247 À un an des Jeux Olympiques, nous avons rencontré Jeanne Lehair à l’occasion des MECS Olympics, une journée sportive organisée par le Département de la Moselle en faveur de jeunes placés en Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS). La triathlète franco-luxembourgeoise s’est livrée sur ses engagements, son parcours et sa grande forme du moment. L’ancienne pensionnaire du club de Metz Triathlon a récemment remporté un titre de championne d’Europe et est actuellement 4ème mondiale. Jeanne Lehair, en quoi est-ce important pour vous d’être présente et impliquée avec le Département de la Moselle pour des enfants placés dans des maisons à caractère sociale ?Déjà, c’est important pour moi de faire un retour avec la Moselle, car ça fait plus de dix ans que le département me soutient. Ça fait plus de 5 ans que je suis marraine de la MECS de Lettenbach. Dès que je suis là, j’essaye d’en profiter pour aller voir mes jeunes, mais aussi pour participer à des événements organisés par le Département de la Moselle. C’est un événement sportif et à titre personnel, le sport, c’est très important. Notamment par l’éducation au sport, aux règles, au fair-play, le respect envers les autres… Je pense que c’est un facteur d’éducation que l’on néglige et je trouve ça triste. Le sport ne résout pas tous les maux du monde, mais je pense que ça pourrait aider. Est-ce important aussi de faire rêver les enfants, à un an des Jeux Olympiques, de par le parcours d’athlètes de haut niveau ?Quand on leur parle de nos carrières et des résultats, qu’on leur dit qu’on a voyagé à droite, à gauche, qu’on est championne d’Europe, ça leur met des étoiles dans les yeux. Si on peut embellir leur quotidien et leur donner le sourire, c’est cool. C’est pour ça que nous sommes là. Jeanne Lehair : « Je suis bien dans ma tête et dans mes baskets » Quelle est l’actualité de Jeanne Lehair ?Cette saison, je suis au-delà de mes espérances. Il y a quelques jours, j’étais à Montréal, ce soir (ndlr : entretien réalisé mercredi 28 juin), je pars en Pologne. J’avais vraiment envie de venir à cet événement, je m’y étais engagée et puis ce n’était pas prévu de base que je parte en Pologne. Dans 2 semaines et demi, je serai en Allemagne pour une autre étape de la WT16, donc le classement mondial. Puis j’aurai un gros mois d’entraînement en montagne avant de faire le test event qui est notre répétition générale avant les Jeux Olympiques puisque nous serons en conditions, à Paris, sur le parcours. Peut-on expliquer vous performances cette saison par votre changement de club ?Ce n’est pas que le changement de club, mais ça aide. Je me suis plus ou moins faite virer du club, c’est une décision que j’aurai dû prendre mais je n’y arrivais pas. Ça faisait 19 ans que j’étais à Metz Triathlon et j’ai une histoire avec le club. À cause de certaines personnes, c’était dur de prendre la décision de partir, mais ils l’ont prise pour moi et au final, j’ai envie de leur dire merci. Cette année, j’ai fait sauter toutes les barrières. Je représente désormais le Luxembourg à l’international. Ça m’a enlevé une certaine pression. Même dans ma vie personnelle, j’ai certes toujours eu ma famille qui me soutient dans les bons comme dans les mauvais moments, mais j’ai changé mon environnement. L’accumulation de choses font que je suis bien dans ma tête et dans mes baskets. J’espère que ça va durer ! Concernant les préparations d’un triathlète français et luxembourgeois, quelles sont les différences fondamentales entre les deux encadrements ?Il n’y a pas vraiment de différence. Je m’entraîne ni en France, ni au Luxembourg et j’ai un coach portugais (Paulo Sousa) qui habite aux États-Unis, donc je suis ses plans. Le triathlon, c’est « simple ». Il faut de la consistance et de la régularité dans l’entraînement. Il n’y a pas de recette magique. Ça fait trois ans que j’ai changé de coach et je sens que les entraînements ont porté leurs fruits dès les premières séances, parce que j’étais mieux dans ma tête. Lui n’est presque pas étonné par mes performances. Des fois, je lui dis « mais Paulo, comment tu expliques que je cours aussi vite, avec l’entraînement que je fais ? Il n’y a rien de fou ! ». Il faut juste croire au process. Ce sont des méthodes d’entraînements qui sont assez individuelles, il n’y a pas forcément de notion de collectif comme dans le cyclisme par exemple ?Tout l’hiver, je l’ai fait avec mon groupe d’entraînement donc j’étais accompagnée. Ça peut nous permettre de vouloir les accrocher quand on est dans le dur et vice-versa. Donc ça crée une certaine émulation. Quand je suis revenue chez mon copain à Toulouse, j’étais seule, mais ça me fait un bon équilibre. À l’approche des compétitions, on n’a pas envie de se comparer aux autres. Je ne regarde jamais ma montre hormis pour les temps. Mais je suis ne suis pas focus sur mes vitesses, je suis beaucoup plus relax qu’avant. Je pense que ce petit détachement, en étant appliquée, m’offre un bon équilibre pour bien m’entraîner sans trop de pression. Il en faut quand même et je me la mets toute seule parce que j’ai envie d’être forte. Avec les résultats qui arrivent, je revois à la hausse mes objectifs. D’un côté ça me fait peur, mais ça me motive aussi encore plus. Quand je faisais une bonne course, je me disais que c’était un coup de chance. Mais à force de performer, je me dis que ce n’est plus de la chance ! Il faut garder le cap ! Quel est votre objectif pour Paris 2024, Jeanne Lehair ?Avant, c’était de faire un bon résultat et du mieux que je peux. C’est toujours ça, mais j’aimerais bien faire une place de finaliste. Crédit photo : Julien Buret / Let’s Go Metz (archives)Propos recueillis par Arthur Carmier