172 Chacun a(vait) ses petites habitudes, ses rituels, ses gestes répétés (D’abord la jambe gauche, toujours, puis la droite). Quand un article commence avec une vanne aussi pourrie, ce n’est jamais très bon signe. « Et quand arrive samedi !!!! (Ou vendredi, ou dimanche après-midi ou soir, enfin ça dépend de la programmation TV) Sur le chemin du stade (vétuste, obsolète) !!! … » Jour de match (à définir), jour de bonheur, d’angoisse, d’excitation et bien trop souvent de frustration pour 15000 fidèles du FC Metz (en moyenne). Chacun a(vait) ses petites habitudes, ses rituels, ses gestes répétés (D’abord la jambe gauche, toujours, puis la droite). Se garer, pas trop loin pour pas trop marcher, ni trop près pour pas rester bloquer une heure dans les bouchons. Un kebab du palais pour certains, un sandwich aux (petits) oignons pour d’autres, quelques pintes devant la brasserie, le petit café pendant l’échauffement pour les plus ponctuels. Tout ça sent(ait) bon la bière, la saucisse, les traditions. Un état d’esprit familial forgé depuis des générations dans les mines de charbon de la vallée de la… Zzzz…. (Bla bla bla et bla bla bla…) OK, on arrête tout. 2017, quelque part aux abords de la tribune Est. Etat d’urgence et attentat sur gardien Lyonnais obligent, il faut depuis quelques mois maintenant montrer patte blanche aux abords du stade, puis avant l’entrée devant les fameux tourniquets enfin sortis de terre en tribune Est. Soit. Les travaux qui ont été effectués à l’arrache pour des raisons de sécurité ont rendu l’accès en tribune bien compliqué. Alors vous me direz : « Oui, mais déjà avant c’était la merde, fallait déjà arriver à 19h30 devant les grilles pour espérer voir le coup d’envoi, les stadiers sont des incapables (en plus d’être désagréables), club de morts etc. » Oui bien sûr, tout ça est vrai, mais ce qu’on n’avait pas imaginé c’est à quel point les travaux allaient empirer les choses. Les accès de la tribune ayant été séparés afin d’éviter aux riches familles VIP interentreprises de la basse de croiser les affreux ultras hordistes du haut, ce sont désormais des cages en fer qui entourent les escaliers sous la tribune. Cela n’évite d’ailleurs pas de croiser les regards assoiffés de sang de ces tarés de supporters qui osent se lever et chanter pendant le spectacle, mais bon, là n’est pas le sujet. Horda enc***s ! (Tu te souviens ?) Les allées sont devenues encore plus petites sous l’enceinte et la sortie en fin de match est encore plus longue qu’avant (si, si c’est possible.). Comble du comble, y a même plus de café depuis que c’est le palais du Keb’. Fort heureusement les WC n’ont eux pas été rénovés et on peut encore y retrouver les tâches de merde, les fuites de pisse au milieu des tags et des stickers. Ouf ! Merci. Entrer dans le stade ? (Photo à 20h30 prise devant la brasserie, 15mn avant le coup d’envoi) À partir de 30 minutes avant le coup d’envoi, cela devient une expérience sociale traumatisante pour peu qu’on soit sujet à l’ochlophobie. Et je ne parle pas d’un match à guichet fermé, non, pour le dernier Metz Monaco par exemple, il n’y avait même pas 19000 personnes dans le stade. 19000 pour Monaco champion de France en titre. Sortir du stade ? Même constat. Le flux migratoire Ouest- Est devant la tribune Nord ne permet plus de remonter le courant avec aisance comme il était de coutume il y a encore quelques mois. « Oui mais c’était déjà comme ça avant… » – Tsss ferme-la ! Je sais que c’était déjà la merde avant, mais bordel on nous rabâche depuis des mois que la sécurité est primordiale, que notre stade est vétuste, que les normes sont de plus en plus strictes, que des mecs peuvent débouler en camion et faucher tout le monde avec leur kalash ou leurs fumigènes etc. Alors stop ! Tais-toi et écoute. Saint-Symphorien, c’est terminé. Tu m’entends ? TER MI NÉ Pas la peine de pleurer. L’âme du stade s’en est allée un soir de décembre 2016. À moins que cela soit avant. Difficile de le dire en fait, car ça fait des années que sonnent le glas et les cloches de l’enfer (qui n’ont jamais si bien accompagné l’entrée des joueurs). Une obsolescence programmée lorsqu’en 2012 les créanciers décidaient d’enterrer le projet de rénovation du stade pour l’Euro 2016. À l’époque on était sans doute trop occuper à pleurer les résultats sportifs pour se rendre compte du désastre. Alors on s’accrochait à notre souvenir, nos valeurs. Saint Symphorien, l’autre cathédrale de Metz n’allait pas être défigurée ou pire, remplacée par un stade impersonnel. Moi-même à l’époque j’ai milité pour ne pas voir mon FC Metz jouer à Amnéville ou je ne sais où entre Metz et la banlieue sud. Déçus certes, mais soulagés, nous remettions nos casques et allions lutter pour remonter dans l’élite pour peut-être s’y maintenir, enfin. Pendant ce temps, dans le reste de l’hexagone, des stades sortaient de terre, certains sous des noms improbables. Matmut, Océane, Groupama, Orange, Allianz Riviera, MMArena, Pierre Mauroy, du Hainaut… Foutu naming… « Peu importe, qu’ils aillent tous se faire foutre avec leurs stades neufs à moitié vides. Nous notre stade est vieux, il pue le vomi, et même si lui aussi il est à moitié vide, au moins il a une âme. Une histoire. » Ouais… ok sauf que là maintenant l’heure est grave. Le mercato nous prouve chaque semaine que des joueurs refusent de venir chez nous pour des raisons d’infrastructures, et qu’il est urgent d’attendre. Attendre qu’on débloque des fonds et des autorisations pour construire d’une part un camp d’entraînement, et surtout qu’on rénove cette tribune Sud scandaleusement vieille. Ah… oui. La « tribune Sud ». On y vient. Le foot, pour un club comme Metz, c’est d’abord survivre. Former des jeunes, vendre les meilleurs au plus offrant, acheter des seconds couteaux, des anciennes semi-gloires, et survivre. Survivre au milieu des loups. Ne viens pas pleurer la perte de Sarr ou de Falette. Ne crois surtout pas qu’on va ou qu’on doit réinvestir dans le sportif. Non. Qui viendrait de toute façon ? Le manque d’ambition du club n’est même plus le problème. Si tu suis le FC Metz depuis suffisamment longtemps, tu apprendras à vivre avec cette frustration. Par contre, là où tu es en droit d’être furieux, et de crier ta haine envers M. Serin, c’est pour le stade. Notre président a visiblement bien intégré les nouvelles règles du foot moderne et du foot business. Places VIP, prix exorbitants, 27 formules d’abonnements, pack footix, carré d’or, finition manuelle. Sauf que… Payer 250€ pour être parqué derrière un grillage, 300€ pour être accueilli dans la pisse et la merde, 400 à 800€ si tu veux jouir d’une place excentrée en latérale à peine plus confortable qu’un agglo sur un chantier, faire la queue une heure et louper le coup d’envoi, être fouillé par des types la plupart du temps désagréables si ce n’est insultants, galérer pendant 30 minutes avant de pouvoir rejoindre ta voiture pour être enfin dans les bouchons ou prendre ton bus à la fin du match : Stop ! Respire, respire. Construire un stade de 20 à 25 000 places comme d’Ornano, Auguste-Delaune ou le Stade des Alpes, ça peut varier de 60 à 140 millions d’euros. Ça dépend de ce que tu mets dedans, salade, tomates, oignons, ou complet avec sauce blanche piment sur les frites. Alors je te vois venir avec tes 30 000 places pour l’UEFA. T’as pas compris que ce n’est pas pour nous l’Europe ? Fais toi une raison et sois déjà content d’avoir un stade neuf pour 100 millions, un stade qui sonne, rempli, où les chants de la Horda, de la GG et de la Gruppa résonnent. Non ? Tu préfères t’accrocher à ton vieux stade ouvert à l’anglaise en centre-ville qui a « tant vécu » ?… Bordel mais même à Picot ils ont un stade moins pété que le nôtre. (Nan je rigole, faut pas exagérer non plus… mais au moins ils ne font pas la queue une heure, c’est propre, bien organisé, y a des cartes d’abonnement pour les boissons et la bouffe, et leur pauvres chants moisis résonnent plus que nos « lapins » et autres « ma ville c’est la plus belle » grâce à l’infrastructure du stade.). Tu crois qu’on n’a pas les moyens c’est ça ? Tout ça parce qu’on n’est pas foutu d’avoir du blé pour la tribune Sud. Mais dis-toi bien que les mecs qui ont le chéquier sont frileux à refaire la tribune parce que justement rien n’est sexy pour un investisseur dans le fait de faire du neuf avec du vieux. T’as vu où est placé Saint-Symphorien ? Réveille-toi un peu s’il te plaît… Essaie de penser plus loin, d’élargir ton esprit. Et surtout arrête de croire que ce serait de l’argent foutu par les fenêtres. La seule dépense inutile, ce serait une nouvelle tribune Sud. Qu’on reste en ligue 1 ou qu’on descende en ligue 2, le problème est presque le même. Metz restera toujours une « petite ville de foot ». 15000 spectateurs de moyenne. Guère moins en ligue 2. Guère plus en ligue 1. ALORS FERME LES YEUX deux MINUTES, et imagine… Imagine un stade neuf, fermé, sur 2 étages, avec des sièges grenats et blancs, ça résonne, c’est beau comme le printemps. Appelle-le comme tu veux, Parc Carlo Molinari, Micciche Arena, ou… CMI Stadium. Ferme les yeux et regarde à nouveau. Ce nouvel outil flambant neuf, et ses infrastructures ont attirés de nouveaux partenaires. On a pu acheter des bons joueurs et remonter en ligue 1, à nouveau. Jamais depuis l’épopée de 1998 l’équipe n’a vécu de telles émotions. On frôle les places européennes. Heureusement parce que sinon avec nos 22000 places on ne pourrait pas jouer l’Europa league. Mais regarde comme c’est simple maintenant pour se garer près de la base aérienne. Regarde comme c’est plaisant de faire la queue dans les snacks et les bars du stade, avec ta petite carte magnétique et le sourire des hôtesses. Comble du bonheur, les mecs de la Gruppa, de la GG et de la Horda ont enfin compris que la politique et la haine n’ont pas leur place dans un stade, et qu’un seul amour peut et doit tous nous unir. Ce n’est plus 2 kops moyens que nous avons, mais un virage entier qui chante en chœur. On est toujours là, FC Metz, fiers de nos couleurs, dans un stade qui respire le foot. Allez va, réveille-toi. Tout ça c’est de la SF ! Dans 15 jours on reçoit la meilleure équipe du monde avec le meilleur et le plus cher joueur du monde dans notre bon vieux Saint-Symphorien dégueulasse. Tu devras faire la queue au milieu des footix parisiens avant de voir ton équipe en prendre 5. Ça sentira toujours la pisse et notre speaker nous mettra encore et toujours la honte avant le coup d’envoi. Attention pointe-toi à 19h sinon tu risques de louper les 3 premiers buts. Avec un seul Neymar on peut se payer combien de stades au fait ? Fox Mulder.