Thomas Jeangeorge : «J’entame ma neuvième saison aux côtés du FC Metz»

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Il commente, analyse et décrypte toute l’actualité des grenats pour France Bleu Lorraine Nord, entretien avec le très sympathique Thomas Jeangeorge.

Comment êtes-vous devenu journaliste en charge de l’actualité du FC Metz sur France Bleu Lorraine Nord ?

J’ai commencé à la radio en tant que pigiste, c’était en 2001, du côté de Nancy, à France Bleu Sud Lorraine. Je n’ai pas fait d’école de journalisme, j’ai appris sur le tas. Mon premier contact avec le foot, c’était à Marcel Picot. J’y ai fait mes premiers matchs pour France INTER qui proposait un multiplex animé par Jacques Vendroux. À partir de 2005, j’ai effectué des missions d’intérim pour Radio France.  J’ai fait ça pendant 5 ans puis j’ai été intégré à Metz en 2010. Pendant ces cinq années, j’avais un profil de journaliste polyvalent à dominante sportive, il m’est arrivé de faire des contrats pour remplacer des commentateurs ou des journalistes sportifs, ça a été le cas à Rennes où j’ai pas mal suivi le Stade Rennais. J’ai été nommé titulaire à Metz en avril 2010, c’était Yvon Pouliquen aux commandes et nous avions loupé la montée en Lique 1. Ça commençait bien  ! J’entame ma neuvième saison aux côtés du FC Metz.

C’est quoi le style Jeangeorge aux commentaires ?

Je crois que c’est de l’intuition, de l’anticipation et de la spontanéité mais c’est être aussi  le plus descriptible possible. Une petite pointe d’humour de temps en temps et des envolées lyriques parce qu’il faut se réveiller quelques fois pendant les matchs où l’on s’ennuie  ! ll faut trouver son propre style, notre métier est exposé donc ça plait ou ça ne plait pas. Je sais que certains n’apprécient pas ce que je fais mais l’important c’est de vivre sa passion et de la retransmettre aux supporters du FC Metz et aux auditeurs de France Bleu Lorraine.

Avez-vous un modèle ? Eugène Saccomano par exemple ?

Eugène Saccomano était une figure dans les années 80-9O, c’est lui qu’on entendait le plus. Il y avait un commentateur qui était exceptionnel, il venait du nord, il était au stade Grimonprez-Jooris, il me faisait bien rire. Quand j’ai commencé à Nancy, il y avait Mathieu Barbier qui a été la voix de l’ASNL pendant 15 ans. C’était un phénomène et je pense qu’inconsciemment, je me suis inspiré de ce qu’il faisait.

Avez-vous eu la possibilité ou la tentation de commenter des matchs à la télévision ?

Non, je préfère la radio. C’est un média où l’on vit les choses intensément. Il n’y pas d’images donc nous devons donner l’envie à l’auditeur de rester parce que ça peut être très long d’écouter un match à la radio. La télévision ne m’a jamais attiré. Ce n’est pas du tout la même approche et très sincèrement, je ne sais pas si je pourrais le faire.

Comment abordez-vous les rencontres à commenter ?

Le fait de suivre au quotidien le FC Metz me permet d’avoir un certain bagage à l’approche d’un match. Je n’ai pas besoin de faire mille et une recherches avant une rencontre. Je me focalise surtout sur l’adversaire, notamment en Ligue 2 car les joueurs sont moins connus.

Faites-vous une préparation spécifique pour la voix ?

Non pas forcement, je m’hydrate beaucoup. Je suis fumeur, malheureusement… ou heureusement (rires). Il m’est arrivé quelques fois de commenter des matchs avec une voix qui part. C’est très désagréable. Il faut surtout faire attention aux conditions météo. En hiver je m’habille très chaudement. Le froid est l’ennemi numéro 1 du commentateur. Certains se moquent de moi en tribune de presse mais j’ai même un petit chauffage d’appoint à mes pieds (rires).

Quel est le meilleur commentateur actuellement ?

À la radio j’apprécie Jean Resseguié, il a sa propre touche, il fait une longue carrière et son travail est enfin reconnu car il a longtemps été dans l’ombre d’autres.  À la télévision, Grégoire Margotton est vraiment pas mal sur TF1. Le binôme avec Lizarazu fonctionne super bien.

Quel est votre premier souvenir avec les Grenats ?

C’est la finale de Coupe de France 1988 entre le FC Metz et le FC Sochaux. J’avais 10 ans et je me souviens plus particulièrement de l’image du camp adverse, avec le désespoir de Mickael Madar qui venait de rater le dernier tir au but face à Michel Ettorre. Ma première à Saint-Symphorien remonte à 1997 contre Montpellier et Metz avait perdu 1-0. J’étais en tribune Nord avec mon père. Mon premier match commenté à Metz, c’était un Metz-Brest en 2007 et le premier match que j’ai commenté en tant que titulaire à France Bleu Lorraine, c’était un derby à la Meinau. Victor Mendy avait marqué pour Metz et Basile de Carvalho pour Strasbourg.

Quel est votre meilleur et votre plus mauvais souvenir avec le FC Metz ?

Le meilleur souvenir c’était Lens-Metz, sous l’ère Philippe Hinschberger, l’ultime rencontre pour la montée en Ligue 1. Dès les premières minutes de ce match à Bollaert, j’ai senti que les grenats n’y étaient pas et que la montée ne dépendrait pas de nous. J’ai commenté toute la rencontre en étant véritablement crispé. Je n’avais pas envie d’être à Lens, j’avais envie d’être au Havre. C’était horrible, c’était interminable. On avait été mauvais ce jour-là, c’était une catastrophe. Ce match reste mon meilleur souvenir car le coup de sifflet final était jubilatoire, quasiment orgasmique (rires).

Le pire souvenir c’était Metz-Guingamp, sous l’ère Dominique Bijotat. Nous perdons ce match 2-5 et on se retrouve dans la charrette, tout dépend de ce match à Arles-Avignon, que l’on perdra 1-0.  Ce Metz-Guingamp reste le plus mauvais souvenir car ce soir-là, j’ai vu une équipe exploser totalement au vol. À l’issue de la soirée, je savais que c’était mort, que nous étions relégués et qu’il fallait se préparer à l’étage inférieur.

Avec du recul, j’étais très content de faire cette saison en national. Nous n’avions pas abandonné le club même si la plupart des stades n’étaient pas fait pour accueillir des médias radio. À certains endroits, nous avons dû commander des lignes Numéris pour assurer la retranscription du match, de l’ordre de 300€ la ligne. Des fois tu arrivais au stade et la ligne était là mais mal configurée. J’ai commenté des matchs au téléphone portable ! Quel souvenir cette saison. Le FC Metz était « en enfer », nous étions bien loin de la Ligue 1. Il fallait repartir de zéro, Albert Cartier est arrivé. Je connaissais les jeunes du centre de formation car j’avais suivi leur parcours en Gambardella et les recrues de l’époque étaient exceptionnelles, humainement parlant, je pense à des Guido Milan, Kévin Lejeune ou Gregory Proment. Nous avions des relations très humaines, ce qui n’est plus trop le cas aujourd’hui. Tous ces kilomètres à travers la France, Luzenac, Le Poiré-sur-Vie, Uzès… On prenait la bagnole pour aller dans des contrées perdues, c’était vraiment sympa. Le FC Metz avait pris cher avec cette descente, de ce fait, le staff et les joueurs n’avaient pas cette méfiance du journaliste…

Et peut-être même des supporters aussi…

Oui car ceux qui étaient là, c’était vraiment le noyau pur et dur. Les 5000 qui étaient présents pour le coup d’envoi du National face à Boulogne-sur-Mer…

Et il y avait Ngolo Kanté !

C’est vrai qu’il jouait à Boulogne !  Allart ouvre le score dès le début du match et là je me suis dit « putain, si c’est comme ça toute la saison… » (rires). Je garde presque une certaine forme de nostalgie de cette période. Le national ou la Ligue 2, c’est très bien pour France Bleu, on est presque le seul média à suivre le club au quotidien contrairement à la Ligue 1.

Propos recueillis par KB et AC.

Retrouvez Thomas Jeangeorge aux commentaires de chaque match du FC Metz sur France Bleu Lorraine Nord. Notez également le rendez-vous grenat sur FBLN, chaque lundi à 18:10 dans l’émission « Lundi, c’est Graoully ».

 

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