Handball. Une Ligue Butagaz Énergie en perte de vitesse ?

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Handball. Une Ligue Butagaz Énergie en perte de vitesse ?

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Ce mardi, la Ligue Féminine de Handball a organisé sa traditionnelle conférence de rentrée pour évoquer les enjeux de la Ligue Butagaz Énergie et de la D2.

Après un été chargé, revoilà la Ligue Butagaz Énergie et ses quatorze pensionnaires qui débuteront les hostilités le 11 Septembre prochain. Malheureusement, cette saison, l’un des candidats les plus ambitieux de ces sept dernières années manquera à l’appel, sur la ligne de départ. À première vue, l’été a offert joie et bonheur avec cette nouvelle médaille pour le Handball français. Il a également apporté tristesse et incompréhension avec la disparition des Neptunes de Nantes, suite au désengagement soudain de Réalités, alors principal actionnaire de la structure. Dix années de première division balayées d’un revers de main le 31 juillet 2024, pour ce qui pourrait être l’une des journées noires du Handball féminin.

Quelques jours plus tard, les Bleues d’Olivier Krumbholz disputaient leur troisième finale olympique consécutive. En marge de cette fête, Pascal Gentil déployait tous les efforts pour préserver le statut professionnel d’un Champion d’Europe. Tout le symbole d’un décalage entre la vitrine nationale et la réalité économique de ceux qui se battent tous les jours pour l’alimenter. Il est vrai que Nantes (maintenant Nantes Handball Féminin) reste professionnel avec son inscription en D2F au contraire de Fleury, de Bourg de Péage voire Nîmes ou Mios-Biganos. Mais ne serait-ce pas là le signe d’un essoufflement ?


Thierry Weizman, président de Metz Handball, mettait bien en garde tout le monde durant cette conférence de rentrée : « C’est très triste. Il va falloir qu’on fasse attention. C’est un modèle extrêmement fragile. C’est un peu désolant de voir ces clubs qui disparaissent chaque année. » Néanmoins, il soulignait également l’arrivée importante d’Anna Vyakhireva qui est selon lui « une autre chance pour la LFH de disposer d’une joueuse exceptionnelle qui va attirer beaucoup de gens dans les salles. » tout comme celle des néo-messines Tyra Axnér, Petra Vámos et Zsófi Szemerey qui contrebalance avec la sinistrose des dernières semaines et démontre en partie que la Ligue Féminine de Handball sait être attractive pour un certain nombre de joueuses étrangères.


La Ligue Butagaz Énergie, simple tremplin ?

Jusqu’à présent, la ligue n’avait jamais été aussi forte au niveau européen que ces dernières années avec des tops 8 récurrents et des Final 4 aux deux niveaux de compétitions et ce n’est pas un hasard. Mais cette répétition des événements précédemment cités est symptomatique d’un sport qui se cherche dans sa professionnalisation et sa stabilité économique. Et cela pourrait entraîner un manque d’attrait par rapport aux autres forces européennes qui ont la possibilité de proposer de meilleures garanties financières.

D’ailleurs, il y a quatre ans à peine, le championnat attirait des grands noms de la scène internationale. Maintenant, les club s’appuient sur des joueuses prometteuses dont le statut reste à confirmer. Si cette formule est habituellement payante pour Metz Handball, le Brest Bretagne Handball semble prendre le pas avec un recrutement un peu moins « XXL » que par le passé malgré l’arrivée sur le tard d’Anna Vyakhireva. Cela sera-t-il suffisant en Coupe d’Europe face à des grosses écuries qui ne cessent de se renforcer ? Seul l’avenir le dira.


Malgré tout, avec 55 joueuses étrangères de 27 nationalités différentes, il en ressort que la France se révèle être un tremplin très plébiscité. Quasiment toutes viennent chercher une expérience non négligeable dans un championnat plus professionnel et une porte d’entrée sur la scène européenne. D’autant plus lorsque cette Ligue Butagaz Énergie est de plus en plus disputée à tous les étages même s’il est plus simple de retenir un duo de tête qui se dispute le titre depuis maintenant 7 ans.

Metz et Brest, les deux locomotives d’une ligue qui veut grandir

Chaque saison, le sujet peut lasser. Est-ce que tout le Handball français s’attend de nouveau à un duel bresto-messin ? La réponse est bien évidemment oui. Plus personne ne peut nier cet état de fait tant la récurrence est bien présente. C’est bien simple, depuis la montée de Brest en première division en 2016, seule Nice a créé l’effet de surprise en se qualifiant en finale 2018/2019. Le championnat peut manquer d’intérêt pour le grand public et garde cette réputation d’absence d’adversité pour les compétitions européennes.


Il n’en est rien puisque ce duel a indéniablement haussé le niveau avec une course à l’Europe de plus en plus complexe. Des clubs grandissent, ambitionnent, se structurent chaque saison pour atteindre le professionnalisme brestois ou messin et atteindre ces places européennes, larges vitrines pour le Handball féminin. Paris 92, Dijon, Chambray et Besançon ont leur carte à jouer pour se qualifier en Ligue Européenne.

Mais la progression la plus significative est certainement celle de Plan de Cuques. D’un statut de promue en 2020, l’équipe d’Angélique Spincer a atteint une très belle septième place, à seulement trois points de Dijon, dernier européen, quatre ans plus tard. De quoi donner des ailes à un projet qui disputait encore la nationale 1 en 2016.

L’ancienne internationale Bleue annonce la couleur : « On est dans un projet où ça avance doucement, on se structure petit à petit avec nos moyens. Par contre, on a des joueuses qui adhèrent beaucoup au projet, un club aussi, je pense. Quand je suis arrivée, il a fallu tout remettre en ordre. On découvrait le haut niveau. Petit à petit ça prend forme. Maintenant, on se renforce et on se structure aussi. Ce qu’on aimerait, c’est faire aussi bien, voire mieux mais ça sera compliqué. On va se battre, on va travailler avec beaucoup d’humilité. »

Développer l’après-JO dans les salles

Au-delà du développement sportif, il est important de se faire une place dans un environnement concurrentiel. Cet été, l’équipe de France féminine a battu le record d’affluence pour un match féminin. Il est bien évidemment inconcevable de comparer la portée d’un match olympique avec celle d’une affiche plus nationale. Cependant, il est important de poursuivre cette dynamique pour le Handball de club qui accuse un retard certain par rapport au Basket (certes aidé par l’existence de la NBA).

Si cela semble évoluer lentement, des pensionnaires de Ligue Butagaz Énergie ne cessent de déployer les stratégies marketing nécessaires pour attirer le public dans les salles. Ainsi, le Strasbourg ATH a pris le risque de recevoir Metz au Rhénus au sein duquel le club a battu le record d’affluence pour un match de LFH. Cette réussite en emmènera d’autres puisque l’ancien promu a annoncé trois nouvelles affiches dans cette même salle, dès cette saison. La valorisation du produit doit permettre l’intérêt de partenaires assez fébriles avec le sport féminin pour éviter la dépendance d’un seul et même actionnaire comme ce fut le cas avec les Neptunes de Nantes. Rester visible sera donc l’un des plus grands défis des 27 pensionnaires de la LFH afin de poursuivre cette « transmission de la flamme » voulue par Nodjialem Myaro…

Reprise de la Ligue Butagaz Énergie, le 11 Septembre.

Crédit photo : Herve Bellenger/Icon Sport


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