Yann Julien : « Il faut surtout aborder le 3×3 avec sa propre culture »

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Yann Julien, coach de l’équipe de France féminine de basket 3×3 était de passage à Metz dans le cadre d’un évènement sport/entreprise. Il s’est livré sur diverses questions à notre micro.

Yann Julien aime le basketball. Cela fait partie des choses qui se sentent quand on l’aborde quelques minutes. Coach de l’équipe de France Féminine de basket 3×3, il a gouté avec Marie-Eve Paget, Laëtitia Guapo, Hortense Limouzin et Myriam Djekoundade à l’extase que procure un titre mondial en juin dernier. Une joie confirmée au niveau Européen en septembre alors que Marie Mané avait remplacé Marie-Eve Paget. De passage à un évènement liant sport et entreprise organisé par l’entreprise JCD, avec le soutien de la Fédération Française de Basket, du Comité Mosellan de Basket Ball et du Metz BC, il a pris le temps d’évoquer le développement de sa discipline et ses impressions sur l’évènement du jour.

Yann, mettons tout de suite les pieds dans le plat. Le basket 3×3, petit frère du basket en 5×5 ou discipline à part entière ?
C’est devenu une discipline à part entière ! On a souvent fait l’association mais aujourd’hui on essaie d’éviter la comparaison parce que les disciplines sont vraiment différentes, elles méritent d’avoir leurs propres vies en parallèle l’une de l’autre.
Il y a de la place pour le 5×5 bien entendu mais il y a aussi de la place pour le développement du 3×3.

Prenons un grand raccourci, comment est ce que l’on devient sélectionneur d’une équipe de France dans un sport émergeant comme celui-ci ?
Par hasard ! (rire) Je suis vraiment tombé dans le 3×3 par hasard. J’étais sur les équipes de France jeunes, en 5×5, en tant qu’assistant et puis j’ai décidé un été, quand mon fils est arrivé, de me mettre en stand-by. La saison suivante j’ai été appelé à nouveau pour donner un coup de main, mais en 3×3 cette fois. Il manquait un cadre et je me suis retrouvé à partir au Kazakhstan pour une coupe du monde en tant qu’assistant chez les U18 filles et on est repartis champions du monde. Ça m’a mis le doigt dans l’engrenage et petit à petit je suis passé de U18 à U23 avant d’en devenir coach et depuis Novembre 2021, je suis devenu coach de l’équipe nationale féminine.

Le 3×3 est devenu Olympique pour la première fois à Tokyo, c’est une étape qui a permis de mettre la discipline sous les projecteurs mais il y a surtout 2024, tout le monde a les yeux rivés sur cette échéance…
Oui, c’est quelque chose qu’on a en tête. Pour reprendre l’expression, « j’y pense tous les matins en me rasant » et pourtant je porte la barbe. On est tous tournés vers cet objectif parce que c’est une opportunité incroyable de faire les jeux à la maison, qui plus est avec un sport qui a tout le potentiel pour conquérir le public. On a d’excellents retours jusqu’à aujourd’hui et on a des chances de médailles en garçon comme en filles.

Pour le moment en région, peu de clubs voient l’intérêt de développer des sections 3×3, c’est un cheminement lent. D’où viendra le déclic ?
Il faut surtout aborder le 3×3 avec sa propre culture. Laisser de côté celle du 5×5, parce qu’elle est différente. Les clubs doivent réaliser que c’est une discipline qui peut aider au développement des joueurs, un véritable accélérateur de progrès. C’est un sport parfaitement adapté pour les écoles, qui peut aider à développer la pratique loisir. Concrètement, ça ne doit devenir une « spécialité » qu’à partir de 21 ans, en considérant une racine commune.
Il faut continuer à faire majoritairement du 5×5 dans les clubs et y incorporer du 3×3 de manière régulière.

Actuellement, en Moselle, la plupart des initiatives en faveur du 3×3 viennent de petites associations qui s’organisent seules. On est encore loin du terrain sur le Trocadéro. C’est un passage nécessaire ?
Oui, je pense que la bonne démarche se situe à la jonction de ces initiatives privées focus sur le 3×3 et de celles de clubs traditionnels. Ces mondes peuvent tout à fait se rejoindre et ça passera forcément par de beaux évènements. On en a un exemple ce soir avec des entreprises qui se réunissent autour du 3×3 et d’un évènement de qualité. Mais cela peut être aussi par des démarches dans des lieux iconiques d’un territoire, la ville de Metz n’en manque pas, qui permettraient de démocratiser ce sport et le mettre à sa juste place vis à vis du public.

C’est aussi dans une certaine mesure ce qui a aidé le basket à se faire une place sur des écrans de télévision.
Oui, on reste marqué par les audiences sur les chaines de télé qui sont assez incroyables puisqu’on a retrouvé des scores qu’on avait pas vu ça depuis longtemps dans le basket français en général. Le 3×3 c’est un format hyper télévisuel avec des matchs à intensité et une certaine dramaturgie dont les gens sont friands.

L’évènement où nous nous trouvons, c’est un exemple de cercle vertueux entre le sport et l’entreprenariat. C’est cette dimension à 360° que doit prendre le sport ?
On est dans quelque chose d’assez extraordinaire. Ça sert le bien être du salarié mais aussi son investissement dans l’entreprise. C’est un vecteur de communication également, à la fois entre les entreprises mais aussi au sein même d’une même enseigne. J’étais chez JCD tout à l’heure et certains salariés m’ont avoué avoir quitté la structure par le passé et y être revenus parce qu’il y avait cette possibilité de pratiquer du sport au cœur de l’entreprise. Le sport y est vraiment un vecteur d’échange entre services pour mieux bosser ensemble.

C’est peut être trivial de le demander à quelqu’un qui a l’habitude de côtoyer le plus haut niveau mais comment se débrouillent les équipes ce soir ?
Sincèrement, le plus important sur ce type de journées c’est le plaisir qui est pris. Même si on a des débutants, si je les vois s’amuser je prends du plaisir aussi.

Il ne nous reste qu’à rappeler les prochaines échéances de l’équipe de France…
Sur l’équipe de France Féminine on a trois grandes compétitions pendant l’été. Une coupe du monde qui aura lieu à Vienne à partir de fin mai. Après, on aura une série de tournois qui s’appellent « Women Series » qui s’égrènent un peu partout dans le monde. Ensuite on clôturera la saison avec la coupe d’Europe qui aura lieu mi-Septembre en Israël.

L’instant sport de JCD, qu’est ce que c’est ?
C’est un évènement qui a eu lieu le 04 novembre 2022. Il a rassemblé près de 20 équipes différentes entre concours de tirs et tournoi de basket 3×3 sous le regard de plusieurs personnalités du monde du sport : Florent Pietrus, Yann Julien, Matthieu Udol, Augustin Bey… Cette initiative vise à faire le lien entre pratique sportive et vie d’entreprise tout en favorisant le partage entre les participants.

Crédit photo : Matthieu Henkinet

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