Alexandre Frulloni, la jeunesse au pouvoir des Cometz

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Les Cometz ont réalisé une saison historique. L’équipe de baseball de Metz a terminé à la 6ème place de D1 française, avec une petite singularité. L’effectif est très jeune, et l’entraîneur Pierre Cézard fait parfois appel à des joueurs qui n’ont pas encore la majorité. C’est le cas d’Alexandre Frulloni, 17 ans et international français 18U, qui fait bien plus que le nombre aux Cometz. Entretien.

Alexandre Frulloni, les Cometz ont réalisé une saison historique avec une 6ème place en D1. On peut naturellement parler saison réussie pour vous !
C’est exact, c’est la première fois que l’on finit 6ème du championnat de France (ndlr : championnat à 10 équipes). On avait pour habitude de finir vers la 8ème place, c’est donc une première réussite. Ensuite, on a réussi à battre les Templiers de Sénart en play-down (matchs de classement), une très belle équipe qui a fini vice-champion de France l’an passé. Pour ma part, c’est la première fois que je m’impose face à ce club, c’est donc forcément une grande fierté. Cette victoire nous a ouvert la porte du match pour la 5ème place que l’on a malheureusement perdu face à Montigny-le-Bretonneux. Malgré cette défaite, la saison reste une réussite.

Nous sommes à l’intersaison, est-ce que l’équipe de l’année prochaine commence à se dessiner ou bien c’est trop tôt pour le dire, on profite de la pause ?
Effectivement, c’est la pause suite à une intensive saison qui a débuté en mars dernier avec de nombreux entraînements et matchs. L’hiver dernier fût intense également avec une grosse préparation. On a fait une petite pause mais la reprise des entraînements est en cours. On va se préparer pour la saison prochaine avec la montée en puissance des jeunes vers les seniors. La génération 2006, qui était première année 18U, est prometteuse. Ils ont été champions de France 2018 en 12U et ils faisaient partie comme moi des 18U qui alternaient entre l’équipe réserve en R1 et les équipes adultes. Les 2007, qui montent cette année en 18U, seront éligibles pour jouer en D1.

Alexandre Frulloni (au centre) et ses coéquipiers de D1 (Photo : DR, fournie par le joueur)

Alexandre Frulloni : « On a remporté le championnat Grand-Est R1 en étant invaincus »

La saison fût longue pour vous puisque vous avez joué avec la D1, la réserve en R1 et les 18U !
Oui, avec notre équipe R1, on a remporté le championnat Grand-Est en étant invaincus, avec 21 victoires. C’était déjà une grande fierté pour mes partenaires et moi puisqu’on avait une jeune équipe avec sept 18U sur neuf sur le terrain. On a donc réussi à se qualifier pour la D3 (un tournoi qualificatif pour monter en D2). On est allés jouer les Expos d’Ermont à l’extérieur où l’on est parvenus à s’imposer. Cette victoire nous a ouvert les portes du Final Four dans lequel on a fini 3ème, avec une défaite en demi-finale et une victoire lors de la petite finale pour nous consoler. Insuffisant cependant pour monter. On a tout de même réussi à acquérir une troisième place de D3, une belle performance pour l’équipe réserve qui n’avait jamais atteint ce niveau.

Est-ce un réel avantage d’enchaîner autant de matchs, pour vous et votre progression ?
Bien sûr, la meilleure chose pour progresser c’est de jouer des matchs. On a beau faire énormément d’entraînements, l’accumulation de matchs nous fait progresser dans la gestion de la pression. Au fil des matchs on se sent plus à l’aise, on met la pression de côté et c’est ça qui nous fait arriver à notre meilleur niveau.

Alexandre Frulloni (numéro 57), champion du Grand-Est avec la réserve des Cometz. (Photo : DR, fournie par le joueur)

Avec votre statut de joueur de D1, lorsque vous descendez dans les catégories inférieures votre statut change, les responsabilités aussi…
Oui c’est ça. Lorsque j’arrive avec l’équipe D1, mes coéquipiers sont globalement plus âgés que moi comme mon capitaine qui a plus de 30 ans et ont bien plus d’expérience. Et à l’inverse lorsque j’arrive avec l’équipe réserve, ils sont approximativement de ma génération (2005), et sur le papier c’est moi qui ai le plus d’expérience. C’est donc forcément deux attentes opposées puisque je passe d’un joueur qui complète l’équipe à un joueur important de l’équipe. J’aime ces deux rôles car il y en a un où j’ai moins de pression et un autre dans lequel j’ai des responsabilités et c’est ça qui est kiffant.

Vous qualifiez cela de « kiffant », vous aimez donc avoir un rôle majeur dans une équipe ?
Exactement, cette année en D1 au fur et à mesure de la saison, j’ai réussi à obtenir un petit rôle majeur au sein de l’équipe en frappant bien et en faisant de bonnes performances au poste de champ centre. J’espère que je vais continuer sur cette lancée la saison prochaine. De toute façon, il faut toujours servir à l’équipe, peu importe où l’on nous met sur le terrain.

Alexandre Frulloni : « J’attendais les Bleus depuis 2019 »

Vous avez fait vos premiers pas en Equipe de France 18U. Pouvez-vous nous raconter cette première expérience en Bleu et votre ressenti lors de l’annonce des sélectionnés ?
C’est une grande et longue histoire. En 2019, j’ai été présélectionné en Équipe de France 15U mais j’ai occupé la place de réserviste. A partir de ce moment là, je me suis donné l’objectif d’être un jour sélectionné en tant que titulaire en Équipe de France. En 2020, j’étais en dernière année 15U, le coronavirus est arrivé, donc plus de sélection pendant un moment. Cela m’a encore plus motivé pour être en Équipe de France, mais les 18U c’est un cran au-dessus. J’ai donc passé l’année 2020 et 2021 à m’entraîner dur avec mes coéquipiers de Metz.

Suite à cela, les présélections sont arrivées et j’ai été convoqué avec une autre personne de Metz qui jouait avec moi en D1. Puis j’ai été recontacté par le coach pour retourner à Toulouse où se situe le pôle France afin de jouer des matchs amicaux face au Pays-Bas. On était un groupe de vingt-cinq personnes et l’entraîneur n’allait retenir que vingt joueurs pour analyser nos performances et voir comment nous jouions pour faire les sélections finales. Un matin, je reçois un mail de l’entraîneur disant que j’étais sélectionné en Équipe de France. J’attendais ça depuis 2019, c’est une belle consécration. Je ne savais pas à quoi m’attendre mais j’étais fier de partir en Coupe d’Europe et de représenter la France.

Vous avez donc joué la Coupe d’Europe cet été avec les Bleus, racontez-nous cela !
Cette compétition a eu lieu en République Tchèque, la première partie a eu lieu dans la petite ville de Hluboka puis la deuxième partie à Brno. Cela a eu lieu cet été, on est parti le 10 août, les trois premiers jours étaient consacrés à la préparation et aux entraînements pour travailler la cohésion d’équipe et les automatismes. Ensuite, on a joué un match amical face à une équipe locale de D1. Ce match nous a permis de nous mettre en confiance. Le jour suivant, on a joué notre premier match de la compétition face à la Grande-Bretagne et puis par la suite tout s’est enchaîné. La compétition est passée très vite avec un match par jour.

Alexandre Frulloni en Equipe de France 18U (Photo : DR, fournie par le joueur)

Comment s’est passé cet Euro en termes de résultats ?
Durant cette Coupe d’Europe, on est tombé dans une poule avec les Pays-Bas et l’Espagne. On a perdu contre les hollandais, qui ont perdu face aux espagnols. Il y a donc une triple égalité et le match tant attendu était France-Espagne. Il fallait que l’on gagne de trois points pour finir premier sinon on finissait troisième, une troisième place synonyme d’élimination. C’était donc le pire scénario possible. Le match face à l’Espagne était fou, on était à égalité, on jouait la dernière manche et à ce moment là, il fallait que l’on arrive à leur mettre ces fameux trois points. On arrive ensuite en prolongations, avec un coureur en deuxième base et un autre en première base ce qui rend la tâche plus facile pour marquer.

L’objectif était de mettre des grosses frappes pour faire rentrer les trois points, on ne pouvait pas se contenter d’une petite frappe ou d’une amortie. On ne parvient pas à marquer, contrairement à l’Espagne qui rentre un point pour gagner le match. On se rassure en se disant que s’incliner d’un seul point face à l’Espagne, qui a remporté cette Coupe d’Europe, n’était pas si mal. Après ce match face à l’Espagne, on a joué face à l’Israël et on a gagné. Ensuite, on s’est incliné face à l’Allemagne, un match dans lequel on n’a pas été à notre meilleur niveau. On a donc fini la compétition à la sixième position sur douze. Je suis forcément déçu de notre prestation où l’on termine dernier des meilleures nations en perdant d’un point contre les champions. Finalement on était proche d’aller au Final Four, ça ne s’est pas joué à grand-chose.

En Équipe de France, quelles sont les prochaines échéances ? Et allez-vous rester en 18U ou monter dans la catégorie supérieure ?
C’est assez compliqué, théoriquement non car il y a une année dans laquelle il y a un championnat d’Europe et une autre où a lieu la Coupe du Monde, les deux premiers de la Coupe d’Europe sont qualifiés pour la jouer. Je vais rentrer dans ma troisième année 18U, sur cette année il n’y a pas de championnat d’Europe. Après je monte en 23U, cela fait encore plus de monde donc plus de concurrence à un niveau plus élevé. Cette année, c’était l’année où il fallait que je donne tout parce qu’à l’avenir, avec mes projets, ça va être compliqué de suivre le même rythme de baseball.

« Il faut savoir garder un bon équilibre entre l’école et le baseball »

Alexandre Frulloni, toujours avec son numéro 57 (Photo : Julien Buret/LGM)

Au niveau scolaire, vous allez passer votre Baccalauréat cette année. Suivez-vous un cursus sport études ?
Pour ma part je fais un cursus normal, j’étudie actuellement à l’Institution De La Salle à Metz. Ils connaissent ma situation et dès que je dois partir quelque part, ils l’acceptent. C’est un peu compliqué pour moi de gérer la partie scolaire et sportive. Les autres 18U de l’Équipe de France font du baseball tous les jours en compagnie des entraîneurs de l’Équipe de France. Moi, j’ai réussi à être sélectionné tout en restant à Metz, sans bouleverser mon cursus scolaire.

Cela vous arrive donc de manquer quelques cours…
C’est sûr que lorsque l’on se déplace dans des villes lointaines comme Nice ou Montpellier sur un week-end, le lundi quand on rentre à 5 heures du matin c’est assez compliqué. J’ai la chance d’avoir le côté scolaire qui suit et un établissement très compréhensif. Il faut savoir garder un bon équilibre de travail entre l’école et le baseball. En étant 18U, j’ai accès à plus d’entraînements que les adultes, trois à quatre par semaine, sans compter les matchs le week-end. C’est sûr que ça fait des semaines très chargées mais c’est le seul moyen de progresser.

Pour terminer, avez-vous des objectifs en tête pour la saison à venir, sur le plan personnel et collectif ?
L’an prochain, sur le plan personnel, j’aimerais toujours faire de belles performances en D1. Collectivement, je souhaite que la jeune génération qui a fini troisième de D3 progresse encore. Pourquoi pas une montée en deuxième division l’an prochain. Au cours de l’année, la génération 2006 va nous rejoindre en équipe première. Certains ont déjà fait leur première apparition en D1 dans le meilleur championnat français. On a de la chance dans un club qui laisse sa chance aux jeunes. Les débuts peuvent être difficiles avec un écart de niveau élevé entre les divisions. Je souhaite aux plus jeunes, grâce au travail, de s’imposer à leur tour en équipe première.

Propos recueillis par Arthur Carmier

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