Euro 2020 : Entre belle épopée, sensation et déception

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Le championnat d’Europe touche à sa fin avec la conclusion d’un Tour principal qui a confirmé les formes entrevues à l’étape précédente. Si certaines équipes ont vécu un cauchemar, d’autres ont su proposer un niveau de jeu remarquable pour rejoindre le carré final. Même si la Norvège a freiné son conte de fée, la Croatie n’a pas tremblé en se qualifiant pour sa toute première demi-finale au détriment de l’Allemagne. La France retrouve le top 4 après la déception du dernier mondial et le Danemark fait sensation chez lui en éliminant le vice-champion d’Europe en titre. 


Groupe I : Une France invaincue et un Danemark roi sur ses terres

© Anze Malovrh / kolektiff pictures

Au début de ce Tour principal, nous aurions pu croire que tout était écrit. Avec 4 points chacune, une voie royale pour la Russie et la France était tracée. Mais dans le sport, rien n’est jamais acquis et le chemin peut sembler sinueux dans un groupe qui comporte la France, la Russie, le Danemark, la Suède, le Monténégro et l’Espagne. En 2018, la France était devenue championne d’Europe en débutant son Tour principal avec 2 points, la Norvège avait terminé sa course aux portes des 1/2 finales alors qu’elle n’avait commencé qu’avec 0 point ! Tout est possible quand on y croit. Au contraire, une chute peut vite arriver comme ce fut le cas de la France, il y a 6 ans de ça. Et à ce jeu, la France a recommencé à se faire peur. D’abord avec l’Espagne, un « clasico » dans le jargon. 40 minutes de leçon de Handball où s’accouplaient vitesse d’exécution et défense agressive, 20 minutes de relâchement irrespirables. Finalement, les Françaises décrochent une victoire au forceps par l’expérience de joueuses comme Amandine Leynaud et Alexandra Lacrabère. Peu importe la manière, l’équipe de Olivier Krumbholz poursuit sa marche en avant quand les Ibériques se voient écartées de la course au titre, pénalisées par leur parcours pendant le tour préliminaire et malgré le talent de leur ailière droite Carmen Martin (9/10). Pendant ce temps-là, la Russie semblait en grande difficulté avant de mener face au Monténégro, une formation bien sous-estimée. Déjà éliminée en toute fin de match, elle avait encore la possibilité de freiner la progression russe en égalisant sur le buzzer. Un manque de lucidité dans la dernière possession permet aux Russes de rester à hauteur des Bleues qu’elles rencontrent le lendemain. Moins de 24h après, l’intensité ne pouvait pas être de mise. Les deux camps se partagent les deux mi-temps, livrant un combat titanesque pour se quitter sur un match nul. La France et la Russie auraient pu déjà se qualifier mais le Danemark n’avait pas donné son dernier mot. L’affrontement contre la Suède était assez crucial, le perdant ne pouvait plus avoir aucun espoir. Les Danoises dominent ce derby scandinave d’une main de maitre, les Suédoises ne trouvent aucune faille dans la défense de leurs voisines et doutent devant une grande Sandra Toft, cauchemar des artilleuses blågult. Alors que les Danoises parviennent à s’exprimer sur montées de balles rapides, les Suédoises restent souvent bloquées sur attaque placée, comptent trop souvent sur la précision de leur pivot Linn Blohm et manquent de précision dans leur finition jusqu’à un 7m fatidique de Nathalie Hagman sur la barre transversale. Cet échec finit par être le résumé malheureux d’un euro frustrant pour les Suédoises, pourtant venues avec beaucoup d’ambitions. Les joueuses de Tomas Axnér se font dominer par toutes les équipes du groupe I même si une dernière révolte donne des frayeurs à une France qui cherchait à se qualifier pour les 1/2 finales. Il fallait partir sur une bonne note pour le dernier match international de leur meneuse de jeu Isabelle Gulldén (224 sélections, 15 compétitions internationales et 846 buts). Cette dernière s’adjuge même d’un dernier but de grande classe (Son 203ème dans un Euro) sur passe décisive de Nathalie Hagman malgré la grande avance des Bleues et leur qualification déjà assurée. Cette Suède-ci termine 11ème avec beaucoup de défaillances tout en montrant un visage prometteur et une jeunesse assez talentueuse pour le futur.

 

Isabelle Gulldén during the Women’s EHF EURO 2020 Norway, Denmark – Group I, France vs Sweden, Jyske Bank Arena, Herning Denmark 15.12.2020, © Anze Malovrh / kolektiff images

Malheureusement, cette année elle n’a pu se mesurer à son rival danois qui est monté en puissance chez lui. Cependant, malgré la dangerosité du pays hôte, personne ne s’attendait à ce que la Russie soit tactiquement et techniquement dépassée par les joueuses de Jesper Jensen, dans tous les secteurs de jeu. Ailières, arrières, gardiennes, toutes ont permis au Danemark de prendre son envol vers un carré final qui pourrait briser une disette longue de 7 ans. Ambros Martin, lui, n’a jamais su remobiliser un groupe à grande culture collective mais dépourvu de plusieurs joueuses clés. La Russie voit un nouveau titre européen lui échapper et doit disputer une 5ème place anecdotique avec un nouveau sélectionneur. La France finit finalement à la 1ère place devant le Denemark.

Résultats : 
Monténégro/Russie 23/24 – France/Espagne 26/25 – France/Russie 28/28 – Danemark/Suède 24/22 – Monténégro/Suède 31/25 – Danemark/Espagne 34/24 – Monténégro/Espagne 26/26 – France/Suède 31/25 – Danemark/Russie 30/23

Groupe II : Quand le champion du monde déçoit, la Croatie et la Norvège épatent

Team Croatia during the Women’s EHF EURO 2020 Norway, Denmark, Main Round, Group II, Croatia vs Germany, Kolding Arena, Kolding, Denmark, 15.12.2020, © Jozo Cabraja / kolektiff images

Champions du Monde en titre, les Pays-Bas de Emmanuel Mayonnade ne verront pas un nouveau podium alors que les Oranjes étaient sur une série de six Final 4 avec 5 médailles récoltées, depuis 2015. Une belle moisson pour une nation émergente mais certainement encore trop juste pour reproduire l’exceptionnelle performance passée de la Norvège, du Danemark et de la Russie. Inconstantes depuis le début de l’Euro, les Néerlandaises ont alterné entre les temps forts et les temps faibles, accumulant les maladresses devant les buts mais également dans leurs replis défensifs souvent apathiques. Il manquait des détails pour accrocher les adversaires et le coeur se réveillait lorsqu’une élimination précoce pointait le bout de son nez, en attestent les rencontres contre la Hongrie et l‘Allemagne. Pas suffisant, au goal average, derrière la Croatie qui a continué de poser beaucoup de problèmes à ses adversaires, pourtant favoris sur le papier. Une large défaite contre la Norvège n’éteignait pas les espoirs croates pendant une finale de groupe engagée devant les Allemandes qui, elles, devaient s’imposer de deux buts après la victoire des Pays-Bas à leur dépens. Pourtant la Mannschaft a eu plusieurs fois la possibilité de mettre la pression sur les partenaires de Camila Micijevic mais sans inspiration offensive devant les buts de Tea Pijevic (16/32 – 50%), les Allemandes voient la Croatie creuser un écart conséquent pendant de longues minutes et vivent un véritable cauchemar avec les percussions de Micijevic et Debelic. Avec une admirable Pijevic, la Croatie (2ème) s’impose logiquement après une compétition quasiment sans accroc et rejoint pour la première fois les demies d’un championnat d’Europe au côté de la Norvège (1ère) qui a largement dominé ce groupe II sans concession. Les Scandinaves finissent ce tour intermédiaire avec une différence de but de… +56 ! Quant aux derniers candidats, ils n’ont pu faire que figuration avec 0 point pour la Roumanie et une pale victoire pour la Hongrie. 

Résultats : 
Croatie/Roumanie 25/20 – Pays-Bas/Norvège 25/32 – Hongrie/Allemagne 25/32 – Croatie/Norvège 25/36 – Pays-Bas/Allemagne 28/27 – Hongrie/Roumanie 26/24 – Pays-Bas/Roumanie 35/24 – Allemagne/Croatie 20/23

En 1/2 finale, la France rencontre la Croatie et le Danemark fait face à la Norvège, ce vendredi. 

Equipe type à la fin du tour principal
Gardienne : Sandra Toft (60/156 – 38% en 6 rencontres) – Danemark
Ailière droite : Carmen Martin (32 buts/45 – 71% en 6 rencontres) – Espagne 
Arrière droite : Nora Mørk (42/53 – 79% en 6 rencontres) – Norvège
Demi-Centre : Stine Oftedal (24/43 – 56% et 30 passes décisives en 6 rencontres) – Norvège
Pivot : Linn Blohm (24/30 – 80% en 6 rencontres) – Suède
Arrière gauche : Camila Micijevic (30/56 – 54% en 6 rencontres) – Croatie
Ailière gauche : Camilla Herrem (28/38 – 74% en 6 rencontres) – Norvège

Crédit photo : Jozo Cabraja et Anze Malovrh/kolektiff images 

 

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