411 A quelques jours des vacances de Noël, Eva Kouache s’est confiée au micro de Let’s Go Metz. La capitaine du FC Metz revient sur son début de carrière et sur la première moitié de saison réussie des Grenats. La première moitié de saison s’achève enfin dans le froid mosellan. Tandis que les premières neiges tapissent les terrains de la plaine, les joueuses de Jessica Silva continuent de travailler avant de prendre quelques courtes vacances. C’est à l’issue d’une matinée de Décembre que nous avons rencontré l’actuelle capitaine des Grenats. Vingt-et-un ans seulement, mais déjà une belle expérience pour Eva Kouache. Une carrière dans le football commencée très jeune. « Je n’avais pas tout à fait sept ans, on m’a surclassée avec les catégories débutants. Après, tout s’est fait naturellement. » « J’étais toujours au bord du terrain avec un ballon » Comme beaucoup de filles de sa génération, Eva s’est prise de passion pour le ballon rond grâce à un grand frère footballeur. « J’ai commencé le foot grâce à lui. Il a quatre ans de plus que moi et il a toujours joué au football. J’allais voir ses matchs, je regardais ses entraînements… Et j’étais toujours au bord du terrain avec un ballon pour jouer avec eux, ou même toute seule. C’est ça qui m’a motivée. Mon modèle c’était lui quand j’ai commencé. » Et maintenant ? Un de ses joueurs favoris s’appelle Marco Verratti. « J’aime son style, il est agréable à voir jouer. Et chez les filles j’admire énormément Lucy Bronze car elle dégage beaucoup de puissance et de sérénité. J’ai eu la chance de jouer avec elle à Lyon, c’est une joueuse exemplaire. » Du Hyères 83 FC à l’Olympique Lyonnais Après huit ans dans son club formateur, le Hyères 83 Football Club, Eva Kouache a été recrutée par le meilleur club féminin de l’hexagone, l’Olympique Lyonnais. « On faisait un tournoi mondial de foot en salle avec des clubs français comme Lyon, Bordeaux ou encore le PSG. Et le recruteur des masculins de l’OL était présent pour superviser le tournoi. Le lendemain il a dû parler de moi à la section féminine car deux jours après on me contactait pour venir faire des essais. Et ça s’est enchaîné naturellement avec un suivi sur un an et demi en U13 et des entraînements avec l’équipe féminine sur Lyon. Mon choix s’est porté définitivement là-bas à mes 15 ans. » « On sait très bien qu’après le foot, on aura une vie ! » Si la retraite d’un footballeur professionnel peut s’avérer précaire malgré de hauts salaires, pour une féminine c’est encore une autre histoire. « Je sais qu’une carrière dans le football s’arrête assez tôt. Surtout chez les féminines. Donc je pense à l’après-foot, c’est pour ça qu’en ce moment je suis en deuxième année de BTS MCO (Commerce, management). Nous sommes conscientes qu’en tant que femmes, une carrière peut s’arrêter tôt donc faut assurer un maximum. On sait très bien qu’après le foot, on aura une vie, un métier ou des enfants donc faut assurer les études quoi qu’il arrive. » Pour le moment la native du Var profite et s’éclate avec ou… sans ballon ! « J’ai essayé le piano mais ça ne veut pas (rires) ! J’aime beaucoup voyager et je m’intéresse à d’autres cultures. Puis j’adore la lecture. Et en été, j’aime bien m’essayer au tennis. » « La D1 ? Une émotion particulière… » Si elle a déjà connu l’équipe de France dans plusieurs catégories, Eva Kouache garde toujours en tête la possibilité, peut-être un jour, de rejoindre les bleues en A. « Dans une carrière on rêve toutes d’atteindre le plus haut niveau de la sélection nationale. Je sais que je suis encore jeune, que j’ai encore des étapes à franchir avant d’arriver à ce stade là. Mais avec le temps, je me dis pourquoi pas ! » Jeune, mais déjà des souvenirs plein la tête : « Le plus beau c’est mon premier match professionnel en D1. C’est une émotion particulière parce qu’il y a cette adrénaline qui est ressentie dès qu’on entre sur le terrain. C’est inexplicable, indescriptible. On se dit « ça y est ça commence, on est dans le grand bain ». Après y en a beaucoup d’autres quand j’étais jeune, quand je jouais avec les garçons, lors des tournois, c’était incroyable. On commençait les plateaux à 08h00 du matin et le midi on mangeait des frites. Puis on retournait sur le terrain, c’était extraordinaire ! » Déjà presque deux ans sur les bords de la Moselle Eva est arrivée à Metz en juin 2020. « Je suis arrivé au début de l’été, je me suis dit « ça va à Metz, il fait chaud ». Puis l’hiver est arrivé… (rires). Non mais j’ai été très bien accueillie par tout le staff et par les filles. Après le premier confinement, il y avait énormément de nouvelles recrues. Il fallait trouver l’équilibre entre les nouvelles et les anciennes. Mais ça c’est fait très naturellement. Les filles nous ont bien accueillies, on a appris à se connaître et maintenant on forme un groupe solide donc c’est assez positif. » Son premier but ? Elle l’espère dans un avenir très proche. Eva Kouache aime son rôle de piston moderne, porté vers l’attaque. « Durant ma carrière j’ai joué à deux ou trois postes différents. Quand j’étais plus jeune avec les garçons, j’étais plus basée en défense centrale. Ensuite une fois que je suis passée avec les filles à l’INSEP/Pôle France avec Lyon, j’ai joué latérale droit, tandis qu’à Lyon j’étais plus milieu défensif. Avec le mix des trois, j’ai pu développer plusieurs qualités comme la vivacité, la vitesse et l’endurance. J’aime beaucoup le poste de latérale car j’adore monter. C’est un poste qui me convient bien. » Capitaine à 21 ans Son rôle de capitaine de l’équipe féminine du FC Metz, elle l’assume complètement. « Jessica Silva en avait parlé à plusieurs filles. Elle nous avait prévenues que ça tournerait peut-être dans l’année. Et voilà, c’est tombé sur moi (rires). J’avais fait une bonne préparation estival et elle voulait me récompenser. C’est une belle preuve de confiance. En tant que capitaine, je n’ai pas vraiment changé mes habitudes. Je reste la même joueuse, j’encourage l’équipe, je reste positive et forcément sur le terrain on se parle beaucoup. » Et les résultats positifs des grenats parlent pour elle. « On a beaucoup travaillé, on a appris à se connaître pendant ces deux années, malgré le COVID l’an dernier, donc ça commence à payer. Jessica nous inculque beaucoup de solidité défensive, de bloc équipe. Et je pense que ça porte ses fruits en match. Que ce soit contre les grosses équipes ou celles un peu plus à notre portée, on essaie toujours de montrer le même sérieux, de se donner à fond. Et comme on est très soudées en dehors et sur le terrain, je pense que ça se voit dans notre jeu. » Effectivement, avec cette place de leader de D2F, l’avenir dessine de belles promesses. « La D1 Arkema ça a toujours été un de nos objectifs, même l’an dernier. On veut cette remontée, on espère l’avoir cette année, on l’a toujours dans un coin de notre tête et on travaille pour. » « Les gens s’intéressent de plus en plus au foot féminin » La capitaine des grenats se félicite de la montée en puissance et de l’intérêt croissant des gens pour le football féminin, même si des progrès restent à faire par tous. « Je pense que la communication du club joue un rôle important dans ces progrès. C’est bien de mettre en valeur le football féminin. On est là aussi, on représente le club de manière positive. Les gens s’intéressent de plus en plus au football féminin. Faut pas qu’ils hésitent à venir au stade, ils prendront du plaisir à nous voir jouer. On aimerait bien qu’il y ait plus de monde… L’autre jour il y avait quelques ultras de la Horda Frenetik, ça fait toujours plaisir d’avoir du soutien. » Du soutien, les filles du FC Metz en donnent à l’équipe masculine. Eva Kouache se rend régulièrement à Saint Symphorien avec ses coéquipières pour soutenir les hommes de Frédéric Antonetti : « La première partie de saison est certes compliquée mais elle est mal payée car ils ont fait des gros matchs et n’ont pas été récompensés de leur efforts. Prendre des buts à la dernière minute, et perdre des points comme ça c’est frustrant pour les joueurs. Mais je crois toujours en leur maintien. C’est important pour le club. » Propos recueillis par : Gérald RusselloCrédit photos : Julien Buret/LGM