Morgane Belkhiter : « Quand tu es une fille, tu dois toujours montrer plus ! »

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De l’ES Pennoise où elle a fait ses premières armes, à la sélection nationale Algérienne, Morgane Belkhiter jouit déjà d’une belle expérience. A tout juste 25 ans, la native de La Ciotat revient pour nous sur sa carrière, sur son arrivée en Moselle et sur cette saison un peu particulière au FC Metz.

Comment tu en es venue à jouer au football ?
J’ai grandi dans un quartier à Marseille où tout le monde joue au football. Je restais beaucoup avec les garçons parce que depuis toute petite je suis un garçon manqué (rires). On avait un terrain à l’école primaire et c’est comme ça que j’ai commencé ! Ça n’a pas toujours été facile car quand tu es une fille, tu dois toujours montrer plus malheureusement pour te faire accepter, parce que tu as toujours des garçons qui critiquent le fait qu’il y ait une fille, mais j’ai réussi sans trop de problèmes.

Tu comptes une dizaine de sélections avec l’Algérie, j’imagine que c’est un objectif et une fierté de jouer pour le pays de tes origines ?
Oui c’est une fierté, quand j’ai accepté de jouer pour l’Algérie toute ma famille était contente, en particulier mon père et mon oncle. J’ai beaucoup de famille en Algérie, malheureusement je ne la connais pas beaucoup, je n’ai jamais eu l’opportunité d’y aller mais je suis très fière de porter ces couleurs et ce maillot.

Qu’est-ce qu’il manque justement à cette équipe pour franchir un cap ?
En Algérie, le football féminin n’est pas aussi développé qu’en France ou en Europe, mais maintenant que nous sommes beaucoup de binationaux, cela ouvre des portes à certaines filles et d’ici quelques années à mon avis l’Algérie peut faire de grandes choses !

Tu as fait toute ta carrière dans des équipes du Sud de la France avant de rejoindre le FC Metz en 2018, comment s’est déroulé ton intégration avec tes coéquipières et avec le climat de l’Est ?
Avec les coéquipières ça s’est super bien passé, en revanche, honnêtement… J’ai eu du mal avec les températures, surtout que je suis arrivée en janvier, en plein hiver, il faisait extrêmement froid, je n’avais pas l’habitude de ce climat là et j’ai eu du mal à m’adapter pour être honnête. Mais à présent je suis habituée, je suis devenue une nordiste, c’est comme ça qu’on m’appelle dans le Sud maintenant (rires).

Un petit mot sur ta coach Jessica Silva ? Hélène Fercocq nous confiait récemment que c’était la meilleure coach qu’elle avait eue.
Jessica ? Elle ajoute une touche canadienne à notre équipe en particulier au niveau athlétique, parce que je pense qu’en France on n’est pas habitué à courir autant ! Tactiquement c’est vraiment une super coach, elle fait énormément progresser l’équipe. Son arrivée a changé le visage du groupe, elle a donné du caractère et de l’envie aux filles.

On sent cette année qu’il y a une réelle osmose entre vous, avec qui tu t’entends le mieux sur et en dehors du terrain ?
Autour de moi, sur le terrain je joue souvent avec Marie Levasseur, Clara Petitjean ou Justine Rougemont mais tu peux me mettre Pierre, Paul ou Jacques dans l’axe ou sur mon côté, ça marchera toujours (rires). En dehors du terrain je suis très proche de Kelly Kone, Laurine Pinot, Orane Schmeller, Clara Petitjean, Océane Picard, mais de toute façon, il y a une bonne ambiance avec tout le monde !

Morgane avec Océane Picard


En tant que joueuse expérimentée, est-ce que tu t’adresses aux plus jeunes au quotidien pour les donner des conseils ou est-ce que tu laisses ce rôle à la capitaine ?
Effectivement comparé à l’an passé, cette année le groupe est assez jeune, et je fais partie des plus « vieilles ». C’est la première fois et mon rôle a un peu changé, c’est vrai qu’il y a des plus jeunes et j’essaie de les conseiller, de les aider, de les encourager, leur expliquer qu’il ne faut pas lâcher car dans une carrière il y a toujours des trous noirs. C’est un rôle qui m’est venu naturellement, j’adore parler, conseiller, et j’essaie d’apporter un côté « grinta » à cette équipe.

A l’intersaison vous avez affronté deux équipes masculines de U15 (1 large victoire et une courte défaite) en quoi ces matchs sont importants, est-ce pour l’impact physique ?
Pour avoir débuter avec les garçons, je peux dire que le jeu est beaucoup plus rapide à tous les niveaux. Il y a plus d’impact, donc même si l’on est une équipe de D2 jouant contre des U15, il y a toujours cette différence, les garçons sont plus développés que nous sur le plan athlétique et jouer contre eux nous aide beaucoup, même si c’est parfois difficile.

Comment vous gérez l’arrêt de la compétition pendant ce deuxième confinement ?
C’est dur parce qu’on avait enchaîné deux victoires. On n’a eu que quinze jours d’arrêts et avons eu la chance de pouvoir reprendre les entraînements collectifs, heureusement car s’entraîner seul à côté c’est très difficile, la motivation n’est pas la même. Retravailler avec toute l’équipe nous fait du bien, on commence à reprendre le rythme, on s’entraîne tous les jours et on hâte de reprendre la compétition.

On sait que s’entraîner pour ne pas jouer c’est frustrant, comment vous faîtes pour combler ce manque de compétition ?
S’entraîner sans avoir cette pression du match, ce petit truc en plus qu’apporte la compétition, c’est difficile, mais il faut l’accepter. Alors on fait des matchs en interne entre nous, le week-end, Jessica Silva nous met dans les conditions réelles avec la causerie, vestiaires séparés.

Et la suite de la saison, vous allez l’aborder comment ? C’est un peu comme une nouvelle saison j’imagine ?
Vu la coupure, c’est une nouvelle saison, on va repartir de zéro, avec les mêmes objectifs. On prendra match par match et on verra la suite.

Les matchs risquent d’être plus rapprochés, est-ce que tu appréhendes cela ?
Cela va pas être facile car si on joue deux matchs par semaine, d’un côté c’est bien car c’est pour cela qu’on joue au foot, mais de l’autre il va falloir éviter les blessures, gérer la fatigue. Et là ce sera à nous d’être pro.

Quels sont tes objectifs personnels et collectifs pour la suite de la saison 
Individuellement, je veux être là pour l’équipe et retrouver ma place de titulaire. Et bien entendu collectivement, j’espère qu’à la fin de la saison on sera dans les premières.

Questions plus légères, la musique de vestiaires avant le match ?
Pour l’équipe y a un peu de tout, même du portugais, mais pour ma part avant les matchs j’écoute… Céline Dion, Lara Fabian, ou même Francis Cabrel parce que j’aime bien être au calme (rires) !

Ta chanson de bizutage ?
J’ai dû chanter « Djadja » Aya Nakamura…

Tu préfères les températures fraîches de la Lorraine ou le soleil estival de l’Algérie ?
Le soleil estival de l’Algérie. Ici il n’y a pas de soleil (rires) !

A ton poste tu préfères quand ton équipe à la possession ou quand vous évoluez en contre ?
A choisir je dirais quand on a la possession, parce qu’en tant que latérale on est plus utile, on monte beaucoup plus.

A quand ton premier but avec Metz ?
J’espère bientôt… J’ai juste marqué en coupe de Lorraine mais ça ne compte pas, et j’aimerais bien marquer !

C’est sans doute un peu prématuré mais est-ce que Morgane Belkhiter sera messine l’an prochain ?
Peut-être… On ne sait pas de quoi demain sera fait, je vis au jour le jour, donc on verra bien (rires) !

Un petit mot sur l’équipe première ?
Je vais au stade quand on a le droit d’y aller, je les suis sur les réseaux sociaux, ils font une bonne première partie de saison, d’ailleurs je pense que ça étonne pas mal de monde. J’espère vraiment qu’ils vont continuer sur cette voie là.


Propos recueillis par Gérald Russello – Crédit photos : Julien Buret

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