215 Il n’était pas attendu à ce stade du tournoi. En venant à bout du prodige canadien Félix Auger-Aliassime (18 ans, 21ème au classement ATP), Ugo Humbert atteint pour la première fois les 1/8ème de finale d’un tournoi du Grand Chelem. A seulement 21 ans, celui qui n’est que 66ème au classement ATP, vient de remporter la plus belle victoire de sa jeune carrière. Une victoire qui lui ouvre les portes de la deuxième semaine et lui confère le droit d’affronter le numéro 1 mondial Novak Djokovic. Pour prendre conscience de l’exploit réalisé par le Messin, il faut rappeler qu’Humbert dispute cette année ses tout premiers matchs sur gazon en carrière. Il y a un an, avec son statut de 280ème joueur mondial, Ugo Humbert ne rentrait même pas dans les qualifications du tournoi challenger (tournoi de troisième catégorie mondiale) d’Ilkley et partait jouer le Future de Bourg-en-Bresse. Un an plus tard et fort de son exploit, il pourrait rallier le top 50 mondial à l’issue du tournoi. « C’est mon premier Wimbledon, je ne l’avais pas disputé en juniors car je n’avais pas le classement pour » déclarait-il ainsi au micro de BeIN Sport après son premier tour victorieux face à Gaël Monfils. Mieux, si l’on excepte le tournoi Challenger (tournoi de troisième catégorie mondiale) d’Ilkley où Humbert a rallié les 1/4 de finale cette année, le Lorrain n’a remporté cette saison qu’un seul match sur gazon (au tournoi d’Antalya contre Federico Delbonis, davantage spécialiste de la terre battue). Comme le rappelait Eric Salliot, journaliste tennis de renom pour le groupe RMC Sport, seuls deuxfrançais avaient atteint les 8èmes de finale du Grand Chelem britannique lors de leur première partcipation : Sébastien Grosjean et Jo-Wilfried Tsonga, rien que ça. Pourtant la route du succès a été semée d’embuches pour le gaucher, retour sur son parcours. La chance sourit aux audacieux Le tirage au sort n’a pas été clément avec le jeune Ugo, en effet devant lui se présente au premier tour Gaël Monfils. Face au numéro 1 français, le Messin arrive en position de parfait outsider. Accrocheur, Humbert réalise un bon début de match mais une chute brutale sur un point décisif dans le tiebreak de la première manche offre le set à Monfils. Rebelote dans le second set où Humbert est breaké après avoir posé le genou à terre. Pourtant, la chance allait changer de côté… Comme bien trop souvent hélas, une vilaine blessure se réveille pour « la Monf’ ». Une blessure qui semblait mineure dans un premier temps, Humbert en profitant pour reprendre le match en main et balader Monfils. Armé de son coup droit dévastateur, il allait bientôt contraindre Monfils à l’abandon. Ugo Humbert a franchi cette première marche, bien aidé il faut le reconnaitre par sa bonne étoile. Mieux, le jeune Messin a rassuré sur son niveau de jeu et son coup droit d’attaque couplé à un très bon revers à plat semblaient pouvoir faire des ravages sur le gazon Londonien. Beat Spain Au second tour, c’est le vieux routard espagnol Marcel Granollers qui se présente face à Humbert. Joueur d’expérience, très bon joueur de double, l’espagnol a perdu de sa superbe mais son jeu offensif et sa volée ont de quoi inquiéter légitimement le jeune français. Sur sa lancée du premier tour, Humbert remporte une première manche accrochée sur le score de 6-4. Compliqué, tel est le mot que l’on peut employer pour qualifier ce deuxième tour. Humbert n’est plus dans la position du grand outsider et une once de crispation vient ternir son jeu par séquences. Mais par son talent, Humbert parvient tout de même à boucler le match en 3 sets, un moindre mal. Surtout, le destin nous réserve une petite gourmandise pour le troisième tour. En effet, après avoir franchi les étapes Monfils et Granollers, Humbert obtient le droit d’affronter le grand espoir du tennis mondial Félix Auger-Aliassime, tombeur du jeune français Corentin Moutet. Le combat des coqs En présentant cette rencontre comme le choc entre deux grands espoirs du tennis mondial, la presse ne s’est pas trompée. Humbert et Auger-Aliassime sont jeunes, brillants et pleins d’ambition. A la clé pour le vainqueur : une première apparition en deuxième semaine d’un tournoi du Grand Chelem. Dans ce contexte et malgré plusieurs balles de break concédées, Humbert frappe le premier en prenant rapidement le service de son adversaire tout en conservant son engagement pour boucler le set sur le score de 6-4. Auger-Aliassime revient avec de fermes intentions à l’aube de la seconde manche, le québécois est tranchant et le break intervient dès le premier engagement du français. Mené 5-2, on imagine mal Humbert revenir mais le Messin parvient à prendre le service de son adversaire et renverser le set pour l’emporter 7-5. Masterclass. Sur sa lancée, Humbert break d’entrée dans le troisième set. Auger-Aliassime ne le sait pas encore mais il vient d’y laisser le match. Sûr de ses forces, Humbert ne faiblit pas et se paye le luxe de conclure sur la mise en jeu de son adversaire, une seule balle de match aura d’ailleurs suffi. Humbert réalise là une performance majuscule, la plus belle de sa jeune carrière. En venant à bout du grand espoir canadien, Humbert a gagné le droit de se mesurer au numéro 1 mondial, le Serbe Novak Djokovic. S’il n’est évidemment pas favori (la cote de Djokovic étant d’ailleurs à 1,01 sur les différents sites de paris sportifs), Humbert a l’occasion de se mesurer à la crème de la crème, une belle occasion de voir la différence qui sépare le jeunot du gratin mondial. Quoiqu’il en soit, on peut remercier Humbert pour nous avoir fait rêver durant cette première semaine. A seulement 21 ans, il pourrait intégrer le top 50 mondial, mais surtout, il s’est fait un nom sur la scène mondiale. Crédits photos : 20 minutes (image à la une), Le Télégramme (Djoko), 24matins.fr (Humbert/Granollers), Tennis Tonic (Humbert/FAA)