128 Mai 2019, quelque part au pays des droits de l’homme et des libertés. Les supporters messins découvrent avec stupeur et hurlements les réactions épidermiques des voisins de la banlieue sud sur les réseaux sociaux. En marge d’un derby qui n’a plus que son nom pour encore faire rêver/vibrer quelques irréductibles, les esprits s’échauffent lentement et les déclarations fusent. Mais revenons d’abord au contexte… La saison fût éprouvante pour tout le monde, enfin… disons, presque tout le monde. Pour nous autres, supporters messins, du haut de nos « presque » 80 points acquis par notre équipe dans un championnat terne et sans spectacle, nous voilà à deux journées de la fin, remplis par la confiance et des étoiles plein les yeux. Condescendants et fiers comme jamais, fidèles à notre réputation d’emmerdeurs sur la toile, nous avons pour certains complètement oublié les humiliations des exercices précédents. L’amnésie qui nous frappe est telle, que l’image d’une « haie d’honneur à Picot » par la team Sopalin est passée en quelques heures d’une euphorisante utopie à une requête en bonne et due forme. Ce qui dans pareils cas, et dans nombres derbys à travers le monde s’apparente comme un fair-play spontané de la part des voisins, devenait pour nous autres messins, un nouveau moyen de tirer sur l’ambulance et d’asseoir un peu plus notre domination régionale. Oui, les rouge et blanc devaient s’infliger cette humiliation. Le contraire les rendrait piètres et faibles mauvais perdants, suintant le seum comme une baraque à frite un soir de coupe du monde. L’ironique demande est devenue en quelques jours une réelle exigence. A tel point que l’ASANAL s’est senti obligé de se fendre d’une annonce officielle en conférence de presse. Exit l’idée d’une humiliation totale, il valait encore mieux pour les nançois de passer pour des rabat-joie aigris par une saison cauchemardesque. Un vrai scandale pour nous supporters messins. Les flashs de nos appareils photos ne pourront immortaliser l’absurdité de cette scène. Mais une question me taraude… Que ferions-nous à leur place ? Faut-il vraiment blâmer le chardon lorrain ? Quelques heures après cette annonce, et alors que nous transformions notre déception en stimulante motivation d’écraser les sudistes, voilà que le compte officiel de l’ASNUL promettait un funeste destin aux rebelles messins qui oseraient braver les interdictions totalitaires de la préfecture de Meurthe-et –Moselle. Outre l’interdiction de s’habiller en grenat à moins de 50km de Marcel Picot, voilà que les futurs -potentiels- pensionnaires de National promettaient de livrer aux stormtroopers de l’empire les éventuels résistants présents dans le stade qui s’oublieraient après la transformation du 87ème penalty de la saison d’Habib Diallo. Non messieurs dames, vous ne lèverez pas les mains au ciel, ne crierez pas votre joie ou votre désaccord pendant ce match. Pas d’hélico-bite en tribune Jacquet. Vous n’avez de toute façon rien à y foutre. La loi c’est la loi. Rongés par la honte, la tristesse et surtout la peur de voir les voisins grenats et leur armada de supporters moqueurs et indisciplinés envahir leur enceinte malgré l’arrêté préfectanal, les trou-ducs de Lorraines en venaient à promettre une délation pétainiste, si par malheur l’on venait à festoyer dans leurs travées. Cela dit… Une question me taraude… Que ferions-nous à leur place ? Faut-il vraiment blâmer le chardon lorrain ? La réponse ? Chacun d’entre nous pourra y réfléchir à tête reposée, avec un peu de recul et de discernement. Une chose est sûre, pour les supporters les plus téméraires et les ultras les plus convaincus qui oseraient utiliser l’argument « Le derby est une fête, le foot est un sport avec ses coutumes et son folklore etc. » pour dénoncer ses mesures totalitaires et ses menaces collabos, j’aimerais rappeler que c’est vous, (nous ?) qui êtes « en partie » responsables de l’évolution des mœurs et des actions liberticides. Ce sont vos (nos ?) insultes, chants barbares, saccages et bagarres absurdes qui ont conduit le football à ne plus être « qu’un sport », le derby à ne plus être « qu’une fête ». Bien sûr, chacun pourra ou non se sentir concerné. Regardons-nous dans une glace et demandons-nous dans quelle mesure nous pourrions être ne serait-ce qu’un tout petit peu responsable de ce qui arrive. S’il est désormais acquis qu’en cas d’arrivée au pouvoir d’une puissance fachiste néo-nazie, les greniers nancéens ne seront pas la meilleure option pour se planquer, il y a fort à parier que les caves plus au nord ne seraient guère plus accueillantes. Au point où nous en sommes, et avant d’aller livrer aux deux clubs ainsi qu’au préfet du 54 une liste en ma possession de noms de supporters messins ayant pu acquérir un précieux ticket pour le match de vendredi, j’aimerais tout simplement poser une dernière question : Ne faudrait-il pas interdire tout simplement les derbys ? Ou même le football ?