298 Après un mois d’entrainement, Emmanuel Mayonnade et son staff technique commencent à y voir plus clair. Au sortir d’une semaine au Danemark, le technicien messin livre ses premiers ressentis. Manu, voilà 1 mois jour pour jour que vous avez repris le chemin de l’entrainement, quelles sont tes premières impressions ? Emmanuel Mayonnade : C’est toujours un peu compliqué parce qu’on navigue un peu à vue. On a des oppositions internes qui parfois nous donnent satisfactions. On essaye tout de même de relativiser le rapport de force et de se dire « Est-ce qu’on est bien ? Ou est-ce que la force des choses et la force de l’habitude nous permettent de marquer dans certaines situations ? ». Sans réelles certitudes. Et sur le plan défensif, parfois, on récupère la balle, c’est très bien. Mais on se dit toujours : « Si demain je joue Brest ou Paris, est-ce que ça sera pareil ? ». On est toujours dans l’incertitude. « Nous sommes en retard, face à une équipe qui aspire à faire plus qu’un quart de finale de Ligue des Champions. » Vous avez passé la dernière semaine au Danemark, quel bilan tires-tu de cette semaine ? Au sortir de Storhamar, on pense être dans le timing, les choses prennent du sens. Et le lendemain face à Odense, on fait un pas en arrière. Nous sommes en retard, face à une équipe qui aspire à faire plus qu’un quart de finale de Ligue des Champions. On se pose des questions au quotidien. Les matchs amicaux permettent de répondre modestement à nos interrogations. J’ai envie de penser que quoi qu’il arrive, la réponse on l’aura après le match contre Bourg de Péage, le 3 septembre. Il y a eu quelques soucis en défense, notamment… Parfois les gens ont envie de sectoriser les choses. Ça c’est la défense et ça c’est l’attaque. Sans faire le lien entre les deux. Je trouve qu’on a pris beaucoup de buts sur montée de balle ou sur jeu de transition. Parce qu’on a perdu des balles en attaque qui pouvaient nous fragiliser. Il faut qu’on arrive à être meilleurs partout, sur toutes les phases de jeu. Notre organisation défensive n’a pas donné satisfaction sur la semaine au Danemark. Nous devons travailler en conséquence. C’est ce qui nous permet de travailler et de se projeter sur les temps à venir. À notre retour, nous nous sommes penchés sur le match d’Odense, avec ce qui va et surtout ce qui ne va pas. « Il faut être très pragmatique dans notre travail au quotidien » Nous avons pu voir les premiers pas sous le maillot messins des recrues. À savoir, Maslova, Jorgensen et Barthélémy, elles ont déjà pu montrer leurs qualités, qu’en as-tu pensé ? Ce qui est sûr, toutes ont des qualités et des savoir-faire. Il faut réussir à les mettre au service du collectif. L’Histoire et le poids de l’Histoire ne s’inventent pas. La relation qu’avait Méline avec Astride était le fruit de trois ans de collaboration ensemble. Aujourd’hui, Kristina et Sarah ont un mois de handball en commun. Idem pour Kristina et Valeriia. Les choses prennent du sens. L’une des raisons qui laisse à penser que Méline réalise sa meilleure saison l’année dernière, c’est parce qu’elle connaissait également les joueuses qui l’entouraient. Il faut se laisser du temps, sauf qu’on n’en a pas. Il faut être très pragmatique dans notre travail au quotidien. Elles ont des qualités, c’est indéniable. Il faut juste que tout se mette en place. Les blessures et le manque de rotation n’ont pas aidé sur ces matchs amicaux. Ça a été problématique pour rivaliser ? C’est ce qui fait que nous sommes aussi en souffrance. Ce n’est pas un secret de dire que nous cherchons encore une joueuse. Pour l’instant, la douzième joueuse est une joueuse du centre de formation qui, pour nous, n’a pas encore le niveau d’expertise LFH. Quand Louise est blessée, on met deux jeunes dans les titulaires d’un six contre six. Ce qui fait que parfois le rapport de force est hésitant. Ça nous fragilise pour tirer des conclusions au sortir des entrainements. On aspire à retrouver les joueuses blessées. Louise, je pense que c’est une affaire de sept à dix jours. Saison 2022/2023, top départ Méline Nocandy partie à Paris 92, le rôle de capitaine est laissé vacant. Avec ton staff, as-tu déjà celle qui portera le brassard cette saison ? En effet, nous avons même trouvé. On a proposé à l’intéressée, qui a accepté. Nous allons en faire écho assez rapidement. Le choix du capitanat, il doit être la responsabilité du staff technique. Les filles ne peuvent pas avoir le même ressenti. Je ne peux pas prendre la responsabilité que les filles choisissent en interne et qu’on sache que trois n’auraient pas voulu. Il faut prendre plein de paramètres en considération : la culture du club qui peut s’octroyer après une semaine. Je connais des gens qui l’ont en une semaine et d’autres qui ne l’ont pas en trois, quatre ans. Puis, la capacité à s’engager avec la même constance. Mais aussi, la capacité qu’elle a pour emmener, avec elle, tout le monde au combat. C’est un exercice où on a eu très peu de doute avec le staff et le président. « Nous avons été tous unanimes sur la même joueuse » Comment s’est déroulé ce choix encore inconnu ? J’ai mon idée en tête, je leur demande de me faire un liste de trois. Je peux ne pas suivre leur avis, ça m’est déjà arrivé dans l’histoire, mais là nous n’avons été tous unanimes sur la même joueuse. C’est rassurant pour moi et le choix que je suis amené à faire. Enfin, nous avons appris ce mardi 10 août, l’inversion des matchs entre Metz et Gyor. Sportivement, cela va changer quelque chose ? Dans tous les cas, il faut les jouer. Ce que j’aurais aimé pour les gens qui nous suivent, c’est offrir une grosse affiche au mois de septembre. Mais c’était épique pour avoir Gyor à domicile à ce moment là. Il y avait des frais monstrueux. Ce qui est dur, c’est qu’avec un effectif instable émotionnellement à l’égard du peu de temps qu’on a eu ensemble, c’est se lancer dans l’enfer de l’Audi Arena. On aurait bien aimé vivre ce match et être soutenu. Avec les potentielles lacunes sportives qui sont les nôtres. Car en septembre, nous ne serons pas encore opérationnels. Jouer ce match en septembre aux Arènes avec le soutien du public aurait pu combler ce manque pour aller chercher ces trois, quatre buts supplémentaires. Là, il va falloir cravacher encore plus et nous serons seuls dans cette aventure. Propos recueillis et retranscris par Lucas Deslangles / Let’s Go Metz Photos : Lucas Deslangles / Let’s Go Metz