Kévin Kaly : « Peu importe la manière, il faut gagner le derby »

11 minutes de lecture

Kévin Kaly : « Peu importe la manière, il faut gagner le derby »

11 minutes de lecture

A l’aube du derby lorrain face à Joeuf, nous sommes partis à la rencontre de Kévin Kaly, le joueur des Metz Canonniers qui a disputé le plus de saisons sous le maillot grenat. Alors qu’il a entamé en septembre sa 9ème campagne en Moselle, il est revenu sur ses meilleurs souvenirs de derby ainsi que sur sa carrière faite de nombreuses aventures. Entretien.

Les Metz Canonniers alternent le bon et le moins lors de cet exercice 2021-2022. Vous avez d’ailleurs un bilan de 4 victoires pour 4 défaites. Comment le début a été vécu dans le vestiaire ?
Le début de saison a été compliqué. Vu notre prépa et notre effectif, on ne s’attendait pas à ça. On s’est peut-être vu un peu trop beau trop vite. Un collectif, même si on rajoute du nom, ça met du temps à se mettre en place. Les premiers matchs ont été assez compliqués.

Pas en attaque car on marque beaucoup mais plus en défense… On a encaissé 80 points plusieurs fois… Depuis 2-3 matchs, on arrive à trouver une certaine philosophie défensive qui n’est pas mal, il faut continuer !

« Gary Florimont et Loïc Akono parlent beaucoup, ils nous donnent des conseils. »

Gary Florimont et Loïc Akono (balle en main), la carte expérience des Metz Canonniers. (Photo : Matthieu Henkinet/LGM)

Est-ce qu’au final le fait d’être un candidat assumé à la montée, cela ne vous a pas mis en difficulté alors que vous ne vous connaissiez à peine collectivement ?
Je ne pense pas que d’être candidat à la montée nous a mis une certaine pression. On ne va pas se mentir, quand on voit l’effectif, chaque joueur peut jouer 30 minutes par match en N2. On savait qu’on avait une grosse équipe. Je pense que c’est davantage les équipes adverses qui ont haussé leur niveau de jeu.

Les adversaires sont venus défendre très dur, en voyant un Florent Pietrus, un Gary Florimont, un Loïc Akono… C’est plus une certaine envie des équipes adverses plutôt qu’une pression de notre côté. Par exemple un match comme Charleville-Mézières on le perd mais on pouvait très bien le gagner. Ils étaient plus en place que nous collectivement à ce moment-là.

L’équipe semble trouver une petite alchimie. Au-delà de Florent Pietrus qu’on ne présente plus, quel est rôle des anciens de Jeep Elite (Florimont, Akono) dans le vestiaire ?
Gary Florimont et Loïc Akono parlent beaucoup (rires) ! Ils nous donnent des conseils sur le terrain car ils ont une expérience du haut niveau. Même si tout le monde peut apporter son expérience dans le groupe. Quand il faut remettre un peu d’ordre ou dire des vérités, ils n’ont pas peur de le faire. Après ce n’est pas parce qu’ils viennent du monde pro qu’ils vont te prendre de haut et te dire « moi j’ai toujours raison ». Ils sont à l’écoute de tout le monde.

Kevin Kaly : « Le derby ? Ce ne sera pas du basket. »

Un derby, ça joue dur ! A l’image ici de l’ancien messin Michel Nsimba (balle en main). (Photo : Matthieu Henkinet/LGM)

On ouvre la page derby maintenant. Vous semblez partir favori ce week-end, d’autant que Joeuf n’a gagné que 2 matchs cette saison, mais dans un derby ça ne vaut rien dire « favori »…
Sur le papier, on est favori. Certes ils n’ont gagné que deux matchs mais les matchs qu’ils perdent, ils les perdent de peu. On sait que leurs supporters attendent ce match, ils auront super envie. Mais quand on affiche des ambitions de montée comme on le fait à Metz, peu importe la manière, il faut gagner. Pour nous, pour les supporters et pour la suprématie régionale si je puis dire.

L’équipe a beaucoup changé, la majorité des joueurs n’a pas la culture de cette rencontre. Est-ce que tu as réussi à allumer la flamme avec les anciens du vestiaire ?
Henok Affa et moi on en parle souvent ! On commence un peu à leur mettre dans la tête que ce ne sera pas du basket. Ce sera un match avec une grosse intensité physique. Il va y avoir des fautes, peut-être des vilaines fautes. Mais c’est un derby c’est comme ça.

Je pense qu’ils en seront conscients samedi sur le terrain, ou bien en avant match avec l’atmosphère. Il y aura bien 500 supporters de Joeuf sur les 1500 places au Palais des sports.

Vous avez l’habitude de jouer devant un public acquis à votre cause à domicile. Mais comme tu le dis, il risque d’y avoir beaucoup de supporters de Joeuf également. Comment vous l’appréhendez ?

Je sais que nos supporters seront là, même si les supporters de Joeuf seront très nombreux. Ils ne vont pas hésiter à se déplacer. C’est difficile d’en faire une totale abstraction, on va les entendre, on va entendre notre public. Il est possible qu’on se sente par moments à l’extérieur, mais je suis sûr que notre public saura lui aussi répondre présent.

« J’étais un peu dégouté de rater le derby aux Arènes de Metz, qui est un lieu magnifique »

Les Arènes de Metz étaient en mode basket lors du dernier derby entre les Canonniers et Joeuf. (Photo : Matthieu Henkinet/LGM)

Les derbys sont généralement bien plus des rivalités géographiques qu’humaines. Est-ce que tu connais personnellement des joueurs de Joeuf ?
Oui ! Anthony Stasiak, qui a joué à Metz, est un bon ami à moi. Je connais aussi les frères Goeuriot, Jérémy Pietrowski… Ainsi que les deux sénégalais, Pape Moustapha Diop et Bruno Diatta, car on a le même agent.

Il y aura sûrement des sourires avant le début du match mais une fois sur le terrain, il n’y aura plus d’amis. Cela ne nous empêchera pas de se voir après. Mais sur le terrain, c’est basket.

Ca a chambré un peu cette semaine ?
Pas encore ! (Sourire)

Tu as eu l’occasion de jouer plusieurs fois contre Joeuf, quel est ton meilleur souvenir de derby ?
Notre coach était Eric Deschamps à l’époque. Je crois que c’était en 2015. On va gagner là-bas alors qu’on était menés de 15 ou 17 points à la mi-temps. On ne faisait pas une bonne saison, on s’était maintenus dans les dernières journées.

Tu n’as pas disputé le dernier derby en date, qui a eu lieu aux Arènes en 2019. Comment l’as-tu vécu ?
Sans mentir, j’étais un peu dégoûté. Pendant toutes mes années au club, on les a tous joué à Sainte-Marie-aux-Chênes (ndlr : les Canonniers étaient initialement le fruit de l’Union Metz/Ste-Marie). Et comme par hasard l’année où je pars, ça se passe aux Arènes qui est un lieu magnifique ! (Rires)
J’étais content pour eux évidemment mais j’étais concentré sur ma saison avec Maubeuge.

Kévin Kaly : « Mon père m’a toujours poussé à donner le meilleur de moi »

Photo : Matthieu Henkinet/LGM

On va fermer la page derby et se recentrer sur toi, Kévin Kaly. Enfin plutôt Kévin Kaly Junior ! Tu portes en effet le même prénom que ton papa qui était un ancien champion de boxe. Qu’est-ce que son expérience du haut niveau t’a apporté dans ta carrière ?
La dureté et l’entrainement, on a rien sans rien ! Il faut toujours s’entrainer pour progresser, même si on est talentueux. Aller courir le dimanche avec lui, même si je ne voulais pas… Aller à la salle avec lui, même si je ne voulais pas… Il m’a toujours poussé à donner le meilleur de moi-même.

Je l’ai toujours consulté sur toutes mes décisions. Il a toujours été très dur avec moi, je suis un peu comme ça aussi. Il ne montre pas forcément ses émotions même si je sais qu’il m’aime. Ca a toujours été dans la dureté et dans le travail qu’on avançait.

Au milieu de ton expérience messine tu as connu une année de césure à Maubeuge (N2), mais parle nous de tes expériences avant Metz. Il y a eu une formation 100% parisienne mais également une expérience en Junior College à Charlotte (USA). Raconte nous tout !
Je suis rentré au Paris Basket Racing à 11 ans, j’avais mis 40 points contre eux en Benjamins. J’ai fait toute ma formation avec eux jusqu’en Espoirs Pro A. Quand il y a eu la fusion et que le club est devenu Paris Levallois (ndlr : aujourd’hui Metropolitans 92), l’entraîneur de l’époque Jean-Marc Dupraz n’était pas très optimiste à me prendre.

Suite à ça j’ai arrêté le basket un an et j’ai repris au plus bas niveau en Île-de-France, en Excellence Région, au Stade Français. J’avais 18 ans et jouer contre des adultes ça m’a formé. Suite à cette saison, j’ai eu la chance de faire un essai à Nantes en PRO B. Je m’entrainais avec les pros et le week-end je jouais à Basse-Goulaine (N3), un club satellite. C’était une bonne année, j’ai beaucoup appris.

Kevin Kaly a fait sa propre expérience « Last Chance U » de Junior College, avant que Netflix ne trouve ça cool. (Photo : Arthur Carmier/LGM)

J’ai ensuite eu l’opportunité de partir en Junior College aux Etats-Unis ! Comme je suis quelqu’un de curieux, je suis allé découvrir ça. J’ai passé une année et demi très cool mais on sans rentrer dans les détails, ce n’était pas des bonnes conditions de vie.

En rentrant en France j’ai eu une opportunité avec Charleville-Mézières, en N1 à l’époque, mais je n’ai pas pu la saisir car je m’étais cassé le poignet 2-3 semaines avant de revenir au pays. C’est comme ça que, après ma rééducation, mon ami Nour Chamassi (ndlr : ancien joueur des Canonniers) m’a amené à Metz pour m’entraîner en août, et au final je suis resté pour jouer au club.

Tu disputes actuellement ta 9ème saison avec les Canonniers ! On peut dire que tu as Metz pleinement dans la peau, tu n’es plus parisien mais messin ! Qu’est-ce que tu aimes tant dans ce club et dans cette ville ?
(Sourire) Je suis toujours parisien dans mon cœur mais j’aime la ville de Metz ! C’est ici que j’ai rencontré ma compagne. On peut dire que je suis parisien mais également messin. Sinon, je ne serais pas revenu la saison dernière. Je me sens bien dans le club malgré mon départ une saison.

J’avais besoin de voir autre chose et d’avoir plus de responsabilités. J’ai eu l’opportunité de partir plusieurs fois durant mes premières saison à Metz, mais je ne me voyais partir et tout recommencer alors que j’étais bien ici.

Kévin Kaly : « En mettant des cartons en N3, j’étais convaincu que j’allais retrouver ma place en N2 »

Tu es revenu sur la pointe des pieds la saison dernière, tu jouais même parfois en équipe réserve. Mais aujourd’hui tu figures régulièrement dans le 5 majeur. C’est un joli retour en grâce !
Je me sens comme si je n’étais jamais parti. Je sais que je fais partie des cadres car je suis le plus ancien du club avec Henok Affa. Le 5 majeur c’est anecdotique car tout le monde peut y être dans cette équipe. Par rapport à l’année dernière c’est vrai que c’est plus facile. La saison dernière, j’étais le 11ème joueur et je savais que j’allais beaucoup jouer en N3. Mais en mettant des cartons en N3, j’étais convaincu que j’allais retrouver ma place en N2.

Etant donné que c’est ta neuvième saison avec les Canonniers, on se revoit encore dans 9 ans avec un maillot grenat sur les épaules Kévin ?
(Rires) Non pas 9 ans quand même ! J’aurai 39 ans, ce qui n’est pas loin de l’âge de Florent Pietrus ou Mamedy Diawara mais je ne pense pas jouer jusqu’à cet âge. J’ai des projets en dehors du basket, je ne sais pas encore combien de temps je vais jouer au basket. Physiquement, je dirais que je peux encore jouer 6 ou 7 ans car je m’entretiens correctement. On verra bien !

La fiche de Kévin Kaly

Photo : Matthieu Henkinet/LGM
  • Paris Basket Racing – Paris Levallois (formation) : 2000-2007
  • Stade Français (Excellence Région) : 2008-2009
  • Hermine de Nantes (PRO B) / Basse-Goulaine (N3) : 2009-2010
  • Mack Prep Academy – Charlotte USA (Junior College) : 2010-2012
  • Metz Canonniers (N2) : 2012-2019
  • USM Maubeuge (N2) : 2019-2020
  • Metz Canonniers (N2) : Depuis 2020

Let’s Go Metz est un média associatif créé en 2017 et qui a pour but de valoriser l’actualité sportive à Metz ainsi qu’en Moselle. Il est alimenté par le travail de ses membres bénévoles.

© 2024 – Let’s Go Metz. Tous droits réservés.