1,5K Depuis cet été, le Stade Saint-Symphorien héberge Paolo Del Vecchio, un artiste-footballeur. Nous sommes allés à sa rencontre pour comprendre son travail et l’ensemble de son projet multiforme qui fait un parallèle entre l’art et le football. Diplômé de l’École Supérieure d’Art de Lorraine, Paolo Del Vecchio travaille depuis cinq ans sur un projet de résidence artistique au sein d’un club de football professionnel. Après deux ans et demi de discussions, il est devenu le premier artiste à s’installer au sein d’une structure professionnelle. Un projet à 360 degrés, pour mêler art et football Après son projet « Squadra Diaspora », Paolo Del Vecchio reprend attache dans sa ville d’origine en menant un projet au sein du FC Metz. Un travail pour « faire une connexion entre le football, l’art, le club et le territoire ». Dans son atelier niché au cœur de la tribune nord du Stade Saint-Symphorien, impossible de ne pas y voir ce lien avec le football. De l’herbe synthétique au sol, des maillots accrochés au mur et une machine à floquer donnent le ton. Ce projet, « à 360 degrés » selon les mots de l’artiste, s’inscrit dans une pratique d’artiste au sein d’un club professionnel, pour créer un contexte et une recherche artistique autour du football en tant que phénomène de société. Le Messin y associe ensuite « la trajectoire de l’artiste à celle du footballeur » grâce au sous-projet des maillots. Pour son travail, il s’appuie sur toutes sortes de supports : de la photographie aux maillots, en passant par une voiture, ou d’autres objets faisant référence au marketing entourant le monde du football. « Je tiens un carnet de bord photographique pendant les matchs, et en dehors. Je ne cherche pas à faire de belles images de sport, mais plutôt à réaliser des clichés de ce que je peux voir en arpentant le stade. C’est un moyen de capter une ambiance, un coeur qui bat avec toutes ses composantes, et d’aller à la rencontre des gens. » Paolo Del Vecchio Des maillots pour faire le parallèle entre l’artiste et le footballeur L’œuvre phare de la résidence de Paolo Del Vecchio est la performance et l’interprétation de l’artiste-footballeur lui-même. La réalisation d’une série de maillots vient ensuite donner un rythme à la résidence de l’artiste. Pour chaque match à domicile, le Messin présentera un maillot travaillé par ses soins. À la fin, ces 17 maillots porteront un message et une cohérence générale, pour « proposer un point de vue, sur ce qui pourrait être une trajectoire commune entre un artiste et un footballeur, en écho à des sujets de société ». À ce jour, les premiers maillots témoignent par exemple de la santé mentale, de la construction de sa propre image sur internet ou encore du rôle du public comme un premier sponsor. Mais pour l’artiste messin, « tout ne se comprend pas en une image ». À terme, ces maillots seront exposés avec des témoignages, ou encore des audios, pour que « l’oeuvre soit comprise dans sa globalité ». Un travail mené de paire avec le club à la Croix de Lorraine « Travailler dans un club professionnel, ça permet indéniablement d’avoir une grosse visibilité », témoigne d’emblée Paolo Del Vecchio. L’artiste-footballeur messin travaille d’ailleurs avec certains joueurs ou joueuses volontaires du FC Metz, auxquels il propose un atelier bi-mensuel sur toute la saison. Ce projet avec des personnes ayant différentes maturités, et plusieurs parcours de vie « permet d’avoir une belle richesse de travail », explique le Messin, qui consulte régulièrement ces athlètes pour faire avancer leur projet. « Résumer ma résidence en quelques mots ? Ce n’est vraiment pas évident, car cela implique différentes phases : un travail d’observation, de recherche, et de création, qui s’appuie également sur mon travail passé. Depuis mon parcours à l’école d’art, je considère qu’il faut aller à la rencontre du travail des artistes pour le comprendre. C’est pour cela que j’invite régulièrement les gens (employés du club ou curieux) à venir me voir dans mon atelier pour avoir un moment d’échange qui nourrira aussi le projet. » Paolo Del Vecchio Une résidence artistique, fruit d’un long travail de mise en place Paolo Del Vecchio, bien qu’il ait « conscience que ce ne soit pas un travail qui puisse se lire dans l’immédiat », prend plaisir à expliquer sa démarche, dans son atelier. L’artiste messin cherche avant tout à ancrer le club dans quelque chose sortant de l’ordinaire, après un très long travail de mise en place. « Il est vrai qu’il existe aujourd’hui une distance entre l’art et le sport, mais qui tend à s’estomper avec de plus en plus de projets mêlant le sport et la culture ces derniers temps. J’essaie de créer un dialogue. Je comprends que le public se pose des questions, car les parallèles entre les deux ne sont pas encore très nombreux aujourd’hui », témoigne le Mosellan. Un financement par la DRAC et différents sponsors Naturellement, nous avons demandé à Paolo Del Vecchio comment s’articulait le financement d’un tel projet, ne serait-ce que pour vivre. Labellisé Paris 2024 par le dispositif « Olympiade Culturelle », le travail de l’artiste messin est financé majoritairement par la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Le FC Metz, lui, permet surtout au Mosellan d’être mis en relation avec les différents partenaires et sponsors institutionnels ou privés. Le reste, l’artiste le trouve de lui même grâce à eux, comme avec Kappa, qui lui fournit les maillots. Tout ce travail devrait être exposé en fin de saison. La date et le lieu restent à définir, mais cela pourrait avoir lieu à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024. À suivre. Crédit photo : Valentin Lachaux / Let’s Go Metz