féminines, les nouvelles pratiques, les bénévoles… Qu’il y ait une diversité et que tout le monde ait la parole, aussi bien pour remonter les éventuelles difficultés rencontrées que pour faire du lien, un fonctionnement global où on ne travaille pas les uns à côté des autres mais ensemble. De la transversalité dans tout cela et que chaque catégorie soit au courant et participe aux prises de décision. LGM : Que chacun ait la parole et que chaque membre puisse permette au club d’avancer à son niveau en somme…Exactement ! Il devrait donc y avoir la part sportive, la part financière, il y aura des chefs d’entreprise qui nous ont fait savoir qu’ils souhaitaient nous rejoindre… On va essayer d’avoir un panel entre sportifs, bénévoles et entrepreneuriat.Mais on veut surtout un projet de club visible, co-construit, je ne le crée pas seul dans ma tête, et partagé. Si demain il devait y avoir des changements d’hommes ou de femmes il faut que cela puisse continuer car le projet a été bien construit et qu’il est partagé et accepté par tous, ou du moins la majorité et que la politique du club ne change pas pour autant. Interview réalisée par téléphone et retranscrite par nos soins.Crédit photo : Matthieu Henkinet (photos signées Let’s Go Metz), Vincent Eblinger (Sébastien Leinheiser et Lionel Gocel)