679 À peine quelques jours après l’annonce de son remplacement par José Pinot, l’ex coach du FC Metz, Jessica Silva, revient sur son départ du club à la Croix de Lorraine et dresse le bilan des trois ans et demi à la tête de la section féminine. Entretien. C’est depuis le Canada que la désormais ancienne coach du FC Metz nous a accordé sa première interview depuis l’annonce de son départ du club. Apaisée et reposée, Jessica Silva profite de cet interlude pour se ressourcer, chez elle, de l’autre côté de l’Atlantique. Tout d’abord Jessica, comment allez-vous ?Je vais bien. J’ai pu rentrer voir ma famille, prendre quelques petites vacances. Je suis surtout bien entourée, je profite de ces moments précieux avec mes proches et avec la mine reposée, chose que je n’avais plus faite depuis plusieurs années. Pouvez-vous revenir sur les raisons de votre divorce avec le FC Metz ?Les raisons de mon départ ? Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais il n’y a pas de drama, ni de raisons particulières. Le football d’aujourd’hui est composé de cycles. Et il faut accepter ces cycles. Maintenant, mon esprit est projeté vers l’avant. J’ai fait une introspection sur mon expérience et ces années à Metz. Aujourd’hui, je suis dans une pensée positive et complètement concentrée sur l’avenir. Peut-on voir un lien entre votre départ et celui de nombreuses joueuses et cadres de l’effectif ?Au moment où ma situation s’est précisée, je n’avais pas d’information sur le désir de certaines joueuses de partir. Je pense que tout le monde était vraiment déçu de ne pas avoir pu monter en D1. On y croyait, surtout après avoir battu Lille. Le groupe était très fort. Jessica Silva à l’entraînement avec le FC Metz Avec un peu de recul, quel bilan tirez-vous de vos années messines ?Les deux premières années étaient très compliquées. Je suis arrivée au cours d’une saison difficile qui aboutit sur une descente. Puis le COVID est arrivé. C’était extrêmement compliqué. L’objectif, c’était surtout la stabilisation d’un projet. Et en particulier l’optimisation des ressources internes pour stabiliser l’équipe première. Le recrutement a été compliqué au début à cause du COVID. Certaines joueuses n’avaient pas joué pendant un ou deux ans. Mais sur les deux dernières saisons, on a réussi à stabiliser la structure. Les deux dernières saisons ont été effectivement plutôt réussies même si le club n’a pas pu accrocher une place en D1 Arkema…Au niveau des résultats, on a toujours réussi à être compétitives, toujours dans le top du tableau. Les équipes craignaient de venir à Metz car on a pris cette réputation de jouer du bon football. Après, comme toutes saisons, il y a des hauts et des bas. Mais si on regarde plus particulièrement la dernière saison, le bilan est positif. Aujourd’hui, je pars la tête haute. Ce n’est plus du tout la D2F d’il y a cinq ans, et je suis fière du travail accompli dans une compétition qui devient de plus en plus difficile et compétitive. Le FC Metz est un club formateur, même chez les filles ?Beaucoup de filles ont passé un palier et sont passées dans la catégorie supérieure. On a des joueuses qui ont fait leurs premiers pas avec l’équipe première. D’autres ont pris leur envol pour aller jouer en D1. Jessica Silva et Océane Picard, future joueuse de D1arkema au DFCO D’après vous, il manque quoi au FC Metz pour monter en D1 et s’y installer durablement ?Ce n’est pas spécifique à Metz mais à tous les clubs de D2. Il faut un engagement financier réel vis à vis du recrutement. Et des staffs plus étoffés avec peut-être un peu plus d’expérience. Aujourd’hui le football féminin a beaucoup évolué. C’est très compliqué de monter. Les clubs mettent de plus en plus de ressources et de structuration autour des équipes premières et des U19. Je pense qu’aujourd’hui Metz a réellement envie de stabiliser le projet. Le moment est opportun avec la montée des hommes en Ligue 1. Le futur devrait être bon pour le FC Metz. Quels sont vos projets pour l’avenir ? Ces dernières semaines, j’étais surtout dans une optique de prendre du recul et stabiliser ma situation personnelle. Avec mon entourage, on s’attelle à trouver le bon projet. Le but ce n’est pas de sauter sur le premier qui se présente. Je préfère prendre mon temps et trouver quelque chose qui me convienne autant sur le plan sportif que sur le plan humain. C’est vraiment le plus important pour moi et pour mon équilibre de vie. Je vais bien sûr rester dans le milieu du football. Et pas forcément au Canada. Aujourd’hui j’ai des touches un petit peu partout en Europe. Jessica, un petit mot pour le peuple grenat ?Metz va rester gravé dans mon cœur. J’y reviendrai dans tous les cas. Et que ce soit chez les pros ou chez les féminines, il y a un bel avenir qui se profile pour le FC Metz. Je tiens à remercier mes joueuses pour leur confiance. Je vais continuer à les suivre de près car je suis très attachée à elles. J’ai reçu énormément de beaux messages, de joueuses, de collègues, de supporters. Je leur souhaite tout le meilleur. Il faut continuer à venir au stade et créer de belles ambiances. À chaque fois que le public était là, on a performé. Le football féminin a progressé et c’est grâce à eux et aux médias qui nous suivent, en particulier Let’s Go Metz qui a fait grandir le projet de la section pendant ces trois ans et demi. Propos recueillis par Gérald RusselloCrédit photo : Julien Buret/Let’s Go Metz