L’épineux problème de la diffusion de la Ligue Butagaz Énergie

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La nouvelle a fait un drôle d’effet sur la planète handball ces derniers jours. BeIN Sports, propriétaire des droits de diffusion télévisuelle, a choisi de ne plus diffuser le championnat de handball féminin sur ses antennes.

 

Depuis trois ans et jusqu’à la saison passée, BeIN Sports diffusait 15 matchs du championnat de handball féminin. Cette période est révolue et cela a été annoncé cette semaine, de manière assez anodine. Pourtant l’information est de taille en pleine reprise et pour tous les amateurs de la petite balle pégueuse, la surprise a un goût amer. Comment suivre les matchs à l’extérieur ? Comment s’informer sur les joueuses ? Comment vivre cette saison tout simplement ? De nombreuses questions restent en suspens alors que la chaîne de télévision n’a annoncé sa décision, en catimini, qu’au début de l’été.

 

Une idylle coupée court

L’histoire avec BeIN Sports était pourtant belle. Initiée il y a trois ans, la diffusion des matchs de Ligue Féminine de Handball a apporté son lot de satisfaction auprès des fans et a permis de donner une visibilité intéressante au championnat, permettant au public de découvrir la discipline. La chaîne Qatarie ayant même intégré ces diffusions dans le cadre de sa promotion du sport féminin lors d’événements télévisés ciblés. Bien que sous-exploités, ils pouvait sembler que ces droits de diffusion et cette promotion étaient une fierté pour les dirigeants de la chaîne et ne demandaient qu’à être renforcés. En 2017, le contrat de diffusion était même reconduit (selon certaines sources) jusqu’en 2021.

2021 ? Pourquoi arrêter la diffusion dans ce cas ?
Eh bien la chaîne n’a pas commenté à ce sujet. Peut être en raison d’un audimat insuffisant. A moins que cela ne soit une mesure économique. Ou encore une volonté de promouvoir un autre sport sur le créneau… Certains avancent que la Ligue Butagaz Energie aurait sauté au profit de la diffusion intégrale des matchs de Starligue (championnat masculin), ce qui serait assez mal venu… Les hypothèses vont bon train et le fin mot de l’histoire peine à être donné et la présidente de la LFH, Nodjialem Myaro a déclaré ne pas avoir reçu d’explications elle-même…

 

 

Des réactions d’agacement

Cette disparition des antennes n’est pas passée inaperçue et beaucoup de personnalités ont fait entendre leur mécontentement. A l’image de Nodjialem Myaro qui a confié au Parisien: « Notre championnat est le plus attractif d’Europe, le plus indécis avec des matchs à enjeu toutes les semaines mais qui le saura sans diffusion ? »
Le coach des Dragonnes Emmanuel Mayonnade a évoqué auprès de France Info « un bond en arrière énorme » avant de rappeler l’investissement des joueuses avec 8 à 10 entraînements par semaine, qui mériterait une médiatisation à la hauteur.
La joueuse du Paris 92 et de l’équipe de France Alisson Pineau a tweeté en évoquant « 10 pas en arrière ».

 

Que fait la LFH ?

Dans un communiqué paru hier, la LFH a fait part de son désarroi face au choix de BeIN Sports, démontrant à grand renfort de statistiques que le handball féminin est le sport féminin observant l’évolution la plus marquante ces dernières années, aussi bien au niveau des budgets, du sponsoring, des affluences, que des licenciées…

Face à cette problématique, un expert a donc été mandaté pour trouver une issue via un autre diffuseur national. A ce jour, rien n’a pu aboutir et les chances sont maigres alors que le championnat a déjà débuté. En conséquence, il a été indiqué aux différents clubs qu’ils pouvaient s’entendre avec des diffuseurs locaux pour organiser une diffusion. Nous pouvons donc nous attendre à voir certains matchs de championnat diffusés sur les canaux de la TNT ou via internet tout simplement. Une demi solution en somme, puisqu’il n’est pas précisé de quel montant devrait être le chèque pour l’exploitation des droits de diffusion, ni même si les moyens éventuellement mis en œuvre par les clubs seront financés d’une manière ou d’une autre.

Les conséquences sont dramatiques économiquement pour la Ligue, qui vient d’obtenir son premier naming, et pour les clubs en matière de sponsoring ; mais surtout en terme d’exposition pour le championnat, de mise en valeur des équipes et des joueuses mais aussi pour le sport féminin en général, qui perd là un biais de promotion important. De plus, dans une époque où l’image prime parfois sur le sportif, difficile pour une jeune joueuse de résister aux lumières d’un championnat étranger où elle sera mieux mise en valeur et ou elle pourra briller aux yeux de tous.
Il y a donc fort à penser que la Ligue ne baissera pas les bras et œuvrera tout au long de la saison pour redonner une antenne digne de son championnat.

 

 

Et les pouvoirs publics ?

Bien plus occupée ces dernières semaines à diaboliser les supporters de football à grand coup de déclarations inutiles sur les réseaux sociaux en compagnie de sa consœur Marlène Schiappa, il semblerait que la ministre des sports, Roxana Maracineanu, n’aie pour le moment pas trouvé le temps de se pencher publiquement sur le cas de la diffusion de ce sport féminin. Sa seule sortie sur Twitter concernant le handball était pour se congratuler d’assister à la conférence de presse de rentrée de la Ligue, aucun mot concernant la diffusion. Peut-être a-t-elle peur de se mouiller dans un combat trop utile pour elle.

 

 

Tout n’est pas perdu

Il y aura tout de même un peu de handball féminin à la télévision cette saison, puisque la chaîne Qatarie conserve malgré tout la diffusion des matchs de ligue des champions de Metz et Brest ainsi que les matchs de l’équipe de France de handball. Ce qui constitue somme toute une maigre consolation pour ceux qui aimaient vibrer au rythme du championnat.

Concernant les Dragonnes et le Metz Handball vous retrouverez également une couverture intégrale de la saison sur notre site internet et nos réseaux sociaux, ce qui à défaut de diffusion télé devrait vous réchauffer le cœur.

 

Il faudra donc bien s’accrocher si on veut suivre convenablement le championnat de handball féminin cette saison. Surveiller les streamings officiels ou les chaines locales, ou espérer un réveil d’une chaîne nationale. Dans l’intérêt de tous, il ne faudra pas que cette situation s’éternise si on souhaite que le handball féminin continue son essor…

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