116 Ce dimanche, les Messines recevaient la redoutable équipe du CSM Bucarest. Les enjeux premiers de cette rencontre étaient de préserver leur invincibilité à domicile mais surtout de verrouiller la 2ème place, synonyme d’un 1/4 de finale retour à la maison. Solides dans tous les compartiments de jeu, les Dragonnes sont venues à bout des Roumaines (28-26) devant 4 341 spectateurs galvanisés par l’importance de cette affiche. Seules en tête, suite à la défaite de Esbjerg dans la salle du FTC, elles font un très grand pas vers cette première place tant convoitée. Depuis le 6 avril 2018, les confrontations entre les deux équipes revêtent une saveur particulière. Il y a deux ans, alors que Metz Handball avait fait le travail nécessaire pour recevoir en retour, le voyage à Bucarest s’était transformé en cauchemar. Valeureuses, les Messines n’étaient pas parvenues à rattraper le trop gros retard dans leur salle, la semaine suivante. Un an plus tard, Roumaines et Françaises se retrouvaient au même stade de la compétition. Cette fois-ci les Lorraines avaient pu vivre leur rêve en grand. Alors quoi de mieux pour relancer toute la physionomie de ce groupe ? Une chose est sûre, ce match n’allait pas être tendre pour les organismes. Ce match était également l’occasion pour le public messin de revoir Xenia Smits sur son parquet. Première mi-temps Le groupe de Emmanuel Mayonnade débute la rencontre en défense et ne parvient pas à bloquer le bras de Cristina Neagu qui ouvre les hostilités. L’internationale roumaine serait-elle de nouveau inarrêtable ? Pas si sûr. Durant les premières minutes de jeu, les deux équipes se répondent coup sur coup tactiquement et physiquement. Les coéquipières de Grace Zaadi montraient déjà un visage bien plus conquérant qu’à l’aller. L’exclusion de Crina Pintea sur Orlane Kanor à la 6ème minute fut très certainement l’un des premiers tournants du match. Très lucides, les Dragonnes récupèrent plusieurs possessions de balles et inscrivent leurs buts sur montées de balles à plusieurs reprises. Avec une défense bien organisée et plus agressive qu’à l’accoutumée, Metz renvoie les serial buteuses de Bucarest dans leurs pénates et prend ses distances malgré quelques déchets offensifs qui ne les permettent pas de se mettre à l’abris (+4, 15’23). Privées du récital habituel d’une Neagu très peu mobile, les Roumaines peuvent cependant compter sur Perianu dont la vitesse d’exécution trompe les différentes combinaisons mises en place en face par des petits intervalles qu’elle seule semble apercevoir sur chacune de ses prises de ballons. Sur le terrain, nous assistons à beaucoup de sacrifices des Dragonnes pour protéger leur camp face à la précellence du duo Pintea/Cvijic ou encore celle de Gbric et de la jeune Omoregie alors que devant les buts, elles se trouvent moins réalistes. Durant 3 minutes, les coéquipières de Ivana Kapitanovic ne concrétisent pas trois actions consécutives. Louise Burgaard, Martine Smeets et Orlane Kanor butent sur la gardienne adverse qui maintient les espoirs de son équipe. Les adversaires en profitent pour refaire leur retard et reviennent à hauteur à moins de 2 minutes avant la mi-temps (12-12, 28’39). Finalement, il a fallu attendre les 5 dernières minutes pour de nouveau réveiller les opposantes. Metz et le CSM rentrent au vestiaire avec un petit écart, en faveur des recevantes grâce à un dernier but de Astride N’Gouan, moins en réussite cet après-midi. Tout reste encore à faire en seconde mi-temps (14-13, 30′). Deuxième mi-temps Cette rencontre allait se jouer jusqu’à la dernière seconde. Une véritable affiche de Ligue des Champions qui se gagne dans l’engagement physique et les détails. Tout le long de la seconde mi-temps, il fallait faire chauffer le fer face un Bucarest bien déterminé à faire tomber Metz Handball dans sa forteresse imprenable. Trouver des solutions pour calmer la montée en puissance opposée était le premier objectif de ces 30 dernières minutes. Très vite, les exclusions affluent à cause d’une défense roumaine de plus en plus agressive et le compteur a du mal à décoller pour les partenaires de Jelena Grubisic. Ivana Kapitanovic sort des parades magistrales aux 6 mètres durant les plus grands temps-forts alors qu’elle était moins en verve sur la première mi-temps comme le souligne plus tard Emmanuel Mayonnade en conférence de presse. Les joueuses du technicien girondin sont très déterminées, ne laissant que très peu d’espace et ce, même quand le CSM Bucarest tente le tout pour le tout avec un jeu sans gardienne. A 10 minutes du terme, Metz prend son envol dans une ambiance survoltée, qui ne cesse de grimper, en atteignant un écart de +7 (25-18, 49’47). Les Jaunes et Bleues sont sur un petit nuage et gagnent tous leurs duels à l’image de Laura Flippes, Ailly Luciano ou encore Grace Zaadi qui ne laissent aucune miette aux joueuses de Adrian Vasile, réellement dépassées face à cette dominance fructifiante. Mais nous connaissons Bucarest, cette équipe qui est le pléonasme de « abattues mais jamais vaincues ». Ces 10 dernières minutes auraient pu devenir un véritable calvaire pour les Lorraines malgré un temps-mort posé pour recadrer tout ce beau monde en perte de vitesse. Mais il faut bien l’admettre, l’élan offensif se voyait ralentir par des coups de sifflets quelque peu honteux par des arbitres qui avaient cessé toute activité protectrice envers les joueuses. Et Metz recommence à se faire peur comme par le passé. Bucarest grignote et exerce un pressing pour repousser les Dragonnes dans leurs retranchements (27-26, 59’23). Il ne reste que 37 secondes à jouer, les Messines sont à l’attaque. Une seule perte de balle peut les condamner à tout moment. Les spectres norvégiens et brestois reviennent devant les yeux des spectateurs qui retiennent leur souffle avant d’exulter de joie sur le but libérateur de Astride N’Gouan. Malgré les trous d’air en toute fin de chacune des deux mi-temps, la formation mosellane a su préserver son sang-froid pour tenir l’armada roumaine à distance. Comme des patronnes. Après avoir été dans une période de turbulences, Metz Handball a su se remobiliser et semble être de nouveau sur une dynamique ascendante avec une solidarité sans faille retrouvée sur le terrain. En face, il y avait une grande équipe très insidieuse mais elles n’ont jamais cédé face à cette pression imposée, par celle-ci ni celle des dernières semaines : « C’est notre force, on est capable de se rassembler à un instant T pour tout tirer dans le même sens et c’est ce qui fait qu’on est reparti dans une dynamique plus positive » comme le souligne si justement Marion Maubon en conférence de presse. Dimanche prochain, elles se déplaceront en terre périlleuse danoise afin de finir ce travail qui est loin d’être achevé. Statistiques Metz Handball Ivana Kapitanovic (10 parades sur 35 tirs), Tea Pijevic (0/1). Grace Zaadi (6 tirs en 9 tentatives), Laura Flippes (4/4), Astride N’Gouan (2/5), Méline Nocandy (3/4), Orlane Kanor (3/5), Ilona Di Rocco, Louise Burgaard (1/6), Xenia Smits, Martine Smeets (1/2), Marie-Hélène Sajka (3/6), Marion Maubon (0/1), Jurswailly Luciano (5/5), Olga Perederiy (0/1). CSM Bucarest Denisa Dedu (3 parades sur 14 tirs), Jelena Grubisic (10/27).Madalina Ion, Iulia Curea, Linnea Torstensson, Andrea Lekic (5/10), Cristina Neagu (4/11), Dragana Cvijic (1/1), Gabriela Perianu (3/3), Andrea Klikovac, Elizabeth Omoregie (5/7), Carmen Martin (2/6), Crina Pintea (2/3), Itana Grbic (4/7). Crédit photo : Matthieu Henkinet