215 Le mois de mars célèbre le triste premier anniversaire d’une crise sanitaire mondiale sans précédent et le début des annulations de compétitions sportives. Là où les contraintes sanitaires, les reports ou encore l’arrêt de certains championnats ont été accueillis avec une certaine mansuétude, la grogne monte progressivement depuis le début de la saison 2020/2021. En cause, de nombreuses inégalités, des annonces et des contre-annonces une situation qui s’éternise et des difficultés qui s’accumulent. L’histoire commence par une bonne nouvelle, il y a quelques semaines, le 12 février, Roxana Maracineanu annonçait la reprise des championnats de football « amateurs ». Le hic, c’est qu’elle ne s’adressait qu’aux sportifs masculins et occultait totalement leurs homologues féminines, ouvrant la porte à une vindicte des joueuses qui ont dû monter au créneau pour obtenir le même traitement que les hommes, le comble à une époque où l’État se fait régulièrement promoteur de l’égalité entre les sexes dans tous les domaines. Les voix se sont fait entendre et la situation a fini par évoluer favorablement après quelques jours de flottement, malheureusement les acquis ont été de courte durée puisqu’un énième retournement de situation a eu lieu. Alors que les clubs avaient amorcé leur reprise au rythme d’un protocole sanitaire particulièrement strict, le 1er Mars une nouvelle annonce de la ministre des sports a mis en pause la timide reprise, privilégiant un report d’un mois à minima. C’est ici une nouvelle incompréhension qui se présente à l’ensemble des sportifs concernés : pourquoi les championnats sont une nouvelle fois arrêtés alors que la coupe de France, avec ces mêmes clubs et les mêmes conditions sanitaires, peut se poursuivre ? Quelle est la différence entre l’AS Béziers, Sedan, les nombreuses équipes réserves de clubs professionnels et le SC Lyon, Bastia Borgo ou Avranches ? Y a t’il une si énorme différence entre N2 et N1 ?Pour résumer la vision des nombreux sportifs qui se sont fait entendre depuis, la pensée majoritaire tend à considérer qu’il s’agit de décisions «au pifomètre » et à ce stade il est difficile de le contredire. Cette situation donne donc à deux politiques le loisir de naviguer au cœur d’une actualité facile. Noël le Graët, en pleine campagne, surfe sur la thématique du football amateur qu’il a pourtant abandonnée durant la totalité de son mandat, tandis que Roxana Maracineanu s’offre une présence médiatique bien opportune puisqu’elle met de côté les cris d’alerte des sports moins favorisés par les médias en privilégiant des discours teintés d’espoirs de reprise qui sonnent désormais bien faux. Pourtant dans le même temps la situation n’évolue pas et les clubs doivent composer avec les moyens du bord. Une situation financière catastrophique La préoccupation financière a une place centrale dans cette crise sportive, de nombreux athlètes évoluant des ces divisions boudées par les autorisations de compétition sont sous contrat « pro » et sont entourés de staffs conséquents et tous s’enlisent dans des situations de plus en plus précaires. Malgré les aides et le recours au chômage partiel, les clubs sous statut « semi-professionnel » voient leurs finances souffrir et l’impact réel pourrait se faire sentir à long terme avec des budgets réduit à peau de chagrin pour les prochaines saisons, une situation qui va impacter jusqu’aux milieux professionnels pour des raisons très simples.Les clubs semi-pro sont des viviers énormes pour les clubs professionnels et certains joueurs s’y font souvent remarquer avant de réussir à percer au plus haut niveau. On peut prendre l’exemple de Pierre Lees-Melou qui évolue désormais à Nice après avoir été licencié au Lège-Cap-Ferret ou même dans une autre mesure Dylan Bronn passé par l’AS Cannes. Des joueurs qui sortent de centre de formation mais qui n’obtiennent pas de contrat professionnel pullulent dans les championnats nationaux où ils s’aguerrissent dans l’espoir de se faire remarquer et décrocher une signature dans une équipe de haut niveau. Ces joueurs issus de centres de formation se monnaient et représentent des postes de dépense conséquents pour les petits clubs. Face à la crise économique qui se profile dans le sport pour faire suite à la crise sanitaire, il faudra s’attendre à une diminution de ces contrats et probablement à une fuite des talents. Aveuglé par le football pro’ Pour conclure, il faut rappeler que dans cette crise, l’État français aide généreusement le football professionnel français qui a un système économique voué à l’échec, un système qui oblige la revente de joueurs, donc en plus d’être un fléau financier, est un système qui rend le championnat beaucoup moins compétitif que ses rivaux étrangers. Investir plus de 200M d’€ pour perpétuer un système financier qui va s’écrouler tôt ou tard et laisser mourir le football amateur et ceux qui en « vivotent » peut être perçu comme une grande non-décision des instances dirigeantes.Ce dont les instances ne semblent pas se rendre compte, c’est qu’en plus de faire miroiter une reprise qui n’aura probablement pas lieu, on tue le sport amateur et en tuant le sport amateur on fragilise le sport professionnel.Une pétition a été lancé pour la reprise de la D2F et obtenir une meilleure reconnaissance de la division, pour la signer c’est ici !Ceux qui veulent comprendre les enjeux de ce nouveau report de la reprise peuvent en apprendre plus dans une vidéo de Romain Molina.Crédit Photo : Julien Buret