708 Fred Weis est un des joueurs de basket Français les plus importants du début des années 2000. Du haut de ses 2 mètres 18, il a évolué dans une époque ou le poste de pivot était encore respecté. Sélectionné avec l’équipe de France à 100 reprises il a fait partie des premières grandes conquêtes internationales qui ont permis de mettre le bleu blanc rouge sur la carte du basket. Le natif de Thionville nous a accordé de son temps pour une interview. Au gré d’une question maladroite dans notre interview de Vincent Pourchot nous avons eu l’occasion inattendue d’échanger avec Frédéric Weis, auprès duquel nous avons pu clarifier nos propos avant de réaliser une interview au cours de laquelle nous sommes revenus sur sa carrière, sa vision du poste de pivot, son attachement à la Lorraine et ses rapports avec le coach Philippe Ory… Let’s Go Metz : Rentrons dans le vif du sujet, on résume bien souvent la carrière de Frederic Weis à cette histoire de dunk en 2000, une personne qui n’est pas vraiment familière avec ce qu’il s’est passé peut avoir du mal à comprendre pourquoi cela eu de telles répercussions. Vous pouvez nous en parler un peu ?Fred Weis : Non, je pense que cela n’a pas pris d’ampleur sur le coup. Mais aujourd’hui, les réseaux sociaux et les journalistes de peu de qualité ont pris le parti de prendre ça en exemple alors que j’ai une médaille d’argent olympique, ce qui n’était pas arrivé depuis 56 ans quand je l’ai eue et ce qui n’est pas arrivé depuis même avec l’ère de Tony Parker.Si les Français respectaient un peu leurs athlètes, comme c’est le cas dans n’importe quel pays. Eh bien, franchement, on avancerait au niveau du sport. LGM: Justement derrière cette séquence face aux USA, il y a cette fameuse médaille d’argent aux jeux olympiques. Il s’agissait de la première fois que la France obtenait un tel succès au niveau mondial. Cette performance est entourée de 100 sélections en bleu et d’une médaille de bronze Européenne en 2005. Qu’est ce qu’on retient de ce maillot Français quand on l’a porté si souvent et aussi haut ?F.W : Honnêtement c’est toujours un plaisir de représenter son pays, de représenter sa région, son département. Moi je suis né à Thionville donc forcément c’est important pour moi. On retient beaucoup de souvenirs, beaucoup de choses… Mais je ne me lève pas tous les matins en me disant que j’ai une médaille olympique ou que j’ai gagné le bronze à Belgrade… Ça fait partie de mon passé, de ma vie. Je fais d’autres choses maintenant et ce n’est pas ce qui m’importe le plus au quotidien. LGM: Il y a aussi eu une carrière en club florissante, le triplé avec Limoges, différents clubs en Europe, la Grèce, l’Espagne… On peut évoquer le rendez vous manqué avec la NBA et des blessures qui ont contrecarré certains plans mais malgré tout on peut parler d’une carrière de joueur bien remplie…F.W : Oui, honnêtement j’ai eu beaucoup de chance. Je tiens à rappeler que beaucoup de gens se trompent sur ma carrière NBA, en réalité il suffisait que je me présente pour signer. J’avais un contrat garanti et j’ai choisi de ne pas y aller parce qu’il y a eu des soucis et que le basket que je préfère c’est le basket européen. Je pensais aussi ne pas avoir les capacités suffisantes pour faire une carrière idéale là bas et j’ai choisi volontairement de rester en Europe. Mais il s’agit de mon choix puisque j’avais un contrat garanti en étant drafté 15ème.Je suis très content de ce qui s’est passé, j’ai eu beaucoup de chance, j’ai rencontré plein de gens très intéressants. J’ai appris à parler Espagnol et l’Espagne est vraiment devenue ma deuxième patrie, même si je suis Italien d’origine comme beaucoup de Lorrains. Mais je considère surtout avoir eu beaucoup de chance.En évoquant ça je pense par exemple à Vincent Pourchot qui n’est peut être pas là à la bonne époque, tout simplement. Les grands ne sont plus à la mode alors qu’à mon époque c’était encore le cas et on pouvait s’exprimer plus facilement. LGM : Justement, on oppose souvent le basket américain et le basket européen et c’est notamment au niveau du poste de pivot que cela se joue. Quelles sont les perspectives de carrières pour un vrai « Big Man » aujourd’hui ?F.W : C’est très difficile. Si on regarde en NBA il y en a de moins en moins. On a Joel Embiid mais il est aussi capable de s’écarter et de shooter à 3 points tout en étant très véloce. Des vrais « big men » il n’y en a plus vraiment, on est des dinosaures un peu, même des vieux dinosaures dans mon cas. Je pense que pour le moment il n’y aura plus de gros big men dominants qui font la loi à force de centimètres et de poids dans la raquette, c’est un jeu qui a changé en partie à cause des Golden State Warriors je pense, qui ont développé un jeu en fer à cheval avec beaucoup de tirs à trois points. Mais la mode est un éternel recommencement et il se peut que ça revienne… Enfin, pour revenir sur le cas de Vincent Pourchot, c’est un vrai joueur de basket même s’il n’est pas dans les normes de ce qui se fait actuellement. LGM: Effectivement, on a tendance à vous comparer principalement en raison de vos tailles respectives mais au final le jeu que doit pratiquer Vincent Pourchot à son poste n’a rien à voir avec ce qu’il se faisait il y a 10 ou 15 ans…F.W : Exactement, je ne sais pas ce que j’aurais fait si j’avais dû jouer à cette époque. Si on veut pousser la comparaison je pense que j’étais plus rapide que lui, mais de son côté il a de très bonnes mains et une bonne vision du jeu. Il aurait certainement pu s’exprimer plus facilement à mon époque mais on ne choisit pas ces choses là. Cela ne l’empêche pas de faire de belles choses avec Tours et il s’épanouit dans le basket. LGM : A l’issue de votre carrière professionnelle, vous avez continué à être proche des parquets en jouant à un niveau inférieur puis en devenant consultant à la radio et la télévision. Quel est le rapport au basket après autant d’années autour de la balle orange ?F.W : Je crois que tous les sportifs en général essaient de se détourner du sport qui a fait leur vie pendant de nombreuses années. On essaie d’exister d’une autre manière, mais quand c’est votre premier amour on y revient forcément. C’est exactement ce qui m’est arrivé.J’ai voulu ouvrir des restaurants, faire d’autres choses mais ce qui me passionne le plus et qui fait que je me lève le matin pour travailler, au delà de ma famille bien sûr, c’est le basket tout simplement.J’aimerais bien pouvoir faire autre chose, mais quand je ne gravite pas autour du basket pendant un certain temps, ça me manque. LGM : Je voudrais revenir sur une photo que vous avez posté il y a peu de temps sur les réseaux sociaux, où figure Philippe Ory. A Metz on le connait particulièrement bien parce qu’il a coaché jusqu’à cette année l’équipe de Nationale 2. Est ce que vous pouvez nous parler de vos rapports et votre passé commun ?F.W : Philippe Ory… je n’ai même pas les termes tant je voudrais être élogieux. C’est un mec génial, un coach incroyable. Si j’ai fait une carrière dans le basket c’est grâce à lui, il a passé trois heures à convaincre mes parents de me laisser aller au CREPS de Nancy. Philippe Ory c’est mon mentor, je le respecte énormément, il est gentil, intelligent et il connait le basket.Très honnêtement, je n’aime pas faire autant de compliments mais il les mérite amplement. Tous les gens qui ont travaillé avec lui en diront autant. LGM : Et justement en tant que natif de Moselle, en ayant évolué à Nilvange, est ce que vous suivez encore un peu le basket qui s’y pratique ?F.W : Un petit peu, oui. Je suis pote avec un coach de Joeuf, Didier Chomel, donc je me tiens informé. Et puis j’ai également une marque de textile, qui équipe des clubs un peu partout sauf en Lorraine et j’aimerais forcément corriger cela… Entretien réalisé par téléphone et retranscrit par nos soins.Crédits photo : RMC Sport (image à la une), AFP (équipe de France), Capture d’écran (Twitter)