922 Un déplacement périlleux attendait le FC Metz en Finistère, ce dimanche 7 avril, face à l’étonnant Stade Brestois. Après un match spectaculaire, les Grenats se sont inclinés par la plus petite des marges, 3-4. Trois buts marqués, cela ne suffit toujours pas pour cette équipe et cela rajoute encore un peu plus de frustration à son parcours en Ligue 1. Il fallait absolument réagir, ne pas se laisser griser par la morosité ambiante, renouer avec un semblant d’espoir. Capitaliser, aussi, sur les quelques satisfactions de cette infâme prestation à domicile contre l’AS Monaco : Koffi Kouao, Arthur Atta. Profiter des retours de certains cadres, suspendus ou blessés : Danley Jean Jacques, Didier Lamkel Zé. Il fallait bien tout ce mélange pour pouvoir prétendre rivaliser avec le Stade Brestois, deuxième de Ligue 1, invaincu depuis huit matchs et meilleure défense des cinq grands championnats européens (!) depuis décembre 2023. Mais en se déplaçant à Brest, il ne fallait pas oublier un ingrédient essentiel : jouer. Au football. Si les locaux ont bien saisi l’enjeu de la rencontre, les Messins, eux, n’ont guère existé à ce jeu-là pendant une majeure partie de la rencontre. Et lorsque le réveil était finalement amorcé, il était une nouvelle fois trop tard. Six minutes avant de tirer le rideau… Tout avait pourtant si bien commencé. Alors que Grenats et Ty Zefs entamaient leur round d’observation, Lamine Camara provoquait un corner après une course folle depuis son propre camp. Ce dernier trouvait Ismaël Traoré qui, profitant du laxisme finistérien, reprenait le ballon du pied gauche pour la mettre au fond (0-1, 6′). Stupeur dans les travées de Francis-Le Blé, qui ne s’attendait pas à une telle entame. Mais les Bretons ne tardaient pas à réagir et, sur un nouveau corner, Brendan Chardonnet reprenait de volée une tête défensive manquée et égalisait six petites minutes plus tard. Sonnés, les Messins allaient ensuite sombrer face à la justesse technique de la bande à Romain Del Castillo, Pierre Lees-Melou et autres Steve Mounié. Une-deux, passes tranchantes, appels dangereux… Les Bretons faisaient tourner en bourrique des Messins complètement dépassés. Puis, à force de pousser et bien aidés par un marquage fort léger, ils trouvaient la faille par deux fois avec Doumbia (2-1, 30′) et Mounié (3-1, 38′). Photo : Sandra Ruhaut/Icon Sport. Voilà le FC Metz complètement retombé dans ses travers. Il finissait par encaisser un neuvième but en deux matchs durant la seconde période, sur un autre corner réceptionné par Satriano et laissant de marbre Alexandre Oukidja (4-1, 60′). La suite de la rencontre, au beau milieu des « Olé » du stade Francis Le-Blé, aurait pu paraître anecdotique si les Brestois, forts de leur avance, n’avaient pas troqué leur sérieux contre de la dilettante. Alors que le FC Metz touchait le fond, les entrées de Kevin Van den Kerkhof et Cheick Tidiane Sabaly redonnaient de l’allant aux Grenats. Puis le Stade Brestois entrait dans un surprenant passage à vide qui permettait aux Grenats de retrouver la lumière… et de marquer deux buts plein de sang froid, grâce à Georges Mikautadze (4-2, 74′, 4-3, 79′). Jouant à se faire peur, les Brestois se limitaient ensuite à jouer « à la Messine » avec un bloc bas, proche de la surface du gardien Marco Bizot. Quinze minutes de souffrance mais de résistance, avant une salvatrice délivrance pour des Bretons qui continuent donc leur épopée en haut du classement. Le FC Metz paie cher ses absences On ne compte plus le nombre de fois où les joueurs du FC Metz paient cher ces petits détails : ce marquage manqué par-ci, cette passe cadeau à l’adversaire par là. On ne compte plus, aussi, le nombre de fois où Laszlo Bölöni exprime sa « frustration » en conférence de presse d’après-match. « On savait qu’on allait avoir des moments difficiles quand l’adversaire allait pousser et presser. » Ce que l’entraîneur roumain n’imaginait pas, c’était l’invisibilité totale de son milieu de terrain en première période. Hormis Arthur Atta, auteur d’une prestation convaincante avec une passe décisive à la clé, ses compagnons d’infortune ont été soit invisibles, soit trop laxistes, à l’instar d’un Danley Jean Jacques laissant filer son vis-à-vis sans réaction. Conséquence : Brest a eu tout le loisir de développer son jeu sans rencontrer de réelle opposition. « On a perdu la bataille du milieu de terrain avec tellement de facilité, de déséquilibre. On a couru n’importe où, n’importe comment, et lorsqu’il fallait être là où le jeu le demandait, on n’était pas présents », concède Laszlo Bölöni. Photo : Sandra Ruhaut/Icon Sport Or, les absences étaient également défensives, à l’image d’un Matthieu Udol passé à côté de son match. Face au duo Kenny Lala/Romain Del Castillo, le capitaine messin a eu beaucoup de mal à s’imposer et résister à leur vivacité. Par ailleurs, son marquage superficiel a facilité les deuxième et troisième buts du Stade Brestois, laissant tout le loisir à Del Castillo de délivrer deux caviars pour ses attaquants. Globalement et à l’image du chef de file, beaucoup de tensions se ressentaient au sein de l’effectif du FC Metz sur la pelouse. Les errements des uns irritaient les autres, et vice versa. Ablie Jallow, auteur d’une prestation insuffisante et remplacé à l’heure de jeu, a quitté la pelouse sans saluer son coach ni ses coéquipiers sur le banc. Les symptômes persistants d’une équipe impuissante, somme toute. Nouvelle cartouche grillée pour les Grenats en Bretagne. Il reste désormais six matchs pour recoller à la position de barragiste et espérer une issue autre que celle qui semble décidée depuis des semaines. Face au Racing Club de Lens vendredi 12 avril à 21 h, le FC Metz aura l’occasion de créer à nouveau l’exploit, comme à l’aller… ou s’enfoncer un peu plus dans la zone rouge. au stade Francis Le-Blé de Brest, Mehdi Abirez. Stade Brestois 4 – 3 FC Metz Stade Brestois 29 : Bizot – Lala, Chardonnet (cap.), Brassier, Locko – Martin (Magnetti, 69′), Lees-Melou, Doumbia (Camara, 69′) – Del Castillo (Le Cardinal, 88′), Satriano (Le Douaron, 69′), Mounié (Pereira-Lage, 75′). FC Metz : Oukidja – Kouao, Traoré, Candé, Udol (cap.) – Atta (Sabaly, 74′), Camara, Jean-Jacques (N’Doram, 74′) – Lamkel Zé (Diallo, 45′), Mikautadze, Jallow (Van den Kerkhof, 64′). Buts : Traoré (6′), Chardonnet (12′), Doumbia (30′), Mounié (38′), Satriano (60′), Mikautadze (74′, 79′). Avertissement : Udol (62′). Arbitre : Benoît Millot.