Jessica Silva : « Je suis tellement fière pour Marine Morel et heureuse pour le FC Metz ! »

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Au lendemain de son premier match et de sa première victoire avec son nouveau club, le Brooklyn FC, Jessica Silva s’est confiée au micro de Let’s Go Metz. L’ancienne coach du FC Metz est notamment revenue avec émotion sur la nomination de Marine Morel à la tête de la section féminine grenat.

27 septembre 2024, 07h30 du côté de New York, c’est une coach comblée qui prend l’appel. Il faut dire que depuis quelques jours, le Brooklyn FC a officialisé son arrivée en tant que première entraîneuse de l’histoire de son équipe féminine pour le reste de la saison inaugurale 2024/25 de l’USL Super League et pour deux saisons. Jessica Silva, toute souriante, est encore très émue puisque quelques heures plus tôt, son équipe remportait le premier match de son histoire à domicile à l’université de Columbia face au Dallas Trinity FC. Après une année sabbatique riche en enseignements, l’ancienne coach du FC Metz s’est rappelée au bon souvenir des interviews de Let’s Go Metz.

« Prendre cette année pour souffler était nécessaire »

Jessica Silva, la coach du FC Metz
Jessica Silva, coach du FC Metz de 2020 à 2023

Jessica, tout d’abord, comment vas-tu ?
Je vais très bien, j’ai eu une belle année pour me ressourcer, pour voyager à travers le monde et voir un autre football, d’autres cultures, d’autres méthodologies. C’était une année excellente et enrichissante car j’ai pu prendre le temps de connaître différentes philosophies et différentes manières de travailler. Et je suis prête pour entamer ce nouveau projet.

Ton souhait était de te ressourcer auprès de tes proches et de faire un vrai break avec le football, c’était quelque chose dont tu avais vraiment besoin après ton aventure messine ?
Au moment où je suis partie de Metz, c’était difficile de prendre cette décision, mais c’était vraiment nécessaire et avec le recul ça valait le coup. C’était une expérience riche que je n’aurais pas pu vivre sans arrêter. Tout ce que tu gagnes à voyager et à rencontrer du monde, voir d’autres cultures, d’autres méthodes de travail, tu ne peux pas l’avoir lorsque tu entraînes. C’est important parfois de prendre une année pour soi. Le métier d’entraîneur est très difficile et prenant, surtout à notre niveau car tu n’es pas seulement coach. Pouvoir prendre cette année pour souffler, c’était nécessaire.

« Être dans un pays qui est réellement amoureux du foot féminin, ça fait du bien »

Jessica Silva à l’issue de sa première victoire avec Brooklyn – Photos par Ethan Thompson Visuals et Emelia Bowie

Brooklyn, New York, le foot US, c’est une belle nouvelle aventure qui commence pour toi !
Au premier abord, je n’étais pas nécessairement très chaude à l’idée d’aller entraîner aux USA parce que j’estimais que ma philosophie de jeu n’était pas forcément alignée avec ce qui est naturellement proposé ici. Mais aujourd’hui avec cette nouvelle ligue qui a la volonté de faire les choses comme en Europe, c’est-à-dire avoir de vrais projets de jeu de possession de balle, avoir plusieurs manières d’approcher les buts et pas seulement par du jeu direct, c’est quelque chose qui m’a beaucoup intéressé. Mais ce qui m’a le plus attiré, c’était le fait de construire un projet. Je suis quelqu’un qui aime construire, et malgré toutes les difficultés que cela comporte, ici, il y a un vrai engouement pour le football féminin. Une vraie volonté de faire progresser la discipline. Les conditions de vie, la volonté de donner des salaires professionnels à vingt-quatre joueuses, avec des staffs de huit personnes dès la première année, c’est quelque chose qui est très difficile à trouver en Europe. La difficulté c’est de construire le projet à partir de ses fondations. Il faut même creuser le trou soi-même (rire). Mais être dans un pays qui est réellement amoureux du foot féminin, ça fait du bien.

L’USL c’est une nouvelle ligue, mais c’est un environnement que tu connais, et surtout un niveau et une approche du football que tu maîtrises, tu as déjà connu cela au Canada ?
Cela dépend où tu vas au Canada. Au Québec, spécifiquement, la philosophie est un peu plus européenne. J’ai eu la chance de voir évoluer un football où on aime construire de l’arrière. Mais au niveau de l’environnement, de l’engouement, c’est vrai que le Canada ressemble énormément aux USA. Je me retrouve dans un environnement que je connais effectivement, mais être dans un quartier comme Brooklyn c’est assez compliqué. New York c’est aussi beau pour son architecture que compliqué pour le transport (rire).

Et alors, premier match, première victoire, cela ne pouvait pas mieux commencer ?
Le premier match s’est soldé par une victoire, honnêtement c’était génial. Être en mesure de marquer l’histoire à New York c’était quelque chose dont je n’aurais jamais osé rêver. En plus j’ai eu la chance d’avoir mes parents qui ont pu faire le voyage et voir le match. C’était quelque chose qui n’était pas forcément possible très souvent quand j’étais en France, à Metz. C’était un moment spécial, les filles ont super bien joué, surtout en première mi-temps. Je suis vraiment choyée en ce moment.

« Je ne sais même pas si « fière » est un mot suffisant pour décrire ce que je ressens pour Marine »

Marine Morel a beaucoup appris aux côtés de Jessica Silva

Jessica, la nomination de Marine Morel à la tête de l’équipe féminine du FC Metz, c’est quelque chose qui a dû te mettre en joie, quelle a été ta réaction quand tu l’as appris ?
Marine… Dès que j’ai su, j’ai sauté au plafond, je lui ai écrit tout de suite. J’ai même écrit à Alexandre Clément (Directeur Général du FC Metz – Association). C’est un choix magnifique. Pour le projet actuel, il n’y a personne de mieux que Marine Morel. Je la suis, je suis à ses côtés même de loin. C’était ma capitaine, c’est une Messine de cœur, elle saura porter le flambeau et inculquer les valeurs messines à ses filles. Je ne sais même pas si « fière » est un mot suffisant pour décrire ce que je ressens pour Marine. C’était le meilleur choix, c’est la femme du moment. J’vais continuer à l’encourager depuis New York et je serai toujours là pour elle et pour le club. Je reste très attachée à Metz, même de loin.

Ton départ de Metz a laissé un grand vide pour les supporters et pour certaines joueuses et l’année qui a suivi a bien failli être synonyme de descente pour les Grenats…
La fin de mon aventure en grenat n’a pas été simple, et j’étais très attristée de la tournure que cela prenait la saison après mon départ. Personne n’aime construire quelque chose et le voir tomber. Ça n’était pas mon objectif. J’ai eu l’occasion de reparler avec René (Franceschetti, ancien président de la section féminine) et avec certaines personnes au club, on s’écrivait et j’envoyais mes encouragements de loin. Le changement n’est jamais facile. Mais aujourd’hui, je pense que le FC Metz est entre de bonnes mains. Marine n’était pas seulement ma capitaine, c’était également ma responsable de la formation et de la préformation. Je me souviens l’année où je lui ai demandé de venir travailler pour nous à temps plein, je lui ai dit que j’aimerais qu’elle prenne mon poste un jour. Et à l’époque elle pensait que j’étais folle (rire) ! Comme quoi la vie fait parfois bien les choses. Marine a la clef de la construction pour ces prochaines années et je suis tellement fière d’elle, et heureuse pour le FC Metz. Elle va donner ce feu, cette passion pour le football et pour la ville de Metz.

Propos recueillis par Gérald Russello
Crédit photos (archives) : Julien Buret

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