153 Après une année 2024 où elle sera passée par toutes les émotions (médaille d’argent aux championnats d’Europe et 16e aux Jeux Olympiques de Paris), Auriana Lazraq-Khlass regarde sereinement l’avenir. Elle a dressé le bilan et fait état de ses perspectives pour l’avenir à notre micro. Auriana Lazraq-Khlass, on vous avait quitté en août dernier. Comment allez-vous depuis ? Ça va bien, il y a eu des hauts et des bas. Je suis partie en vacances juste après les Jeux, donc ça m’a fait du bien. J’ai quand même eu un petit down en revenant à l’entraînement en septembre. Après, c’est ce que tous les Olympiens disent : il n’y a vraiment plus d’énergie, moins de motivation… Donc j’ai préféré laisser glisser, mais en même temps, j’étais avec mon groupe d’entraînement, alors ça m’a fait du bien. J’ai fait deux mois et demi de préparation intensive avant les fêtes. La machine est relancée et on y va à fond pour la saison d’hiver. Avec du recul, quel bilan faites-vous de votre saison 2024 ? C’est la meilleure année que je n’ai jamais faite et c’était une année de rêve. En 2022, j’ai fait une année blanche parce que je me suis faite opérer de la cheville. Je n’ai donc eu que 2023 pour réussir à faire les Jeux de Paris 2024. Je n’ai rien lâché, et ç’a été la cerise sur le gâteau dans une année unique, l’objectif que je voulais atteindre depuis toujours. Malheureusement, je n’ai pas réussi cette olympiade comme je l’aurais voulu. Mais franchement, je ne pouvais pas demander plus pour mon année 2024. « Je ne vais pas rester sur un échec, et il faut aller jusqu’à Los Angeles pour faire beaucoup mieux que ça », ambitionne Auriana Lazraq-Khlass Auriana Lazraq-Khlass avec sa médaille de vice-championne d’Europe de l’heptathlon. Cette déception des Jeux justement, est-elle évacuée aujourd’hui ? Avec le temps, ça revient. Mais c’est vrai que j’apprends encore à utiliser mon échec des jeux pour l’entraînement et pour mes objectifs à venir, comme un rebond. Je ne vais pas rester sur un échec, et il faut aller jusqu’à Los Angeles pour faire beaucoup mieux que ça. Comment arrive-t-on à retourner à l’entraînement après de telles émotions ? Honnêtement, c’était quand même un peu dur. Il y a de la fatigue, et moins de motivation. C’est un peu comme si tu te levais et que tu ne savais pas trop pourquoi. Jusqu’à Paris 2024, mon quotidien, c’était de me lever en me disant que je préparais les Jeux. C’est une motivation qui est hyper forte. Et de passer de ça à pas grand-chose, ce n’est pas évident… Mais on a un très bon collectif dans le groupe de Julien (Choffart, son coach, ndlr). J’avais envie d’aller les voir et de partager des moments avec eux. Même si ce n’était pas forcément pour progresser en athlétisme, mais davantage pour faire du social. C’est ça qui m’a remis dedans petit à petit. Et là, je suis repartie à fond. Comment envisagez-vous la suite désormais ? Beaucoup plus sereinement. Cette année 2024 m’a assurée que j’avais le niveau et ma place au niveau international. Je suis sereine, on va dire, et je vais travailler à fond. Ça commencera par cette saison d’hiver 2025, avec les championnats d’Europe et les championnats du Monde en salle, j’espère faire les deux. En tout cas, si je reçois les invitations pour les deux, je ferai les deux. Il y aura aussi le meeting Athlélor à Metz (le 8 février à l’anneau). Ensuite, il y aura les championnats du monde à Tokyo cet été. Après avoir fait Budapest (en 2023, ndlr), j’aimerais bien faire mieux que 12ᵉ cette fois-ci. Entre toutes ces dates clés que vous venez de citer, comment allez-vous organiser votre saison ? On a déjà bien géré la saison d’hiver, la saison d’été un petit peu aussi. Durant la saison d’hiver, je vais faire quelques meetings nationaux, en tout cas en France, sur les spécialités. Et on a mis un contrat en place avec mon coach, avec des performances individuelles. Si je les réalise, je ferai le pentathlon aux championnats élite. Sinon, je referai des spécialités, ce n’est pas grave. C’est un petit challenge. De toute façon, je n’arrive pas à faire la différence entre des petites compétitions et des grosses compétitions. On n’est jamais là pour faire de la merde. Avez-vous changé des choses dans votre encadrement ? Pas du tout. J’ai gardé l’équipe qui gagne. Mais je me suis rapprochée de la fédération pour ajouter des échanges avec le diététicien et la cellule de la haute performance, avec qui je discute pour optimiser mes entraînements. J’ai aussi gardé mes entraînements en Allemagne, pour pouvoir continuer à travailler sereinement. Crédit photo : Valentin Lachaux / Let’s Go Metz et Icon Sport