Laura Godard : « A Metz je ne retiens que du positif »

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Laura Godard a presque tout connu au Metz Handball, passée par tous les échelons de la formation jusqu’à l’équipe de Nationale 1 où elle a largement participé au titre de championnes de la saison passée. Cette année elle a quitté la Moselle pour les Deux Sèvres et le club de Celles sur Belle où elle a réalisé en D2F une première saison réussie.
Quel parcours professionnel emprunte on quand on a été formée au Metz Handball ? Comment voit elle la suite de sa carrière ? Depuis son confinement à Metz, elle a accepté de revenir avec nous sur ces questions et bien d’autres encore…

Let’s Go Metz : Tu as quitté le Metz Handball à l’issue de la saison 2018/2019, sur un titre avec l’équipe de Nationale 1. Tu peux revenir sur ce que tu retiens de tes saisons ici ?
Laura Godard : A Metz je ne retiens que du positif. Pour moi ça été les plus belles années. Quand on est jeune, au pôle espoir, avec des copines, c’est génial. J’ai été en « moins de 18 » où j’ai été championne de France une fois et vice championne de France plusieurs fois. Cela a forcément été de belles années, qui se sont poursuivies avec le centre de formation et le parcours en N1 avec Yacine Messaoudi. C’est ce qui m’a amené au plus haut niveau, ce qui m’a fait découvrir la D1 avec qui je m’entraînais de temps en temps. C’était forcément quelque chose de génial parce qu’à Metz on ne s’entraîne pas avec n’importe qui et on apprend forcément beaucoup.
J’ai fait 5 ans avec la N1 et j’ai eu envie d’évoluer à un plus haut niveau. Je sentais que je commençais à m’y ennuyer un peu et qu’il fallait que je découvre le niveau supérieur. C’est à ce moment que Celles sur Belle m’a ouvert ses portes en D2 et j’ai saisi l’opportunité.

LGM : Et du coup l’adaptation à ce nouveau niveau, dans une nouvelle ville n’a pas été trop compliqué ?
L.G : Dans ce club j’ai un statut particulier puisque je suis la seule ailière gauche, ce qui me garantit du temps de jeu et des responsabilités. Ce sont des choses que je souhaitais avoir.
L’adaptation en deuxième division a surtout été compliqué parceque j’ai dû me faire à la ville, au fait de déménager, d’être éloignée de mes proches et de mes amis de toujours. Au niveau sportif ce n’est pas exactement pareil non plus, entre des entraînements à Metz Handball et des entraînements dans un autre club c’est forcément différent. Malgré tout, au fur et à mesure j’ai réussi à m’y sentir bien et j’ai fini sur un dernier match à 8 buts ce qui témoigne aussi de ma progression, j’en suis assez satisfaite.

LGM : Ce club de Celles sur Belle que tu as rejoint en D2F n’est pas une destination lambda, il bénéficie d’une Voie d’Accession Professionnelle et tu y as trouvé une identité et des ambitions bien définies. J’imagine que tu y as retrouvé certaines similitudes avec Metz Handball.
L.G : Ah, oui. J’ai aussi choisi ce club pour ça. Avec Metz je n’ai jamais perdu beaucoup de matchs et je ne comptais pas changer ça. Par exemple cette année on a joué contre Nantes en préparation et le fait de perdre, même contre elles, ça a été difficile pour moi. Donc le fait que Celles sur Belle ce soit un club « VAP » avec des aspirations ça garantissait de jouer le haut de classement et on prend forcément du plaisir dans ces conditions. En plus c’est un club très professionnel avec une belle salle, un bon staff médical et toutes ces choses là donc c’est vraiment très bien. Tous les clubs n’ont pas cette chance là.

LGM : On vient de l’évoquer, il y a de l’ambition et cette saison les résultats ont été au rendez-vous. 11 victoires, 1 nul, 1 défaite en régulière et deux victoires en playoffs. Quel bilan tires-tu sportivement de ta première saison dans les Deux Sèvres ?
L.G : Je pense que j’ai progressé, je me suis adapté au niveau de D2 où cela joue plus vite et où il y a plus d’impacts. Je me sentais à mon niveau mais j’estime avoir progressé par rapport au début d’année et c’était une satisfaction pour moi. J’ai pu m’intégrer à l’équipe et j’ai trouvé les repères c’était très bien.

LGM : J’imagine effectivement que les repères étaient bien en place puisque pour le dernier matchs des playoffs tu as marqué 8 buts, ce qui n’est pas anodin pour une ailière. L’œil du tigre était activé ?
L.G : Oui. C’est vrai que pour les playoffs j’avais pour objectif de monter en grade et de montrer que je suis capable de jouer au meilleur niveau. Pour pouvoir garder ce poste à Celles la saison prochaine et pouvoir jouer par la suite en première division, il faut que je montre ce que je vaux vraiment. Pour ces derniers matchs en playoffs je me sentais plutôt bien et Pablo (Morel, ndlr), notre entraîneur, me faisait jouer. A partir du moment où il trouve qu’on est au niveau il nous met sur le terrain et j’ai pu jouer presque 60 minutes ce qui m’a permis de m’exprimer pleinement.

LGM : Tu évoquais ton poste pour la saison prochaine, il a déjà été confirmé que tu ferais toujours partie de cette équipe, Celles est un club où tu te vois rester sur le long terme ?
L.G : Il a été confirmé que je restais mais l’histoire est un peu plus compliquée. A la base je voulais me rapprocher de ma famille. Ça a été difficile au début parce que j’habite à Niort et que c’est une ville qui est loin de chez moi, il est très difficile d’accéder à Metz en train et je voulais me rapprocher. Mais après mûre réflexion, il a été confirmé que je restais à Celles-sur-Belle et j’en suis très heureuse car c’est un club fiable avec de vraies valeurs. C’est pour ces raisons que j’ai signé une année supplémentaire. Cependant à long terme j’aimerais avoir l’opportunité de jouer en D1, si c’est avec Celles-sur-Belle j’en serais très heureuse !

LGM : Et d’ailleurs pour cette nouvelle saison tu vas avoir affaire à un nouveau coach en la personne de Thierry Vincent. Est ce que c’est quelque chose que tu appréhendes ? Il a déjà eu des contacts avec le groupe ?
L.G : Je ne dirais pas que je l’appréhende, dans le sens où ça ne me fait pas peur. Je me dis que ça ne peut être que du positif, c’est un entraîneur qui a travaillé avec de bonnes équipes et je suis impatiente d’apprendre à le connaitre, de savoir quelles sont ses valeurs etc.
Mais il faut aussi dire que je n’ai pas vraiment l’habitude de changer d’entraîneur, à Metz j’ai toujours eu Yacine (Messaoudi, ndlr), en N1 pendant 5 ans. D’ailleurs c’est lui qui a fait le lien avec Pablo (Morel, ndlr) et je le connaissais aussi de Metz, donc j’ai toujours eu des entraîneurs que je connaissais et avec qui le feeling passait tout de suite bien.
Concernant Thierry Vincent, je ne le connais pas du tout donc on verra bien. Je suis impatiente de voir comment il va nous coacher et de voir comment ça va se passer mais je ne m’attends qu’à du positif, le président de Celles sur Belle sait ce qu’il fait quand il embauche quelqu’un donc ça sera forcément enrichissant.

LGM : On parle de la prochaine saison, mais il y a aussi l’actualité du moment. Ton équipe est au cœur de la polémique puisque suite à la crise du coronavirus, la ligue a précipité la montée de deux équipes VAP et annulé toute décente de Ligue Butagaz Énergie. Celles sur Belle est donc forcé au maintien alors qu’au sportif les affrontements qui auraient pu vous départager n’ont pas eu lieu. Peux-tu me dire quelques mots sur cette situation ?
L.G : C’est difficile. On s’en doutait un peu, on se le disait sans vraiment y croire et depuis l’annonce on a eu des conversations de groupe avec les filles et on a toutes la même opinion. Il y a de la déception, de la frustration et un fort sentiment d’injustice. Cela faisait 8 mois qu’on travaillait à la montée en Ligue Butagaz Énergie et qu’on s’entraînait pour ça. Beaucoup de joueuses avaient signé pour deux ans et l’objectif de la seconde saison c’était d’être en D1. C’est une situation triste mais surtout injuste, on était troisièmes mais surtout à égalité de points avec Saint Amand qui monte alors qu’on ne les avait pas encore affrontés. Le classement de playoffs n’était pas réel pour moi et la décision qui a été prise, de faire monter les premières de chaque poule, Saint Amand et Plan de Cuques, n’est pas vraiment juste puisque les poules ne sont pas comparables.
Quand on ajoute à ça le fait qu’il n’y a pas de descente depuis la D1 alors qu’il y en a dans toutes les autres divisions, ça nous désole.
Après, je me dis que c’est un mal pour un bien, on va repartir pour une saison en D2 et on aura l’occasion de montrer qu’on mérite de monter en LBE.

LGM : Il faut que ce soit un moteur pour toute l’équipe, vous aurez peut être l’occasion de monter par le terrain plutôt que sur une décision…
L.G : C’est ce que je me dis, bien sûr. Le club a toujours de la motivation, les mêmes ambitions et c’est le principal. Il y aura de nouvelles joueuses, il y a de bonnes joueuses qui ont re-signé, un nouvel entraîneur… Tout devrait bien se passer et on n’est pas les plus à plaindre malgré la déception.
En tout cas je reste très motivée et j’espère sincèrement qu’on gagnera tous nos matchs. Même si je ne veux pas avoir trop de prétention, je pense qu’on sera un des clubs VAP les plus compétiteurs.

LGM : Au delà de ces considérations actuelles, le sport n’est pas la seule flèche à ton arc, tu as également fait en sorte de réussir tes études et assurer tes arrières. Comment cela se passe maintenant que tu côtoies le monde professionnel de plus près ?
L.G : J’ai fait 3 ans de formation à Metz pour devenir éducatrice de jeunes enfants, j’ai été diplômée en Juillet. En arrivant à Celles sur Belle j’avais pour objectif de trouver un travail en parallèle de mes entraînements. Mais à Niort j’ai eu plus de mal que prévu à trouver un emploi qui soit adapté à mes entraînements. J’ai cherché au début de saison mais j’ai finalement donné toute mon attention au handball.
J’ai un diplôme quoi qu’il arrive, je ne perds rien et même si pour le moment je me consacre au handball, je garde mes projets professionnels pour plus tard. Une de mes ambitions est d’ouvrir une micro crèche à Metz mais ce n’est pas possible pour le moment, mais quand j’arrêterais je pense que j’y reviendrai. Le fait de se consacrer au sport est déjà très prenant, on a des entraînements tous les jours, parfois le matin, il y a les matchs et les déplacements… Ça rend le fait de trouver un travail supplémentaire très compliqué. Mais je suis très contente d’avoir un diplôme, d’en avoir fini avec mes études et de pouvoir enfin me consacrer au handball.

LGM : Enfin, une dernière question un poil fantaisiste, si tu pouvais faire venir dans ton club, d’un claquement de doigts, n’importe quelle joueuse avec laquelle tu as évolué par le passé, qui choisirais tu ?
L.G (après un moment d’hésitation) : Et bien c’est peut-être contradictoire mais je pense à Laura Kanor. Elle évolue au même poste que moi mais on était très complémentaires et je trouvais qu’on occupait bien l’aile gauche. Alors, elle joue à mon poste et je demande du temps de jeu donc la contradiction est forte (rire), mais elle m’apportait beaucoup quand on était ensemble en N1 et elle apporte beaucoup dans un groupe…
On n’a pas le même jeu, je suis plutôt une ailière finisseuse et elle est plutôt dans le duel, dans l’entame d’une action. Quand on était une de plus, Yacine (Messaoudi, ndlr) me faisait souvent jouer, pour conclure les actions, alors que quand on était une de moins c’était plutôt Laura qui allait vers les duels.
Je pourrais nommer beaucoup d’autres joueuses mais sur le moment c’est à elle que je pense.


Propos recueillis par téléphone et retranscrits par nos soins.
Crédit photo : Julien Compétissa (L.Godard à Celles sur Belle) , Stéphane Pillaud (L.Godard à Metz)

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