Moussa Niakhaté : « Avec Gaëtan Bussmann, on parlait du FC Metz chaque semaine ! »

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Moussa Niakhaté a évolué une saison sous les couleurs du FC Metz, lors de l’exercice 2017-2018 de Ligue 1. Il garde néanmoins un lien particulier avec le club qui l’a révélé en première division. Aujourd’hui capitaine du FSV Mainz 05 (Mayence), il s’est longuement confié à Let’s Go Metz. Il revient sur son année en Lorraine, les amitiés qu’il y a tissées et sur son évolution en Bundesliga. Entretien.

Moussa Niakhaté, ça fait maintenant 3 ans et demi que tu as quitté le FC Metz pour Mainz. Comment ça va depuis le temps ?
Ca va très bien ! Je n’ai pas vu le temps passer. Mon année messine, je m’en souviens comme si c’était hier !

On a le sentiment que tu es comme un poisson dans l’eau dans cette équipe de Mainz, tu en es même devenu le capitaine !
Je suis arrivé à Mainz à 22 ans, je découvrais un nouveau championnat, un nouveau pays… Je me suis très vite adapté, je voulais directement montrer mes qualités. J’ai très vite été titulaire ici, match après match j’ai senti une progression. J’ai toujours eu cette envie d’apprendre, je suis très content de ce que je fais !

Il y a peu de francophones dans le vestiaire de Mainz, il y avait l’ancien messin Gaëtan Bussmann il y a de ça quelques saisons… Avec qui tu traînes le plus ici ?
Quand je suis arrivé, il y avait beaucoup de francophones. Il y avait Gaëtan Bussmann avec qui j’ai joué une saison, il y avait Jean-Philippe Mateta, Edmilson Fernandes un suisse, Pierre Kunde un camerounais, Jean-Philippe Gbamin… Aujourd’hui je suis le seul francophone, mais j’ai créé beaucoup de liens, avec Robin Quaison le suédois notamment. Comme à Metz, je me suis entendu avec tout le monde ici.

« Avec Gaëtan Bussmann, on parlait du FC Metz chaque semaine ! »

Gaëtan Bussmann a partagé le terrain une saison avec Moussa Niakhaté du côté de Mayence.

Quels étaient tes rapports avec Gaëtan Bussmann, vous parliez un peu FC Metz entre deux matchs de Bundesliga ?
On en parlait chaque semaine ! C’est un grand messin Gaëtan, il est très attaché à cette ville et à ce club ! C’était la saison où Metz était redescendu en Ligue 2 et avait gagné le titre. Forcément on en parlait très souvent, on a encore beaucoup de connexions là-bas. On débriefait même les matchs du FC Metz !

Vous faites une saison plutôt sympa, vous êtes 10ème à seulement 3 points des places européennes. Quel est l’objectif sur cette fin de saison ?
La saison dernière a été très compliquée. On a fait une très grosse seconde partie de saison, sans ça, on jouerait aujourd’hui en seconde division. Cette saison, tu ne peux pas venir et dire que tu vas jouer l’Europe, c’est impensable. Donc on va essayer de surfer sur la vague de cette seconde partie de saison de l’an dernier mais on ne se met pas de pression, chaque match on les commence pour les gagner. Si dans 4 mois on est toujours à la même place et qu’on est à 2 points des places européennes, je tiendrai un autre discours.

La saison passée, il a fallu attendre 8 journées avant la première victoire de Mayence, comment le groupe a vécu ça ? Est-ce que le fait d’avoir connu pareille situation à Metz t’a servi ?
Exactement, mais même avant le FC Metz car avant je jouais au VAFC et on se battait également pour se maintenir. C’était une saison très compliquée, on a mis effectivement 8 matchs pour réussir à en gagner un. Après ça, il y a eu encore un très long moment avant d’en gagner un second. On avait seulement 5 points à la trêve donc c’était compliqué et d’après les statistiques, un club qui n’a que 5 points à mi-course, c’était synonyme de descente. Donc on s’est mis en mode commando, il y a eu un changement d’organigramme au club avec un changement de coach, de directeur sportif, de « président », tout a changé ! Ca nous a fait du bien.

« Je suis très content de ne pas avoir perdu contre Strasbourg »

Moussa Niakhaté a été dans la polémique face au rival strasbourgeois.

Tu n’as passé qu’une saison au FC Metz, pas la plus facile en plus, et ici on se souvient de toi comme d’un très bon défenseur. De ton côté, que retiens-tu du FC Metz dans son ensemble ?
C’est au FC Metz que j’ai découvert la Ligue 1. Quand on est jeune et qu’on grandit en France, on ne pense qu’à jouer en Ligue 1. J’ai réussi à vivre ce rêve avec Metz et ce n’était pas gagné car quand je suis arrivé, on m’avait dit dès le départ que je serais le quatrième défenseur central. On se dit qu’on ne va pas forcément jouer mais moi je suis un challenger. Je n’étais pas venu ici pour rester sur le banc, je voulais m’imposer. Au final, j’ai joué 35 matchs sur 38, donc je suis très content de mon parcours à Metz.

Bien évidemment collectivement ça ne s’est pas passé comme on l’aurait souhaité malgré le bel effectif qu’on avait, mais même dans cette saison où j’ai tiré mon épingle du jeu, j’ai appris. J’ai fait des belles performances mais aussi des erreurs, j’ai donc appris de mes erreurs personnelles, du maintien, du stress d’avant-match, de l’envie de ne pas vouloir décevoir nos supporters qui sont là depuis des dizaines d’années pour certains. Vivre le maintien c’est dur mais c’est une expérience avec malheureusement cette descente, donc oui j’en ai tiré beaucoup d’enseignements.

Avec le recul, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné selon toi lors de cette saison 2017-2018 ?
Ce qui nous a plombé c’est le début de saison, notre première victoire c’était à Angers à la 6e journée de championnat et avant ça, ce n’était que des défaites, ça plombe vraiment un championnat. Il y a le contre-exemple parfait parce qu’avec Mayence on a réussi à se maintenir. On avait l’effectif, les joueurs pour, mais on faisait trop d’erreurs individuelles, de concentration, des erreurs trop graves pour espérer se maintenir dans l’élite.

« Philippe Hinschberger ? Humainement, c’était quelqu’un de fantastique. »

Philippe Hinschberger a lancé Moussa Niakhaté en Ligue 1.

Parmi les seuls moments heureux de la saison, il y a eu la victoire (3-0) dans le derby face à Strasbourg. Quels souvenirs gardes-tu de ces matchs ?
Effectivement, il y a eu cette belle victoire dans le derby juste avant les vacances de Noël où on avait à cœur de faire plaisir aux supporters. Ensuite il y a ce match retour (2-2) où je suis dans la polémique (Rires), donc oui ce sont des très gros derby.
Avant d’arriver à Metz, je savais que c’était un derby mais je ne pensais pas que c’était aussi chaud. Il y avait une ambiance particulière et je suis très content de ne pas avoir perdu.

Est-ce que tu peux nous parler de ce penalty que tu obtiens à La Meinau ? Dans mon souvenir, il y avait un petit micmac…
On a un coup-franc excentré donc je monte devant, ensuite il y a un petit cafouillage, je suis au duel avec Bakary Koné et l’arbitre siffle pénalty. Il s’avère qu’en regardant la vidéo après le match, c’est moi qui touche la balle de la main. Mais c’est vrai que dans l’action, ça va très vite.

Au cours de cette saison difficile tu as pu côtoyer Philippe Hinschberger pendant quelques mois, comment décrirais-tu l’homme et l’entraîneur ?
Humainement, c’était quelqu’un de fantastique, d’une telle gentillesse… Moi je n’avais jamais eu un coach comme ça, il était déconneur mais aussi très présent pour ses joueurs, il en prend vraiment soin. Concernant le coaching, il avait une excellente vision du football. C’est vrai qu’à Metz, ça ne marchait pas car on n’arrivait pas à engranger des points, c’est malheureux mais c’est le football. Ca ne veut pas dire que le coach ou les joueurs étaient mauvais. Des fois, il y a des choses qui ne fonctionnent pas et quand ça ne fonctionne pas, le premier visé c’est le coach. Après on n’est pas naïfs, on sait que quand on perd 6 matchs d’affilée ça va arriver donc nous en tant que joueurs on ne peut pas abandonner le navire, on voulait se battre pour lui. On l’a fait mais je n’ai pas l’explication, les résultats n’étaient pas là, c’est difficile.

« Je suis encore les résultats du FC Metz, j’aime beaucoup ce club. »

Moussa Niakhaté face à Nicolas Pépé.

Est-ce que tu suis encore les résultats du FC Metz ? Tu as encore des contacts avec des coéquipiers de l’époque ?
J’ai encore des contacts, notamment Farid (Boulaya), Opa (Nguette). Avec Opa on se parle même tous les jours, et vraiment tous les jours, ce n’est pas une expression. On a été formé ensemble à Valenciennes, c’est un vrai frère ! Donc oui forcément, je suis encore les résultats du FC Metz. J’aime beaucoup ce club, j’ai encore des amis là-bas et j’ai aussi côtoyé Frédéric Antonetti, Matthieu Udol, entres autres…

Je vais te parler d’un joueur qui a beaucoup de points communs avec toi. Pied fort, poste, passé par Valenciennes et Metz, le même nom à une lettre près… Ca te parle ?
Sikou Niakaté ! Il me semble qu’on a été sous les couleurs de Valenciennes une année ou deux, je ne sais plus, peut-être qu’un an. Donc oui je l’ai fréquenté, après, c’est vrai qu’on a trois ans de différence et qu’on était pas au même moment de notre carrière. Quand lui arrive, je suis déjà en pro. Mais c’est vrai que j’ai eu plusieurs fois l’occasion de discuter et rigoler avec lui. C’était une très bonne relation que j’ai eu avec lui. De toute façon, moi, partout où je suis passé j’ai gardé des contacts et il en fait parti. Mais oui c’est assez fou, même poste, etc… Mais non, on n’est pas de la même famille !

Est-ce que t’as été tenté de le chaperonner ?
Quand j’étais jeune, j’ai toujours aimé apprendre des anciens. Quand un ancien me parle d’expérience football, je peux l’écouter des heures parce que je bois ses paroles. C’est de l’apprentissage ! Et quand un joueur plus jeune que moi vient me poser des questions ou quoi que ce soit je lui donne des réponses, je pense qu’il ne faut pas garder pour soi. Et c’est ce que j’ai pu faire parfois, pas toujours mais parfois, avec Sikou. Il est arrivé en U19 à Valenciennes, forcément à cet âge là tu veux juste devenir professionnel et forcément il est venu discuter avec moi. Je suis très accessible donc le feeling est très vite passé entre nous. Et même aujourd’hui on continue à se parler, Sikou c’est un bon gars et un très bon joueur, je lui prédis un très bon avenir.

« La relégation, c’est une très grosse blessure. »

Moussa Niakhaté garde un douloureux souvenir de la relégation du FC Metz en Ligue 2.

Le meilleur souvenir et le pire souvenir de Moussa Niakhaté à Metz ?
Mon meilleur souvenir…. J’ai envie d’en dire deux. Le premier, forcément c’est ma signature, je signe dans un grand club français et c’est un aboutissement. Découvrir la Ligue 1 c’est forcément magnifique. Comme je t’ai dit, je suis un amoureux du foot, donc découvrir aussi des coéquipiers que je connais tous (de nom). Jouffre à Lorient, Cohade à Sainté, Roux quand il était au LOSC – d’ailleurs j’étais aussi au LOSC chez les catégories jeunes – Matthieu (Dossevi), Manu Rivière… Quand j’étais petit je les regardais à la télé donc c’est magnifique. Individuellement je vivais un rêve tous les jours, peu importe qu’on joue contre Guingamp, contre le PSG ou contre Reims sincèrement c’était fou de me retrouver sur les terrains de Ligue 1, passer sur BeIN c’était fou !

Forcément quand on croise le PSG, quand on joue contre Monaco… Contre Monaco c’était d’ailleurs ma première titularisation, contre le champion en titre, c’était quelque chose. J’ai tellement de bons souvenirs je pourrais t’en citer énormément. Après forcément, il y a la victoire dans le derby, mais aussi les belles victoires contre Nice, contre Saint-Étienne, ce sont des moments mémorables. Des bons moments passés dans le vestiaire avec Flo Mollet, Opa, Manu Nolan….Franchement c’était un vrai bon groupe et je suis triste qu’on ne se soit pas maintenu. Et forcément le pire moment c’est lorsqu’on est mathématiquement relégué. C’est une très grosse blessure.

A l’inverse de la France, les stades en Allemagne sont pleins tous les week-ends. Toi qui connais les deux championnats, comment tu l’expliques ?
Je ne sais pas comment l’expliquer… Parce que dire que les allemands sont plus passionnés de foot que les français, ce serait mentir. Les français sont fous de foot, mais c’est vrai qu’ici sur les 18 équipes, il y a 17 nouveaux stades. Certains ont été construits pour la Coupe du Monde 2006 mais aussi vers 2011-2012 comme Mayence. Fribourg aussi a son nouveau stade depuis quatre mois. Je pense que c’est ça qui donne envie aux gens, de voir un football moderne, parce que même en deuxième division, il n’y a que des nouveaux stades.

Je pense qu’il y a ça, et il y a aussi une mentalité allemande, sans faire de comparaison. Les gens sont passionnés, ils n’attendent que ça : le week-end. Ils bossent toute la semaine et leur moment d’évasion c’est au stade, en famille. C’est leur moment du week-end. C’est vraiment quelque chose de familial. Je ne dis pas qu’en France ça ne l’est pas, mais je pense que c’est une des raisons pour lesquelles les stades sont remplis en Allemagne.

« Quand on joue le PSG, c’était la première de l’attaque Cavani – Neymar – Mbappé. »

Moussa Niakhaté au duel avec Kylian Mbappé.

D’ailleurs en parlant de nouveau stade, tu penses quoi de l’évolution de Saint-Symphorien ?
Qu’il y ait des nouveaux stades, des stades modernes, c’est normal parce que le foot change. Mais j’ai toujours préféré quand les stades restent au même endroit. Le fait de détruire tout un stade et de réécrire une histoire, je suis un peu moins fan. Ce que fait le PSG avec le Parc des Princes, ce que Marseille a fait avec le Vélodrome, ce que Metz fait avec Saint-Symphorien pour moi c’est la meilleure chose à faire, c’est ce que je préfère. Tu gardes l’histoire, les gens qui sont venus il y a 50 ans et qui sont encore là, ils ont toute la mémoire de ce qu’il s’est passé, quand Metz était en Ligue des Champions, quand ils ont joué contre Barcelone… Quand tu détruis un stade, tu détruis un peu les souvenirs. Je pense que ce qu’a fait le club est très intelligent.

Quels sont les attaquants qui t’ont donné le plus de mal dans ta carrière, que ce soit en Ligue 1 ou en Bundesliga ?
En Ligue 1, quand on joue le PSG, c’était la première de l’attaque Cavani – Neymar – Mbappé ensemble. C’était quelque chose. Je me souviens aussi de Falcao, c’est un très bon attaquant, pas forcément très physique mais plus dans l’intelligence du placement, pareil pour Cavani. Ajorque aussi n’est pas évident à défendre. En Allemagne, évidemment, il y a Lewandowski. Il n’y a qu’une rencontre où il ne marque pas contre nous. Je ne dis pas qu’il fait ses meilleurs matchs contre nous mais il marquait tout le temps. Un attaquant tu lui demandes de marquer et c’est ce qu’il faisait. Haaland aussi est un attaquant compliqué à manœuvrer.

« L’Allemagne fait confiance aux jeunes ! »

Dayot Upamecano, l’international français du Bayern Munich.

Tu penses quoi des gens qui disent que les défenses en Bundesliga sont moins solides ?
Ce n’est pas une question de défense, c’est une question de façon de jouer et de mentalité. En France, il y a des clubs qui, à la fin du match, ont fait 0-0 et en sont contents. Ils sont restés bloc bas, dans leur surface tout le match et ont pris un point. En Allemagne ce n’est pas possible. Tu as beau être la plus petite équipe qui se déplace à Munich pour jouer le Bayern, ils vont aller presser donc forcément quand tu vas presser face à ces équipes tu t’exposes. Si tu réussis, tu as deux chances sur trois d’avoir une très grosse occasion, par contre derrière si ils arrivent à sortir du pressing il y a des boulevards. Donc tu es plus exposé et tu cours vers ton but.

C’est forcément plus facile de rester bloc bas mais tu auras moins d’occasions. Mais justement, j’apprends encore plus de ce fait. Parce que je suis dans des situations compliquées face à des joueurs rapides, face à des joueurs puissants, parfois en 3 contre 4… C’est toi qui es au centre des défenseurs, c’est toi qui dois trouver des solutions pour ne pas encaisser. Forcément, le fait d’être dans le dur dans des situations compliquées en match dans une intensité folle comme il y a en Bundesliga, ça te fait apprendre et tu te développes beaucoup plus vite.

C’est pour ça que beaucoup de défenseurs de Bundesliga signent au Bayern ou à Dortmund, d’autres signent en Premier League et dans des tops clubs anglais. Je prends l’exemple d’Upamecano, qui est à Valenciennes, qui signe à Salzburg après Leipzig pour finir au Bayern aujourd’hui. Ibrahima Konaté qui commence à Sochaux, va à Leipzig et est à Liverpool aujourd’hui. Et je peux t’en donner beaucoup des exemples comme ça. Cela prouve qu’en Allemagne quand t’arrives à répondre à ces situations compliquées, forcément tu vas taper dans l’œil.

La Bundesliga est le nouvel El Dorado des jeunes joueurs français en recherche de temps de jeu, qu’est-ce qu’il y a de si bien en Allemagne ?
La confiance ! L’Allemagne fait confiance aux jeunes. Quand j’ai été relégué avec Metz, de très bons clubs français ont manifesté leur intérêt pour moi. Une fois le mercato arrivé, ce ne sont pas les clubs français qui ont mis les offres sur la table ! Ce sont les clubs anglais et les clubs allemands. En France quand les clubs peuvent choisir entre un français et un étranger, brésilien par exemple, et bien ils prennent le brésilien qui n’a même pas l’expérience du championnat français. Forcément les allemands sautent sur l’occasion pour récupérer des jeunes français qui ont été bons en Ligue 1. Ils savent que l’on va faire des erreurs mais ils nous font confiance pour continuer à nous développer parce qu’ils ont vu notre potentiel.

« Je suis le capitaine de Mainz, j’ai d’autant plus de responsabilités »

Moussa Niakhaté, brassard au bras, face à Francfort.

Si tu devais quitter Mainz, souhaiterais-tu retourner jouer en France un jour ?
Sincèrement je n’y ai jamais réfléchi mais pourquoi pas. Je ne me pose pas ces questions car mon état d’esprit c’est de faire la plus belle carrière possible, d’aller au bout de mon potentiel. Je veux finir ma carrière sans regrets. Si mon potentiel m’amène à aller jusqu’à tel club, je me dois d’y aller. Si c’est Mayence et que je suis à mon maximum, c’est comme ça. J’accepterai où va mon potentiel mais je n’accepterai pas de ne pas aller au bout.

Tu auras peut-être ta statue devant le stade de Mainz si tu fais 10 ans là-bas…
(Rires) Peut-être, on verra. Je ne pense vraiment pas à l’avenir. Je pense à aujourd’hui, donner le maximum pour ce club. J’en suis le capitaine, j’ai d’autant plus de responsabilités. J’ai envie qu’on fasse la meilleure saison possible, pour l’instant cela se passe bien… Pour les mercatos on verra les étés prochains.

Tu fais des prestations solides en club, tu as 25 ans… Est-ce que tu penses aux sélections nationales ? Il me semble que tu peux jouer avec la France ou le Sénégal…
Oui et non. Je me suis posé la question car forcément dans ces situations on se la pose. Mais mon choix, pour le coup il est très simple, c’est le choix du cœur. Je ne réfléchis pas en terme de concurrence où je ne sais quoi, c’est le cœur qui prime. Je suis franco-sénégalais. Mes parents sont sénégalais, nés au Sénégal. La première fois que je suis parti au Sénégal, j’avais 6 mois, j’y suis allé tous les étés. Je connais autant le Sénégal que la France, je suis vraiment entre les deux.

« Je connais autant le Sénégal que la France »

Le Sénégal, une sélection que Moussa Niakhaté suit avec attention.

Je suppose que tu suis assidument le parcours du Sénégal à la CAN. On a malheureusement vu des choses assez invraisemblables qui ternissent l’image de la compétition…
J’essaye de regarder un maximum la compétition, et tous les matchs du Sénégal bien sûr. Malheureusement, il s’est passé beaucoup de choses rocambolesques depuis le début de la compétition. Cela entache l’image du football africain. Ce qui me déplait néanmoins, c’est qu’il se passe aussi des choses bizarres sur d’autres continents. Mais on va moins en parler parce qu’on a plus facilement tendance à se moquer de l’Afrique.

J’en parle aisément car pas plus tard qu’hier je disais à des amis qu’au Brésil, un supporter était entré sur le terrain pour tenter de poignarder un joueur. Mes amis n’étaient pas au courant ! Imagine si ça s’était passé à la CAN… Malheureusement il se passe des choses partout, il n’y a qu’à voir les tirages au sort de la Ligue des Champions il y a quelques mois. On a oublié tout ça. Mais toutes ces erreurs qui entachent le football africain, il faut travailler pour ne pas les reproduire. Sans pour autant en faire tout un plat comme si ailleurs il n’y avait jamais d’erreurs.

On a vu une aberration chez nous pas plus tard que lors du dernier Metz-Nice, où le joueur niçois fait une « Ravanelli » et l’arbitre a désigné le point de penalty… Tu en subis beaucoup des erreurs comme ça avec Mainz ?
Oui avec Pajot… Sincèrement ça va, on n’a pas à se plaindre. Parfois à la télé j’en vois des énormes, je n’aimerais pas être sur le terrain et les subir. C’est dur d’être arbitre par contre, tu as constamment 22 joueurs qui te mettent la pression. Mais si on a mis la vidéo et tous ces outils, c’est pour ne plus faire face à ce genre de choses. Je n’ai pas l’impression que depuis 4 ans, les polémiques aient diminué. C’est problématique, j’espère que cela va se résoudre. Je souhaite bien du courage aux arbitres.

« Quand on n’arrive pas à éviter les erreurs avec la vidéo, c’est encore pire. »

On a même l’impression qu’avec la VAR, les polémiques sont encore plus vives…
Par rapport aux équipes qui sont sur le terrain, ça va toujours alimenter la polémique. Quand une équipe du haut de tableau joue une équipe qui se bat pour le maintien, l’équipe qui joue le maintien va se sentir lésée. On voulait stopper les erreurs avec la vidéo, mais quand on n’arrive pas à les éviter avec cet outil, c’est encore pire. Le football ça ne doit pas être la polémique, c’est surtout les moments de joie, de malheur… C’est toujours plus dur de perdre sur une erreur.

On parlait de la CAN tout à l’heure. En 2019, elle s’était tenue en été. Les circonstances ont fait qu’aujourd’hui, elle est revenue en hiver. Tu penses quoi de cette programmation pendant les championnats ?
C’est vrai que c’est étrange, même si on a grandi avec la Coupe d’Afrique en décembre-janvier. Si tu poses la question aux coachs, ils détestent. Des clubs perdent un tiers de leur effectif. Derrière tu recrutes ? Mais quand les joueurs reviennent il y a embouteillage… C’est compliqué ! C’est comme la prochaine Coupe du Monde, elle aura lieu en hiver et ce sera étrange. Je préfère que les compétitions internationales soient en fin de saison.

D’autant que ça peut jouer en défaveur des joueurs africains vis-à-vis des clubs d’avoir la CAN programmée en janvier…
C’est vrai que c’est une réflexion qui vient dans la tête des clubs. Quand à l’été tu as le choix entre deux joueurs et que tu sais qu’il y en a un qui va s’absenter pendant un mois voire un mois et demi, ça peut jouer en sa défaveur. C’est peut-être aussi l’identité de la Coupe d’Afrique de jouer à ce moment-là. Mais ce n’est pas ma parole qui va changer quoi que ce soit (Sourire).

« Porter le maillot bleu ? C’est forcément un honneur. »

Moussa Niakhaté a défendu les couleurs de la France avec les Espoirs.

Tu as été international Espoirs français, j’imagine que ça devait être une sacrée fierté de porter le maillot bleu ?
C’est forcément un honneur. Quand tu es sélectionné, tu fais partie des meilleurs joueurs de ton âge, de ta catégorie. Ca prouve que tu travailles bien. D’autant que les Espoirs français, je les ai découverts avec Metz. Je faisais de bonnes performances et quand tu en es récompensé, tu es forcément très content.

Il me semble même que tu as été capitaine des Espoirs ?
Vice-capitaine ! Je l’ai été pendant quelques rencontres, le capitaine numéro 1 c’était Lucas Tousart. C’est un honneur. Ca prouve que tu as une importance dans un effectif, que le coach te fait confiance… Ca prouve aussi que ton caractère est bon, que tu peux entraîner tout un groupe avec toi. Je pense que c’est très important dans une carrière de joueur.

Tu as toujours eu cette âme de leader ?
Ah oui, on me l’a toujours dit, même tout petit ! Quand je n’ai pas été gardé après mes 8 ans au LOSC, ils m’ont dit que je n’étais pas assez bon mais que j’avais des qualités de leader qu’ils avaient rarement vues chez un jeune. On me l’a dit partout où je suis passé.

Comment ça s’est passé pour toi après ton départ du LOSC ?
Je suis arrivé à Lille à 7 ans et j’en suis parti à 15 ans. Cela a été dur forcément. Pour retrouver un club professionnel tout de suite, c’est compliqué, surtout à cet âge là. Je suis passé par Wasquehal pendant un an. C’est là où beaucoup de joueurs se perdent en redescendant en amateur, ils ne retrouvent plus leurs repères. Moi justement j’ai pris ça en mode « Ah ! Lille ne me fait pas confiance, je veux leur montrer que je veux devenir footballeur professionnel ! Je vais tout mettre en œuvre pour le devenir, même s’il faut descendre d’un cran pour mieux rebondir. »

J’ai ensuite signé à Boulogne-sur-Mer en National, pour un an. Puis à Valenciennes à 17-18 ans. Je retrouve le monde pro mais je me bats pour gravir les échelons à Valenciennes et devenir professionnel.

« Opa Nguette, je lui parle tous les jours. »

Crédit photo : Matthieu Henkinet/LGM

En dehors du terrain, quelles sont les passions de Moussa Niakhaté ?
J’aimerais sortir du football mais quand j’ai un jour libre, je ne peux pas m’empêcher de regarder des matchs de foot. Les gens autour de moi s’en plaignent un peu même (Sourire). Je suis quelqu’un de très famille aussi, je les appelle assez souvent pour continuer à être proche malgré la distance. Je joue à la play de temps en temps. Mais aussi je parle à mes amis, Opa Nguette je lui parle tous les jours. J’essaye de garder le fil conducteur de ma vie en restant proche des gens qui me sont chers. C’est vraiment ça mon essence de vie.

Est-ce que Opa Nguette t’oblige à regarder Naruto ?
Je lui ai toujours dit « je suis pas dans tes délires là ! » (Rires). Il est comme ça depuis qu’il a 18 ans. Aujourd’hui il a 27 ans et c’est toujours un fou de mangas. Il a essayé de me chauffer deux fois « Moussa regarde ça, c’est lourd de ouf ! »… (Hochement de tête) C’est pas mon délire.

Tu arrives à apprécier le foot en simple spectateur ou le joueur revient toujours au galop quand tu regardes un match ?
Un peu des deux. Parfois je regarde un match car je sais qu’il va être attractif. Mais c’est involontaire, comme je veux apprendre de tout le monde, je regarde tous les mouvements des défenseurs centraux. Quand je vois des erreurs, je sais à quoi le défenseur central a pensé quand il a fait son geste. Je profite de son erreur pour me dire « je sais que tu vas penser ça mais c’est une mauvaise pensée, fais plutôt ça ». J’aimerais regarder seulement en mode spectateur mais je n’y arrive pas (Sourire).

Pour déconnecter, c’est quoi les séries de Moussa Niakhaté en ce moment ?
J’ai commencé la série sur Neymar. Je suis en train de finir Breaking Bad. J’aime bien les documentaires criminels aussi. C’est intéressant de voir comment une éducation est importante, comment une personne en vient à avoir des pensées aussi sombres… Souvent il y a une explication, c’est le fil conducteur du documentaire qui m’intéresse.

« Aller au bout de mon potentiel »

Moussa Niakhaté aux prises avec Thomas Müller.

Rassure-moi, on ne te force pas à regarder des séries en allemand dans le vestiaire ?
(Sourire) On parle suffisamment allemand au foot pour être tranquille à la maison ! Pour être plus sérieux, il y a beaucoup d’étrangers dans l’équipe. Donc forcément on parle allemand mais aussi anglais. J’ai énormément progressé en anglais grâce à mon passage ici.

Tu parles bien allemand ? Les bases de la communication foot j’imagine ?
Sur le terrain je parle allemand. Au vestiaire, je parle plus anglais comme je le disais. Je comprends très bien l’allemand. Pour m’exprimer ça va, je fais encore beaucoup d’erreurs mais je me fais comprendre, c’est le principal. Mais quand je veux vraiment bien m’exprimer avec quelqu’un, je privilégie l’anglais.

Tu as réussi à apprendre quelques bribes de français à tes coéquipiers ?
Parfois je parle involontairement français sur le terrain. « Bien joué mon gars ! Allez allez ! ». Dans le feu de l’action, tout ne se connecte pas forcément. Certains commencent un peu à comprendre le français ici (Sourire).

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite de ta saison et de ta carrière Moussa ?
Être privé des blessures, ce sont des choses horribles qui mettent un frein au football. Une bonne santé évidemment. Sur le côté sportif, faire une bonne fin de saison et être le plus haut possible au classement. A titre personnel, faire une très belle deuxième partie de saison. Faire une très belle carrière et aller au bout de mon potentiel !

Crédit photo : Icon Sport

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