138 Samedi, Metz Handball subissait en demi finale de Coupe de France sa 5ème défaite de la saison face au Brest Bretagne Handball. Une deuxième élimination après celle subie en Champions League. Que s’est il passé dans le rapport de force entre les deux équipes cette saison ? Éléments de réponse… En 2020/2021, Metz Handball a cédé du terrain face à son challenger au point de concéder un 0 – 5 sur la série de confrontation en cours, un revirement de situation historique aux raisons nombreuses. Le Brest Bretagne Handball arrive cette saison au bout d’un cycle amorcé en 2013. L’équipe sortait alors d’une relégation administrative qui l’avait envoyé en Nationale 1 et venait de retrouver Laurent Bezeau après une parenthèse de deux saisons. Après deux montées en trois saisons, l’équipe Bretonne retrouve la première division après un titre de D2 et une coupe de France et entame la structuration de son projet qui doit le propulser vers les sommets. Avec l’arrivée de renforts de plus en plus redoutables de saison en saison, la campagne en EHF Cup, les titres de vice championnes de France et la première « wild card » pour la Ligue des Champions ne sont que des répétitions dans le cadre d’une volonté qui se veut plus ambitieuse.Aujourd’hui Brest arrive au bout de cette démarche, à la veille d’un départ de son entraineur et de plusieurs joueuses importantes (Ana Gros, Isabelle Gulldén…), le collectif est arrivé à maturité et se situe dans une mentalité proche du « maintenant ou jamais ». On va participer à trois finales, à titre personnel j’en suis très très heureux tout comme les joueuses et l’ensemble du club. C’est historique, le seul club a avoir réalisé le trio coupe de France, Championnat et Final Four, c’est Metz il y a deux ans et maintenant c’est notre tour. On va essayer d’en gagner au moins deux comme Metz l’avait fait et on va s’accrocher pour la troisième.Laurent Bezeau après Metz-Brest le 24/04 Your browser does not support the video tag. A Metz la dynamique est tout autre. Le club dispose d’un palmarès à rallonges et a entamé la construction d’une équipe destinée à tout gagner autour d’Emmanuel Mayonnade dès 2015. L’équipe semblait avoir atteint sa maturité lors de l’historique saison 2018/2019 et semblait en bonne voie pour concrétiser ses ambitions en 2019/2020 avant de laisser place à un remaniement de l’équipe. Malheureusement, la crise liée au Covid-19 a bousculé les certitudes et terrassé ces espoirs et Laura Glauser, Grâce Zaadi, Marion Maubon, Laura Flippes, Ailly Luciano ou encore Xenia Smits ont quitté la Moselle sans atteindre leur objectif, occasionnant un renouvellement de l’effectif qui avait de quoi alerter. Pourtant le club par l’intermédiaire de son président, Thierry Weizmann, et son entraîneur, Emmanuel Mayonnade, s’est toujours défendu d’une « fin de cycle », d’une saison de transition ou d’une baisse des exigences. Dans le concret le club a donné plus de place à ses jeunes joueuses prometteuses pour qu’elles puissent éclore (Orlane Kanor, Méline Nocandy…), autour d’un collectif restant solide et expérimenté (Astride N’Gouan, Manon Houette…) tout en effectuant quelques paris (Camila Micijevic, Tjaša Stanko, Debbie Bont…). Ces choix ont payé contre une partie des adversaires rencontrés, mais face aux grosses écuries les failles se sont révélées. En définitive la nouvelle dynamique ne semble pas s’être vraiment mise en route et à défaut de l’avoir fait cette saison il faudra peut être encore quelque temps avant que le Metz Handball « nouvelle génération » ajuste son effectif de manière suffisante et acquière assez d’expérience pour prétendre reprendre les devants sur tous les tableaux. On discute beaucoup avec le président, le staff et on pense qu’en terme d’expérience sur ce type de match on est un petit peu « light ». […] C’est à mon avis notre inexpérience qui nous coûte cher dans ces moments là. […]Je le répète sans honte et sans aigreur, Brest aujourd’hui joue son meilleur handball depuis 2, 3, 4 ans sans aucun problème, avec des joueuses qui sont en forme, reviennent très bien comme Gullden. Jauković on ne la présente plus, les pivots sont très bonnes, les gardiennes aussi… Il n’y a pas non plus en face une équipe en souffrance, je pense que c’est la meilleure équipe de Brest ces dernières années face à nous qui ne jouons pas notre meilleur handball.Emmanuel Mayonnade après Metz-Brest le 24/04 Comment se remettre de cette mauvaise série ? Pour le staff comme pour les joueuses, Emmanuel Mayonnade a sa petite idée… On ferme sa gueule et on repart au travail pour celles qui considéraient qu’elles y allaient déjà et… on ferme sa gueule et on repart au travail pour celles qui n’en étaient pas encore là. Il n’y a pas de recette miracle.On ne va pas se raconter de connerie, pour passer contre Brest il faut que tout le monde mette un engagement fort mais il faut aussi que tout le monde remplisse une feuille de stat et réalise un match techniquement et tactiquement le plus juste possible, ce qui aujourd’hui n’est pas notre cas.Emmanuel Mayonnade après Metz-Brest le 24/04 Metz Handball n’est pas pour autant au fond du gouffre et reste très bien placé pour disputer une finale de championnat au cours de laquelle les deux équipes pourraient encore se croiser. Quel qu’en soit le résultat il sera intéressant de surveiller l’évolution des dynamiques et du rapport de force entre ces deux grosses cylindrées du handball français lors des saisons à venir. Crédit photo et infographie : Matthieu Henkinet