153 La boxeuse Flora Pili a remporté la ceinture mondiale IBO face à la Serbe Jelena Janicijevic ce vendredi soir à l’Agora de Saint-Avold. Il faut en faire l’expérience pour le comprendre pleinement. Flora Pili est une sportive à part. Ce vendredi à près de minuit elle était la dernière à descendre du ring de l’Agora à Saint-Avold après avoir pris inlassablement des centaines de photos avec ses proches, ses amis, supporters et parfois mêmes inconnus, ceinture de championne du monde IBO sur l’épaule. Aucune distinction, l’échange débute toujours de la même manière : « alors, tu as kiffé ? ». Ici, le « tu » est très important et le « je » vient beaucoup plus tard dans la conversation, même après avoir livré une bataille de dix rounds face à une Serbe particulièrement coriace. Une heure et demi plus tôt, la Naborienne faisait son entrée dans « sa » salle, celle qui l’a vue devenir championne de France en 2022, défendre une ceinture EBU en 2023 et gagner, puis défendre, une ceinture intercontinentale WBO en 2024 et 2025. Cachée encore quelques instants derrière le rideau des coulisses, une vidéo passe dans l’écran géant, Flora s’adresse là aussi à son public. Celui qui l’a toujours soutenue et portée jusqu’aux sommets. Il n’en fallait pas plus pour que la salle exulte et l’accueille de la plus belle des manières. Quelques mètres séparent la boxeuse du ring, elle les arpente alors d’un pas calme à l’image de la sobriété de sa tenue de combat : noire, simplement ornée de son nom et de celui de sa fille Serena. Une sobriété qui ne faisait que retarder le feu qui allait s’allumer sur le ring quelques instants plus tard. Jelena Janicijevic, l’adversaire du jour, n’est pas venue faire de figuration et ouvrait en effet les hostilités avec une énergie folle, forçant la locale à s’adapter. Véritable diesel, et entraînée comme telle, Flora Pili montait en intensité au fil des rounds, tout comme les encouragements du public, tandis que son adversaire perdait en constance, émoussée par les minutes de lutte mais aussi par les coups reçus. Adepte de l’esquive et du contre, la Française plaçait savamment ses offensives pour créer des dégâts de manière opportune jusqu’à la cloche finale. Si la décision des juges s’avérait plus serrée qu’à l’accoutumée, c’est bien une Mosellane qui remportait son premier sacre mondial à l’issue des débats. « Un rêve de petite fille » pour celle qui prenait le micro au centre du carré de combat pour remercier ceux qui l’ont guidée jusque là, marquant avec émotion le nom de son grand père, qui a initié la belle histoire familiale. Une nouvelle ceinture mondiale en ligne de mire Dans les coursives de l’Agora, une fois les grandes lumières éteintes et alors que la ceinture mondiale IBO passait de mains en mains comme pour partager la victoire avec tous, Flora Pili avouait volontiers ne pas encore réaliser pleinement sa réussite du jour. Pourtant au détour des conversations un prochain objectif se dégageait déjà : la conquête du titre IBF, une fédération encore plus prestigieuse. Katie Taylor en est la championne en titre mais a choisi de mettre sa carrière entre parenthèse et semble désormais plus intéressée par les combats lucratifs face à des célébrités que par la conquête du noble art, ce qui laisse la ceinture vacante. Encore une histoire de « je » et de « tu » probablement.Une chose est sure, peu importent les adversaires ou les échéances, le clan Pili, et Pietro le papa / coach en première ligne, ne va pas se reposer de si tôt. De l’aveu de Flora, 2026 pourrait être l’année la plus importante de sa carrière… À Saint-Avold où ailleurs, le peuple de la boxe mosellane sera derrière elle. La galerie du combat Crédit photo : Nicolas Martino / Let’s Go Metz