114 Dans un contexte particulier, Metz Handball disputait sa 11ème rencontre en 6 semaines, ce mercredi. Face aux Messines, une équipe nantaise qui avait à coeur de se qualifier pour la première 1/2 finale de leur histoire. Mais Metz n’avait pas la volonté de laisser filer son titre et, malgré quelques errements, le champion en titre poursuit son aventure en Coupe de France en s’imposant sur le score de 30 à 23. Les Dragonnes ne restent jamais bien souvent sur une défaite. Battues d’un petit point par Esbjerg, il fallait évidemment ne pas tergiverser pour se concentrer rapidement sur une nouvelle compétition. Malheureusement, cette rencontre s’est déroulée devant 900 spectateurs : une conséquence des nouvelles règlementations sanitaires. Face à un adversaire qui était parvenu à imposer son rythme dans les Arènes en fin d’année, cela pouvait être très critique. Surtout pour une équipe privée de Ivana Kapitanovic, touchée à l’épaule dernièrement. Première mi-temps Les Jaunes et Bleues débutent la rencontre en attaque avec Marion Maubon et Ailly Luciano sur les ailes, Grace Zaadi sur la base arrière gauche, Méline Nocandy à la mène, Louise Burgaard, Astride N’Gouan et Tea Pijevic dans les buts. Très vite, l’internationale danoise trouve un espace pour armer son bras vers les buts adverses mais la balle croise le chemin du poteau. L’occasion pour Nantes d’ouvrir la marque sur montée de balle rapide avec Paule Baudouin qui s’aventure dans les 6m messins. L’ancienne messine connait le même sort que Louise Burgaard et laisse une chance à Metz de prendre les devants. Pendant plus d’une minute aucune joueuse de champs ne parvient à trouver sa cible et… c’est une gardienne qui permet à la rencontre de réellement démarrer. Tea Pijevic, patiente sur sa ligne, ouvre son compteur personnel depuis sa zone après avoir tranquillement capté le ballon. S’en suit un intense mano-à-mano mais aucune attaque ne s’enchaine avec fluidité alors que Nantes est bien décidé à destabiliser les plans défensifs des Messines avec son perpétuel jeu à 7. Malgré une défense inflexible, les phases offensives restent fébriles et permettent aux joueuses de Allan Heine de recoller au score avant de mener sur un jet de 7m de Baudouin qui trompe de peu une Tea Pijevic, bien en place sur la trajectoire du ballon (4-5, 7’53). Piquées au vif avec une dynamique insolente retrouvée dans les jambes, Grace Zaadi et son équipe ne tardent pas à répondre coup sur coup aux tentatives nantaises. Ces buts et les parades de la gardienne Croate transforment soudainement les Championnes de France qui retrouvent enfin une agressivité sans faille en poste 3 et 2. En échec au tir sur plusieurs fins de possession de balle, Grace Zaadi conduit cependant ses coéquipières en entrainant le ballon vers l’avant dans un jeu complètement collectif qui permet à toutes les joueuses de s’exprimer. Emportées par une ambiance de salle très tumultueuse, les joueuses locales ne baissent plus leur garde. Les adversaires d’un soir se punissent par leur propre activité offensive maladroite qui ne cesse d’avantager les joueuses de Emmanuel Mayonnade. Pendant près de 10 minutes, ces dernières vont s’amuser avec leur spécificité favorite pour user les visiteuses en lisant parfaitement des enclenchements trop prévisibles. Privées à plusieurs reprises de leur gardienne polonaise Adrianna Placzek à cause d’une stratégie tactique nébuleuse, les ligériennes se voient infliger un dramatique 8-0 (14-8, 19’14). Durant les 10 dernières minutes de la première période, les Lorraines ne cessent de montrer leur ascendant pour préserver un écart de 5 buts minimum. Séduisante en début de rencontre, l’équipe de Nantes n’est plus que l’ombre d’elle-même et semble impuissante face aux envolées lyriques d’un groupe messin intraitable ce soir. D’ailleurs, dans les derniers instants, la troupe de Heine a subi la fulgurance et le coup de génie de Méline Nocandy. La jeune internationale française se permet de gagner un duel au 6m face à Catherine Gabriel de manière complètement déséquilibrée après avoir manqué sa contre-attaque, bloquée par deux défenseures. Les deux collectifs rejoignent les vestiaires avec un score de 17 à 12 à la pause malgré une dernière tentative nantaise sur le buzzer. Seconde mi-temps Le duel reprend sur le parquet du Complexe Saint-Symphorien et la prometteuse Orlane Ahanda permet à Nantes de revenir à 4 unités de Metz. Plus acérées depuis le début de la seconde période, les Nantaises provoquent des déchets offensifs et fautes défensives. Les ailières messines ne trouvent aucune solution face à une Catherine Gabriel bien décidée à fermer boutique. Pendant 6 longues minutes un faux rythme s’installe avec des refus de jeu nantais seulement pénalisés par leur manque d’adresse. Barbosa et ses coéquipières attirent les joueuses locales dans leurs mouvements mais une pluie de tirs atterrit sur les gardiennes de chaque camps. Les trop nombreuses précipitations messines ne permettent pas de trouver les solutions pour faire d’avantage plier l’adversaire. C’est Louise Burgaard qui viendra remettre son équipe en ordre de marche avec son décalage ambitieux pour s’offrir une opportunité de tir (18-14, 5’50’). Dès lors, le niveau de l’équipe recevante monte de nouveau d’un cran malgré des déchets techniques encore présents et outrepassent les décisions arbitrales quelques peu étonnantes. Depuis son banc, Emmanuel Mayonnade poursuit sa tactique clairvoyante pour sa charnière centrale (N’Gouan/Smits – N’Gouan/Kanor) comme en attaque avec la belle rotation voire les décisions complémentaires de Zaadi et Nocandy qui apportent dynamisme et vitesse à la circulation de balle. Porté par Louise Burgaard et Téa Pijevic stratosphériques et appliquées, le rouleau compresseur continue sur sa lancée et étouffe ses concurrentes à tel point que la vice-championne du monde espagnole Alexandrina Barbosa n’arrive pas à exister, elle qui avait tant fait mal aux gardiennes messines lors du match d’ouverture. L’intensité imposée par le Metz Handball lui permet d’atteindre 8 buts d’écart à 7 minutes du terme. Le club parait très proche de sa 14ème demi-finale de Coupe de France en 18 ans. Malgré tout, une persévérance sans commune mesure pousse le Nantes Atlantique à se battre jusqu’au bout en dépit de cette différence de niveau présente ce mercredi. Allan Heine tente le tout pour le tout en lançant une défense homme à homme pour annihiler le surnombre créer par les porteuses de balle et rendre la qualité de course des attaquantes inadaptée. Mais les Messines temporisent le money-time, la défense ne s’oriente pas suffisamment sur le ballon et subit la vitesse d’exécution de Xenia Smits qui trouve l’intervalle externe pour inscrire son 2ème but de la soirée. Dans les deux dernières secondes, Marie-Hélène Sajka vient conclure une soirée prodigieuse. Dans son marathon effréné, Metz Handball n’a perdu des plumes qu’à 4 reprises après une défaite très anecdotique, dimanche dernier. Un bilan que bon nombre d’effectifs aimeraient posséder. Incontrôlables, les Messines ont mis toute la détermination nécessaire pour ne pas céder sous la pression des Nantaises. Les errances n’empiètent pas sur la belle prestation effectuée devant les 900 spectateurs qui ont pu célébrer cette nouvelle qualification avec fierté. Une deuxième place à égalité de points avec Brest en championnat, un 1/4 de finale européen abordable et un pas de plus vers Aix-en-Provence, la saison est loin d’être finie sur les bords de la Moselle. La joueuse du match : Tea Pijevic Arrivée in-extremis en janvier dernier pour sauver la seconde partie de saison du club à la mirabelle, Tea Pijevic prouve au fil des jours qu’elle est un joker de luxe. Plutôt connue pour ses parades impériales et atypiques sur jets de 7m, la portière croate a su parfaitement revêtir la tunique de la gardienne numéro 1 face à l’une des meilleures équipes françaises du moment qui n’a su perturber son calme olympien. En l’absence de sa compatriote mise au repos pour 3 semaines, Tea s’est illustrée à 12 reprises pour 34 tirs dont 7 tirs sur 20 aux 6m ! Un ratio honorable quand on connait les difficultés rencontrées par les gardiennes à cette distance de tir. Ses innombrables pastis ont souvent permis à ses partenaires de repartir proprement vers l’avant grâce à la précision de ses passes. Mais s’il fallait ajouter un argument pour complimenter sa performance de haute volée, il faudrait dire qu’elle a été l’un des éléments offensifs les plus dangereux de l’équipe (3 buts). La dernier rempart s’est même offert le prestige d’ouvrir les compteurs de cette rencontre avec un tir somptueux dans l’axe. Sa très grande forme rassure pour les échéances à venir. Les statistiques de la rencontre Metz Handball Laura Portes (0 parade sur 1 tir), Tea Pijevic (12/34 ; 3 buts sur 3 tentatives). Grace Zaadi (4 buts en 7 tentatives), Laura Flippes (0/4), Astride N’Gouan (4/5), Méline Nocandy (3/5), Orlane Kanor (1/4), Louise Burgaard (6/9), Xenia Smits (2/2), Martine Smeets (0/1), Marie-Hélène Sajka (3/7), Marion Maubon (2/3), Jurswailly Luciano (2/3), Olga Perederiy (0/1). Nantes Atlantique Handball Adrianna Placzek (1 parade sur 10 tirs), Catherine Gabriel (10/24). Manon Loquay (2 buts en 3 tentatives), Léa Lignières (2/6), Emilie Bellec (3/4), Paule Baudouin (3/6), Blandine Dancette (1/3), Stine Bodholt Nielsen (1/2), Charlotte Kieffer, Orlane Ahanda (3/7), Gordana Mitrovic (3/6), Beatriz Escribano (1/2), Lotte Grigel (2/7), Alexandrina Barbosa (2/5). Crédit photo : Matthieu Henkinet