541 Après une première partie de saison conclue par une 3e place de Ligue 2 BKT, Matthieu Udol s’est confié à Let’s Go Metz. Le capitaine revient sur la phase aller des Grenats, son nouveau rôle et son parcours semé d’embûches, qu’il a toujours réussi à surmonter. Entretien. Matthieu Udol, quel bilan tirer de la première partie de saison, conclue à la 3e place de Ligue 2 BKT ?C’est un début de saison assez particulier avec différentes phases. Il y a eu cette intersaison qui n’était pas forcément simple avec un changement de staff, beaucoup de départs et des retours de prêt. Ça voulait dire qu’il y avait un nouvel effectif à construire et une nouvelle façon de jouer à mettre en place. La préparation et le début de saison étaient satisfaisants d’un point de vue du jeu. On a connu ensuite quelques galères dues au mercato et à certains matchs qui ne se sont pas déroulés comme on le souhaitait (Laval, Guingamp). Ça nous a mis dans une situation compliquée mentalement et collectivement. Les suspensions nous ont fait mal, mais on a su faire le dos rond et redresser la barre pour terminer cette première partie de saison à deux points de la seconde place. Pensez-vous que le match dramatique contre Guingamp vous a fait grandir ?Je pense qu’avec tous ces événements, on a forcément dû se remettre en question. Après Guingamp, on a traversé quelques matchs avec des mauvais résultats et le classement qui ont remis en cause les ambitions que l’on pouvait avoir. Avant la Coupe du Monde, on a eu deux résultats positifs qui nous ont remis dans le bon sens. Ensuite, la pause et la reprise ont été bonnes. Je pense que l’on a pris en maturité, il faut se rappeler que nous sommes une équipe qui a peu évolué ensemble avec les retours de prêt. Nous avons un effectif jeune qui manque d’expérience. On s’est remis dans le bon chemin mais il va falloir garder cette énergie, ainsi que le jeu mis en place depuis la reprise. Pouvez-vous nous raconter quel type de coach est Laszlo Boloni ? Il a la réputation de faire travailler durement ses équipes…Je ne sais pas comment il était avant mais à Metz ce n’est pas spécialement quelqu’un de dur. C’est quelqu’un qui arrive très bien à instaurer un climat positif avec les joueurs, avec beaucoup de dialogue et de relationnel. Il a rapidement su mettre à l’aise tout le monde et instaurer une bonne ambiance générale. On a appris à le connaître au fur et à mesure et il a réussi à mettre ses idées en place. Cela se passe très bien pour le moment et on espère que ça va continuer. Matthieu Udol : « J’aime parler sur le terrain » Le grand entretien de Matthieu Udol A titre personnel, vous faites une de vos meilleures saisons au FC Metz, comment l’expliquer ?Déjà, il a fallu que je revienne de ma blessure de l’an dernier. L’enchaînement des matchs est une bonne chose pour moi, pour retrouver le niveau. J’ai le rôle de capitaine cette saison et je me dois, avec un effectif jeune, de montrer au maximum l’exemple. De montrer qu’il faut être régulier si on veut jouer les premiers rôles. J’ai un devoir d’exemplarité sur le terrain et en dehors, je dois essayer d’entraîner le maximum de joueurs avec moi. Je prends ce rôle très à cœur et pour le moment, ça se passe plutôt bien pour moi. Etes-vous un capitaine qui aime prendre la parole dans le vestiaire ?Dans le vestiaire pas forcément, je le fais beaucoup plus sur le terrain. J’aime parler, encourager et guider certains de mes coéquipiers quand il y a besoin. C’est quelque chose que je fais naturellement, je le faisais aussi en équipe de jeunes. Ce rôle me permet aussi de discuter souvent avec le coach. Vous en êtes déjà à trois buts cette saison ! A quand le repositionnement en attaque ?(Rires) On a des joueurs pour ça devant, mais après si je peux apporter un plus de ce côté-là c’est bien. Ce n’est pas mon objectif de mettre 15 buts dans une saison mais ça fait gagner des points. J’aime bien apporter offensivement, marquer des buts c’est toujours un plaisir, surtout à domicile, donc si je peux continuer d’en mettre, j’en mettrai. Mais j’aimerais aussi faire un peu plus de passes décisives pour les collègues. Vous avez subi de nombreuses blessures ces dernières années, comment faites-vous pour garder ce mental de guerrier ?Je suis passé par plusieurs phases mais c’est vrai que dès que je me faisais opérer, je me mettais en tête que j’allais tout faire pour revenir. Je savais que ça n’allait pas être simple de retrouver mon niveau, je sentais d’ailleurs sur mes premiers matchs que ça allait être compliqué. C’est une mentalité que j’ai toujours eue, de ne rien lâcher, de travailler dur et de décevoir le moins de monde possible, y compris moi-même. Je voulais aussi rendre la pareille au club qui m’a toujours fait confiance et qui a toujours été derrière moi. Aujourd’hui, je donne mon maximum ! On imagine que cette confiance mutuelle explique en partie votre attachement avec le FC Metz ?Au-delà de mes blessures et du soutien qu’ils ont eu envers moi, Metz c’est mon club de cœur ! Je suis d’ici, j’ai fait toutes mes classes depuis que j’ai 10 ans donc forcément l’attachement est là. Matthieu Udol : « Metz c’est mon club de cœur » Matthieu Udol et ses coéquipiers saluant le public Les joueurs d’un club sont devenus une exception. Aimeriez-vous faire toute votre carrière au FC Metz ?(Sourire) Ça ne me déplairait pas. Tant que mes objectifs personnels sont les mêmes que ceux du club, il n’y a pas de raison d’aller voir ailleurs. On verra ce que donne la suite, si le club veut encore de moi. En tout cas, ce n’est pas une chose qui me déplairait, c’est déjà ma 8e saison en professionnel donc pourquoi pas continuer… Vous êtes un enfant du FC Metz, que vous avez rejoint à l’âge de 10 ans. Comment avez-vous grandi avec ce club ? Je jouais au SC Marly étant plus jeune, j’ai été suivi et invité à plusieurs tournois en poussin. Mon père ne voulait pas que j’aille trop tôt au FC Metz mais malgré tout ça, je suis quand même arrivé ici très tôt (Rires). Je suis rentré au club au moment de mon entrée au collège de l’Arsenal en 6e, et ensuite tout s’est enchaîné jusqu’à aujourd’hui. Cette saison on assiste un petit retour en force de la formation du FC Metz, on suppose que vous voyez ça d’un bon œil ?Oui forcément puisqu’à mes débuts, j’ai connu les Yeni Ngbakoto, Bouna Sarr, Gaëtan Bussmann, Romain Métanire… Ils m’ont transmis les valeurs du FC Metz et les exigences du monde professionnel qu’ils avaient eux-mêmes appris en formation. Après, c’est vrai qu’il y a eu un petit creux générationnel, même si Youssef Maziz ou Georges Mikautadze sont de retour ici. Mais c’est vrai que ça fait du bien de voir des jeunes comme Arthur Atta, Joseph Nduquidi ou encore Lilian Raillot, et d’autres, qui s’entraînent tous les jours avec nous. C’est bien pour le club qu’il y ait une succession. De plus, ils montrent qu’ils sont au niveau. Vous avez été prêté au RFC Seraing, comment ça s’était passé pour vous à l’époque, au tout début du partenariat avec le FC Metz ?Les intentions étaient bonnes puisque c’était pour que je m’aguerrisse et que je prenne de l’expérience. Ce qui ne s’était pas très bien passé c’est que je n’évoluais pas au poste d’arrière gauche en Belgique, on m’avait mis milieu gauche. Ce n’était pas forcément ce que je voulais puisque je savais qu’en revenant à Metz, je ne jouerais pas milieu gauche. Ça m’a fait mûrir de changer d’environnement mais au final, je suis revenu assez rapidement en Moselle. Ce qui m’avait aussi un peu frustré c’est que le lendemain de mon prêt à Seraing, Gaëtan Bussmann était transféré en Allemagne, ce qui laissait le poste un peu vacant. Finalement, je suis revenu en janvier et j’ai fini la saison avec une belle montée à la clé. « Albert Cartier nous a transmis des valeurs » Matthieu Udol En tant que joueur formé au club, est-ce que vous gardez un œil sur les résultats des autres sections du FC Metz ?Oui, c’est vrai qu’aujourd’hui c’est assez simple avec les réseaux sociaux de pouvoir suivre cela. Je regarde les résultats de la réserve, des féminines et des U19 car il y a des coachs que j’ai côtoyés, notamment Sylvain Marchal ou Laurent Agouazi. C’est toujours important de garder un petit contact. Quels coachs vous ont le plus marqué au cours de votre carrière et pourquoi ?Quand j’étais au SC Marly c’était Guy Bernard, c’était un coach très très dur et il en a fait arrêter certains (Rires). Mais il nous a appris à très bien jouer. J’ai encore les cassettes de l’époque d’ailleurs. Ensuite, quand je suis arrivé à Metz, c’était Jean-Pierre Goujard : le coach avec lequel on a gagné plein de tournois dont la Danone Nations Cup. C’était une très belle période. J’ai eu Bertrand Antoine qui est maintenant à l’APM, il a marqué toute notre génération. J’ai eu ensuite Sébastien Muet à 17 ans et José Pinot en réserve qui m’ont beaucoup apporté avant de passer en professionnel. Il y a eu aussi Albert Cartier qui nous a transmis des valeurs très combatives et à ce moment de ma carrière, c’était une bonne chose de l’avoir ici. J’ai eu une bonne relation avec Philippe Hinschberger aussi, puis Frédéric Antonetti qui m’a fait progresser au niveau tactique. Pour conclure, Matthieu Udol, est-ce qu’on peut dire que vous incarnez aujourd’hui l’âme du FC Metz ?Je pense. Ce n’est pas à moi de le dire mais j’incarne les valeurs du club et j’essaie de retransmettre ça à un maximum de monde. J’espère que ça se voit et que ça se ressent. Personnellement, j’ai ressenti que ces dernières années, il y avait peut-être une fracture entre le sportif et les supporters. J’essaie donc, avec l’aide d’Alexandre Oukidja notamment, de recréer un lien parce qu’on est un club familial. J’essaie donc à ma manière de redonner aux gens de la joie, l’envie de nous supporter et d’aimer cette équipe. Crédit photo : Julien Buret et Valentin Lachaux / LGM