437 Ce dimanche à 15h, le FC Metz se déplace au Stade Félix Bollaert pour y retrouver le RC Lens, dans un choc entre deux prétendants surprise à l’Europe dans cette saison 2020-2021 de Ligue 1 Uber Eats. Ce duel à distance entre deux clubs aux moyens sensiblement identiques a de quoi raviver quelques braises du passé… Il y a des rivalités plus surprenantes que d’autres, qui naissent d’affrontements sportifs et grandissent au fil des années. Il est rare de voir une rivalité dépasser le cadre du derby régional entre deux clubs moyens du championnat de France, certes historiques. C’est pourtant le cas entre le FC Metz (62 saisons en Ligue 1) et le RC Lens (61 saisons en Ligue 1).Ce type de rivalités naissantes surprend moins lorsqu’il s’agit des gros clubs de notre championnat tels que Marseille et Lyon dans « l’Olympico » ou Paris et Marseille dans ce qu’on appelle désormais le « Classique ». Et pourtant les matchs face au RC Lens sont devenus de véritables rendez-vous à ne pas manquer pour les supporters du Club à la Croix de Lorraine. Mais comment a pu naître une telle rivalité entre deux clubs qui n’ont pourtant rien en commun ? La fin des années 90, le commencement Crédit photo : L’Equipe La rivalité entre Metz et Lens naquit à la fin des années 90, au cours d’une saison 1997-1998 restée dans les mémoires de tous. Le FC Metz est peut-être le vice-champion de France le plus célèbre de l’histoire. En 1998, les hommes de Joël Muller terminent à la deuxième place du championnat, à égalité de points avec les sang et or, et ne cèdent le titre de champion de France que pour une différence de buts défavorable.La fête fut cependant belle à Metz à l’issue de cette saison historique, mais plus les jours passent, plus les Grenats, Carlo Molinari en tête, nourrissent le sentiment d’être passés à côté de quelque chose de grand. A juste titre. A ce jour, le championnat de France de Ligue 1 est le seul trophée national que le FC Metz n’a jamais remporté. Le titre de 1998 reste à ce jour le seul glané par le RC Lens en Ligue 1. De quoi avoir des regrets, surtout quand on perd le titre à la différence de buts, mais soit… Après tout, le FC Metz n’est pas le seul club à avoir fini 2ème de Ligue 1. Photo : Archives AFP Mais patatras ! Un an plus tard en 1999, le RC Lens joue de nouveau un sale tour au Club à la Croix de Lorraine. Les sang et or s’imposent 1-0 en finale de la Coupe de Ligue, ravissant ainsi un deuxième titre en 2 ans aux Grenats. Encore, ça fait beaucoup là non ?Le FC Metz espérait pourtant remporter son premier trophée au Stade de France. En effet, inauguré le 28 janvier 1998 et théâtre du premier sacre mondial des Bleus le 12 juillet, le Stade de France n’existait pas avant ! C’est au Parc des Princes que Sylvain Kastendeuch a soulevé la dernière coupe nationale glanée par le FC Metz, la Coupe de la Ligue en 1996 face à l’Olympique Lyonnais. La hache de guerre déterrée en Ligue 2 Photo : FC Metz Loin des hautes sphères de la première division, les deux équipes ont eu l’occasion de recroiser le fer dans l’antichambre du football français en Ligue 2. Depuis près de 10 ans, les Grenats ont retrouvé le RC Lens quasiment chaque année, lorsqu’ils étaient en deuxième division, faisant figure de poids lourds du championnats. Au Royaume des aveugles…Depuis la remontée du FC Metz en Ligue 2 en 2013, les joueurs du club à la Croix de Lorraine ont même pris un malin plaisir à finir à chaque fois devant leurs rivaux lensois du haut de tableau, même au cours d’une saison 2014-2015 pitoyable de Ligue 1 où les Grenats avaient terminé 19ème et Lens 20ème, comme un symbole…En ce qui concerne les confrontations directes, depuis 2008 et la première redescente des deux clubs en Ligue 2, le bilan est équilibré : 5 victoires pour Metz, 2 matchs nuls et 5 victoires pour le RC Lens. Encore un symbole… Cependant parmi ces défaites, il y en a une qui aura eu le goût d’une victoire pour les supporters du club à la Croix de Lorraine, cette fameuse dernière journée de Ligue 2, édition 2015-2016.Avec 3 points et 6 buts d’avance sur Le Havre 4ème, le FC Metz 3ème joue sa montée au Stade Félix Bollaert pour cette 38ème journée du championnat. La suite on la connaît, le HAC s’impose 5-0 face à Bourg-en-Bresse, venu au Stade Océane en victime expiatoire, pendant que le FC Metz se sort du sale tour que le RC Lens a tenté de lui jouer avec une défaite 1-0, et monte en Ligue 1 pour une meilleure attaque par rapport à son adversaire à distance havrais. Encore une histoire de différence de buts… L’avènement des réseaux sociaux (DR) Les réseaux sociaux, en particulier Twitter, ont littéralement exacerbé cette rivalité, que l’on pourrait finalement qualifier de « rivalité de supporters ». Les pics sont lancés de part et d’autre, parfois même dans la limite du respectable, mais le but de ces trolls est très simple : chambrer plus ou moins gentiment les supporters de l’équipe adverse et défendre la bannière de son club.Si ce phénomène 2.0 peut paraître surprenant, cela a en réalité toujours existé, bien avant les réseaux sociaux. Noms d’oiseaux et trolls en tous genres était déjà échangés par les supporters des deux camps, mais au stade. Le stade était alors un exutoire pour les supporters les plus chevronnés, qui chantent à la gloire de leur équipe. Vous comprenez qu’avec la crise sanitaire et les matchs à huis-clos, Twitter est devenu encore plus qu’avant le lieu où se règlent les comptes. Aucun écart de conduite n’est épargné par les supporters de l’autre camp sur Internet. En particulier cette saison où une partie des supporters lensois a un comportement particulièrement intriguant sur les réseaux sociaux. Souvent vantés par le beau jeu qu’ils pratiquent cette saison dans les médias, les sang et or font la fierté de leurs supporters 2.0, parfois un peu trop…Lorsque le RC Lens perd ou fait match nul dans un match qu’il a dominé, il n’est pas rare de voir ses supporters crier au scandale sur les réseaux sociaux et critiquer, parfois de manière très virulente, l’équipe adverse car elle a pratiqué ce qu’ils considèrent comme de « l’anti-football ». Comprenez, Lens avait la possession… Thibault Courtois, incarnation du « seum » sur Twitter. (Photo : DR) C’est ce qu’on pourrait appeler le syndrome Thibaut Courtois, le gardien belge qui avait déclaré après la défaite de son pays en demi-finale de Coupe du Monde 1-0 face à la France que son équipe « avait été meilleure » et que « l’Équipe de France avait défendu dans ses 35 mètres tout le match ». Une crise de « seum » aiguë qui a valu une flopée de moqueries au gardien madrilène. C’est un peu ce qui s’est passé à l’aller entre Metz et Lens cette saison en Ligue 1. Les Grenats l’avaient emporté 2-0 face à un RC Lens qui avait la possession mais pas les meilleures occasions. Une victoire clinique des hommes d’Antonetti qui nous a rappelé la masterclass tactique de Didier Deschamps en Coupe du Monde.L’après-match fut alors très mouvementé sur les réseaux sociaux. Le syndrome Thibaut Courtois avait frappé beaucoup de supporters lensois, très déçus par la défaite de leur équipe face à un club qu’ils ne portent pas franchement dans leur cœur. Côté messin, on ne se faisait pas prier pour chambrer encore plus les supporters adverses et célébrer la victoire. Pour toutes ces raisons, Metz-Lens est devenu un match à part que les supporters des deux camps attendent de pied ferme chaque année. Si cette confrontation n’a pas la même saveur qu’un derby traditionnel, elle apporte tout de même du piment dans une saison, qui plus est quand les supporters doivent supporter leur équipe à distance…