Emmanuel Mayonnade et Metz Handball, une idylle de dix ans

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Emmanuel Mayonnade et Metz Handball, une idylle de dix ans

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Emmanuel Mayonnade fête en ce mois de décembre 2025 ses dix années à la tête des Dragonnes de Metz Handball.

Arrivé sur le territoire le 26 décembre, c’est en réalité dès le 11 décembre 2015 qu’était officialisée l’arrivée d’Emmanuel Mayonnade à Metz Handball. Le Girondin découvrait alors la rudesse de l’hiver mosellan après quelques semaines de spéculations et de rumeurs. D’une part, Jeremy Roussel venait d’être laissé libre par le club à la mirabelle pour rejoindre prématurément un club de LNH, de l’autre « Manu » était libre depuis la triste liquidation de l’union Bordeaux-Bègles-Mios Biganos.
Un concours de circonstances plutôt favorable à l’écurie messine qui s’attachait les services d’un jeune entraîneur déjà chevronné au haut niveau : meilleur entraîneur du championnat de France, vainqueur de deux éditions de la Coupe Challenge et vainqueur d’une Coupe de France. Enfant de Mios, celui qui a été, de son propre aveu, un « demi-centre moyen » avant sa carrière de coach, se lançait néanmoins dans un défi majeur loin de chez lui, de surcroit avec une adjointe héritée de son prédécesseur : Ekaterina Andryushina. Une joueuse qu’il admirait et dont le destin viendra confirmer la complémentarité dans le coaching.

Champion des sacres

Dès sa première saison il rencontrait le succès à la tête de l’équipe jaune et bleu en décrochant le vingtième championnat de France mosellan. Un résultat annonciateur d’une décennie de réussites avec en cumulé huit championnats de France, six Coupes de France et quatre qualifications au Final 4 de la Champions League, dont une troisième place. Tant de trophées qui font d’Emmanuel Mayonnade l’entraîneur de Metz Handball avec le plus beau palmarès devant des noms qui sonnent comme des légendes : Olivier Krumbholz (9 saisons, 7 titres), Bertrand François (11 saisons, dont 2 incomplètes, 13 titres) ou Sandor Rac (5 saisons, 10 titres).

Coureur de records

Au delà du fait de courir après un titre en Champions League, que fait on pour rester motivé quand on a déjà tant gagné ? Manifestement, on chasse des records et des performances.

Metz Handball a vécu plus de deux saisons sans défaite dans le Championnat de France, entre 2021 et 2024 : 52 matchs. Un record absolu que l’équipe pourrait battre dès cette saison puisque les Dragonnes cumulent désormais 48 victoires consécutives en Ligue Butagaz Energie depuis 2024.

En Champions League, tous se souviennent de l’épopée folle de 28 matchs d’invincibilité à domicile. Quatre années entre domination et parfois partage de points qui avaient débuté en 2017 et pris fin en 2021, laissant bon nombre de cadors repartir bredouille.

Par ailleurs, Emmanuel Mayonnade a accompli ce qu’aucun n’avait su réaliser avant lui en multipliant avec ses joueuses les doublés coupe / championnat. Metz Handball en est à quatre de suite (2021 – 2025) et n’entend pas s’arrêter là. Cinq doublés Championnat / Coupe de la Ligue consécutifs ont également garni le palmarès du club entre 2004 et 2009.

Ces records sont d’autant moins simples à réaliser qu’ils ont requis des performances fortes face à des équipes réputées comme faisant partie des meilleures au monde. Des chocs face à Györ comme révélateurs de l’évolution du statut de Metz Handball, des joutes contre le CSM Bucarest dans les moments clés de plusieurs saisons, la présence du grand Vipers Kristiansand dans une poule de Champions League, la rivalité montant chaque année d’un cran avec le Brest Bretagne Handball, les performances de haut vol face à des équipes épouvantails comme Ferencvaros, les tête à tête avec Rostov, les bras de fer dans le dernier carré avec Esbjerg…

Un bâtisseur

Emmanuel Mayonnade, c’est également un bâtisseur de collectifs. Dire qu’il a recueilli l’adhésion pleine et entière de tous les effectifs qu’il a eu à sa charge durant la décennie serait mentir. En revanche, la majorité des joueuses s’accorderaient certainement à dire qu’il leur a permis de progresser. Minutieux dans son approche de toutes les composantes du handball, celui qui est désormais quarantenaire ne perd pas une occasion de faire éclore les talents dont il a la charge.
Mieux encore, Emmanuel Mayonnade a eu, durant les dernières années, à faire face à de grandes vagues de renouvellement de son effectif, avec jusqu’à dix départs à la fin de l’exercice 2024/2025. Chaque période a été marquée par des doutes assumés de la part des supporters et observateurs. Chaque exercice suivant, ou presque, a été couronné de succès d’une manière ou d’une autre.

Et à part ça, c’est quoi dix ans ?

Ces dix années d’Emmanuel Mayonnade à la tête de Metz Handball ce sont également d’innombrables moments clés, de moments forts, et d’instants de passion dans les coursives des Arènes comme à l’extérieur. Ces discours d’avant match écrits, réécrits et ré-réécrits. Ce visage perpétuellement fermé avant, pendant ou après les matchs mais qui peut à tout moment s’ouvrir pour laisser glisser une blague en zone mixte ou à l’issue d’une conférence de presse. Ce sont aussi ces soirs de titre au cours desquels la carapace se fait moins épaisse. Dix années d’Emmanuel Mayonnade, ce sont également dix années de questionnements permanents, ce sont énormément de victoires marquantes mais aussi parfois des défaites qui font mal à la tête. Des centaines d’heures d’analyse vidéo chaque saison pour trouver une faille, une tactique et la transmettre au mieux à tout l’effectif. En dix ans, il y a probablement aussi eu plus de « bons mots » tournant autour de son nom de famille que nécessaire dans des articles de presse de l’hexagone. Dix ans, ce sont des centaines de kilomètres devant le banc de touche les soirs de match et surtout des milliers d’entraînements à inventer et réinventer, de semaines à trois matchs en trêves internationales. En autant d’années, ce sont des dizaines de cols de polos malmenés. Dix ans en Moselle, c’est aussi un accent chantant du sud ouest qui ne s’est jamais vraiment effacé.

Dix ans, c’est quoi qu’on en dise une longévité folle dans un club où seule la victoire compte et où le moindre échec peut tout faire basculer. Emmanuel Mayonnade n’est assurément pas un « dieu » du handball, s’il en est, mais après dix années de cette tenue, il est possible d’affirmer sans trembler qu’il s’est fait une solide place parmi les grands de ce sport.

Reste comme toujours une question en suspens : restera-t-il sur le banc messin pour une année supplémentaire ?

Crédit photo : Divers photographes de Let’s Go Metz