152 Qui a dit que la passion était une flamme qui se consume lentement et qui finie par s’éteindre complètement ? La passion ne se décrit pas, elle se vit. Comme on dit, loin des yeux mais près du cœur et c’est comme cela que doivent vivre les fameux expatriés fan du FC Metz. Le premier déchirement est bien sur celui de quitter sa ville chérie, fierté de la Lorraine, siège de tous les plus grands personnages historiques, cité que l’on ne peut pas assiéger ! Quand t’es expatrié tu te rends vite compte que pour la plupart des gens, Metz ça se prononce “Mettse”. C’est dans une région à l’Est peut être même en Allemagne et que c’est le club qui a refusé Platini. Parfois cela donne lieu à des échanges assez cocasses. -Ah oui je connais bien le football français, ils sont en quelle division le FC Metz ? – Bah, ils sont en Ligue 1. – Ah ouais ? ils sont montés cette année ? -Euuuh non ils sont montés il y a… Laisse tomber… De toute façon tu as l’habitude, déjà que tu as du mal à trouver de la reconnaissance en France, tu ne te faisais pas trop d’illusions en changeant carrément de continent. Tu comprends alors que tu vas devoir te battre pour essayer d’exister dans ce pays ou Football rime avec ballon ovale et Soccer avec ton sport favori. Mais tout cela importe peu car toi tu connais ta ville, tu sais d’où tu viens, quel sport te fascine et tu en es fier ! Alors tu déballes tes affaires, tous les maillots soigneusement pliés, tes stickers que tu as si bien emballés, ton écharpe que tu ne quittes jamais et tes innombrables “Gazette de St Symphorien” qui ne servent absolument à rien qu’on se le dise. Tu te sens enfin comme à la maison… Pour l’instant la vie est belle et tout est rose… Non, tout est Grenat ! Tu cherches alors des repères pour combattre le manque et atténuer la douleur que tu éprouves de te retrouver à des heures de vol de tes idoles. Tu es donc loin de ton stade flambant neuf, sans télé, et parfois même avec du décalage horaire, la dure réalité te rattrape… Fini les défaites à la 93 ème, fini les choix tactiques de ton entraîneur favori, fini la frustration d’après match… NON pas question, tu es messin et rien ne peut empêcher un messin de voir son équipe jouer, tu dois te ressaisir ! Alors tu enfiles ton maillot fétiche, c’est pas tous les ans qu’on se maintient hein ! Tu prends ton écharpe et tu commences à chercher dans les bars, dans les cafés. Tu prends le bus, parfois le métro, plus rien ne compte si ce n’est trouver une télé qui diffuse le match. Par chance aujourd’hui c’est FC Metz contre le PSG donc tu ne devrais pas avoir trop de mal à trouver. Tu arrives dans le bar sportif, il est 13h et tout semble parfait. Ça va commencer ! NON du Hockey sur glace ostie d’pays de tabarnak !! Alors là tu reprends ta course folle, il ne te reste plus qu’une seule solution… Le fameux streaming russe avec une image dégueulasse qui saute d’une minute à chaque action, oui faut pas déconner, la Wifi du voisin a fait son temps. Les spams, les pubs, les “félicitations” tu as encore gagné un super téléviseur Panasonic, BREF ! Tu aurais du mieux suivre tes cours d’informatique, tu n’es même pas foutu d’installer AdBlock. Mais bon, l’essentiel est là car tu peux enfin voir le match ! MAIS C’EST PAS POSSIBLE FICHU ARBITRAGE FRANÇAIS! Y’EN A MARRE! Aaah tu retrouves tes bonnes vieilles habitudes. Encaisser un but dès le début du match, espérer comme un novice quand ton équipe égalise ALORS que tu sais pertinemment qu’elle va en encaisser un en fin de partie, avant de sombrer complètement comme chaque semaine. À la fin du match, rongé par la frustration, tu craches ta haine sur Twitter. Tu y trouves des soutiens, ça te rappelle que tu n’es pas seul. Malheureusement avant tu allais boire un coup, puis deux et trois. Ce soir le 4 ème aurait été plus que nécessaire puis tu allais dormir pour oublier ce nouveau drame..! Tu regardes l’heure, il est 15 h, encore un mauvais coup de la LFP ? Non, c’est juste le décalage horaire, bien que de te saouler en plein après-midi ne soit pas vraiment au delà de tes capacités, tu préfères rester raisonnable et trouver un autre moyen de penser à autre chose. Bon, il te reste du temps à tuer, tu reprends ton écharpe et tu sors faire un tour en ville. Prendre l’air n’a jamais fait de mal à personne et qui sait, tu pourrais rencontrer la femme de ta vie. Ahaha évidemment que non, tu es supporter du FC Metz ne l’oublie pas. Après quelques minutes de marche tu aperçois cette lumière au loin, ce bruit étouffé et mélodieux qui sonne comme un air de déjà entendu à ton oreille. Cette senteur si particulière de fumée mêlée à l’odeur des burgers et des merguez… Mais oui ! Pas de doute, c’est un stade de foot ! Tu fonces… Tu t’arrêtes, tu réfléchis, je ne peux pas trahir mon équipe… Bon, allez j’y vais ! C’est juste pour essayer. Ton instinct reprend le dessus, tu pars à la recherche de la tribune des Ultras. Pourquoi tout le monde est heureux, on dirait que le club respecte ses supporters. Je vois même des supporters adverses dans le parcage ! Alors tu te méfies, j’aime pas trop ça… Puis une main tendu, une bière, un sourire et te voilà entrain de chanter pour ce club qui semble t’accueillir chez lui comme un orphelin à la recherche d’un nouveau foyer. La joie, les chants, la magie du football fait son œuvre, puis un silence, un but sonne le glas dans les travées du stade… Les supporters enragent, les sifflets résonnent et la défaite se profile… La lose légendaire qui te colle à la peau depuis tant d’années semble toujours bel et bien présente. Pas de doute possible, tu viens de trouver le club qu’il te faut en attendant ton retour parmi les tiens. À suivre … Joris Coss.