Hors série : UFC 270, Ngannou contre Gane

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Si Let’s Go Metz n’a pas pour habitude de s’éloigner du territoire Mosellan, il y a parfois des évènements dont l’intérêt est suffisamment puissant pour nous inspirer un hors série. UFC 270 en fait partie et plus particulièrement son main event entre Francis Ngannou et Ciryl Gane.

Le MMA n’est peut être pas le sport le plus populaire en France, mais l’hexagone sait fabriquer de grands champions. Alors que Paris attend toujours de pouvoir accueillir son premier évènement d’envergure internationale, deux combattants issus de la formation Française s’affrontaient ce Samedi soir pour la ceinture de champion du monde poids lourd de l’UFC. La plus haute distinction possible dans ce sport.

Le face à face

D’un côté Francis Ngannou, surnommé le Predator et champion UFC en titre des poids lourds. Du haut de ses 1mètre93 pour 117kg, il cumulait avant la rencontre 16 victoires en 19 combats. Véritable machine à KO, ce Camerounais a gravi les échelons mondiaux à l’aide de sa force surhumaine. Formé au MMA Factory à Paris, il a rejoint les Etats Unis et Xtreme Couture en 2018 pour continuer sa progression après une brouille avec Fernand Lopez, son ancien coach.

De l’autre côté, un actuel pensionnaire du MMA Factory et justement coaché par Fernand Lopez : Ciryl Gane, le « bon gamin ». Le Français cumulait 10 victoires en autant de combats de MMA avant cette rencontre. Du haut de ses 1m96 pour 112kg il est connu pour son calme et sa versatilité. Il a par ailleurs fait ses armes dans le Muay Thai, une discipline dans laquelle il dispose également d’un record parfait de 13 victoires. Après seulement trois années de compétition en arts martiaux mixtes, il devenait en Aout 2021 le champion intérimaire des poids lourd de l’UFC.

Le combat

Si durant les semaines qui ont précédé le combat le débat a beaucoup tourné autour du fait que Gane et Ngannou s’étaient déjà entrainés ensemble ainsi que d’une supposée arrogance liée à la brouille avec Fernand Lopez, les deux hommes se sont témoignés un certain respect lors des différences conférences de presse. Ils se promettaient malgré tout l’un et l’autre une véritable guerre une fois les portes de l’octogone fermées.

Les premières minutes du combat voyaient les deux hommes se tester l’un et l’autre. Gane faisait rapidement varier son positionnement pour faire parler sa mobilité, tandis que Ngannou privilégiait une approche calme pour imposer une forme de contrôle sur les échanges et ne pas dépenser trop d’énergie.
Dès le début du deuxième round, Ciryl Gane adoptait une posture particulière. De côté, garde baissée, pour placer plusieurs coups de pieds latéraux au corps et maitriser la distance. Suivaient quelques coups de poings mais les échanges restaient maitrisés et Ngannou se montrait particulièrement inactif. Peut être trop pour le public qui laissait entendre quelques sifflets de mécontentement.
Le troisième round débutait sur les mêmes bases mais Ngannou se montrait plus actif et scorait un gros takedown après une minute. Le premier encaissé dans la carrière de Gane. Bien placé en side control, le Camerounais travaillait et semblait obtenir une position très favorable avant que Gane ne parvienne à revenir debout. Un nouveau takedown suivait et les deux hommes se retrouvaient rapidement à la lutte contre la cage. Gane plaçait un spinning elbow en sortie de garde. Après quelques échanges au centre de la cage, Ngannou plaçait un nouveau takedown. Le gong de la fin de round arrêtait alors les débats.
Le quatrième round débutait de la même manière, jusqu’à un nouveau takedown de Ngannou pour asseoir sa domination grâce à la lutte sans pour autant scorer de coups significatifs ou d’occasions de soumission.
Une domination suffisante pour que Fernand Lopez annonce à Ciryl Gane avant le dernier round qu’il s’apprêtait à perdre le combat s’il ne réagissait pas rapidement.
Le Français se montrait donc beaucoup plus engageant dès la reprise avec quelques combinaisons aux poings et un takedown. Ngannou parvenait contre toute attente à retourner la situation en profitant d’une grosse erreur de Gane. Le Français tentait cependant deux clés de jambe sans pour autant parvenir à finir le travail et Ngannou se plaçait alors idéalement pour reprendre le contrôle et faire tourner le chronomètre. Usé, Gane ne parvenait pas à renverser la vapeur face à la lutte du Camerounais, jusqu’à la séparation finale.

Après un combat loin d’être le spectacle explosif annoncé, Ngannou faisait valoir une excellente préparation et retenait sa ceinture de champion via décision unanime grâce à une lutte et un contrôle impeccable.

Les autres résultats de la carte principale

Deivesen Figueiredo est redevenu champion Flyweight en battant Brandon Moreno par décision unanime après 5 rounds.
Michel Pereira a battu André Fialho par décision unanime après 3 rounds.
Said Nurmagomedov a battu Cody Stamann en 47 secondes par soumission (guillotine)
Michael Morales a battu Trevin Giles par TKO après 4 minutes et 6 secondes.

Pour aller plus loin : le MMA qu’est ce que c’est ?

Ce sport, Mixed Martial Arts (arts martiaux mixtes), parfois appelé à mauvais escient « combat libre » ou « free fight » tire son nom de son essence même : une combinaison d’un ensemble d’arts martiaux aussi bien ancestraux que modernes, pratiqués debout comme au sol. Il a été proposé pour la première fois au grand public sous cet aspect lors de la tenue de l’UFC 1 en Novembre 1993, un événement souvent considéré comme l’embryon de ce qu’est le sport aujourd’hui et qui a vu s’affronter sous forme de tournoi des pratiquants de 8 arts martiaux différents : savatejiu jitsu brésiliensumokickboxingkenpo américainboxetaekwondoshootfighting.
Mais en réalité l’origine de ce sport est bien plus lointaine et ne saurait avoir une racine unique. Certains y voient une évolution du Pancrace, un art martial grec des jeux olympiques antiques, d’autres du Kenpō, une forme de karaté aux pratiques multiples. On retrouve aussi des mentions du Lei Tai, pratiqué en Chine ancienne et au delà de cela une liste incroyable d’évolutions au travers des années, du Vale Tudo Brésilien au Jeet Kune Do de Bruce Lee en passant par le Shooto Japonais.

En France quand on parle de « MMA », on obtient généralement en réponse un sourire en coin assorti d’un « zéro tracas… », ou encore d’un « octogone ! » pourtant loin de cela, le sport en question jouit d’une croissance énorme depuis sa création en 1993 et plus particulièrement depuis une quinzaine d’années. Vous n’avez probablement jamais vu de « cours de MMA » proposés dans votre ville, ni même de clubs dans votre région et pour cause la pratique des arts martiaux mixtes a été énormément freinée par les pouvoirs publics et certaines autres fédérations de sports de combat.
La raison principale invoquée étant généralement celle de l’usage d’une « cage » et de coups au sol. En conséquence, l’entrainement n’était que toléré et la compétition en était interdite jusqu’à début 2020. Malgré tout il existe de nombreux combattants de MMA qui s’entraînent en France à travers d’autres disciplines ou dans des clubs frontaliers et franchissent les frontières pour accéder aux compétitions.
L’hexagone a d’ailleurs déjà entraîné et exporté des combattants de premier ordre comme Cheick Kongo, Cyrille Diabate, Francis Carmont, Francis Ngannou et Ciryl Gane.

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